Défense ChewbaccaLa défense Chewbacca ou méthode Chewbacca — en référence au personnage de Chewbacca, du film Star Wars — est une stratégie de défense ou de propagande visant à noyer l’auditoire sous un flot d’arguments sans rapport avec l'objet du débat, de façon à le plonger dans le trouble et à lui faire oublier les arguments de la partie adverse. C’est un type de logique fallacieuse, et, plus précisément, une ignoratio elenchi (utilisation d’arguments valides pour soutenir un thème n’ayant rien à voir), et une logique non sequitur similaire à l’argumentum ad nauseam. L’expression vient à l’origine de la série animée South Park. Dans son style hyperbolique caractéristique, le dessin animé caricature les conclusions de l’avocat Johnnie Cochran Jr dans sa défense d’O. J. Simpson lors de son procès pour meurtre (1995). OrigineL’expression est utilisée pour la première fois dans l’épisode Chef Aid de South Park, diffusé pour la première fois le 7 octobre 1998, quatorzième épisode de la deuxième saison de la série. Elle est illustrée par une argumentation complètement ridicule dans un procès concernant une chanson lorsque Cochran prétend qu'il ne peut que gagner puisqu'il aime Chewbacca. La première plaidoirie
La deuxième plaidoirie
UsagesCette expression est utilisée dans de nombreux blogs et sur les forums de discussion Internet. La nécrologie faite par l'Associated Press sur Cochran mentionne la parodie de la défense Chewbacca comme l'un des éléments ayant permis à cet avocat d'entrer dans la culture populaire[2]. Le criminologue Thomas O'Connor a dit que lorsque les preuves ADN démontrent une « inclusion », c'est-à-dire n'exonère pas un client par l'exclusion de l'échantillon d'ADN fourni, « la seule chose que vous pouvez faire est de vous attaquer au laboratoire pour ses manquements, autant sur son assurance qualité que sur l'évaluation de ses compétences, ou alors d'utiliser une « défense Chewbacca »... et d'aveugler ainsi le jury en démontrant combien les preuves et probabilités fournies par la partie adverse sont complexes et compliquées[3]. » Le médecin légiste Erin Kenneally a fait valoir que des contestations judiciaires sur les preuves numériques utilisent fréquemment la défense Chewbacca en présentant plusieurs autres explications des preuves médico-légales obtenues à partir d'ordinateurs et fournisseurs d'accès internet pour augmenter le doute raisonnable dans l'esprit du jury. Kenneally fournit également des méthodes pouvant être utilisées pour contrer une défense Chewbacca[4]. Kenneally et son collègue Anjali Swienton ont présenté ce sujet devant la cour de l'état de Floride et à la conférence annuelle de l'American Academy of Forensic Sciences de 2005[5] ,[6],[7]. Le terme a également été utilisé dans le commentaire politique. Ellis Weiner (en), humoriste américain, écrit dans The Huffington Post que Dinesh D'Souza, commentateur politique américain, a utilisé la défense Chewbacca dans sa critique de Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants de 2007 à 2011, la définissant comme « quelqu'un exposant ses revendications en disant quelque chose de si manifestement absurde que le cerveau de l'auditeur s'arrête complètement »[8]. Le livre de Jay Heinrichs Thank You for Arguing indique que le terme « défense Chewbacca » s'invite dans le langage courant comme synonyme de sophisme[9]. Le terme a été utilisé par Paul Krugman, qui a écrit dans The New York Times que John Taylor, économiste américain, a utilisé la défense Chewbacca comme ultime argument pour défendre sa position de politique monétaire belliciste, après avoir déclaré publiquement pendant des années qu'« un assouplissement significatif de la politique monétaire conduirait à une accélération importante de l'inflation[10]. » ParallèleLa défense Chewbacca s'apparente au stratagème numéro 20 du très ancien traité de stratégie chinois Les 36 stratagèmes : ce stratagème parle de « Troubler l'eau pour prendre le poisson », c'est-à-dire donner trop d'options, noyer dans l'information, ce qui rappelle l'expression française « noyer le poisson ». Voir aussi
Notes et références
Bibliographie
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