Claude CarrèreClaude Carrère
Claude Ayot dit Claude Carrère, né le à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) et mort le à Paris, est un compositeur, parolier, chanteur et producteur de musique français. BiographieSes débutsAu départ chanteur, il anticipe, à la fin des années 1950, que le marché du disque peut entraîner de grandes ventes chez les plus jeunes. En 1957, il regarde comment évolue le marché du disque américain, et découvre le rock 'n' roll et la musique country, genres musicaux qui n'existent pas encore en France. Il ne pourra pas s'avancer lui-même en tant que chanteur, ayant presque 30 ans. Il mise sur des interprètes jeunes qu'il va rechercher en région parisienne : chanteurs ou chanteuses de bal, de bars, de cirques, ou vendeurs ou vendeuses en commerces, et qui présentent bien, avec de vagues standards de la beauté à l'époque, saupoudré de « mode Américaine », histoire de faire rêver, en reprenant toujours le récurrent rêve américain très en vogue à l'époque. Le principe, ensuite, est de changer le « look » de ces jeunes, de les coiffer « branchés », pour qu'ils présentent « bien », sur les plateaux de télévisions ou les scènes de music-hall. Ensuite, il sait qu'il lui faudra trouver un associé (en l'occurrence, Jacques Plait), composer des chansons, et les musiques de ces dernières. Les jeunes qu'il va choisir seront ainsi les avatars de lui-même : à la SACEM, c'est lui qui recevra les droits d'auteurs et de compositeurs, et contrairement à une idée reçue chez le public, les interprètes ne recevront pas grand-chose. Pour composer les « tubes » à la mode, il regardera souvent les émissions télévisées de variétés de la BBC, et suivra l'actualité du disque en Amérique pour trouver et composer des airs et chansons similaires, adaptées à la France, ou simplement réalisera des adaptations de chansons américaines en français, tout en passant des accords avec les auteurs et compositeurs américains, ou britanniques. Il misera surtout sur le disque 45 tours, plus commercial, un album en LP 33 cm arrivant au bout de un ou deux ans. Au départ, ces « jeunes poulains » ou « recrues » ne devaient avoir du succès que quelques années, mais avec les fans clubs, les passages très fréquents à la télévision et à la radio, les nombreux articles dans la presse dite « pour jeunes », certains de ces artistes vont durer plus longtemps qu'il ne pouvait l'espérer, comme Sheila, ou Claude François. Le disqueIl s'associe à Jacques Plait et lance en 1962 une jeune chanteuse qu'il nommera Sheila. Il lui écrit son premier tube : L'école est finie puis Vous les copains, je ne vous oublierai jamais et ensuite, jusqu'en 1982, toute une longue série de tubes et de succès comme Les Rois mages ou Les Gondoles à Venise[1]. Jusqu'en 1967, il travaille comme producteur indépendant pour Philips. En octobre 1967, il fonde son propre label : Disques Carrère, dont les productions sont distribuées par Philips jusqu'en 1972. Il décide en octobre 1972 de devenir le distributeur de ses propres productions en fondant le label Distribution Carrère. Au cours des années 1970, il produit et distribue les disques de Dalida, Claude François[2], Linda de Suza, Sacha Distel et Gérard Lenorman. Au milieu des années 1970, il est l'un des premiers producteurs français à croire au succès de la musique disco, et oriente sa production dans ce style. D'abord en faisant enregistrer des adaptations françaises de chansons disco internationales comme Doctor's Orders de Carol Douglas qui devient en français C'est le cœur (Les ordres du docteur) par Sheila, puis en distribuant en France les disques du groupe Boney M. Par contre, il est au départ rétif au fait que Sheila, qui vient de sortir un succès avec une chanson pour enfants L'arche de Noé (Adaptation de Sei forte papa de Gianni Morandi) enregistre son premier titre disco en anglais Love Me Baby avec le groupe B.Devotion, mais finit par accepter devant l'insistance de cette dernière. Il lance aussi en 1979 avec Daniel Vangarde, le groupe disco franco-antillais Ottawan qui cartonne successivement avec D.I.S.C.O. et T'es OK, mais aussi dès 1975 La Compagnie Créole dont la musique s'apparente au disco mais surtout au zouk, et dont le premier succès véritable C'est bon pour le moral n'intervient qu'au printemps 1983. En 1980, Jean-Jacques Goldman, qui est alors séparé du groupe Taï Phong, mais qui tente en vain de percer en solo depuis quatre ans en ayant déjà sorti quatre 45 tours chez WEA sans succès, se rend dans son bureau, déterminé à ne pas sortir un énième 45 tours, mais un premier album 33 t. Claude Carrère veut bien le signer, mais insiste pour qu'il sorte, avant son premier album, un 45 tours qui devienne un tube. Dans ces conditions, Jean-Jacques Goldman refuse le contrat avec lui et signe finalement un contrat chez Epic Records, label affilié à CBS en 1981 où sort son premier album, comprenant son premier tube Il suffira d'un signe. Dans les années 70 et 80, en plus de lancer de nouveaux artistes, comme Ringo, Linda De Suza ou le groupe d'enfants Mini-Star (en co-production avec René Alain Guitton) par exemple, il récupère sur son label des artistes victimes auparavant de ruptures de contrat comme Monty, Hervé Vilard d'abord puis Dalida, Claude François, Gérard Lenorman, Julie Pietri ou encore Rika Zaraï et Marie-Paule Belle, et même en 1984 Brigitte Fontaine et Areski pour le 45 tours dont elle chante la face A Les filles d'aujourd'hui et dont il chante la face B La dérive. À la même époque, toujours côté disques, il tente de lancer aussi des personnalités du spectacle plus connues dans d'autres domaines que la chanson. En 1974, Jean-Christian Michel, qui vient de quitter le groupe Barclay, négocie son catalogue General Records et publie Ouverture spatiale puis, deux ans après, Port-Maria. Danièle Gilbert sort deux 45 tours chez lui, Sophie Favier en sort également un en 1984, quant à Patrice Laffont et Bénédicte Galey, ils sortent Je déchiffre ses lettres en 1986. Sa plus grande réussite dans cette catégorie d'artistes reste la co-production avec Yves Roze, alias le chanteur Jean-François Michaël, du premier album et des cinq premiers 45 tours de la princesse Stéphanie de Monaco, dont le premier 45 tours Ouragan dépasse le million d'exemplaires vendus en France mais est aussi un succès international en 1986. L'édition de livres et la production d'émissions pour la télévisionDans les années 80, il s'associe aussi aux éditions Michel Lafon et fait publier des livres d'artistes produits sur son label, comme La Valise en carton de Linda De Suza ou Ma médecine naturelle de Rika Zaraï qui sont de gros succès en librairies. En 1986, il fonde Carrère Télévision qui devient l'une des plus grandes sociétés de production et distribution de programmes pour la télévision, à qui l'on doit Intervilles, Avis de recherche, La Roue de la fortune, Boumbo, etc[2]. Investissant toujours sur des artistes adolescents, il lance en 1984 en co-production avec René Alain Guitton le groupe d'enfants Mini-Star qui cartonne dès le premier 45 tours Danse autour de la Terre. En 1986, il distribue d'abord en France au printemps, le 45 tours de la jeune chanteuse belge Sandra Kim, alors âgée de 13 ans (Bien qu'elle avoue en avoir quinze), comprenant le titre J'aime la vie avec lequel elle vient de gagner le concours de l'Eurovision pour la Belgique, puis à l'automne, lance également, en co-production avec Georges Mary, la chanteuse Elsa dont le 45 tours T'en va pas est également un énorme succès ; ce sera, toutefois, le seul disque qu'elle sortira chez lui. En 1989, avec Orlando, il produit également la jeune chanteuse belge Melody dont le 45 tours Y’a pas que les grands qui rêvent est l'une des meilleures ventes de l'année en France. En 1995, Carrère Télévision est renommée Carrere Group et s'ouvre notamment à la production de films d'animation tels que Kirikou et la Sorcière, de séries telles que Maigret, Le juge est une femme, Ma voyante préférée, et de magazines tels que C'est pas sorcier ou Arrêt sur images. Procès et polémiquesProcès avec SheilaEn 1983, Sheila décide de se produire seule et signe un contrat de « conseillère artistique » avec Carrère. Mais des tensions croissantes entre elle et son découvreur mènent à son licenciement en 1995, pour « suppression de poste ». La chanteuse porte l’affaire aux prud'hommes de Bobigny qui, le 9 mai 1996[3], condamne la société Carrère à verser 4,3 millions de francs à Sheila pour « licenciement abusif »[4]. Sheila l'accusera de trahison, d'escroquerie et de manipulation (c'est lui qui avait fait courir le bruit qu'elle était un homme, en suite d'une déformation volontaire et concertée de propos tenus par Gérard de Villiers lors d'une interview) et de s'être grandement enrichi sur son dos[5]. Pour d'autres artistes, comme Linda de Suza, le constat sera le même[6]. Délit d'initiéEn juillet 2012, l'AMF (Autorité des marchés financiers) lui inflige une amende de 1,6 million d'euros (l'une des plus importantes jamais infligées par cette autorité de contrôle), pour délit d'initié et manquement au devoir d'information des actionnaires. Une action judiciaire, intentée par ces derniers, est en cours[Quand ?] pour obtenir réparation du préjudice subi[7]. Vie privéeClaude Carrère a deux fils prénommés Axel et Romain[8]. Claude Carrère décède à 83 ans[Note 1] le dans le 8e arrondissement de Paris[9],[10]. Son corps est incinéré au crématorium du Père-Lachaise et l'urne a été remise à la famille. Les obsèques ont eu lieu le 12 avril à l'église Saint-Augustin de Paris, où plusieurs personnalités du milieu de la production et des arts étaient présentes[11]. Artistes sous le label Claude Carrère
Notes et référencesNotes
Références
Liens externes
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