Baba YagaBaba Yaga (en russe : Баба-яга, en bulgare : Баба Яга, en polonais : Baba Jaga, en tchèque : Ježibaba) est une figure marquante de la mythologie slave. La Baba Yaga est la figure féminine surnaturelle la plus fréquente des contes slaves, elle n'existe nulle part ailleurs (ni dans la littérature, ni dans le reste du folklore). Les folkloristes ont donné diverses interprétations, depuis la divinité chasseresse jusqu'à la simple sorcière, en passant par le chef travesti du rite d'initiation des sociétés primitives, comme le veut Vladimir Propp[1]. Bien que toujours vieille, elle revêt des aspects différents. Elle a une fonction double, étant à la fois l'adversaire du héros et la principale donatrice. ÉtymologieLa langue russe ne possédant pas d'article devant un nom commun (ou adjectif), il est difficile de définir s'il s'agit d'un seul personnage (nommé Baba Yaga) ou d'un type de personnage (« la » baba Yaga). Il y a parfois dans le même conte plusieurs baba Yaga (trois en général), dénommées la première, la deuxième, la troisième[2], ce qui laisse supposer qu'il s'agit d'un type de personnage (comme on dirait « une fée »). Par ailleurs, les deux termes ne sont pas toujours accolés, on peut trouver simplement « la baba » (signifiant « la femme du peuple »), ou « la Yaga » qui peut alors être qualifiée (de brune, de vieille...)[3]. Lise Gruel-Apert insiste sur le fait que ces deux mots accolés ne sont pas un prénom suivi d'un nom. Le premier terme, « baba », est le diminutif enfantin de "бабушка" en russe, qui se prononce "babouchka" et signifie « grand-mère ». Dans le langage paysan, il est l'équivalent féminin de « moujik ». On dit : « moujik da baba » (« mužik da baba ») : « l'homme et sa femme ». Babit'sja veut dire « passer du temps avec une femme ». Donc, « baba » est la femme âgée, la mère ou plutôt la grand-mère (au sens où l'on dit « la mère Michel »), mot à distinguer de deva, devka, la (jeune) fille ou la jeune femme ("девочка", en russe, qui se prononce "dievotchka"). Ce sens explique pourquoi le personnage est aussi universel dans le conte slave. Dans la description du personnage, il est souvent question de ses mamelles, sa sexualité est envisagée seulement du côté maternité (elle a souvent des filles, rarement un fils). La majuscule n'est pas nécessaire. « Yaga » est un nom propre, à l'étymologie incertaine, mais se retrouvant dans toutes les langues slaves. Alexandre Afanassiev[4] indique que le terme pourrait être apparenté au sanskrit अहि (áhi) signifiant « serpent ». Ce serait donc « la femme Serpent », ce qui expliquerait sa jambe unique, autrement dit sa nature anguipède. Il existe des variantes à la forme « Baba Yaga » : Iaga-baba, Iegabova, Iegibovna, Iagichna, etc.[5]. Les différentes facettes du personnagePropp distingue trois Baba Yaga, mais le personnage semble présenter plus de facettes encore. RavisseuseFilant dans son mortier, effaçant les traces de son balai, elle survient brusquement, ravit un petit garçon, l'entraîne chez elle pour le faire rôtir (contes 77 à 82)[6]. Mais la menace ne se réalise jamais : ou bien le garçon (plus rarement la fillette) trouve le moyen de s'échapper, ou bien, la baba Yaga laisse le soin de l'enfourner à sa fille. Elle était entretemps repartie « se mettre en chasse ». La baba Yaga est donc décrite comme une chasseresse qui se précipite sur sa proie. Le cannibalisme, latent (puisqu'annoncé mais jamais réalisé), ne fait pas de doute. Le four est l'élément principal de l'habitation du personnage. CombattanteDans le conte La baba Yaga et Petit Bout[7], la baba Yaga a voulu tuer le héros Petit Bout et ses quarante frères, mais elle a, par méprise, tué ses quarante et une filles. Furieuse, elle « se fait apporter son bouclier de feu et, galopant sur les traces des vaillants gaillards, elle se met à projeter des flammes de tous côtés... La baba Yaga les brûle et les arrose de flammes ». Il y a là une nette opposition de traitement entre garçons et filles. La baba Yaga défend ses filles, elle est à cheval et elle projette des flammes avec son bouclier. L'environnement est un lac. De même, dans le conte Ivan-tsarévitch et le Blanc Guerrier de la plaine[8], le Blanc Guerrier de la plaine combat « depuis trente ans avec la baba Yaga à la jambe d'or sans jamais descendre de cheval ». La baba Yaga est à la tête de troupes et a tout d'une amazone ; il n'y a pas de cannibalisme. Dans le conte Ivachko-Ourseau[9], l'action se passe dans l'isba de la forêt, vide. La baba Yaga n'y habite pas, elle vit sous terre. Mais elle y monte et elle s'attaque aux compagnons du héros, les bat, leur découpe à chacun une lanière dans le dos, puis disparaît. Le héros, à son tour, lui découpe trois lanières dans le dos. Elle retourne sous terre et le héros la suit, la pourchassant. Là, il rencontre la fille de la baba Yaga : c'est une jeune fille, qui demande au héros de l'emmener avec elle et lui explique comment se débarrasser de sa mère. Il y a opposition mère / fille. Les sévices subis par les compagnons du héros puis par la baba Yaga font penser à un rite d'initiation. DonatriceLe héros, qui peut être un personnage féminin, parvient chez la baba Yaga qui, dans ce cas, vit dans une petite isba de la forêt. Là, il est soumis à un interrogatoire ou à des épreuves. Il doit prouver sa valeur et en récompense, reçoit un objet magique ou de bons conseils qui vont lui permettre de continuer sa route et de parvenir à ses fins. La petite isba « montée sur pattes de poule », tourne sur elle-même. Il faut savoir la formule pour l'arrêter de tourner devant soi :
— Conte L'Eau de jeunesse et la Fille-Roi. Comme l'isba, l'interrogatoire a un aspect figé, fait de formules toutes faites : « Eh bien, vaillant gaillard, l'épreuve, tu la cherches ou tu la fuis ? »[11]. Le héros sait ne pas se décontenancer, il sait répondre, il réclame d'abord à boire et à manger[12], puis il explique le but de sa recherche. Ceci adoucit la patronne de l'isba, elle lui fait des cadeaux et lui prodigue des conseils : « Elle lui fit don de son cheval, d'une massue énorme et lui enjoignit... » Elle donne un cheval, un faucon, moyens de traverser vers l'autre royaume, mais aussi une pelote, une boule qui, en roulant, montrent le chemin et ont la même fonction. Les cadeaux de la baba Yaga sont essentiellement liés au déplacement d'un monde à l'autre. Mais la Yaga peut aussi faire cadeau d'un crâne qui va permettre à l'héroïne de se débarrasser de ses ennemies (conte Vassilissa-la-très-belle[13]). Gardienne du royaume des mortsVladimir Propp a analysé en détail cet aspect du personnage[14]. Dans le conte La princesse ensorcelée[15], il est dit : « On ne voyait là qu'une seule isba perdue : derrière, pas une route, rien que les ténèbres les plus épaisses ». La maisonnette est souvent présentée comme trop petite pour son occupante, parfois sans porte ni fenêtre (ce qui, pour Propp le premier, peut faire penser à un cercueil)[16]. Une formule rituelle présente la baba Yaga « le nez fiché dans le plafond »[17]. Selon le cas, la maisonnette peut se trouver « près de l'Onde Noire » (voir le conte Ivan-fils de vache, dit Ouragan le Valeureux[18]) ; mais, généralement, elle se trouve à l'intérieur ou en bordure d'une forêt sombre et impénétrable. La baba Yaga, elle-même morte (d'où sa jambe d'os), est la gardienne du royaume des morts. La petite isba qu'il faut faire tourner est un poste frontière, tourné d'un côté vers le monde des vivants, de l'autre vers le monde des morts (ou l'autre royaume). Parfois la maisonnette « tourne sur elle-même »[19], mais plus souvent encore c'est le héros (ou l'héroïne) qui lui ordonne de « se tourner dos à la forêt, face à [lui / elle] » [20]. Maîtresse de la forêt et des bêtes sauvagesElle a sur les bêtes sauvages un pouvoir sans borne. Dans le conte La Belle des Belles[21] : « Elle a des émissaires qui sillonnent le monde. Les premiers d'entre eux, ce sont les bêtes des bois, les seconds, les oiseaux du ciel, les troisièmes, les poissons et les bêtes aquatiques. Toutes les créatures du monde lui sont soumises ». Ainsi, c'est la femme / la mère / la vieille qui est souveraine. Cette caractéristique est liée à la forêt, à la chasse et à un système social où la femme est mère sans mari. Andreas Johns[22] relativise toutefois la pertinence de cet aspect, démontrant que souvent, dans les contes pris en exemple par Propp, le personnage concerné, soit n'est pas nommé Baba Yaga, soit ne possède pas ses attributs traditionnels. Sexualité et relations familialesIl en est peu question puisqu'elle est surtout représentée comme vieille et vivant seule. Mais on trouve : « Devant lui, sur le poêle, sur la neuvième brique, était couchée la baba Yaga-jambe d'os..., les tétons enroulés à un crochet »[23]. S'il n'est jamais question de mari ou de compagnon, elle a des enfants, généralement des filles (et même 41 dans le conte cité La baba Yaga et Petit Bout). Quand elle a des liens de parenté avec le héros, elle est toujours de la famille de la femme ou de la mère du héros, jamais de son père (contes Va je ne sais où... et Le Démuni[24]). Andreas Johns remarque[22] qu'un motif important (le fait que Baba Yaga demande souvent à l'héroïne de laver ses enfants, qui sont des serpents, grenouilles, crapauds et vers[25]) est ignoré par Propp. Un côté solaireDans le conte Vassilissa-la-très-belle[26], l'héroïne Vassilissa demande à la baba Yaga qui sont le cavalier rouge, le cavalier blanc et le cavalier noir qu'elle a croisés pour venir jusque chez elle ; et la baba Yaga répond : « C'est mon jour, vêtu de blanc... C'est mon soleil, vêtu de rouge... C'est ma nuit, vêtue de noir », et elle ajoute : « Tous de fidèles serviteurs ! »[27] Ainsi, la baba Yaga commande aux phénomènes célestes, au jour et à la nuit. Dans le conte Maria Morevna (Maria des Mers)[28], il est dit d'elle : « Sur sa cavale ailée, elle fait chaque jour en volant le tour du monde ». Elle a des traits communs avec Phœbus, mais aussi, plus simplement, avec les sorcières, capables, selon les légendes, de voler. Analyses et interprétationsInterprétation de Vladimir ProppDans Les Racines historiques du conte merveilleux, le folkloriste russe Vladimir Propp cherche à rapprocher les éléments du conte merveilleux russe de ceux d'autres cultures anciennes, et par là des croyances et des rites de ces sociétés humaines. Selon lui, Baba Yaga représente une gardienne du royaume des morts, et sa cabane constitue un passage obligé à la frontière des deux mondes. Il rapproche les pattes de poule de la maisonnette de mythes des Indiens d'Amérique du Nord évoquant une cabane zoomorphe, et esquisse un parallèle entre les formules prononcées par le héros et le Livre des Morts égyptien, où les éléments d'une maison exigent d'être nommés exactement avant d'accorder le passage. Le fait que Baba Yaga nourrisse et lave le héros évoque également les rites du Livre des Morts ; la cabane dans un bois rappelle par ailleurs les lieux d'initiation des jeunes hommes dans de nombreuses cultures (Afrique, Océanie, etc.). Dans les faits, les représentations des maisons de Baba Yaga, montée sur "pattes de poulet", sont très semblables aux greniers traditionnels Samis, peuple éleveurs de reines que l'on trouve en Laponie, dans le nord de la Scandinavie, ainsi que dans le nord de la Russie, en Carélie. Ces derniers sont montés sur pilotis, fait de troncs d'arbres dont les racines rappellent des pattes[29]. Baba Yaga, comme d'autres personnages du conte russe (le dragon, etc.) profère souvent à l'arrivée du héros qu'elle sent « une odeur russe », ou « de carcasse russe ». Propp interprète cette expression comme signifiant une odeur d'être humain vivant[30], et donne divers exemples de mythes dans lesquels les morts font référence à cette odeur, qui les répugne (et où le héros cherche à se débarrasser de cette odeur). Le surnom même de la magicienne (« jambe d'os ») suggère qu'elle est un cadavre ; toutefois, Propp rappelle qu'elle est aussi la maîtresse des animaux de la forêt, et mentionne qu'elle est parfois décrite elle-même comme semi-animale (diverses cultures considéraient que la mort consistait à se transformer en un animal). Pour lui, l'élément animal est antérieur à l'élément squelettique de Baba Yaga. Il remarque par ailleurs que certains contes russes laissent penser que Baba Yaga serait aveugle[30]. Il conclut que le personnage de Baba Yaga, tel qu'il apparaît dans les contes, regroupe les caractéristiques de figures distinctes, quoique plus ou moins liées entre elles : la magicienne-ravisseuse, prête à faire rôtir les enfants, et la magicienne-donatrice, qui aide le héros, se retrouvent toutes deux en Baba Yaga, qui relève à la fois des rites initiatiques et du mythe du voyage au royaume de la mort (il mentionne également la magicienne-guerrière). Selon lui, ce n'est qu'une fois que les rites ont perdu leur sens et finalement disparu que leur côté sacré et terrible se voit remplacé par un grotesque héroï-comique. Dans Les Transformations du conte merveilleux[31], Propp esquisse un rapprochement avec un hymne tiré du Rig-Véda et adressé à la « maîtresse des forêts ». Il note les éléments similaires : la chaumière dans la forêt, le reproche lié aux questions (donné dans un ordre inverse), l'hospitalité, l'indication de la possibilité d'hostilité[32] et de ce qu'elle est la mère des bêtes sauvages. Le Rig-Véda dit aussi : « Quelqu'un abat des arbres là-bas (...) Ainsi pense celui qui passe la nuit chez la maîtresse des forêts. » Dans un conte d'Afanassiev[33], le père attache un morceau de bois à sa charrette, le bois frappe et sa fille dit : « C'est mon père qui abat les arbres ». Propp précise qu'il ne cherche pas à faire remonter le personnage de la Baba Yaga au Rig-Véda, mais que d'une façon générale, c'est la religion qui évolue vers le conte et non l'inverse. Analyse de Nikolaï NovikovLe folkloriste russe Nikolaï Novikov a analysé le personnage de Baba Yaga de façon précise et systématique, au travers d'un grand nombre de contes[34]. Il étudie les aspects positifs et négatifs dans deux sections distinctes. Le rôle du personnage positif se limite à celui de donateur ou de conseiller ; à l'exception du cas où Baba Yaga détient la guerrière qui poursuit le héros, elle disparaît du conte une fois sa tâche accomplie. En tant que personnage négatif, elle peut se présenter comme guerrière, vengeresse, propriétaire d'objets magiques, enchanteuse maléfique, aide ou conseillère perfide, ravisseuse d'enfants. Selon Novikov, les aspects négatifs l'emportent dans les deux tiers des contes étudiés. C'est lorsqu'elle a un rôle positif que ses attributs traditionnels sont les mieux conservés, dans les autres cas elle a tendance à endosser les rôles d'autres personnages maléfiques. Il pense que l'aspect positif est le plus archaïque, et trouve son origine dans la période matriarcale, alors que l'aspect négatif serait issu de la période de lutte entre le matriarcat et le patriarcat, qui a fini par l'emporter. Baba Yaga et la lutte des classesLes chercheurs russes et soviétiques du XXe siècle présentent fréquemment une vision de Baba Yaga influencée par l'idéologie marxiste : elle peut parfois être considérée comme un oppresseur ou un exploiteur tyrannique, notamment vis-à-vis de ses serviteurs. L'Américain Jack Zipes interprète de même la sorcière de Hansel et Gretel en termes de lutte des classes. Andreas Johns[35] relativise cette interprétation, remarquant qu'il ne manque pas de contes russes satiriques qui raillent très clairement les oppresseurs du moment (le pope, le barine), exprimant un antagonisme de classe qui n'a pas besoin d'être déguisé ou symbolisé. Analyse de Luda SchnitzerLuda Schnitzer se pose également la question de l'ambivalence du personnage de Baba Yaga, à la fois ogresse cruelle et auxiliaire bienveillante, et en particulier de son revirement d'attitude vis-à-vis du héros qui est parvenu jusqu'à sa cabane (« cette incarnation du Mal peut se transformer à l'improviste en une bonne mère-grand, prête à aider les héros de tous ses pouvoirs magiques »)[36]. Elle fait remarquer que dans les contes des musulmans de Russie, mais aussi notamment géorgiens, « le héros touche le sein de l'ogresse et l'appelle mère », et elle lui répond « si tu ne l'avais fait, je te dévorais » : l'asile maternel serait, selon une ancienne coutume, inviolable. Elle évoque ensuite d'autres explications avancées : mythologique (Baba Yaga serait la divinité personnifiant l'hiver, à la fois cruel et protecteur des graines dormant sous terre) ; pragmatique (la loi de l'hospitalité vaut pour tous, même pour les ogres) ; ethnologique (le code du savoir-vivre des « coins perdus » interdit de demander au voyageur de but en blanc d'où il vient et où il va, tenant compte notamment qu'il peut se trouver en marge de la légalité). Elle ajoute « la conviction naïve, propre au conte populaire », que par la confiance on peut désarmer la méchanceté. Elle remet ainsi en cause le supposé manichéisme des contes (les bons d'un côté, les méchants de l'autre). Approches psychanalytiquesGéza Róheim[37], qui estime que les contes populaires trouvent leur origine dans les rêves, insiste sur les attributs de type nez, dent ou pied particuliers, qui constitueraient des symboles phalliques ; la hutte de Baba Yaga serait un symbole féminin, et le fait qu'elle tourne sur elle-même renverrait au coït hétérosexuel. Olga Periañez-Chaverneff pense que l'apparence de Baba Yaga (ogresse, versatile ou bienveillante) peut être mise en relation avec l'âge du héros du conte (jeune enfant, enfant en cours de socialisation ou jeune adulte). Marie-Louise von Franz, dans une approche jungienne, identifie Baba Yaga à l'archétype de la Grande Mère, qui présente à la fois des aspects positifs et négatifs. D'autres interprétations psychanalytiques existent ; pour des raisons historiques, elles sont rares en Russie même et, de toute façon, tournent le dos à tout fondement mythologique et construit sur la longue durée. Analogies dans d'autres culturesTraditions celtiquesUne sorcière assez similaire, écho de traditions païennes, apparaît déjà dans le roman arthurien en vers Les Merveilles de Rigomer, écrit dans le dernier tiers du XIIIe siècle par un auteur anonyme[38]. Elle est laide, grosse, bossue, inspire la panique au cheval de Lancelot et se montre peu hospitalière au premier abord, mais plutôt par crainte des chevaliers armés (elle prétend n'avoir « jamais vu de chevalier », et s'adoucit lorsque Lancelot accepte de retirer son haubert). Le texte précise qu'elle suspend ses paupières à des protubérances ou des cornes qu'elle a sur le crâne, au moyen de crochets : ce motif, qu'on retrouve dans le conte Viï de Gogol, provient du Mabinogi de Culhwch et Olwen, conte gallois du XIe siècle ; l'évocation de Baba Yaga, « les tétons enroulés à un crochet » semble en constituer un écho déformé. Elle vit dans une « maison étrange, tout ouverte » au fond de la forêt avec sa nièce, qui traite bien le chevalier. Sur la Baba seraient venus confluer des traits propres à 1) l'année aux deux visages ; 2) une puissance chtonienne associée à l'hiver ; 3) un feu du foyer, mobile et accessible au héros[39]. RoumanieDans le folklore de Roumanie (pays non slave), il existe un personnage apparenté, Baba Cloanța (Cloantza), apparaissant comme une vieille sorcière édentée, qui revêt également plusieurs aspects : oracle, guérisseuse, parfois mère de héros (ou d'un dragon), souvent associée à l'élément aquatique, évoquant des réminiscences mythologiques, ou avatar de la Mort, entre autres[40]. Ce personnage est issu plus particulièrement du folklore des Carpates. Influences finno-ougriennesLise Gruel-Apert[41] se pose la question de l'influence des traditions finno-ougriennes, en particulier celles des Mordves, sur la mythologie russe. Jusqu'au XIXe siècle, les Mordves se référaient à un esprit de la forêt féminin, cannibale, dénommé Vir-ava, qui présentait beaucoup de traits communs avec Baba Yaga (notamment une jambe unique), même s'il s'agissait plutôt d'une femme jeune. Elle avait des capacités de métamorphose et commandait aux esprits des arbres. Les cultures russe et finno-ougrienne se sont interpénétrées, autour de la Volga comme en Carélie. Dans les arts et la culture populaireMusiquePlusieurs compositeurs de musique classique russes s'inspirent des contes et notamment de la figure de Baba Yaga.
La sorcière figure sous son nom tchèque « Ježibaba » dans l'opéra Rusalka d'Antonín Dvořák. Dans la chanson « The Hut Of Baba Yaga » de l'album Pictures at an Exhibition (1971) du groupe Emerson, Lake and Palmer. Dans la chanson « The Hut Of Baba Yaga » sur l'album du même nom (1987) du groupe Mekong Delta. Dans la chanson Baba Yaga La Sorcière (charivari pour voix d'enfants) (1996) du groupe Magma, une adaptation de la pièce Mekanïk Destruktïw Kommandöh. Il s'agit d'une version écourtée, dont les paroles en kobaïen ont été réécrites par Gaston Tavel pour être facilement interprétées par un chœur d'enfants. Dans l'opéra Baba Yaga: Witch of the Forest (2010) du compositeur canadien James Fogarty [42],[43]. Dans le morceau instrumental « Babayaga » de l'album William Sheller et le quatuor Stevens live (2007) de William Sheller. Dans la chanson « Baba Yaga » de l'album Through Donkey Jaw (2011) d'Amen Dunes. Dans la chanson « The Realms of Baba Yaga » de l'album Space Police - Defenders of the Crown (2014) du groupe Edguy. Le personnage de Baba Yaga est interprété par Mariangela Demurtas (Tristania) dans l'album The Great Lie (2015) de l'opéra-rock français Melted Space. Le groupe de deathcore russe Slaughter To Prevail a sorti le 20 mai 2021 un morceau intitulé Baba Yaga sur Youtube. Peinture et illustrationLes illustrateurs et peintres qui s'inspirent des contes russes donnent à Baba Yaga un visage directement inspiré par les textes des contes. Au milieu du XIXe siècle, le peintre russe Viktor Vasnetsov, qui peint de nombreux sujets mythologiques, représente notamment Baba Yaga en plein vol dans son mortier. En 1873, le peintre russe Viktor Hartmann peint une série de tableaux inspirés par les contes, notamment un tableau de la maison de Baba Yaga, ces tableaux inspirent au compositeur Modeste Moussorgski ses Tableaux d'une exposition. Ivan Bilibine, l'un des plus fameux illustrateurs russes, réalise de nombreuses illustrations de contes, au début du XXe siècle, dont l'une très connue pour le conte traditionnel Vassilissa-la-très-belle qui montre la sorcière avançant dans la forêt, montée dans son mortier avec son pilon et son balai.
Danse
Littérature
Bande dessinée
Cinéma
Télévision
Jeux de rôle
Jeux vidéoBaba Yaga fait également des apparitions dans plusieurs jeux vidéo.
Théâtre
Notes et références
Voir aussiBibliographie
Articles connexesLiens externes
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