Le boulevard du Temple a été ouvert entre 1656 et 1705 à travers le bastion du Temple de l'enceinte de Charles V, détruite sous Louis XIV. Ses numéros impairs épousaient la forme arrondie du contour extérieur de cet ancien bastion. Les numéros 42 à 48 ont conservé cette orientation, les immeubles suivants vers la place de la République ayant été reconstruits en alignement lors de l'aménagement de cette place ce qui explique le décrochement entre les numéros 48 et 50[1].
le Café des Mousquetaires, principalement fréquenté par « le populo, les artistes qui venaient après le théâtre y souper à bon marché, d'ouvriers, d'étudiants et de provinciaux »
le Café de l'Épi-Scié, qui avait été construit sur l'emplacement ou s'illustrèrent Bobèche et Galimafré. Situé dans un sous-sol, la police y faisait régulièrement des rafles. « C'était le rendez-vous de la lie du boulevard, le rendez-vous des « chevaliers du surin »[5] des caroubleurs, des marchands de contre-marques, des lutteurs de foire. Là se combinaient les vols et les assassinats ».
le Café d'Achille, surnommé Café de la Basse-Grèce où Café de l'Allumage, était fréquenté par les « grecs » qui opéraient dans des tripots tenus par des marchands de vins où des cafés borgnes pour se vendre où acheter des dupes; Lorsqu'un provincial flânait devant les théâtres, il était abordé par un « dénicheur ». Ce dernier mettait le « pigeon » aux enchères aux « grecs ». Le prix payé, le « grec » donnait rendez-vous au « pigeon » pour le soir afin de le présenter dans le monde. Là il se faisait plumer, par les « canards » et les « poules ». Charles Virmaître indique que plusieurs assassins furent arrêtés dans ce café[3].
Des établissements de loisirs étaient également implantés du côté des numéros impairs
le Café Turc, rendez-vous des élégants et des élégantes à l'emplacement de l'actuel numéro 31 à l'angle de la rue Charlot [6]
Le cadran bleu en face de l'autre côté de la rue Charlot.
La rotonde de Paphos à l'angle de la rue du Temple, salles de danse, lieu de plaisirs et de jeux ouvert en 1797 à l'emplacement de l'hôtel de Vendôme vendu comme bien national. Cet hôtel particulier édifié au début du XVIIIe siècle pour le grand prieur de la maison du TemplePhilippe de Vendôme, également nommé « hôtel de l'hôpital » en référence avec l'ordre des hospitaliers du Temple avait été vendu comme bien national. Les jardins annexes de la ronde, les jardins des princes s'étendaient le long du boulevard. La rotonde ferme sous la Restauration remplacée par des boutiques puis par le passage de Vendôme. Son site a disparu lors de la création de la place de la République[7].
Les transformationshaussmanniennes ont radicalement modifié cette partie du Marais et il ne reste aujourd'hui des théâtres de jadis que le théâtre Déjazet, ceux situés sur les numéros impairs ayant été rasés lors de la création de l'actuelle place de la République, agrandissement de l'ancienne place du Château d'eau.
No 42 ancien immeuble (démoli) : Giuseppe Fieschi y avait loué une chambre pour construire sa machine infernale composée de vingt-cinq canons de fusils. Après l'attentat la maison fut démolie.
« L'architecte qui a donné les plans de la maison de M. de Chavanes, au coin de la porte du Temple, a montré au public qu'on peut dans un petit espace exécuter les choses en grand. Si au lieu de pilastres il avait mis des colonnes. Si le denticule de la corniche n'était pas à bâtons rompus ; si le même ornement n'était pas répété sur la plinthe qui répare les étages ; si cette plinthe était supprimée ; si les bandeaux des fenêtres d'en-haut étaient raccordés avec ceux des fenêtres d'en-bas, ce morceau serait cité comme un modèle. Tel qu'il est il prouve le mérite de son auteur, et annonce de sa part un génie fait pour aller au grand[13]. »
Notes et références
↑Renaud Gagneux et Denis Prouvost, Sur les traces des enceintes de Paris, Paris, Parigramme, , 246 p. (ISBN2 84096 322 1), p. 113
↑Le projet de Moreau-Desproux, annexé au devis reçu par Me Davier, notaire, le , a brûlé avec les minutes de son étude en 1871. Deux dessins au lavis de l'élévation sur le boulevard existent au musée Carnavalet et dans la collection Wrightsman. Ils ont été publiés par Michel Gallet en 1961 (« Dessins de Pierre-Louis Moreau-Desproux pour des édifices parisiens », Bulletin du musée Carnavalet) et 1972 (Paris Domestic Architecture of the 18th Century, Londres, Barrie & Jenkins).