Cheval en Thaïlande
Le cheval en Thaïlande (thaï : ม้า) est représenté par une race locale adaptée à son climat tropical, le poney thaïlandais, ainsi que par des chevaux d'importation de plus grande taille, plus populaires mais moins rustiques, dont le Pur-sang. Le cheval sert surtout au transport attelé et au tourisme équestre, les sports équestres restant émergents au sein de la Fédération équestre thaïlandaise, avec une pratique du sport hippique et du polo. Environ 6 000 chevaux et 5 000 cavaliers réguliers, majoritairement des adolescents, sont présents en Thaïlande au début du XXIe siècle. Le nord-est du pays est touché par une épizootie de peste équine en 2020, imposant des mesures de protection contre ce virus qui n'avait pas émergé sur le continent asiatique depuis 60 ans. HistoireLes chevaux thaïlandais proviennent vraisemblablement d'une souche issue du cheval mongol[1]. L’utilisation du cheval en Asie du Sud-Est pourrait avoir un lien avec le défrichement des côtes et la disparition d’un biotope adapté à l’éléphant et au buffle[2]. Sous le Royaume d'Ayutthaya / SiamLes plus anciennes inscriptions connues en alphabet proto-thaï, celles de la stèle de Ramkhamhaeng datée de 1292, évoquent de manière idyllique la vie des Thaïs à Sukhothaï et mentionnent clairement la présence de chevaux à cette époque : « Dans l'eau, il y a du poisson ; dans la rizière, il y a du riz : le seigneur du pays ne lève pas de taxe sur ses sujets, qui, le long du chemin, s'en vont de compagnie, menant des bœufs pour aller faire le négoce, montant des chevaux pour aller vendre. Quiconque désire faire le commerce des éléphants le fait ; quiconque désire faire le commerce des chevaux le fait ; quiconque désire faire le commerce de l'argent ou celui de l'or le fait... »[3]. Par contre, le Portugais Tomé Pires ne mentionne pas leur présence dans les plaines de Thaïlande pendant ses voyages durant les années 1510[4]. Au XVIIe siècle, une amorce de cavalerie existe mais le cheval n'étant pas natif du Siam s'y adapte mal : le roi en aurait cependant entretenu quelque 2 000 ; si les chevaux prennent part aux guerres, c'est essentiellement pour leur mobilité dans la transmission des ordres ; ils servent aussi de montures de prestige même si l'éléphant leur est toujours préféré dans ce rôle[5]. Sous le seul règne du roi Naresuan (1590-1605), les chevaux sont utilisés pour la reconnaissance et la transmission des nouvelles, ainsi qu'à la bataille[6]. Lors d'une guerre contre les Birmans, Naresuan a conseillé à ses hommes, mobilisés à Martaban, d'y laisser stationner 20 à 30 chevaux rapides afin qu'ils puissent se relayer pour transmettre les nouvelles à l'armée principale[6]. D'après Greg Bankoff et Sandra Swart, les chevaux ont été utilisés en plus grand nombre que les éléphants, même dans l'armée rassemblée pour envahir le Cambodge, qui comprenait 100 000 hommes, 800 éléphants et 1 500 chevaux[6]. L'envoyé diplomatique français Simon de La Loubère décrit le roi du Siam (en 1693) comme ayant sous ses ordres « une garde à cheval permanente étrangère, qui consiste en cent trente gentilshommes », composée de « Maures » (en fait, de moghols), plus quelques gardes à cheval supplémentaires de « Meens » (probablement des Khmers) et de Laos[7]. Des traces de présence chevaline sont de nouveau clairement décrites à la période d'Ayutthaya, au XVIIIe siècle[8]. Le roi Taksin (1767-1782) possède lui aussi une cavalerie localement, et s'empare de Chanthaburi avec ses troupes montées[8]. Au XXe siècleDurant les années 1920, la région du Tonkin, dans laquelle sont établis des peuples non-thaïlandais, recèle de nombreux poneys de montagne[9]. Pratiquement chaque famille des montagnes en possède au moins un, sans distinction sociale entre les riches et les pauvres[9]. Durant les années 1930, la partie continentale de l'Asie du Sud-Est compte entre 750 000 et 1 million de chevaux[10]. Le cheptel thaïlandais de l'époque est estimé à environ 300 000 chevaux, représentant 3 % du gros bétail du pays[10]. Les Hmong et les Hani du nord de la Thaïlande rencontrent cependant de plus en plus de difficultés pour élever leurs chevaux durant les années 1930, cela nécessitant un terrain relativement plat et herbu, devenu particulièrement difficile à trouver[9]. Les Hmong sont plus particulièrement associés à l'élevage du cheval, de par leur talent reconnu pour castrer les mâles et pour exercer les activités d'élevage équin réputées les plus dangereuses[9]. Néanmoins, la plupart des chevaux locaux ne sont pas castrés, ce qui engendre des difficultés pour les maîtriser[9]. Au cours du XXe siècle, la pratique de l'équitation reste longuement l'apanage d'une petite élite fortunée[11]. La Fédération équestre thaïlandaise est créée en 1976, pour soutenir et promouvoir le développement de l'équitation et des sports équestres dans ce pays[11]. Depuis la fin du XXe siècle, de nombreux croisements sont intervenus sur le cheptel équin de Thaïlande, notamment avec des chevaux originaires d'Australie, de Nouvelle-Zélande et d'Angleterre[8]. Ces importations concernent notamment le Pur-sang et le Quarter Horse[12]. La majorité des chevaux présents sur le territoire thaïlandais en 1994 sont destinés au sport hippique[13]. Les croisements tendent à faire disparaître la souche locale d'origine, de petite taille, au profit de chevaux plus grands et dotés d'un poitrail plus ouvert[12]. En effet, la petite souche locale souffre d'un déficit d'intérêt[12]. En 1999, la mauvaise qualité des soins prodigués aux chevaux de travail thaïlandais suscite des préoccupations vétérinaires et le recours à une aide internationale[14]. Ces problèmes découlent essentiellement de l'absence d'investissement de l'État thaïlandais et du secteur privé pour garantir un accès aux soins vétérinaires et à une alimentation de base[14]. Au XXIe siècleAu début des années 2000, des formations sont dispensées aux propriétaires équins, puis une première clinique vétérinaire équine ouvre à Lampang en avril 2004[14]. La première insémination artificielle fructueuse d'une jument documentée en Thaïlande remonte à 2010, avec la naissance d'un poulain issu d'un croisement[15]. C'est aussi à partir des années 2010 qu'un secteur équestre de loisir émerge, tout particulièrement dans la région de Bangkok ; la croissance économique du pays permet à de plus en plus de Thaïlandais d'accéder à la pratique de l'équitation[11]. En raison de la présence du virus responsable de la peste équine, les exportations de chevaux de Thaïlande sont bannies pour deux ans en 2021[16]. Pratiques et usagesLes usages des chevaux en Thaïlande sont variés, certains étant montés pour des courses, d'autres destinés au travail, d'autres encore prélevés de leurs anticorps à des fins pharmaceutiques, contre la rage[17]. Le tourisme équestre est en développement[18][19]. La pratique de l'équitation récréative se fait progressivement connaître de la population thaïlandaise depuis les années 2010, en particulier grâce au nombre croissant de cavaliers adhérant à la Fédération équestre thaïlandaise (FET)[11]. En 2014, la Thaïlande compte 62 centres équestres adhérents à la FET, et 30 centres équestres non-adhérents[11]. Le nombre de cavaliers réguliers est estimé à environ 5 000 cette même année, dont 70 % sont des mineurs âgés de 8 à 18 ans[11]. Un cavalier thaïlandais de 19 ans fait le buzz en 2022 en se rendant seul jusqu'à son collège de Kalasin à cheval[20]. La traction hippomobile perdure, de petits chevaux attelés à des véhicules hippomobiles légers transportant des voyageurs à la demande[12]. La ville de Lampang dispose ainsi du plus ancien service ininterrompu de taxi attelé, en service depuis plus de 90 ans (en 2006)[14]. Ces calèches font partie intégrante de l'offre touristique de la ville[21]. L'industrie du sport hippique a souffert des confinements dus à la pandémie de Covid-19[22]. Les paris sur les courses hippiques sont légaux en Thaïlande[23]. Le polo est pratiqué, la Thaïlande disposant d'une équipe nationale. Des championnats sont organisés par saisons[24]. ÉlevageIl n'existe pas d'organisation particulière de l'élevage des chevaux en Thaïlande[12], ni de registre généalogique local (en 2010)[25]. Sur la base de chiffres transmis par la FAO, Simon King et ses collègues estiment la population chevaline de Thaïlande à 6 000 têtes environ en 2020[17]. Races élevéesLa base de données DAD-IS ne recense aucune race élevée sur place[26]. Cependant, d'autres sources dont l'encyclopédie de CAB International (2016) citent la présence d'une race locale, le « poney thaïlandais » (Thai pony), ainsi que de races de chevaux d'origine étrangère élevées en Thaïlande[12],[1]. Le poney thaïlandais a vraisemblablement perduré sous sa forme originelle dans le nord du pays, tandis que le cheptel du sud a davantage été croisé avec d'autres races[1]. Le climat tropical explique pourquoi seules certaines races de poneys peuvent subsister dans ce pays[10]. Le poney natif est cependant victime d'un désintérêt qui lui fait préférer l'élevage d'autres races, plus grandes et plus lourdes[15]. Il est très proche des poneys vietnamiens et cambodgiens[1]. Il est aussi plus résistants aux éventuelles maladies tropicales, donc capable de fournir un travail plus important que les chevaux croisés[27]. En fonction de la taille, deux classes de poney et chevaux sont distinguées en Thaïlande. La première comporte des animaux toisant de 1,50 m à plus d'1,60 m, la seconde les animaux toisant de 1,40 m à 1,50 m[28]. Maladies et parasitismeEn décembre 2011, une analyse de séroprévalence à Babesia caballi et Theileria equi, qui causent la piroplasmose équine, sur des chevaux et des mules du Nord de la Thaïlande, montre que ces chevaux testés sont séropositifs à faible fréquence, ce qui motive des mesures de prévention[29]. Le premier cas de pythiosis nasal sur un cheval de Thaïlande a été documenté en 2018[30]. Les chevaux peuvent être touchés par différentes souches de staphylocoques résistantes[31]. Le cheptel équin thaïlandais semble en revanche rarement affecté par Trypanosoma evansi, qui cause le surra[32], bien que la morbidité associée soit importante[33]. La présence de la peste équine, transmise par des culicoïdes hématophage, a été confirmée en Thaïlande en mars 2020, la souche virale isolée étant proche de celle de l'Afrique du Sud[17]. La maladie a émergé dans un centre équestre touristique de la région de Nakhon Ratchasima, au Nord-Ouest du pays[34]. Le risque économique lié à ce virus est estimé important, avec une mortalité potentielle allant jusqu'à 90 % du cheptel touché, et une menace sur les pays asiatiques voisins[17],[35]. L'information relative à la présence de ce virus, l'un des plus craints dans le monde équestre, passe relativement inaperçu en raison de la pandémie de Covid-19 émergeant à la même époque[16]. Il s'agit pourtant de la première émergence de ce virus sur le continent asiatique en 60 ans, qui plus est sur un cheptel naïf en termes de réponse immunitaire[16]. Le partage des informations relatives à ce virus est alors considéré comme une priorité[36]. Les chevaux de la zone touchée ont été hébergés à plein temps dans des installations non familières protégées contre les vecteurs pendant l'épidémie de peste équine en Thaïlande[37]. En 2020, une expérience d'injection de juments thaïlandaises à l'hormone de libération des gonadotrophines hypophysaires (GnRH) pour supprimer les désagréments (maux de ventre) liés à leur période pré-ovulatoire a donné lieu à une publication scientifique[38]. Dans la cultureUne statue équestre à Thonburi montre le roi Taksin sur sa monture, présumée être native de la Thaïlande[8]. Une autre statue équestre à Bangkok, khet du Dusit, montre le roi Rama V sur sa monture[39]. Le cheval est aussi cité parmi les créatures légendaires d'Himmapan[40]. Notes et références
AnnexesArticle connexeBibliographie
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