Chien de guerreUn chien de guerre, ou chien militaire, est un chien utilisé dans un cadre militaire, quelle qu’en soit la nature. Les chiens ont une longue et ancienne utilisation dans l'histoire militaire, employés comme chien de combat, chien de garde, de courrier, chien de détection ou de pistage, voire chien antichar. Son usage a changé avec l'évolution des techniques de guerre et l'évolution du respect des animaux, mais le chien continue d'être utilisé de nos jours. HistoriqueGenèseDes chiens de guerre ont existé dans l'Antiquité depuis au moins le VIIIe siècle av. J.-C.[1], utilisés par les Égyptiens, les Grecs, les Perses, les Cimbres[1], les Gaulois[1], les Brittons ou les Romains[2],[3]. Le Canis Molossus des Molosses de l'Épire fut le plus fort chien de guerre connu des Grecs (citons notamment Péritas, le molosse d'Alexandre le Grand) et était spécifiquement entraîné pour les batailles[4]. En Egypte au XVIe siècle av. J.C., sur le coffre de Toutankhamon, le roi tire à l'arc depuis son char, tandis que ses chiens s'élancent sur ses ennemis, Dans l'Antiquité, des chiens, souvent des races de type mastiff, étaient revêtus d'une armure et d'un collier clouté et envoyés à la bataille pour attaquer l'ennemi. Selon Pline l'Ancien, la ville de Colophon, qui était dans des guerres continuelles, entretenait de grand troupeaux de chiens, prompts à l'attaque, et qui jamais ne refusèrent le combat. Les mastiffs romains proviendraient de chiens perses[1], parvenus aux Romains via les Grecs, issus des Dogues du Tibet. Ces « canes bellatores » (chiens de guerre) ressemblaient à l'actuel Mâtin napolitain[1] et pesaient entre 40 et 50 kg[1]. Ils servaient pour garder les camps, achever les blessés ennemis[1] sur les champs de bataille et attaquer les fantassins isolés[1] ou les chevaux des cavaliers[1]. Les Romains utilisèrent des formations de chiens d'attaque. Ils furent néanmoins surpassés par les puissants mastiffs que Rome rencontra lors de sa conquête de la Gaule et surtout de la Grande-Bretagne. Le poète Grattius Faliscus (Ier siècle av. J.-C.) rapporte ainsi la défaite des dogues d'Épire romains face aux chiens de Bretagne des Gaulois[1]. Par la suite, cette race fut ramenée à Rome et sera disséminée dans l'Empire. En 1930, près de Châlons-en-Champagne dans la Marne, furent découvertes des tombes de 26 chiens des armées romaines avec des offrandes représentants des batailles sur lesquels ils étaient mis en scène[1]. Attila utilisait des chiens molosses durant ses campagnes[2]. L'usage se répandit dans les familles royales au Moyen Âge de s'offrir des races de chiens de guerre ou de combat. D'autres civilisations utilisaient des chiens pour défendre leur caravanes ou leur expéditions des attaques ennemies. Les conquistadors espagnols, notamment Hernando de Soto[5], utilisèrent ainsi des chiens carapacés qui avaient été entraînés à tuer[6]. Les Anglais utilisèrent des chiens quand ils attaquèrent l'Irlande et les Irlandais utilisèrent également des lévriers irlandais pour attaquer les chevaliers normands montés sur leurs chevaux. Deux lévriers ou quelquefois un seul, pouvaient désarçonner un homme en armure, qu'un fantassin attaquait alors. Plus tard, Frédéric II de Prusse utilisa des chiens comme messagers en Russie durant la guerre de Sept Ans. En France, les chiens étaient utilisés pour garder les installations navales jusqu'en 1770. La première utilisation officielle aux États-Unis de chiens dans un conflit fut lors des guerres séminoles[2]. Des chiens furent aussi utilisés lors de la guerre de Sécession pour protéger, envoyer des messages ou comme mascotte d'unité. Logistique et transmissionsAu moment du déclenchement de la Première Guerre mondiale, plusieurs armées européennes utilisaient les chiens pour tirer de petits chariots[7]. Beaucoup d'armées européennes adaptèrent le procédé à des fins militaires[8]. L'armée de terre belge utilisait des chiens pour tirer leurs mitrailleuses et d'autres les fournitures ou blessés dans des carrioles[9]. Les Français possédaient 250 chiens au début de la Première Guerre mondiale. Les Néerlandais copièrent l'idée et eurent des centaines de chiens entraînés et prêts à la fin du conflit (les Pays-Bas restèrent neutres durant cette guerre). Les Soviétiques utilisèrent également des chiens pour tirer les blessés vers les postes de secours durant la Seconde Guerre mondiale[10]. Les chiens étaient bien adaptés pour transporter des charges sur des terrains enneigés ou couverts de cratères de bombes. Les chiens étaient souvent utilisés pour transmettre des messages durant la bataille. Ils pouvaient être renvoyés de manière silencieuse vers un second maître. Cela nécessitait d'avoir un chien qui soit loyal à deux maîtres différents, sinon le chien risquait de ne pas délivrer le message à temps, voire pas du tout. Chien anti-char soviétiquesDurant la Seconde Guerre mondiale, l'Union soviétique entraîna des chiens à détruire des chars. Ces chiens étaient d'abord entraînés pour trouver de la nourriture sous les chars. Ils étaient ensuite affamés avant d'être utilisés. Lâchés non loin des chars ennemis et équipés de poches contenant des explosifs, les chiens se dirigeaient sous les chars croyant y trouver de la nourriture. Les explosifs étaient déclenchés par un dispositif de mise à feu qui s'allumait lorsque le dos du chien se pliait pour passer sous le tank, sacrifiant l'animal. Il fut rapporté que onze véhicules blindés allemands furent détruits au cours d'une seule bataille[10]. Ils furent considérés comme suffisamment dangereux pour que les Panzergrenadiers allemands se firent ordonner de tirer à vue de tout chien. Cependant, les chiens ne pouvaient distinguer les chars allemands des chars soviétiques et étaient aussi facilement effrayés par les combats et par les chars en déplacement, malgré leur faim. Le projet fut par la suite abandonné par les Soviétiques. SentinellesL'un des premiers usages militaires du chien, les chiens sentinelles étaient utilisés pour défendre les camps ou les autres zones sensibles la nuit et parfois le jour, aboyant ou grognant pour avertir les gardes de la présence d'étrangers. Durant la Guerre froide, les militaires américains utilisèrent des équipes de chiens sentinelles à l'extérieur des zones de stockage d'armes nucléaires. Un programme test fut conduit au Viêt Nam pour tester les chiens sentinelles, lancé deux jours après une attaque couronnée de succès par les Vietcong sur la base aérienne de Da Nang (1er juillet 1965). Quarante équipes de chiens furent déployés au Vietnam durant une période de test de quatre mois. Ces équipes étaient placés dans un périmètre devant les mitrailleuses et les bunkers. Lorsqu'ils détectaient des intrus, les renforts se déployaient rapidement. Le test fut concluant, les maîtres-chiens retournèrent aux États-Unis tandis que les chiens furent réassignés à d'autres maîtres. L'US Air Force déploya alors des chiens sentinelles sur toutes les bases au Vietnam et en Thaïlande. La constitution des forces américaines au Vietnam conduisit à la création de grandes sections de chiens dans les bases de l'US Air Force en Asie du Sud Est. 467 chiens furent assignés dans les bases aériennes de Bien Hoa, Bien Thuy (en), Cam Ranh Bay, Da Nang, Nha Trang (en), Tuy Hoa (en), Phu Cat (en), Phan Rang (en), Tan Son Nhut (en), et Pleiku (en). Dans l'année suivant leur déploiement, des attaques sur plusieurs bases furent empêchées grâce à la détection des forces Vietcong par les chiens. Un Vietcong capturé témoigna de la peur et du respect qu'ils avaient pour les chiens. Les Vietcong placèrent même une prime sur la tête des chiens et de leur maîtres. Le succès des chiens sentinelles fut déterminé par le nombre réduit d'infiltrations réussies dans les bases au Vietnam et en Thaïlande. L'association des Chiens de Guerre des États-Unis[11] estime que les chiens de guerre sauvèrent plus de 10 000 vies américaines au Vietnam[12]. Des chiens sentinelles furent utilisés par l'armée américaine, la Navy et les Marines pour protéger le périmètre de leurs grandes bases. Quelques exemples historiquesL'usage de chiens pendant les guerres est commun à plusieurs civilisations. Mais, avec la progression des techniques de guerre, leur usage a grandement évolué :
L'emploi de chiens a été faite par différentes civilisations, comme les Romains ou les Grecs, mais a été largement abandonné dans la période moderne de l'histoire militaire, l'armement moderne pouvant tuer les chiens très facilement, comme lors de la bataille d'Okinawa où des soldats américains éliminèrent un escadron de soldats japonais et leurs chiens[15]. Usages actuelsDans les forces arméesMascottesLes chiens sont souvent utilisés comme mascotte d'unités militaires. Le chien peut être le chien d'un officier, un chien que l'unité adopte ou l'un des chiens utilisés comme chien de travail. Certaines unités choisissent d'utiliser toujours la même race de chien comme mascotte. Cette présence d'une mascotte est conçue pour augmenter le moral des troupes ; elle fut utilisée de nombreuses fois dans ce but dans les tranchées de la Première Guerre mondiale. Le chien Moustache fut la mascotte du 40e régiment d'infanterie durant les Guerres révolutionnaires et de l'Empire[16]. Recherche médicaleLors de la Seconde Guerre mondiale, les chiens prennent un nouveau rôle dans l'expérimentation animale, devenant les principaux animaux pour la recherche médicale[17]. L'expérimentation animale permettait aux médecins de tester de nouveaux traitements sans risque sur l'homme, mais cette pratique fut critiquée après la guerre. Le gouvernement américain répondit en déclarant que ces chiens étaient des héros. La guerre froide souleva un débat animé sur l'éthique de l'expérimentation animale aux États-Unis, particulièrement sur la manière dont des chiens avaient été traités durant la Seconde Guerre mondiale[17]. En 1966, des réformes majeures intervinrent, avec l'adoption du Laboratory Animal Welfare Act, une loi sur le bien-être des animaux de laboratoire[18]. Détection et pistageDe nombreux chiens furent utilisés pour localiser des mines. Ils ne se révélèrent pas très efficace en conditions de combat. La Navy dressa des chiens démineurs en utilisant des fils électriques dénudés enterré à faible profondeur[19]. Les fils donnaient une décharge électrique au chien, lui enseignant que le danger rôdait sous la couche superficielle. Une fois l'attention du chien ainsi focalisée, il était dressé à signaler la présence de mines inactives disséminées. Les chiens détectaient assez efficacement les mines, mais leur tâche était si stressante qu'ils ne pouvaient travailler que de 20 à 30 minutes d'affilée, anticipant en permanence des chocs électriques, surnaturels pour eux. Bien trop nerveux, leur durée utile de service n'était pas bien longue. Des expériences menées sur des rats montrèrent que cette tendance pouvait dériver jusqu'à l'extrême, certains rats se terrant dans un coin, au point de mourir de faim pour éviter la possibilité d'un choc électrique. Les chiens ont aussi historiquement été utilisés dans de nombreux cas pour traquer des fugitifs ou des troupes ennemies, empiétant partiellement sur les devoirs du chien renifleur ou éclaireur. La différence se situe dans le fait que le chien pisteur traque une piste à l'odorat, plutôt que d'aboyer pour prévenir leur maître à la reconnaissance d'une odeur mémorisée. ÉclaireursCertains chiens ont été entraînés pour localiser des dispositifs piégés et repérer des ennemis embusqués. L'odorat du chien et son ouïe les rendraient beaucoup plus efficaces pour détecter ces dangers que les humains. Les chiens éclaireurs ont été utilisés par les États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale, celle de Corée et du Viêt Nam pour détecter les embuscades, les caches d'armes ou des combattants ennemis cachés sous l'eau. Les États-Unis ont exploité un certain nombre de pelotons de chiens éclaireurs et ont mis en place une école destinée à la formation des chiens à Fort Benning, en Géorgie[20]. Au sein des forces de l'ordreDe nos jours, les chiens ont toujours un rôle dans les forces militaires, principalement en tant que chiens policiers. Leurs rôles sont toujours aussi variés, mais ils ne sont plus que rarement mis en première ligne. Traditionnellement, la race la plus commune de chien policier a été le berger allemand ; ces dernières années, l’armée américaine a opté pour des chiens plus petits mais avec un sens de l'odorat plus aigu pour le travail de détection, et des espèces plus résistantes, comme le berger malinois et le berger hollandais, pour les patrouilles. Tous les chiens en service sont attachés à une seule personne, après leur formation. Dans les années 1970, l'U.S. Air Force utilisait plus de 1 600 chiens à travers le monde. En 2003, elle en compte environ 530, stationnés dans le monde entier. Beaucoup de chiens qui opèrent dans ces rôles sont formés à la Lackland Air Force Base au Texas, la seule base des États-Unis qui forme actuellement les chiens à des fins militaires[21]. Des changements sont également survenus dans la législation américaine, au bénéfice des chiens. Avant 2000, les chiens militaires âgés devaient être euthanasiés. Grâce à une nouvelle loi, les chiens à la retraite peuvent maintenant être adoptés[21], le premier chien à en bénéficier fut Lex, un chien dont le maître fut tué en Irak. Aux États-Unis il existe de nombreux mémoriaux dédiés aux chiens militaires[22] au March Field Air Museum (en) en Californie, à l'école d'infanterie de Fort Benning en Géorgie[22], à Guam, au collège vétérinaire de Knoxville de l'université du Tennessee[23] et au Alfred M. Gray Marine Corps Research Center à Quantico en Virginie[24]. En France, dans les années 2010, le 132e bataillon cynophile de l’armée de Terre (132e BCAT) gère l’ensemble de l’effectif canin de l’armée de terre française et achète environ 250 chiens destinés à l'ensemble des armées françaises et aux différents ministères et administrations de l’État[25]. En Belgique, l'Unité Cynologique Interforces gère la totalité des chiens des forces armées belges soit 258 en 2017, nombre qui selon les prévisions en 2020 devrait baissé a entre 80 a 130 en 2030[26]. PoliceEn tant que partenaire quotidien dans le travail de la police, les chiens se sont avérés être des agents polyvalents et loyaux. Les chiens policiers peuvent poursuivre des suspects, les repérer s'ils sont cachés et les garder quand ils sont capturés. Ils sont formés pour réagir violemment si leur maître est attaqué, et par ailleurs à ne pas réagir du tout jusqu'à ce que leur maître le leur ordonne. Beaucoup de chiens policiers sont également formés à la détection. Détection de drogue et d'explosifLes chiens de travail militaires et leurs homologues civils peuvent être dressés pour détecter les drogues, grâce à leur capacité à flairer un large éventail de substances psychoactives et à déjouer les efforts de dissimulation. Les chiens de travail peuvent déceler des traces infimes de n'importe quelle substance. Ces auxiliaires canins sont principalement utilisés dans les ports d'embarquement tels que les aéroports, les postes de contrôle et autres endroits requérant une sécurité renforcée et des mesures de lutte contre la contrebande. Les chiens de travail peuvent également être formés à la détection d'explosifs et ils sont alors capables de détecter des quantités infimes d'un large éventail de substances ce qui les rend particulièrement utiles pour la fouille des installations sensibles, de leurs points d'entrée ainsi que des postes de contrôle. Ils sont capables d'atteindre, dans la détection des bombes, un taux de réussite dépassant les 98 %[27]. IntimidationL'utilisation de chiens militaires sur des prisonniers par les États-Unis au cours des dernières guerres en Afghanistan et en Irak a été très controversée :
Autres rôlesLes chiens de guerre continuent de servir de sentinelles, de traqueurs, de chiens de recherche et de sauvetage, d'éclaireurs ou encore de mascottes. Les chiens à la retraite sont souvent adoptés comme animaux de compagnie ou chiens de thérapie. Galerie
Notes et références
Voir aussiArticles connexes |