Abbaye Saint-Pierre d'Avenay
L'abbaye Saint-Pierre d'Avenay est une ancienne abbaye bénédictine, de fondation royale, située à Avenay dans la Marne, fondée par sainte Berthe vers 660. Étant l'une des plus anciennes abbayes de France, elle jouissait de nombreux privilèges. Un grand nombre de familles nobles y faisait entrer leurs filles vouées au célibat. HistoireSainte Berthe, femme de Saint Gombert, fait construire dans son monastère tous les bâtiments que saint Benoît a prescrits, à l'exception du moulin, car le vallon n'est arrosé par aucune rivière. Elle achète une fontaine, au hameau de Vertuelle, à Louvois, pour une livre. Berthe prie et la fontaine devient la source d'un ruisseau, la Livre, qui alimente l'abbaye[1]. Le monastère, dès les premiers siècles de son existence, possède de riches et nombreux domaines, attesté par Hincmar mais avec l'invasion des Normands, les troubles et les perturbations des IXe et Xe siècles, les domaines de l'abbaye sont extrêmement réduits, diminué de la meilleure partie de ses revenus, non seulement dans les « pays lointains », mais encore dans les dépendances du Val-d'Or. La maison abbatiale et l'église sont entièrement incendiées et reconstruites vers la fin du XIIe siècle. La nouvelle abbatiale est consacrée en 1186. Un grand nombre de familles nobles désire y faire entrer leurs filles vouées au célibat. Les revenus de l'abbaye sont insuffisants pour l'entretien des religieuses, l'apport des postulantes n'est pas toujours en proportion des dépenses que leur admission peuvent causer. L'archevêque de Reims, Guillaume aux Blanches Mains, réduit au nombre de quarante les novices. En 1197, sous Thibaud III, les religieuses d'Avenay, sur la recommandation de Guillaume aux Blanches Mains, élisent Wilhelmine abbesse sans l'autorisation du comte, il faut pour le désarmer l'intervention du prélat qui est désavoué. En 1205, le pape Innocent III dispense l'abbaye de répondre à aucune justice séculière rendue par les prévôts, baillis ou sénéchaux. En 1233, Thibault, en campagne, vient avec sa suite se reposer à l'abbaye d'Avenay et requiert le droit de gîte. Après débat et enquête qui donne raison à l'abbesse Aélis, Thibault se désiste[2]. La règle bénédictine ayant vécu de nombreuses dérives, l'abbaye doit être réformée vers 1530 par l'abbesse Françoise, première abbesse nommée par le roi de France François Ier en vertu du concordat de 1516. En juillet 1544, lors des offensives en Champagne[3], Charles Quint établit son camp dans l'abbaye que les religieuses doivent quitter jusqu’à la trêve de Crépy-en-Laonnois[4]. Au début de la deuxième guerre de religion, le , les huguenots mettent le feu à l'église. L'abbaye est restaurée et réformée à nouveau par l'abbesse Françoise de La Mark. En 1636, pendant la Guerre de Trente Ans, menacées par l'invasion des espagnols sous les ordres de Jean de Werth, les religieuses se retirent dans leur prieuré de Saint-Joseph de Châlons. Un incendie se déclare dans la nuit du au 1er septembre 1754 et réduit en cendres la plus grande partie des bâtiments. L'autorité ecclésiastique veut transférer l'abbaye au prieuré de Longueau à Baslieux-sous-Châtillon. En 1756, le roi accorde l'autorisation de reconstruire et l'abbaye est de nouveau restaurée. Le , l'Assemblée constituante prononce l'abolition des vœux monastiques et la suppression des congrégations religieuses. Les 33 religieuses qui y vivent encore, suivant strictement la règle, sont dispersées le . Le mobilier de l'abbatiale a été transféré dans l'église paroissiale. AdministrationLes officières chargées de l'administration du monastère sont l'abbesse, la prieure, élue par les religieuses, la cellériere, chargée de la gestion des biens de l'abbaye, la trésorière, la dépositaire. AbbessesLes abbesses sont appelées Madame.
PrieuresEn cas de vacance du siège ou d'absence de l'abbesse, les affaires de la communauté sont gérées au nom du monastère, soit par la trésorière, soit par la prieure.
Trésorières et autres fonctionsDans les monastères de bénédictines, la trésorière occupe souvent, après l'abbesse, le premier rang parmi les dignitaires, et la supplée, dans les transactions temporelles, en cas d'absence ou d'empêchement. Voici la liste des religieuses ayant exercé diverses fonctions selon les actes de l'abbaye:
ChanoinesDans l'ordre de Saint-Benoît, on élève des bâtiments pour les hommes, proche ou même dans l'enclos des monastères de filles mais séparés toutefois des lieux habités par les religieuses, dont ils ont la conduite, tant pour l'administration des sacrements que pour gouverner leur temporel. Tous, prêtres ou chanoines, dépendent de l'abbesse. Le curé de la paroisse d'Avenay est toujours pris parmi les chanoines. Voici la liste alphabétique des Chanoines dont les noms sont repris dans les actes de l'abbaye: Nom Prénom Fonction Notes Abraham Chanoine en 1738 Acte de baptême en 1743 Arnoult Nicolas Chanoine en 1693 Fils de Nicolas Arnoult et de Marguerite Yvernel. Décède en 1707 à 59 ans Baudier Aubert Chanoine en 1789 déclaration de revenus Baulmont Chanoine en 1738 Berthemet François Chanoine en 1650 Bigot Nicolas Chanoine en 1720 Blanchard Curé vers1787 Boucard Pierre Chanoine en 1395 Briottin Pierre Chanoine en 1647 Briquet Pierre Chanoine vers 1609, 1574 Brongniard Philippe Joseph Chanoine en 1779 Caillet François Chanoine en 1675, 1700 curé entre 1692 et1700 visite de Maurice Le Tellier, archeveque de Reims en 1675. décède en 1700 Champenois Michel Chanoine en 1609 Curé d'Ay, doyen d'Epernay. Acte de 1625 Charlet Nicolas Chanoine en 1647 Chevallier Pierre Louis Chanoine en 1786, 1789 déclaration de revenus, titulaire chapelle Saint Roch Damery (de) Guillaume Chanoine en 1404, 1452 Discret Chanoine en 1738 Fendillon Nicolas Chanoine en 1729 Fetizon Nicolas Chanoine en 1720, 1738 Fissier François Chanoine en 1786, 1789 déclaration de revenus, titulaire chapelle Sainte Marie Galloteau Jacques Chanoine en 1627 Frère de Catherine Galloteau. Lègue ses biens à l'abbaye Garnier Jean Chanoine en 1476 Gérard Jean Baptiste Chanoine en 1729 Elu en 1729 Godemé Curé en 1638 Guiot ou Guyot Jean Chanoine en 1489, 1494, 1506, 1510, 1545 Guyot Jean Chanoine en 1414 Hillet Antoine Guillaume chanoine en 1759 titulaire de la chapelle saint roch après 1759 Lagnier Hilaire Chanoine en 1706 décède en 1706 Lasnier Pierre Chanoine en 1720 Lebouc Jehan Chanoine en 1614 Leprest Curé en 1792 Luyer Henri Chanoine curé en 1749, 1750 Mitteau Louis Chanoine en 1779, 1780 Oudin Pierre Chanoine en 1651 Parent Guill. Chanoine en 1647 Parredo Jean Chanoine en 1645 Préville (de) Nicolas François Philippe Chanoine avant 1779 Décède en 1779 Raussin Henri Chanoine en 1783, 1786 Remigny Nicole Chanoine en 1347 Robert Jacques Chanoine en 1720, 1727 Rompy (de) Gilles Chanoine avant 1474 Rouillié (de) Hue Chanoine en 1485 Rousse Gérard Chanoine en 1720 Janséniste. Miracle sur tombeau. Décède en 1727 Roze Jean Chanoine en 1757 Varlet Ponce Chanoine en 1647 Vavasseur Joseph Curé en 1761 Vincent Jean Chanoine en 1704, curé entre 1701 et 1731 Warmeriville (de) Regnaud Chanoine en 1234 Warnet Nicolas Chanoine en 1759 Titulaire de la chapelle saint roch avant 1759 Willequin Jean Chanoine en 1489 ArchitectureLes jardins sont grands et beaux et le Breuil est considéré par Baugier, comme l'un des plus beaux jardins de l'ordre monastique[7]. Voici le plan des bâtiments en 1796 lors de leur vente comme bien national[8]. PrieuréL'influence de l'abbaye s'étend sur les prieurés où elle envoie ses religieuses et recueille les revenus :
Patrimoine foncierSelon le dénombrement fait par Hincmar, les biens de l'abbaye se composent de onze cent cinquante manses, maisons ou fermes, à l'aide desquelles il pourvoit à la subsistance et aux besoins des clercs et des nonnes. L'abbaye acquiert des rentes, revenus, cens, surcens, et autres droits seigneuriaux à Mareuil sur Ay. Hugues, comte de Champagne, qui est soigné à Avenay, donne deux manses et demie de terre avec tous leurs droits qu'il possède à Avenay et une terre à Plivot. Elle possède un moulin sur la Vesle à Bouy. En 1147, le pape Eugène III fait un dénombrement succinct des biens et des églises : L'église Saint-Trezain d'Avenay avec la chapelle Notre-Dame. Suippe et Somme-Suippe avec les églises et tous les droits de seigneurie, l'église Saint-Hilaire de Mareuil-sur-Ay, Mutigny avec ses appartenances, les villages de Praesle, Vaulx, Bouy, Vraux, La dixme de Vaudemange, le fief de Columiers, le cens de Trelly, de Tauxières ; le fief de Goncourt, et le cens de Plivot, de Hauterive, à Porte Emmeline, Sarry, Lude. Les jeunes filles entrant en religion devaient apporter à la maison dot ou pension viagère. DîmesLa dîme de Vauciennes est reçue en dot vers 1050-1080 Guy de Chastillon, archevêque de Reims, concède à l'abbaye l'église Saint-Martin de Suippes et Saint-Pierre de Somme-Suippe. L'abbaye a le droit d'élire et de pourvoir aux cures des églises dont elle est patronne, de prêtres qu'elles présentent à l'ordination de l'évêque diocésain, droit de patronage, de présentation à l’évêque et de nomination d'un desservant aux églises ou cures (paroisses) où il percevait les grosses dîmes : Saint-Trezain d'Avenay, Saint-Hilaire de Mareuil, Saint-Martin de Mutigny, Saint-Martin de Suippes, Saint-Pierre de Somme-Suippe[9]. HéraldiqueDans l'Armorial général de France, Charles d'Hozier attribue à l'abbaye d'Avenay le blasonnement « D'argent à 3 molettes de gueules, à l'orle de 9 croix recroisettées de même »[10] qui est celui de la maison de Boufflers. Louis Paris indique qu'à très-peu d'exceptions près, les établissements monastiques n'ont jamais eu d'autres armoiries que celles de leur abbesse. Bibliographie
Liens externesRéférences et notes
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