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Conseil suprême de la révolution (Somalie)

Conseil suprême de la révolution (Somalie)
Situation
Création Octobre 1969
Dissolution Juillet 1976
Type Organisation militaire
Siège Mogadiscio, Somalie
Dirigeant Mohamed Siad Barre
Dirigeant Jama Ali Korshel

Le Conseil Révolutionnaire Suprême (CRS ; en somali : Gollaha Sare ee Kacaanka, en arabe : المجلس الثوري الأعلى, en italien : Consiglio Rivoluzionario Supremo) constituait l'organe gouvernemental ayant exercé le pouvoir en Somalie de l'année 1969 à 1976.

En 1980, l'état d'urgence fut proclamé et les attributions du Service de Renseignements Civils furent rétablies dans leur intégralité[1].

Histoire

Assassinat du président et coup d'État

Le 15 octobre 1969, alors qu'il se rendait en visite officielle à Las Anod, ville septentrionale de la Somalie, Abdirashid Ali Shermarke, alors président de la République somalienne, fut assassiné par l'un de ses gardes du corps. Ce forfait fut suivi de peu par un coup de force militaire, survenu le 21 octobre de la même année, au lendemain des obsèques du chef de l'État. Sans rencontrer la moindre résistance armée, les forces armées somaliennes, sous la conduite du général de division Mohamed Siad Barre, s'emparèrent du pouvoir suprême[2].

Création du conseil révolutionnaire

Parallèlement à Barre, le Conseil Suprême de la Révolution, qui s'empara du pouvoir à la suite de l'assassinat du président Sharmarke, était composé notamment du lieutenant-colonel Salaad Gabeyre Kediye, du général Mohamed Ainanshe Guled et du chef de la police Jama Korshel. C'est toutefois Barre qui s'imposa rapidement comme figure dominante au sein de cette junte militaire.

Le CSR procéda à la réorganisation du pays, en le rebaptisant République démocratique somalienne. Il entreprit, par la suite, l'arrestation de membres de l'exécutif de l'ancien gouvernement civil, l'interdiction des partis politiques, ainsi que la dissolution du Parlement et de la Cour suprême, suspendant par la même occasion la Constitution. Dans son essence, le CSR, qui s'apparentait à une junte militaire, exerça de facto le pouvoir exécutif, composé quasi exclusivement de 25 responsables militaires. Ce Comité, en vertu de la proclamation de la loi n° 1, se substitua à la présidence, à l'Assemblée nationale et au Conseil des ministres, assumant ainsi toutes leurs fonctions. Bien que la Constitution antérieure fût suspendue, cette suspension fut perçue comme permanente, jusqu'à l'abrogation formelle de celle-ci en 1970 par le CSR[3].

Fonctions et programme politique

L'armée révolutionnaire institua des programmes d'ampleur en matière de travaux publics, parmi lesquels la construction du stade de Mogadiscio. Elle s'efforça également d'améliorer la condition sociale des femmes, en prenant pour référence les préceptes islamiques. En outre, un programme de nationalisation des industries et des terres fut mis en place. La politique extérieure du régime naissant s'inscrivit dans la continuation des liens traditionnels et religieux de la Somalie avec le monde arabe, ce qui conduisit cette dernière à rejoindre la Ligue arabe en 1974.

Le Conseil suprême de la révolution s'efforça également de résoudre la question pendante concernant l'officialisation de l'orthographe nationale, face à la diversité des systèmes d’écriture en usage en Somalie à l’époque. En octobre 1972, le gouvernement, de manière unilatérale, choisit d’adopter l’écriture latine modifiée du linguiste Musa Haji Ismail Galal comme norme pour transcrire la langue somalie, reléguant ainsi les systèmes arabes et osmanya au rang de pratiques secondaires. Ce choix s'accompagna d'une vaste campagne d’alphabétisation, tant urbaine que rurale, visant à assurer l'adhésion générale à cette nouvelle norme orthographique, un effort qui contribua de manière significative à l'élévation du taux d'alphabétisation au sein de la population.

Le CRS entreprit également l’adoption d’un certain nombre de réformes visant à affaiblir l'influence des structures et processus traditionnels de la lignée, que Barre jugeait comme une menace potentielle pour son autorité. Les infractions jugées en lien avec le clan furent soumises à des amendes et des peines de détention, tandis que les chefs traditionnels précédemment employés par l’administration civile furent remplacés par des soldats de la paix du gouvernement, rigoureusement sélectionnés (nabod doon). De surcroît, des centres d'orientation furent instaurés, chargés de la prise en charge des tâches liées aux services matrimoniaux. En outre, plus de 140 000 éleveurs nomades furent réinstallés dans les villes côtières et les régions agricoles, dans le but explicite de favoriser l'essor de la productivité[4].

Dissolution et rétablissement

En juillet 1976, le SRC de Barre se dissout et cède la place au Parti socialiste révolutionnaire somalien (PSRS), un gouvernement à parti unique, se revendiquant fondé sur les principes du socialisme scientifique et les préceptes islamiques. Le PSRS cherchait à marier l'idéologie officielle de l'État avec la religion d'État en adaptant les fondements marxistes-léninistes aux spécificités locales. L'accent était mis sur les idéaux musulmans de progrès social, d'égalité et de justice, jugés par le gouvernement comme étant au cœur du socialisme scientifique. Ces idéaux mettaient l'accent sur l'autosuffisance, la participation populaire et le contrôle civique, tout en insistant sur la propriété directe des moyens de production. Bien que le PSRS encourageât un investissement privé modéré, la ligne générale de l'administration demeurait nominalement socialiste.

À l'issue infructueuse de la campagne menée en Ogaden à la fin des années 70, une nouvelle loi fondamentale fut promulguée en 1979. En vertu de cette dernière, des suffrages furent organisés en vue de constituer une assemblée populaire. Toutefois, le directoire du Parti socialiste révolutionnaire somalien, sous la conduite de Barre, conserva les rênes du pouvoir.

En 1980, l'état d'urgence fut proclamé et le Suprême Conseil de la Révolution fut rétabli. Par décret présidentiel numéro trois, daté du vingt-trois octobre, Siad Barre, alors Premier ministre, reconstitua ce conseil. Cinq sous-comités furent institués à cette occasion, parmi lesquels ceux dédiés à la défense et à la sécurité, ainsi qu'à l'orientation politique de la nation[5].

Membres et composition du clan

Malgré la volonté du régime révolutionnaire d’abolir les structures politiques claniques, le gouvernement était fréquemment désigné sous l'acronyme MOD. Cet acronyme englobait les trois clans prépondérants au sein du cercle rapproché du pouvoir : Marehan (le clan de Siad Barre), Ogaden (le clan maternel de Siad Barre), et Dulbahante (le clan du gendre de Siad Barre, le colonel Ahmad Sulaymaan Abdullah, qui dirigeait le Service national de sécurité, le NSS). Ces trois clans formaient, en effet, l’ossature principale du gouvernement. En 1975, par exemple, dix des vingt membres du Comité suprême révolutionnaire (SRC) étaient issus du clan-famille Darod, dont faisaient partie les trois clans précités ; en revanche, les Digil et les Rahanwayn, clans sédentaires habitant les régions interfluviales, étaient complètement absents du pouvoir[6].

Voici la liste des membres du Conseil suprême de la révolution en février 1970 :

Président
Major-général Muhammad Siad Barre
Vice-président
Major-général Jama Ali Korshel
Membres
Capitaine Ahmed Mohamoud Farah
Brig.-Gén. Hussein Kulmiye Afrah
Major-général Mohammed Ainanshe
Lieutenant-colonel Salade Gabeyre Kediye
Lieutenant-colonel Muhammad Ali Samatar
Lieutenant-colonel Abdallah Mohamed Fadil
Lieutenant-colonel Ali Matan Hashi
Major Muhammad Sh. Osman
Major Ismail Ali Abokor
Major Muhammad Ali Shirreh
Major Ahmed Suleiman Abdulle
Major Mohamud Gelle Yusuf
Major Farah Wais Dulleh
Capitaine Ahmed Hassan Musa
Capitaine Musa Rabille Goede
Capitaine Muhammad Omer Ges
Capitaine Osman Mohamed Jelle
Capitaine Abdi Warsame Isaq
Capitaine Abdulkadir Haji Muhamad
Capitaine Abdirizak Mohamud Abubakar
Major Abdiqadir Xaji Masale

Voir aussi

Notes

  1. (en) Mohamoud, « Somalia: Crisis and Decay in an Authoritarian Regime », Horn of Africa, vol. 4, no 3,‎ , p. 7–11 (lire en ligne)
  2. Moshe Y. Sachs, Worldmark Encyclopedia of the Nations, Volume 2, (Worldmark Press: 1988), p.290.
  3. Hussein Mohamed Adam et Richard Ford, Mending rips in the sky: options for Somali communities in the 21st century, Red Sea Press, , 226 p. (ISBN 1-56902-073-6, lire en ligne)
  4. « Somalia - Supreme Revolutionary Council », countrystudies.us
  5. Abdi Sheik-Abdi, « Ideology and Leadership in Somalia », Journal of Modern African Studies, vol. 19,‎ , p. 167–68
  6. Studies, « Siad Barre and Scientific Socialism »

Références

  • Annuaire mondial Europa 1970

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