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Bourse Rhodes

Statue de Cecil Rhodes à l'université du Cap.

Les bourses Rhodes (en anglais : Rhodes Scolarship) sont des bourses universitaires permettant à ses récipiendaires d’étudier à l’université d'Oxford gratuitement pendant une durée d'un, deux ou trois ans. Elles ont été créées en 1902 conformément au testament du Britannique Cecil John Rhodes (1853-1902) dans lequel il précisait que :

« Aucun étudiant ne doit être disqualifié pour l'obtention d'une bourse d'études en raison de sa race ou de ses opinions religieuses[1]. »

Ces bourses furent longtemps réservées à des hommes, quasi-exclusivement blancs jusqu'en 1962, et ne virent postuler que des étudiants originaires des pays du Commonwealth, ainsi que des États-Unis et d’Allemagne. L'exclusion des femmes donna naissance à une controverse et conduisit, en 1953, à la création des bourses de type Marshall Scholarship. Depuis 1976, les femmes peuvent aussi être allocataires de la bourse Rhodes. Elles sont maintenant ouvertes à des étudiants du monde entier[2].

Administration

Les bourses Rhodes sont administrées et attribuées par le Rhodes Trust, situé Rhodes House à Oxford. Les statuts de cette fondation de droit anglais ont été modifiés par quatre lois du Parlement britannique : le Rhodes Estate Act de 1916, le Rhodes Trust Act de 1929, le Rhodes Trust Act de 1946 et le Rhodes Trust (Modification) Order de 1976, un instrument statutaire permettant de mettre en conformité les statuts du trust avec la loi britannique de 1975 visant à lutter contre la discrimination sexuelle (Sex Discrimination Act 1975).

Elizabeth Kiss est l'actuelle présidente du Rhodes Trust.

Origine

Les bourses ont été décernées selon les termes énoncés dans le sixième et dernier testament de Cecil John Rhodes, daté du 1er juillet 1899 et annexé par plusieurs codicilles jusqu'en mars 1902.

Dans son testament, Cecil Rhodes prévoyait la création d'une fondation (la Rhodes Trust) chargée de la gestion d'une bourse scolaire. Celle-ci, la Rhodes Scholarships, permet aux étudiants les plus méritants de poursuivre leurs études gratuitement à l'université d'Oxford.

Dans l'esprit de Rhodes, les bourses sont créées pour deux raisons : promouvoir l'unité au sein de l'empire britannique et renforcer les relations diplomatiques entre la Grande-Bretagne et les États-Unis d'Amérique. Rhodes pense que les collèges des universités étaient le lieu idoine pour que les futurs dirigeants mondiaux puissent se rencontrer et échanger. Selon ses propres mots, l'objectif est encourager et favoriser une union des peuples anglophones à travers le monde[1]. Dans une optique diplomatique similaire, Rhodes a également légué des bourses à des étudiants allemands dans l'espoir d'améliorer les relations entre l'Angleterre, l'Allemagne et les États-Unis d'Amérique afin de garantir la paix (révoquée en 1916).

Extensions des bénéficiaires aux femmes, aux personnes de couleurs et aux non anglo-saxons

Les convictions anglo-suprémacistes exprimées par Rhodes, particulièrement dans sa profession de foi d'université de 1877[3], sont souvent mentionnées à son encontre. Idéaliste et en homme de son temps, Rhodes a exprimé sans ambiguïté son rêve de voir la civilisation et le modèle britannique triompher. En 1902, l'Empire britannique est la première puissance mondiale et Oxford représente à ses yeux le moule civilisateur par excellence[1]. Rien dans la volonté ou dans aucun autre écrit de Rhodes ne suggère son désir d'éduquer les non-Européens ni même les non anglo-saxons même si aucun n'est explicitement exclu. L'objectif de sa bourse reste néanmoins de privilégier le recrutement de futurs défenseur de la civilisation anglo-saxonne et britannique. Dans le contexte de son époque, il apparait ainsi peu probable pour Rhodes, pour les administrateurs de la bourse et pour l'université d'Oxford, de suggérer que soient attribuées des bourses universitaires à des personnes de couleurs ou à des femmes. En outre, l'Université d'Oxford exigeait que tous les candidats à une bourse passent un examen comprenant le grec ancien et le latin. Il aurait été très inhabituel que ces matières élitistes soient enseignées à des personnes de couleur dans les colonies africaines et que des noirs soient même admis dans les écoles anglophones d'Afrique australe qui enseignaient ces matières[4].
Sur le plan factuel, les quatre écoles privées sud-africaines mentionnées dans le testament de Rhodes pour recevoir une bourse annuelle (le Boys High School de Stellenbosch, le Collège diocésain de Rondebosch, le South African College Schools de Newlands et le collège St Andrew de Grahamstown) étaient anglophones, n'admettaient que les garçons et les blancs (l'éducation des enfants noirs, non prévues dans les colonies d'Afrique australe, étant le cas échéant assurée bénévolement par des missions religieuses). Ces 4 écoles ont par la suite été ouvertes aux anciennes élèves de leurs écoles partenaires (filles ou écoles mixtes).

Cependant, dès 1907 (5 ans après la mort de Rhodes), un noir américain, Alain Locke, est le premier récipiendaire d'une bourse Rhodes pour étudier à Oxford où il connait néanmoins des difficultés à se faire inscrire. Par la suite, aucun noir ne fut allocataire jusqu'en 1962, quand la bourse est attribuée de nouveau à des afro-américains, Stan Sanders et John Edgar Wideman. D'autres afro-américains seront par la suite chaque année allocataires de la bourse comme Kurt Schmoke, futur premier maire noir de Baltimore tandis qu'en 1978, Karen Stevenson sera la première afro-américaine bénéficiaire de la bourse Rhodes[5],[6].

En Afrique du Sud, dans les années 70, à la suite de protestations et de pétitions contre l'exclusivité raciale des bourses Rhodes, celles-ci sont modifiées et élargies tant aux femmes qu'aux personnes de couleur.
L'ouverture se fait d'abord vers les femmes alors que le Parlement britannique adopte, en 1975, une loi contre la discrimination sexuelle amenant les administrateurs du Trust (de droit anglais) à demander au Secrétaire d'État britannique à l'éducation d'admettre l'éligibilité des femmes à la bourse Rhodes. En 1976, Sheila Niven devint la première sud-africaine récipiendaire de la bourse[7] et l'année suivante, 24 femmes (sur un total de 72 universitaires) furent sélectionnées dans le monde.
L'ouverture vers les non blancs sud-africains (coloureds, indiens, noirs) est concomitant à cette ouverture aux femmes. En 1977, Ramachandran Govender est ainsi le premier sud-africain non blanc allocataire de la bourse[8] suivi en 1978 par Loyiso Nongxa, le 1er sud-africain noir récipiendaire de la bourse Rhodes (mathématicien et futur vice chancelier de l'université du Witwatersrand[9]).

Si la déségrégation générale des établissements publics scolaires sud-africains a lieu au début des années 90, dans le contexte des négociations institutionnelles entre le gouvernement sud-africain et le congrès national africain, quatre des neuf bourses accordées à l'Afrique du Sud ne restent encore ouvertes qu'aux étudiants et anciens élèves des écoles mentionnées dans le testament et à leurs écoles partenaires.

Sur les 5 000 bourses Rhodes accordées entre 1903 et 1990, environ 900 sont allées à des étudiants originaires d'Afrique[10].

Attribution

Conformément aux souhaits de Cecil Rhodes, « il importe avant tout qu’un candidat ait manifesté un talent marqué pour l’étude et des aptitudes intellectuelles de niveau élevé. L’intégrité, l’altruisme, l’esprit d’initiative, les qualités de meneur et l’intérêt porté à ses contemporains sont autant d’attributs nécessaires, de même que l’énergie pour mettre pleinement à profit ses talents ».

La bourse Rhodes est habituellement accordée pour une durée de deux ans, selon le programme suivi par le boursier qui doit être originaire d'un pays ou ancien pays du Commonwealth ou bien d'Allemagne ou des États-Unis. Ce qui excluait entre autres les pays latins et les étudiants ayant fait leurs humanités classiques grec et latin.

Depuis 2015, les étudiants de la république populaire de Chine peuvent être récipiendaires d'une bourse Rhodes[11].

Liste de boursiers

Notes et références

  1. a b et c (en) No student shall be qualified or disqualified for election to a scholarship on account of his race or religious opinion. - in: « The Scolarship at Oxford », William Thomas Stead (éd.), The last will and testament of Cecil John Rhodes: with elucidatory notes to which are added some chapters describing the political and religious ideas of the testator, Londres, Review of Reviews Office, 1902, p. 38-39.
  2. (en) « Rhodes Global Scholarships 2024-2025 », sur International Scholarships for…, (consulté le ).
  3. 1877: Cecil Rhodes, "Confession of Faith"
  4. Tim Nuttall, A Century of South African Rhodes Scholarships, A. Kenny, ed., The History of the Rhodes Trust 1902–1999, Oxford University Press, pp. 251–314
  5. Three African American Students, Lia Petrose, Anea B. Moore and Austin T. Hughes, Named 2019 Rhodes Scholars, Good Black News, 30 novembre 2018
  6. The Rhodes Scholarship and African America, AAREG
  7. Mandela Rhodes Trust turns five, Brand South Africa, 12 septembre 2008
  8. Southern African Rhodes scholars 2010, PoliticsWeb, 13 décembre 2010
  9. WITS Vice Chancellor: Prof. Loyiso Nongxa, SARUA
  10. Anthony Kirk‐Greene, Doubly elite: African Rhodes Scholars, 1960–90 Immigrants & Minorities 12.3 (1993): 220-235.
  11. Rhodes Scholarships Expanding to Include Chinese Students, New York Times, 30 mars 2015
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