Carl Einstein épouse en 1913 Maria Ramm (1887-1975), une traductrice, sœur d'Alexandra Ramm-Pfemfert. Ils ont une fille, Nina en 1915[2].
Ami de George Grosz, Braque et Picasso, militant anarchiste, Carl Einstein a mêlé dans ses écrits des considérations à la fois esthétiques et politiques, s'intéressant tant au développement de l'art moderne qu'à la situation politique de l'Europe. Il a traversé les guerres et révolutions qui ont secoué l'Europe dans la première moitié du XXe siècle : sensible aux implications sociales et politiques qui en découlèrent, il s'impliqua activement dans le Conseil révolutionnaire des soldats à Bruxelles établi le et, dans une moindre mesure, dans la révolte spartakiste de Berlin. Einstein, du fait de sa confession juive, fut en outre directement concerné par la violente vague d'antisémitisme qui balaya l'Europe tout au long de son existence.
Carl Einstein fut en son temps un auteur et critique d'art connu, notamment avec son premier roman, Bébuquin ou les dilettantes du miracle, paru en 1912, son ouvrage La Sculpture nègre, paru en 1915, qui fit de lui le véritable découvreur de l'art africain en Europe et lui valut une invitation à enseigner au Bauhaus, invitation qu'il déclina, ou sa célèbre pièce de théâtre Die Schlimme Botschaft, en 1921. Einstein collabora en outre à nombre de revues et de projets collectifs, parmi lesquels la revue Die Aktion de Franz Pfemfert et la célèbre revue Documents : Doctrines, Archéologie, Beaux-arts, Ethnographie, en collaboration avec Georges Bataille.
À la suite d'une campagne de diffamation menée par des extrémistes de droite contre sa pièce Die Schlimme Botschaft, qui le fit condamner pour blasphème en 1922, Einstein quitta volontairement l'Allemagne (alors sous le régime de la république de Weimar) pour s'installer principalement en France, faisant toutefois des incursions régulières dans son pays, jusqu'à l'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir en 1933, qui marqua son exil définitif. Proche de Jean Renoir, il coécrit avec lui en 1935 le film Toni.
Après la déroute des républicains, il retourna en France où il fut arrêté et emprisonné au près de Bordeaux, en même temps que d'autres émigrés allemands. Il fut finalement libéré en en raison du chaos qui régnait en France face à la rapidité de l'invasion allemande. Pris au piège à la frontière franco-espagnole, il se suicida le pour échapper aux persécutions nazies, en se jetant du pont surplombant le gave de Pau, à la hauteur du sanctuaire de Notre-Dame de Bétharram, après qu'il eut été recueilli quelques jours auparavant par les moines. Il est enterré dans le vieux cimetière situé au pied de l'église de Boeil-Bezing, village entre Lestelle-Betharram et Pau.
Arthur Koestler écrit cependant, dans La Lie de la terre le , « il s'est jeté dans le gave d'Oloron », près de Navarrenx.
Œuvre écrite
Bebuquin oder die Dilettanten des Wunders. Ein Roman, Berlin, Verlag der Wochenschrift, Die Aktion, 1912
Neue Blätter, Berlin, Baron, 1912
Wilhelm Lehmbrucks graphisches Werk, Berlin, Cassirer, 1913
Negerplastik, Leipzig, Verlag der weißen Bücher, 1915
Die Kunst des 20. Jahrhunderts, Berlin, Propyläen, 1926 (Propyläen-Kunstgeschichte, 16)
Entwurf einer Landschaft, Paris, Kahnweiler/Galerie Simon, 1930, avec 5 lithographies de Gaston-Louis Roux
Giorgio di Chirico, Berlin, Galerie Flechtheim, 1930
Die Kunst des XX. Jahrhunderts, Berlin, Propyläen, 1931
Georges Braque, Paris : Éditions des chroniques du jour, Londres : Zwemmer, New York : E. Weyhe, 1934
Traductions françaises
Carl Einstein, Vivantes Figures, Editions rue d'Ulm, Paris, 2019. (ISBN978-2-7288-0637-9)
Carl Einstein, La Sculpture Africaine, Les Editions G. Crès & Cie, Paris, 1922, traduit de l'allemand par Thérèse et Raymond Burgard.
Carl Einstein, Bébuquin ou les dilettantes du miracle, traduit de l'allemand par Sabine Wolf, EST-Samuel Tastet Éditeur, 1986.
Repris et réédité sans autorisation par Les presses du réel, 2000 (ISBN978-2-84066-048-4)
Carl Einstein, Georges Braque, traduction Jean-Louis Korzilius, introduction de Liliane Meffre, Bruxelles, éd. La Part de l'œil, 2003 (ISBN2-930174-31-5)
Carl Einstein & Daniel-Henry Kahnweiler, Correspondance 1921-1939, présentée et annotée par Liliane Meffre, Marseille, éd. André Dimanche, 1993, éd. traduite (ISBN2-86916-055-0).
Carl Einstein, Ethnologie de l'art moderne, éd. Liliane Meffre, Marseille, éd. André Dimanche, 1993.
Carl Einstein, La Sculpture nègre, traduction et introduction de Liliane Meffre, éd. L'Harmattan, 1998.
Carl Einstein, Les arts de l’Afrique, présentation et traduction de Liliane Meffre, éd. Jacqueline Chambon, 2015.
Jean-Maurice Monnoyer, Walter Benjamin, Carl Einstein et les arts primitifs, Publications de l'Université de Pau, 1999 (ISBN2908930595)
Liliane Meffre, Carl Einstein, 1885-1940 : itinéraires d'une pensée moderne, collection Monde germanique, Presses de l'université de Paris-Sorbonne, 2002 (ISBN2840502291)
Pyrénées 1940, ultime frontière : pour Carl Einstein, Walter Benjamin, Wilhelm Friedmann, actes du colloque international du 14 avril 2003, Université de Pau et des Pays de l'Adour et « Association Carl Einstein-François Mazou, combattants de la liberté », l'Harmattan, 2006 (ISBN2296007031)
Maria Stavrinaki, Contraindre à la liberté – Carl Einstein, les avant-gardes, l’histoire, publié avec le Centre allemand d'histoire de l'art, Dijon, Les Presses du Réel, 2018, 256 p. (ISBN978-2-84066-966-1)