Chimamanda Ngozi Adichie( /ʃimamɑ̃da/nɡozi//adiʃi/)[1], née le à Enugu, est une écrivaine nigériane originaire d’Abba dans l’État d'Anambra, au sud-est du Nigeria. Elle a reçu plusieurs prix universitaires et littéraires, et est également connue comme militante féministe et essayiste[2].
Biographie
Études
Née dans la ville d’Enugu, elle a grandi dans la ville universitaire de Nsukka au sud-est du Nigeria, où est implantée l’université du Nigeria (UNN, University of Nigeria, Nsukka) depuis 1960. Elle est la cinquième d'une famille igbo de six enfants[3]. Durant son enfance, son père enseignait à l’UNN comme professeur de statistiques, et sa mère était la responsable du bureau de la scolarité de l'UNN[4]. Sa famille est originaire du village Abba, dans l'État d'Anambra[5].
La même année, elle intervient comme « écrivaine invitée » à l’université Wesleyenne de Middletown dans le Connecticut, où elle participe à la collection Wesleyan's Distinguished Writers Series.
Elle publie un recueil de poèmes en 1997 (Decisions) et une pièce de théâtre en 1998 (For Love of Biafra). Elle est nommée pour le prix Caine[12] pour sa nouvelle You in America[13] et sa nouvelle That Harmattan Morning obtient le Prix de la Nouvelle du BBC World Service[14].
Sa carrière en littérature prend son envol avec la publication, en 2003, de L'Hibiscus pourpre (Purple Hibiscus), roman d'initiation où un frère et une sœur finissent par retrouver leur voie. Elle y dénonce "l'intégrisme religieux des sectes chrétiennes" au Nigéria[15]. Loué par la critique, ce premier roman est nommé au Baileys Women's Prize for Fiction en 2004[16] et proclamé Meilleur premier livre du prix littéraire Commonwealth Writers' Prize en 2005[17].
Son second roman, L'Autre Moitié du soleil (Half of a Yellow Sun), paru en 2006, tire son nom du drapeau de l’éphémère nation du Biafra et se situe avant et pendant la guerre du Biafra, où l'on suit la vie de deux sœurs qui sont séparées par cette guerre. Elle y réalise un travail de mémoire familiale significatif, ses deux grands-pères furent tués durant cette guerre[18]. Publié par Knopf/Anchor en 2006 (en France par Gallimard le pour la traduction française), il est couronné par le prix Orange Prize for Fiction en 2007[19] ainsi que le Anisfield-Wolf Book Award[20]. Le roman sera adapté au cinéma en 2014 pour le film Half of a Yellow Sun, réalisé par Biyi Bandele, avec Chiwetel Ejiofor et Thandie Newton pour acteurs principaux[21].
Son troisième ouvrage, le recueil de nouvelles Autour de ton cou (The Thing Around Your Neck), publié en avril 2009, inclut la nouvelle Les Marieuses. En 2010, elle est listée parmi les « 20 auteurs de moins de 40 ans à suivre » du New Yorker[22].
En 2013 paraît son quatrième ouvrage, un roman intitulé Americanah dont le récit suit le parcours d'une jeune femme nigériane, nommée Ifemelu, qui a émigré aux États-Unis, et d'un jeune homme émigré, lui, au Royaume-Uni. Ifemelu est confrontée à la pauvreté, la discrimination, le racisme, jusqu'au moment où elle devient une star de la blogosphère[23],[24]. Elle devient la « première blogueuse en matière de race »[25]. Le titre du roman renvoie à la façon dont les Nigérians appellent les expatriés qui reviennent des États-Unis[26],[27]. Il est sélectionné par le New York Times comme l'un des « 10 meilleurs livres de 2013 »[28].
Lupita Nyong'o achète les droits d'adaptation cinématographiques du roman afin de produire un film dans lequel elle incarnerait le personnage principal aux côtés de Brad Pitt[26].
Chimamanda Ngozi Adichie y décrit avec un humour caustique les problèmes de racisme et de domination[25].
Dans Chère Ijeawele publié en 2017[29], Chimamanda Ngozi Adichie propose une éducation féministe en quinze points qui devrait être donnée dès le plus jeune âge[30],[31]. Ce manuel de quinze points est devenu entre-temps un véritable phénomène et il est traduit dans près de 20 langues. La chanteuse Beyoncé l'a repris dans sa chanson Flawless, et la marque Dior a inscrit le titre sur des tee-shirts[32],[33].
À propos de son engagement féministe, Chimamanda Ngozi Adichie dit dans une interview de 2014 : « Je me pense comme une conteuse d’histoires, mais cela ne me dérangerait pas si quelqu’un venait à me voir comme une écrivaine féministe... Je suis très féministe dans ma façon de regarder le monde, et de quelque manière cette vision sur le monde doit faire partie de mon œuvre »[34].
Elle est également active sur YouTube, où elle partage des ses réflexions sur le le féminisme, la culture et d'autres sujets sociaux. Sa chaîne lui permet d'atteindre un public plus large et de diffuser ses idées[35].
La même année, Fortune Magazine l'a nommée parmi les 50 leaders du monde[37]. En 2020, le magazine Jeune Afrique la classe au 51e rang des Africains les plus influents[38].
Chimamanda Ngozi Adichie met à profit sa notoriété en tant qu'auteure pour tenir des propos engagés concernant des thèmes tels que le féminisme, le sexisme ou le racisme[41].
Elle donne un discours TED mis en ligne en 2009 et intitulé The Danger of a Single Story (« Le danger d'une histoire unique »). Ce texte évoque l'influence qu'ont les histoires et les approches narratives dans les mécanismes de domination culturelle, sociale, raciale, économique et politique, si ces histoires sont univoques ou ne proviennent que d'une seule partie de la société ou du monde, résonnant ainsi comme une « histoire unique ». Mais elle insiste aussi sur le pouvoir qu'ont les histoires, d'autres histoires, venant de toutes sortes d'endroits et de personnes, de contrebalancer cette histoire unique, en nous faisant accéder à une vision du monde plus complète, et plus humaine[42].
Chimamanda Ngozi Adichie souligne que le sexisme s’enracine dès l’enfance, mettant en lumière le rôle crucial de l’éducation dans sa perpétuation. Pour illustrer son propos, l’autrice partage une anecdote personnelle. À l'âge de neuf ans, dans son école, l’enseignante avait annoncé que l’élève obtenant la meilleure note deviendrait chef de classe. Bien qu’Adichie ait obtenu le meilleur résultat, la maîtresse choisit un garçon à sa place, arguant que ce rôle devait nécessairement revenir à un garçon, et ce, malgré l’absence d’intérêt du garçon pour cette responsabilité. Cette expérience a marqué l'écrivaine, révélant l’impact des stéréotypes genrés inculqués dès le plus jeune âge[2].
Elle intervient dans l'album de Beyoncé en 2013 sur le titre Flawless, dans lequel une partie de son discours TED (We Should All Be Feminist) (« Nous devrions tous être des féministes », discours traduit en français sous le titre « Nous sommes tous des féministes »), qui a été prononcé pour une conférence TEDx en , est « samplé »[43].
En 2014, Chimamanda Ngozi Adichie a déclaré dans une interview à la radio publique américaine NPR que « tout ce qui amène les jeunes à parler de féminisme est une très bonne chose »[44]. Elle a plus tard qualifié sa déclaration dans une interview pour le journal néerlandais de Volkskrant : « une autre chose que j’ai détestée était que je lisais partout : maintenant les gens la connaissent enfin grâce à Beyoncé, ou encore : elle doit être bien reconnaissante. J’ai trouvé ça décevant. J’ai pensé : je suis une écrivaine, je le suis depuis un certain temps et je refuse de jouer une mascarade qui est maintenant apparemment attendue de moi : "grâce à Beyoncé, ma vie ne sera plus jamais la même". Voilà pourquoi je n'en ai pas beaucoup parlé »[45].
Elle fut conviée aux remises de diplômes des universités d'Harvard et Yale, respectivement en 2018 et 2019, durant lesquelles elle fit un discours[46].
En 2020, Chimamanda soutient le mouvement #EndSARS en 2020, dénonçant la brutalité policière et l'impunité des forces de l'ordre. Dans un article publié dans The New York Times intitulé "Nigeria's Democracy Is Broken", elle a critiqué la répression des manifestations et l'état de la démocratie nigériane, appelant à des réformes et à une meilleure gouvernance[47]. De plus, elle a décrit le gouvernement du président Muhammadu Buhari comme étant inefficace dans sa réponse aux demandes des manifestants[48].
Elle a également créé le projet « wear Nigerian » sur Instagram, pour inciter les Nigérians à porter des vêtements produits localement[49].
En 2021, à la mort de son père, elle publie « Notes sur le chagrin »[50].
Œuvres
Romans
Purple Hibiscus (2003)
Publié en français sous le titre L’Hibiscus pourpre, traduit par Mona de Pracontal, Paris, Éditions Anne Carrière, coll. « La vagabonde », 2004, 415 p. (ISBN2-84337-281-X) ; réédition, Paris, Gallimard, coll. « Folio » no 6113, 2016 (ISBN978-2-07-046881-2)
Publié en français sous le titre Americanah, traduit par Anne Damour, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Du monde entier », 2015, 522 p. (ISBN978-2-07-014235-4)[25] ; réédition, Paris, Gallimard, coll. « Folio » no 6112, 2016 (ISBN978-2-07-046880-5)
Recueil de nouvelles
The Thing Around Your Neck (2009)
Publié en français sous le titre Autour de ton cou, traduit par Mona de Pracontal, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Du monde entier », 2012, 285 p. (ISBN978-2-07-012989-8) ; réédition, Paris, Gallimard, coll. « Folio » no 5863, 2014 (ISBN978-2-07-046231-5)
Nouvelles
Imitation (2015)
The Arrangements (2016)
The Shivering (2016)
Essais
For Love of Biafra (1998)
We Should All Be Feminists (2014)
Publié en français sous le titre Nous sommes tous des féministes, suivi de Les Marieuses[51], traduit par Mona de Pracontal et Sylvie Schneiter, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Folio 2 € », 2015, 96 p. (ISBN978-2-07-046458-6)
Dear Ijeawele, or A Feminist Manifesto in Fifteen Suggestions (2017)
Publié en français sous le titre Notes sur le Chagrin, traduit par Mona de Pracontal, Paris, éditions Gallimard, 2021, 98 p. (ISBN978-2-07-294392-8)[52]
Nous sommes tous des féministes, traduction de Mona de Pracontal et Sylvie Schneiter, Gallimard, 2023, 80 p. (ISBN9782073007636)
↑ a et b« Le féminisme rayonnant de Chimamanda Ngozi Adichie », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
↑(en-US) « In the Footsteps of Achebe: Enter Chimamanda Ngozi Adichie - AfricanWriter.com », AfricanWriter.com, (lire en ligne, consulté le ).
↑(en) « Feminism Is Fashionable For Nigerian Writer Chimamanda Ngozi Adichie », NPR.org, (lire en ligne, consulté le ).
↑(en) « Biographie », sur Chimamanda Ngozi Adichie website (consulté le ).
↑(en) Chimamanda Ngozi Adichie, « Why Chimamanda Ngozi Adichie Considers Her Sister a “Firm Cushion” at Her Back », Vanity Fair, (lire en ligne, consulté le ).
↑ a et b(en) « Chimamanda Selected as Radcliffe Fellow », Radcliffe Institute for Advanced Study at Harvard University, (lire en ligne, consulté le ).
« I think of myself as a storyteller, but I would not mind at all if someone were to think of me as a feminist writer... I'm very feminist in the way I look at the world, and that world view must somehow be part of my work »
↑« Les 100 Africains les plus influents », Jeune Afrique, no 3091, , p. 36 (ISSN1950-1285).
↑(en) « Chimamanda to receive 16th Honorary PhD from the Catholic University Of Louvain, Belgium », The Guardian (Nigeria), (lire en ligne, consulté le ).