Son travail permit le renouvellement de l'hôtellerie, l'adaptation du réseau routier aux besoins touristiques, la promotion et la protection des sites et des monuments français, la protection des forêts et l'organisation du tourisme.
Biographie
Enfance
Né à Tours le 14 décembre 1845, ou à Saint-Denis-Hors[1], Abel Ballif effectue sa scolarité au lycée impérial de la préfecture d'Indre-et-Loire. Son père est un architecte et sa mère est une peintre. Il obtient ses diplômes de baccalauréat en lettre, en science puis devient licencié en droit[2].
Vie avant le TCF
Secrétaire du député puis sénateur Georges Houssard, avant d'entrer au secrétariat d'Adolphe Alphand de à à la préfecture de la Seine. Il devient le bras droit du père des espaces verts de Paris qu'il assiste jusqu'à la fin de sa carrière qu'il achève avec le grade de sous-chef de bureau[2]. Il prend sa retraite de la fonction publique après 22 ans de service[3]. Il dirige pendant une courte période une maison de commerce[4].
Il entre au Touring club de France (TCF) en en tant que neuvième adhérent[2], par le biais de son fils, Jacques Ballif. Cycliste[5], ce dernier est le chancelier de l'association et demande à son père de le remplacer lors de son départ pour l'Angleterre. Il est nommé chancelier provisoire , secrétaire-général le en remplacement de Marcel Viollette puis, dès 1892, puis président le d'une association qu'il dote de nouveaux statuts[2].
Abel Ballif transforme rapidement le petit club cycliste en une organisation touristique nationale de premier plan, à laquelle le président de la république Félix Faure accorde son patronage en [2]. Sous son impulsion et celle du TCF sont lancés des campagnes de rénovation des hôtels à travers la France[6], l'amélioration des chambres, de l'accueil et des conditions d'hygiène[7], des équipements facilitant le tourisme : bancs (1 500 en ), tables d'orientation (60 tables sont installées en 1919[2], panneaux routiers (32 000 placés en 1919)[2] et de randonnées[2].
L'une des actions principales d'Abel Bellif est l'ouverture de routes touristiques. La plus importante réalisation est la Corniche d'Or sur la Côte d'Azur. Il lance également la Route des Alpes. Il est le créateur de la première école d'hôtellerie française[6] et lance un type de chambre conforme aux besoins de l'époque, la "chambre TCF"[6]. Il est l'un des initiateurs du tourisme en montagne, en créant un Comité du tourisme hivernal, rebaptisé peu après Comité du tourisme en montagne[8],[5], des caravanes des sports d'hiver, la Semaine du sport d'hiver du TCF[9]. Il organise également un Comité du tourisme nautique, un Comité de campings et un Comité de tourisme aérien[6].
Il fonde également un Comité des sites et Monuments pittoresques, qui est par la suite reprit par l'État qui crée dans chaque département un Comité des sites et monuments historiques[6]. Abel Ballif est le créateur d'un concours des gares fleuries[6]. Il permet l'adoption par le parlement français d'une loi sur la protection des sites[7].
En 1919, alors qu'il devient commandeur de la Légion d'honneur, le TCF regroupe environ 150 000 membres. L'Auto écrit : « [Le TCF] est, de toutes les œuvres privées entreprises par les Français, celle qui est la plus gouvernementale ; il fait, que le gouvernement le veuille ou non, figure de ministère »[5]. Il renonce cette année-là, il a 74 ans, à ses fonctions de président et devient président d'honneur[7],[10].
Sous sa présidence, les effectifs du TCF passent de 7 en à 9 000 en , 25 000 en , 100 000 en et 200 000 en . Ils seront 360 000 en [6]. Son influence est telle qu'il est surnommé "le ministre du Tourisme"[11],[5].
Abel Ballif est un interlocuteur des administrations, mais il n'hésite pas à intervenir comme pouvoir de pression, pour protester contre les taxes sur les vélos par exemple[14].
L'organisation du tourisme en France
Abel Ballif suscite l'organisation du tourisme tout d'abord dans le secteur privé. Il pousse à la création des syndicats d'initiative à travers la France puis à leur union en trente fédération et en fédération nationale[15]. Il préside le premier congrés des syndicats d'initiative[16].
Il prône également l'organisation au niveau de l'État du tourisme et permet la création de l'Office national du tourisme[15].
Il permet le travail en commun des organismes dédiés au tourisme en France, publics et privés, au sein de la Confédération nationale du tourisme, du thermalisme et du climatisme[15].
Il évoque en le concept de la "chambre de l'hôte", une chambre installée par des paysans à la campagne pour permettre aux Parisiens de découvrir la vie paysanne[19].
Autres engagements
Le succès et l'importance pris par le TCF conduisent Abel Ballif à être sollicité par de nombreuses associations. Il participa à divers titres à plusieurs d'entre elles. Il fut membre du conseil d'administration de l'Automobile club de France[20]. Il préside à diverses manifestations, y compris des rassemblements sportifs[21], et figure parmi les comités d'organisation de nombreuses autres : la course Paris-Berlin[22], du prix du tourisme de la course de côte de Château-Thierry[23], de nautisme[24], des meetings aériens, etc. Il préside le comité de patronage de l'exposition des sports organisée à Paris en 1907[25].
Il suscite l'agrégation des syndicats d'initiatives de France en fédérations provinciales et il est invité à présider le premier congrés des syndicats d'initiatives de France, organisé par la section de Provence en 1903 à Marseille[26]. Il fut appelé le "père des syndicats d'initiative"[27].
Il est membre du comité de direction de la Société d'encouragement pour le développement de l'industrie automobile en France[28] puis de l'Automobile club de France[29] (dont il est l'un des membres fondateurs en 1895), de l'Aéro-club de France[30] puis membre d'honneur[31], président d'honneur du Fishing club de France[32], du patronage des Éclaireurs de France[33], membre d'honneur du syndicat d'initiative d'Arcachon[34], vice-président de la Ligue contre la poussière des routes[35], créée pour la diffusion du goudron.
Durant la guerre, le TCF lance l'Œuvre du soldat au Front et organise la Journée du 75 sous le patronage des plus hautes autorités de l'État[38],[39],[5].
Abel Ballif fut archiviste et bibliothécaire de la Société photographique de Touraine. Il tint de 1899 à un journal des activités de l'association[46].
La Corniche d'Or et les routes touristiques
Il lance le projet de la Corniche d'Or, une route de bord de mer pour relier Saint-Raphaël à Théoule-sur-Mer[47] où il s'installe. La route est à l'origine organisée pour les cyclistes. Elle sera agrandie à plusieurs reprises pour devenir une route touristique[6]. Une manifestation est organisée en à l'occasion du 25e anniversaire de l'ouverture de la route[48],[49].
Avec le TCF, il permet la mise en place de routes touristiques, dont il est l'inventeur[50], à travers la France : la côte d'Argent[51], etc.
Il défend au début du XXe siècle l'idée de la réfection générale de routes faites pour durer, proposant plutôt les pavés, plus durable et plus économique, que le macadam[52],[53].
Décès
Il meurt à son domicile de la villa Saint-Camille à Théoule-sur-Mer, le long de la Corniche d'Or qu'il a fortement contribué à créer[6],[54],[55].
Fanny, Valse pour le piano, Paris, 1864 (lire en ligne)
Préfacier
Onésime Reclus (préf. Abel Ballif), Manuel de l'eau : suite et complément du Manuel de l'arbre, pour servir à l'enseignement sylvo-pastoral dans les écoles, Paris, Touring Club de France, 102 p. (lire en ligne)
Émile Cardot (préf. Abel Ballif, 8e édition revue par Paul Mougin, illustrée de 8 héliogravures et de 24 compositions et 8 lettrines dessinées et gravées sur bois par Paul Baudier), Manuel de l'arbre pour l'enseignement sylvo-pastoral dans les écoles. L'Arbre, la forêt et les pâturages de montagnes, Paris, Touring Club de France, , 114 p. (lire en ligne)
Maurice Rondet-Saint (préf. Abel Ballif, carte), Dans notre Empire noir, Paris, Plon, , VII-239 p., In-16 (lire en ligne)
Les sports modernes illustrés : encyclopédie sportive illustrée (préf. Abel Ballif, 813 gravures), Paris, Larousse, 1905-1906, 340 p., in-4 (lire en ligne)
E. Meignen et G. Leroux (préf. Abel Ballif), Le Mémento de l'automobile, Paris, Flammarion, [61]
Articles
Abel Ballif est l'auteur de très nombreux articles, parus principalement dans la revue du TCF. La liste ci-dessous présente ceux ayant été publiés par d'autres journaux ou ayant connu un écho particulier.
Abel Ballif, « La carte électrique de la France », La Locomotion, no 1,
Abel Ballif, « Les sports d'hiver », Enquête sur le mouvement des sports en France pendant les dix premières années du siècle,
Abel Ballif, « Le Rhône, voie de tourisme », L'Écho de Paris,
Abel Ballif, « La croisade pour l'arbre », Le Matin, (lire en ligne)
Abel Ballif, « La forêt de salut public », Le Figaro, (lire en ligne)
À son décès, un grand nombre d'articles de la presse nationale rendent hommage à Abel Ballif. Rapidement une souscription est organisée pour élever un monument à l'ancien président du TCF[66]. Son nom est accolé à de nombreux titres : "fondateur du tourisme français"[67],[68], "grand maître du tourisme français"[69],[70], le "premier animateur du tourisme français"[71], le "grand animateur du tourisme français[72], le "père du tourisme français"[73].
Inhumé dans un premier temps à Mandelieu, sa dépouille et celle de son épouse son transportée en 1938 dans le cimetière de Théoule-sur-Mer[74].
Il est inauguré en 1939 au Trayas à Saint-Raphaël, le long de la Corniche d'Or. Le monument est l’œuvre du sculpteur Antoine Sartorio et de l'architecte Paul Tournon[75],[76],[77].
Il existe une rue Abel Ballif à Saint-Raphaël et une autre à Théoule-sur-Mer depuis 1934[78].
La commune de Saint-Raphaël a également donné son nom à une plage[79].
Vie privée
D'un premier mariage, Abel Ballif eut deux enfants, dont Jacques Ballif auquel il succéda comme chancelier du Touring Club. Jacques Balif est décédé en 1938[80]. Sa fille épousa Ernest Waquant qui participa à l'organisation du TCF[81].
Abel Balif fit interner sa seconde épouse, Louise Junet, beaucoup plus jeune que lui, en 1926, avant de porter plainte contre les médecins qui l'avaient écouté[82]. Sa femme lui pardonna. Elle est décédée quelques mois avant lui[83] et repose dans la même tombe à Théoule-sur-Mer.
Notes et références
↑« À la mémoire d'Abel Ballif fondateur du Touring-Club », Excelsior, (lire en ligne)
↑ abcdefghij et kWilliam Serieyx, « Nos énergies nationales. Mr [sic] Abel Ballif, président du Touring Club de France », Je Sais Tout, , p. 18-28 (lire en ligne)
↑ abcdefgh et iRaymond Herment, Au royaume de la fée Diane d'Estérel: Théoule, son histoire, ses légendes, FeniXX réédition numérique, (ISBN9782402191913, lire en ligne)
↑Jacques Dhur, « Le port d'armes et l'opinion publique », Le Journal, , p. 1 (lire en ligne) :
« Il est incroyable qu'à notre époque on veuille interdire un droit fondamental comme celui de se défendre quand on vous attaque et le projet de loi revient à cela. Personne d'ailleurs, ne se résignerait à subir une pareille atteinte à une liberté aussi nécessaire, et, pour l'amour de la loi, à courir des risques quotidiens. Au nom des voyageurs, nous avons demandé la liberté pure et simple. Nous accepterions comme moyen terme le permis, mais nous protestons énergiquement contre l'abolition du droit d'être armé, mesure que nous considérons comme tyrannique, et, par le temps de liberté et de licence où nous vivons, comme absolument insupportable. »
↑Emmanuelle de Auteur du texte Marande, Théoule : quinze siècles d'histoire et cinquante ans de vie communale / Emmanuelle de Marande,..., (lire en ligne)