Les élections au Parlement d'Andalousie de 2022 (en espagnol : elecciones al Parlamento de Andalucía de 2022) se tiennent le , afin d'élire les 109 députés de la XIIe législature du Parlement d'Andalousie pour un mandat de quatre ans.
Un accord prévoyant la formation d'un gouvernement de coalition est signé entre le Parti populaire et Ciudadanos le [2], avant que le PP et Vox ne souscrivent un pacte de soutien sans participation le , à l'issue de négociations auxquelles Ciudadanos n'a pas souhaité participer[3]. Le , Juanma Moreno remporte l'investiture du Parlement par 59 voix pour et 50 contre[4].
La chute de la social-démocratie en Andalousie s'expliquerait notamment, selon le sociologue Angel Ramirez, par la crise catalane à partir de 2017, qui a focalisé le débat public sur la question de l'unité de l'Espagne. Les tentatives de négociation et de rapprochement avec les indépendantistes catalans par Pedro Sánchez ont poussé certains électeurs vers la droite[5].
Rupture entre gouvernement et Vox
Le , Vox annonce son intention de ne plus soutenir le gouvernement Moreno après que celui-ci a accepté d'accueillir des mineurs immigrés ayant franchi illégalement la frontière espagnole au niveau de l'enclave de Ceuta, un procédé déjà utilisé à plusieurs reprises depuis le début de la législature pour obtenir gain de cause notamment dans le domaine budgétaire ou sociétal[6]. La menace est mise à exécution à peine une semaine plus tard, pour la première fois en deux ans et demi : les députés d'extrême droite s'abstiennent sur une motion de renvoi — déposée par Adelante Andalucía et soutenue par le PSOE-A — du projet de loi relatif à l'aménagement du territoire, qui est donc retourné à l'exécutif sans débat alors même que le projet avait été largement négocié par Vox, et s'oppose à l'étude en procédure simplifiée d'une réforme de la loi relative à la santé publique, un processus accéléré qui requiert l'unanimité des groupes parlementaires[7].
Lors de la discussion générale du projet de loi de finances pour 2022 le suivant, les députés refusent d'examiner le texte au fond en votant une motion de renvoi au gouvernement, pour la première fois depuis [8]. Bien que les analystes considèrent cet acte comme le premier pas vers la convocation d'élections anticipées[8], Juanma Moreno annonce une semaine plus tard qu'il n'envisage pas de tenir le scrutin parlementaire avant le mois de , voire [9]. D'ailleurs, au lendemain du rejet du budget, le Parlement vote le nouveau projet de loi relatif à l'aménagement du territoire grâce au vote favorable de Vox et à l'abstention du Parti socialiste[10].
Après plusieurs semaines de tergiversations, Juan Manuel Moreno convoque un conseil de gouvernement extraordinaire le ; étape préalable à la convocation des élections. Dans sa déclaration institutionnelle immédiatement postérieure, il annonce la date du dimanche comme date retenue pour organiser le scrutin[11].
L'article 14 de la loi électorale andalouse du précise que les élections sont convoquées au moyen d'un décret du président de la Junte d'Andalousie« qui établira la date du vote, qui ne peut être comprise entre le et le »[13]. En vertu de la première disposition finale de cette même loi[14], les délais de convocation des élections générales s'appliquent aux élections andalouses, à savoir qu'en cas de scrutin tenu au terme naturel de la législature, le décret de convocation est signé 25 jours avant l'expiration du mandat, est publié le lendemain au Bulletin officiel de la Junte d'Andalousie (BOJA) et organise la tenue des élections 54 jours plus tard ; en cas de dissolution anticipée, la publication intervient dès le lendemain de la signature du décret[15].
Les dernières élections ayant eu lieu le , le mandat de la XIe législature devait prendre fin le . Cependant, le Parlement est dissous le et les nouvelles élections sont prévues pour le suivant.
Nombre de députés par circonscription
Puisque l'article 101 du statut d'autonomie prévoit que « le Parlement sera composé d'au moins 109 députés »[12] et l'article 104 précise que « la circonscription électorale est la province » et interdit qu'aucune province n'élise plus du double de parlementaires qu'une autre[16], l'article 17 de la loi électorale attribue à chaque circonscription provinciale huit sièges, les 45 mandats restants étant distribués en fonction de la population provinciale[17].
les partis et fédérations de partis inscrits auprès des autorités ;
les coalitions de partis et/ou fédérations inscrites auprès de la commission électorale au plus tard dix jours après la convocation du scrutin ;
les groupes d'électeurs bénéficiant du parrainage d'au moins 1 % des électeurs de la circonscription.
Répartition des sièges
Seules les listes ayant recueilli au moins 3 % des suffrages exprimés — ce qui inclut les bulletins blancs — dans une circonscription peuvent participer à la répartition des sièges à pourvoir dans cette circonscription, qui s'organise en suivant différentes étapes :
les listes sont classées en une colonne par ordre décroissant du nombre de suffrages obtenus ;
les suffrages de chaque liste sont divisés par 1, 2, 3... jusqu'au nombre de députés à élire afin de former un tableau ;
les mandats sont attribués selon l'ordre décroissant des quotients ainsi obtenus[20],[21].
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La formation d’extrême droite Vox mène campagne autour des questions de société, dénonçant « l’immigration déchaînée », « les mensonges des progressistes », le féminisme « sectaire », « les risques du multiculturalisme » ou soulignant les « bienfaits de la chasse » face à « l’idéologie fanatique » des écologistes[23]. Macarena Olona, sa tête de liste, a insisté sur son soutien à la tauromachie en s'affichant en compagnie du célèbre matador Morante de la Puebla dans les arènes de Séville puis en portant un tee-shirt à son effigie au Congrès des députés espagnols, où elle siège[24].
Le Parti populaire (PP) remporte une victoire historique dans ce qui a été pendant quatre décennies le fief du Parti socialiste (PSOE). Conquérant la majorité absolue, une première en 14 ans au Parlement andalou, il obtient le meilleur résultat de son histoire dans la communauté autonome et prend la première place dans les huit circonscriptions provinciales ainsi que les principales villes andalouses. Ce succès, qui intervient quelques semaines après l'accession d'Alberto Núñez Feijóo à la présidence nationale du PP, est permis par l'absorption de la quasi-totalité de l'électorat de Ciudadanos (Cs), exclu du Parlement après avoir partagé le gouvernement avec le PP[27],[28].
Avec son résultat, le Parti populaire s'arroge la liberté de gouverner seul, sans devoir dépendre de la volonté de Vox, contrairement à l'ambition affichée par le parti d'extrême droite, qui se voyait déjà occuper la vice-présidence du gouvernement régional comme c'est déjà le cas en Castille-et-León. S'il progresse en sièges par rapport à ses résultats de 2018 après avoir choisi comme cheffe de file Macarena Olona, figure nationale, ce résultat ne lui est d'aucune utilité puisqu'il ne peut peser sur les orientations ou la composition du futur exécutif autonomique[27],[28].
À l'inverse, le Parti socialiste subit un échec, réalisant sa plus mauvaise performance en Andalousie. Son nouveau chef de file, l'ancien maire de SévilleJuan Espadas, personnellement choisi par le secrétaire général national et président du gouvernement espagnol Pedro Sánchez pour solder l'ère Susana Díaz, ainsi que la forte mobilisation de la direction nationale et des membres socialistes du gouvernement ne peuvent empêcher le PSOE de perdre trois députés et passer sous la barre du million de voix. Il est ainsi devancé par le Parti populaire dans les circonscriptions de Séville et de Jaén, qui constituaient jusqu'alors ses principaux bastions[27],[28]. Comme en 2018, le PSOE est victime de l'abstention de son électorat, le taux global de participation étant aussi faible qu'en 2018, aux alentours de 56 %[29].
À la gauche du PSOE, la coalition Pour l'Andalousie (PorA) obtient suffisamment de sièges pour former un groupe parlementaire tandis qu'Adelante Andalucía (AA) parvient à faire élire deux députés bien qu'ils ne disposait pas de subventions électorales. Ensemble, ces deux formations perdent dix députés par rapport à la coalition Adelante Andalucía de 2018. L'échec de PorA met en outre en difficulté la vice-présidente du gouvernement Yolanda Díaz, qui avait fortement soutenu cette alliance de plusieurs partis pendant la campagne, la voyant comme la première pierre du « front large » qu'elle souhaite créer au niveau national dans la perspective des élections générales de 2023[27],[28].
Conséquences
Le , après avoir consulté les différents groupes parlementaires, le président du ParlementJesús Aguirre, propose la candidature de Juanma Moreno à l'investiture des députés et dont le succès ne fait aucun doute en raison de la majorité absolue dont il dispose[30]. Il l'emporte effectivement le suivant par 58 voix favorables sur 109, 37 voix contre et 13 abstentions : seul le PP vote en sa faveur tandis que Vox s'abstient, les trois formations de gauche et centre gauche lui refusant leur confiance[31]. Il prête serment le [32] et dévoile la composition de son deuxième gouvernement deux jours plus tard[33].
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