Après une campagne serrée entre le Parti libéral et le Parti conservateur au coude à coude dans les intentions de vote, les résultats étaient jugés incertains. Finalement, le Parti libéral du premier ministreJustin Trudeau arrive deuxième en termes de voix et premier en termes de sièges mais perd sa majorité absolue. Malgré son arrivée en tête des suffrages, le Parti conservateur n'obtient qu'une vingtaine de sièges supplémentaires et demeure le parti d'opposition officielle. Le Bloc québécois triple son nombre de sièges par rapport aux dernières élections, devançant ainsi le Nouveau Parti démocratique, qui perd une vingtaine de sièges. Les Verts d'Elizabeth May observent une légère progression, obtenant trois sièges. Maxime Bernier, chef du récemment fondé Parti populaire du Canada, est battu dans sa circonscription de Beauce.
La répartition est faite en fonction de la population, tout en prenant compte la délimitation des dix provinces. Chaque province est ainsi dotée d'un nombre de députés au minimum égal à celui de ses sénateurs — clause sénatoriale — d'au moins autant de députés qu'en 1985 — clause des droits acquis — et d'un nombre de sièges proportionnel à sa part de la population du Canada — règle de représentation. Ces différentes clauses sont à l'origine d'une surreprésentation des provinces faiblement peuplées où ayant connu un déclin de leur population. Les trois territoires n'ont, quant à eux, droit qu'à un minimum d'un seul siège chacun[4].
Date
En accord avec la Loi électorale du Canada, les élections ont lieu le troisième lundi d'octobre de la quatrième année suivant les précédentes élections, soit ici le . Les élections peuvent cependant avoir lieu de manière anticipée sur demande du premier ministre[5]. La campagne est officiellement lancée le , jour où le premier ministre Justin Trudeau se rend chez la gouverneure générale pour demander la dissolution du Parlement[6].
La campagne est jugée serrée entre libéraux et conservateurs[7].
Thèmes
Laïcité et multiculturalisme
L'ensemble des partis politiques fédéralistes ont dénoncé, à des degrés divers, la loi québécoise sur la laïcité adoptée le . Celle ci est la première à disposer que « L’État du Québec est laïque » (article 1). Elle interdit le port de signes religieux aux employés de l'État en position d'autorité, ainsi qu'aux enseignants du réseau scolaire public, tout en n'étant pas rétroactive envers les individus qui en portaient déjà avant la promulgation de la loi. Le ministre fédéral de la Justice, David Lametti, annonce le lendemain de l'adoption sur projet de loi par l'Assemblée nationale qu'il n'excluait pas de se joindre à des groupes afin de contester la loi devant les tribunaux[8]. Lors du déclenchement des élections, le premier ministre sortant et chef du Parti libéral, Justin Trudeau a déclaré qu'il ne comptait pas contester la loi devant la cour, pour l'instant[9]. Selon le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet, le chef du Parti libéral du Canada s'attaque à une « compétence exclusive du Québec¤ »[10]. Pour le chef de la Coalition avenir QuébecFrançois Legault, Justin Trudeau va à l'encontre de la volonté populaire[10].
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet se pose en défenseur des droits de l'Assemblée nationale et du gouvernement du Québec dans ce dossier. Il considère que seule l'Assemblée nationale du Québec peut se prononcer sur ce dossier et que les députés québécois ne doivent pas se faire donner la leçon par le Canada anglais sur ce dossier.
La cheffe du Parti vert, Elizabeth May déclare lors du débat du sur CityTV, qu'en tant que première ministre, elle ne contesterait pas la loi québécoise sur la laïcité, malgré son opposition face à la loi. Toutefois, elle voudrait offrir un emploi à la GRC à tout policier arborant des signes religieux qui se ferait refuser un poste au sein des forces policières québécoise, en raison de la loi 21[11]
Pour la première fois, deux débats, un en anglais et un en français, sont organisés par la commission des débats des chefs. Les chefs ont été choisis selon certains critères. Il était nécessaire que le parti soit représenté à la Chambre des communes par un député élu de ce parti. Il fallait également que le parti aie l'intention de présenter des candidats, dans au moins 90 % des circonscriptions. Ainsi, Andrew Scheer du Parti conservateur, Elizabeth May du Parti vert, Justin Trudeau des libéraux et Yves-François Blanchet du Bloc québécois participeront aux débats de la commissions. Le débat anglophone a lieu le lundi et celui en français a le . Les deux débats sont diffusés à partir du Musée canadien de l'histoire[12].
Maxime Bernier, chef du Parti populaire du Canada n'est initialement pas invité par la commission, mais il participe finalement à la suite d'une décision de la commission[13].
La fondation Munk Debates souhaite organiser, comme pour la dernière élection, un débat portant sur les affaires étrangères. Andrew Scheer, Elizabeth May et Jagmeet Singh ont annoncé vouloir participer au débat. Toutefois, comme pour le débat de CityTv, le premier ministre sortant déclare ne pas vouloir participer au débat de Munk. La fondation songe à annuler le débat si le chef libéral, Justin Trudeau ne participe pas[14].
Débat de TVA
Comme depuis l'élection québécoise de 2012, TVA ne souhaite plus s'associer aux autres diffuseurs pour l'organisation de débats en période électorale. Ainsi, TVA diffuse son Face à Face 2019. Le débat a lieu le et est animé par le chef d'antenne de TVA, Pierre Bruneau. Andrew Scheer, Justin Trudeau, Yves-François Blanchet et Jagmeet Singh sont invités par le réseau de télévision. Toutefois, Elizabeth May du Parti vert n'est pas invitée. Une pétition en ligne est lancée demandant à TVA de l'inviter au débat[15] en vain.
Débat de Radio-Canada en français « Le match des candidats »
Jagmeet Singh annonce, à Sherbrooke, des pouvoirs accrus pour le Québec, s'il est premier ministre, pour les dossiers de justice, d’environnement, de langue, et d’immigration;
En , la ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, démissionne, accusant le premier ministre Justin Trudeau et des membres de son entourage d'exercer des pressions contre elle pour la forcer à intervenir en faveur de SNC-Lavalin, accusée de corruption pour avoir versé 48 millions de dollars canadiens de pots-de-vin à des responsables libyens en échange d’importants contrats dans le pays. Elle évoque notamment des « menaces voilées » pour qu’elle intervienne auprès du bureau des procureurs[46]. Cette affaire pousse la police fédérale à enquêter sur une possible entrave à la justice[47]. Gerald Butts, principal conseiller du premier ministre, démissionne dans la foulée, de même que la ministre du Budget Jane Philpott, qui explique ne plus avoir confiance en Trudeau[46].
Jody Wilson-Raybould et Jane Philpott sont par la suite exclues du caucus libéral[48].
Autres controverses
Justin Trudeau fait l'objet d'une controverse dès 2017 en passant ses vacances sur l’île privée du richissime philanthrope Aga Khan. C'est alors la première fois qu'un premier ministre canadien enfreint la loi sur les conflits d’intérêts[47].
L'ex-imam Hassan Guillet et candidat dans Saint-Léonard—Saint-Michel au Québec s'est vu retirer son investiture à la suite de la divulgation de propos antisémites[49].
Réjean Hébert, ancien ministre de la Santé du gouvernement péquiste de Pauline Marois (2012-2014) se dit intéressé par l'investiture libérale dans Sherbrooke[50]. Il porte ensuite son choix sur la circonscription de Longueuil—Saint-Hubert en banlieue montréalaise. Ce changement abrupte d'allégeance est vu par plusieurs souverainistes comme étant hautement inexplicable et suspecte[51].
Le parti a demandé au groupe The Strumbellas d'utiliser leur chanson « One Hand Up » comme chanson thème de leur campagne. Il leur fut également demandé d'en faire une traduction et de la chanter en français. Cette dernière version fut immédiatement la cible de critiques et de moqueries dans les médias sociaux pour la mauvaise qualité de son français. Il est allégué, mais pas démontré, que le groupe a traduit la version anglaise originale en français en utilisant un service de traduction automatique en ligne (exemple du texte incompréhensible : « Enlève une main haute/ Pour tout main/Enlève une main haute/ Osé toi/ On peut être avenir aujourd'hui/ Si tu restes avec moi »)[52].
Le magazine Time publie une photo de Justin Trudeau maquillé en brun et déguisé en arabe lors d'une soirée thématique de fin d'année en 2001 dans une école privée en Colombie-Britannique où il enseignait. Il présente publiquement ses excuses et reconnaît en plus s'être maquillé ainsi lorsqu'il était étudiant au secondaire[53]. Le lendemain, une vidéo a été révélée par Global News le montrant maquillé en noir alors qu'il était plus jeune[54].
Jaime Battiste, candidat libéral en Nouvelle-Écosse, a tenu des propos sexistes, homophobes et racistes à plusieurs reprises sur les réseaux sociaux. Il s'est excusé début pour cela[55],[56],[57].
Parti conservateur
Harzadan Khattra, candidat dans Dufferin—Caledon, Ontario, se voit retirer son investiture par le Parti conservateur du Canada à la suite d'un manque d'information vérifiable[58].
Salim Mansur, candidat dans London-Centre-Nord se voit retirer l'investiture par le PCC, car, bien qu'il soit lui-même musulman, il exprime des opinions trop critiques envers l'Islam[59].
L'ancienne olympienne Sylvie Fréchette, candidate du PCC dans Rivière-du-Nord affirme, le sur les ondes d'ICI Première à Montréal, que le parti ne rouvrira pas le dossier de l'avortement, après en avoir été assurée par le lieutenant du PCC pour le Québec, Alain Rayes. Il s'ensuit une confusion dans les rangs conservateurs. Andrew Scheer doit désavouer son lieutenant et dicte qu'un gouvernement dirigé par lui-même ne déposerait pas de projet de loi en ce sens, mais n'empêcherait pas ses députés de déposer des projets de loi privés[60].
Le , la Société Radio-Canada dépose une requête à la Cour suprême du Canada contre le parti pour avoir utilisé des images de la société d'État sans son autorisation pour des fins publicitaires[61]. Dans la publicité en question, on peut y voir les journalistes Rosemary Barton et John Paul Tasker donc la société juge que cela s'attaque à l'intégrité et l'indépendance professionnelle de son journalisme.
Le , la Société Radio-Canada a obtenu des documents révélant que Daisy Group, une entreprise de communication ontarienne, avait été engagé par le parti conservateur pour créer une campagne sur les médias sociaux afin de déstabiliser le Parti populaire du Canada et garder son chef (Maxime Bernier) à l’écart des débats des chefs fédéraux en français et en anglais[62].
Le , le candidat dans LaSalle—Émard—Verdun, Olivier Mathieu est visé par des allégations de violence conjugale par son ex-conjointe ; il annonce le retrait de sa candidature le jour même sur Facebook[64].
Bloc québécois
Candidat dans Ahuntsic-Cartierville, André Parizeau, ex-chef du Parti communiste du Québec, doit désavouer son ancien parti afin de conserver la nomination du Bloc québécois dans cette circonscription du nord de Montréal[65].
Plusieurs candidats du Bloc québécois ont, avant le début des élections, partagé des vidéos et messages qualifiés d'islamophobe par le Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence[66] :
La candidate dans Saint-Maurice—Champlain, Nicole Morin, a partagé une vidéo du groupe d'extrême droite identitaire La Meute en 2017.
La candidate dans Beauport—Côte-de-Beaupré—Île d'Orléans—Charlevoix, Caroline Desbiens, a écrit en 2013 que la loi sur la laïcité servait à « éviter le pore [pire]... Soit que dans quelques années, vos filles, petites filles et arrière petites filles soient obligées de se mettre un voile sur la tête pour aller faire des courses chez IGA sous peine de se voir jeter en prison ». Elle a aussi partagé des messages en appui à la femme politique française d'extrême droiteMarine Le Pen[67].
La candidate dans Marc-Aurèle-Fortin, Lizabel Nitoi, a en 2016 partagé un article du militant néonazi Boris Le Lay affirmant que la consanguinité massive chez les communautés musulmanes auraient eu comme conséquence dévastatrice une capacité mentale diminuée dans la communauté. »
La candidate dans Chicoutimi—Le Fjord, Valérie Tremblay, a écrit des dizaines de tweets critiquant l'islam, qualifiant ce-dernier de « forme d'asservissement de la femme.
Le candidat dans Sherbrooke, Claude Forgues a partagé en une vidéo qualifiant l'islam de maladie et affirmant que cette religion ne mérite pas le respect[68].
À la suite de la découverte de ces anciennes communications par différents journalistes, la totalité des cinq candidats bloquistes ont retiré lesdits messages et se sont excusés publiquement. Le chef bloquiste Yves-François Blanchet s'est lui aussi excusé au nom des candidats[69].
Parti vert
À la suite de la controverse au Parti conservateur concernant la position de ce parti sur l'avortement, Elizabeth May affirme qu'elle ne pourrait interdire à ses députés de voter pour restreindre le droit à l'avortement au Canada[70]. Le Parti libéral, le NPD et le Bloc québécois dénoncent les propos de la cheffe du Parti vert[71].