Traditionnellement, la Basse-Corrèze (arrondissements de Tulle et de Brive) votait majoritairement à gauche alors que la Haute-Corrèze (arrondissement d'Ussel), souvent appelée "la Chiraquie", était plutôt de tendance à droite, excepté certains bastions communistes sur la partie corrézienne du plateau de Millevaches.
Depuis les années 2010 et l'impopularité de François Hollande, élu président de la République de 2012 à 2017, le Parti socialiste a concédé davantage de difficultés en Corrèze. Les élections départementales de 2015 ont permis le basculement à droite du département, par treize cantons sur les dix-neuf que compte la Corrèze. La gauche a donc perdu du terrain, mais lors des élections régionales de 2015, elle est restée majoritaire au second tour malgré l'avance prise par la droite au premier.
Lors des élections européennes de 2019, le Rassemblement national est en tête dans le département avec 21,35 % des voix pour la liste conduite par Jordan Bardella. Il est suivi par la liste de La République en marche, menée par Nathalie Loiseau avec 19,56 % puis par la liste d'Europe Écologie Les Verts, conduite par Yannick Jadot avec 10,91 %, et enfin par la liste des Républicains de François-Xavier Bellamy avec 9,82 %. La liste du Parti socialiste, conduite par Raphaël Glucksmann, arrive en cinquième position avec 9,03 % des suffrages. Cette élection européenne est donc marquée par la montée de l'extrême droite dans le département puisque que c'est la première fois que le Rassemblement national, anciennement Front national, obtient un tel score aussi élevé en Corrèze.
En 2020 les difficultés de la gauche s'accentuent lors des élections municipales et sénatoriales, la droite parvient à conserver sa position dans le département, et conserve les deux sous-préfectures, Brive-la-Gaillarde et Ussel ; elle gagne aussi de nouvelles communes comme Bort-les-Orgues et Sainte-Fortunade mais perd Argentat-sur-Dordogne, Naves et Neuvic au profit de la gauche. Les sénatoriales confirment la bonne implantation de la droite dans le département à la suite de la réélection, dès le premier tour, des sénateurs sortants, tous deux étiquetés à droite. Ces deux élections sont aussi marquées par l'absence de candidat encarté au parti de La République en marche, ce parti ayant préféré soutenir les candidats de la droite, comme Frédéric Soulier à Brive ou les sénateurs Claude Nougein et Daniel Chasseing. De plus, en , le député Christophe Jerretie quitte LREM et le groupe parlementaire pour rejoindre le Mouvement démocrate, ce qui confirme la mauvaise implantation du parti d'Emmanuel Macron en Corrèze.
Comme lors des départementales de 2015, la droite est unie sous l'égide de l'association politique Corrèze Demain regroupant le centre droit avec l'UDI, le MR et le MoDem, ainsi que la droite avec Les Républicains. L'équipe est menée par le président sortant du conseil départemental, Pascal Coste, également tête de liste LR pour les élections régionales dans le département. Cette double candidature lui est reprochée par la gauche, ce à quoi Pascal Coste répond en annonçant qu'il « n'abandonnera pas la Corrèze » en informant qu'il ne sera pas candidat à la vice-présidence du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine s'il était élu et si la droite obtenait la majorité à l'assemblée régionale, occupée depuis 2015 par le PS[4]. La liste de la majorité départementale enregistre peu de renouvellements, car elle est renouvelée d'environ un tiers[5]. Parmi les nouveaux candidats, une personnalité notable se distingue des autres, Claude Chirac, fille de Bernadette et de Jacques Chirac, qui hésitait à se présenter en automne 2020 : « Je serais très heureuse de m'engager pour la Corrèze », elle est candidate dans le canton de Brive-la-Gaillarde-2 en binôme avec Julien Bounie, conseiller municipal LR de Brive-la-Gaillarde[6],[7],[8]. Parmi les autres candidats l'on retrouve Frédérique Meunier, qui avait quitté sa fonction de conseillère départementale du canton de Malemort pour devenir députée de la 2e circonscription de la Corrèze en 2017[9].
Au centre, le parti présidentiel de La République en marche, très peu implanté dans le département, ne présente aucun candidat. Patricia Bordas, référente du parti en Corrèze, aurait souhaité une nouvelle alliance avec la droite corrézienne, comme lors des municipales de 2020, mais Pascal Coste a refusé : « Je n’ai pas besoin de coucou qui viendrait nicher dans le bilan ou le projet de la majorité départementale »[5]. Dans ce cas de figure, La République en marche de la Corrèze se concentre sur les élections régionales en Nouvelle-Aquitaine, car Patricia Bordas en est la tête de liste dans le département[10]. Cependant, un membre de LREM est candidat sous la bannière de Corrèze Demain ; Philippe Lescure, adjoint à la culture est en binôme avec la première adjointe au maire de Brive-la-Gaillarde, Valérie Taurisson (LR). Ils se présentent sur le canton de Brive-la-Gaillarde-1 en provoquant une polémique entre le maire de Brive, Frédéric Soulier, et Pascal Coste qui ne souhaitait aucun candidat du parti présidentiel dans sa liste départementale[11].
À gauche, le Parti socialiste et le Parti communiste s'allient dans 17 cantons sur les 19 que compte le département. En effet, les deux partis n'ont pas trouvé d'accord pour le canton de Brive-la-Gaillarde-1 déjà ancré à gauche, et le canton de Seilhac-Monédières. L'objectif pour les communistes est d'avoir de nouveaux conseillers départementaux puisque lors des élections départementales de 2015, ils ne s'étaient pas alliés avec le PS, cela leur avait coûté cher car il n'y a plus de conseiller départemental encarté au PCF[12]. Le secrétaire départemental du PS, Paul Roche, tête de la liste aux élections municipales de 2020 et élu conseiller municipal de Brive-la-Gaillarde se présente dans le canton de Brive-la-Gaillarde-4, face à deux binômes de l'extrême droite. Cependant, la gauche ne présentera pas de candidat face à Pascal Coste dans le canton du Midi corrézien. Les écologistes d'Europe Écologie Les Verts, après avoir engagé pendant plusieurs mois des pourparlers avec le PS, le PCF et les élus départementaux de gauche sortants ont décidé de présenter leurs propres candidats[13]. Les partis de gauche se sont unis sur les cantons de la Haute-Corrèze afin de contrer la droite qui est très présente[14].
À l’extrême droite, c'est une première sans précédent en Corrèze ; car le Rassemblement national se présente sur l'ensemble des cantons du département. Bien que le parti de Marine Le Pen soit peu représenté dans le département, le RN constitue une menace de sanctions face aux écarts de la droite corrézienne, notamment avec LREM lors des municipales et sénatoriales de 2020. Valéry Élophe, secrétaire départemental du Rassemblement national en Corrèze, a confirmé qu'il sera lui-même candidat dans le canton de l'Yssandonnais, il sera aussi la tête de liste du RN pour les régionales en Corrèze[5],[15]. À un mois du scrutin, une polémique éclate sur le canton d'Uzerche, le Rassemblement national retire son investiture à Danièle Delavaud et à son conjoint, tous deux candidats en tant que titulaire et suppléant, auteurs des propos racistes et haineux sur Twitter en 2017, ce qui oblige les instances nationales du parti à les écarter[16]. Le Rassemblement national n'est pas le seul parti d'extrême droite présent lors du scrutin départemental de 2021, le parti de Florian Philippot, Les Patriotes sera aussi présent sur le canton de Brive-la-Gaillarde-4, et nulle part ailleurs en Corrèze, avec Élisabeth Dauthuille, et Thierry Dumas responsable du parti dans le département[17].
Les élections ont lieu au scrutin majoritaire binominal à deux tours. Ce système est paritaire : les candidatures sont présentées sous la forme de binômes composés d'une femme et d'un homme avec leurs suppléants (une femme et un homme également)[18].
Pour être élu au premier tour, un binôme doit obtenir la majorité absolue des suffrages exprimés et un nombre de suffrages au moins égal à 25 % des électeurs inscrits[19]. Si aucun binôme n'est élu au premier tour, seuls peuvent se présenter au second tour les binômes qui ont obtenu un nombre de suffrages au moins égal à 12,5 % des électeurs inscrits, sans possibilité pour les binômes de fusionner[N 1]. Est élu au second tour le binôme qui obtient le plus grand nombre de voix[19].
Résultats à l'échelle du département
Taux de participation
Taux de participation à l'élection départementale de 2021 en Corrèze
Les binômes sont présentés par ordre décroissant des résultats au premier tour. En cas de victoire au second tour du binôme arrivé en deuxième place au premier, ses résultats sont indiqués en gras.
Canton d'Allassac
Sortants : Michèle Reliat (PS) et Gilbert Fronty (PS)
Résultats de l'élection départementale dans le canton d'Allassac[28]
Afin d'éviter une trop grande proximité des élections suivantes avec les deux tours de l'élection présidentielle et des législatives d'avril et juin 2027, le mandat des conseillers élus en 2021 est exceptionnellement prolongé à six ans et neuf mois. Les prochaines élections ont par conséquent lieu en 2028 au lieu de 2027[48].
Notes et références
Notes
↑Si un seul binôme a obtenu 12,5 % des inscrits, ou si aucun binôme n'a obtenu au moins 12,5 %, les deux binômes ayant obtenu le plus de voix au premier tour peuvent se présenter[20],[21].
↑ ab et cLætitia Soulier et Tanguy Ollivier, « Départementales : malgré l'incertitude sur les échéances électorales, voici comment les partis politiques se préparent en Corrèze », La Montagne, (lire en ligne)