En histoire de la médecine, un diagnostic rétrospectif (ou rétrodiagnostic ou diagnostic posthume) est l'identification, a posteriori, d'une maladie chez un patient décédé, qui peut être une personnalité historique. Ce type de diagnostic utilise des sources primaires anciennes, médicales ou non médicales, et se fait grâce aux connaissances, aux méthodes et aux classifications nosologiques modernes[1],[2]. Il peut aussi s'agir, de manière plus générale, d'une tentative pour désigner sous un nom moderne un ancien fléau sanitaire aux définitions floues et mal établies[3].
En biologie médicale, le terme de « diagnostic rétrospectif » s'applique aussi lorsque celui-ci a été porté tardivement chez un patient, soit après sa guérison soit après son décès. C'est alors l'analyse au laboratoire de matériel prélevé chez ce patient qui permet d'aboutir à un diagnostic de certitude. En pareil cas, le diagnostic rétrospectif peut contribuer au progrès de la recherche médicale.
Usage en histoire de la médecine
Le diagnostic rétrospectif peut être pratiqué par des historiens de la médecine ou par des historiens généralistes, et publié dans des médias de différents niveaux académiques. Un tel diagnostic nécessite souvent d'établir un parallèle entre des mondes linguistiques et conceptuels qui peuvent être séparés de plusieurs siècles, en accordant une position privilégiée aux concepts et catégories modernes de la médecine[4]. Au pire, il peut devenir « guère plus qu'un jeu aux règles mal définies et ayant une faible crédibilité académique »[2].
C'est ainsi qu'un essai de diagnostic rétrospectif sera contestable lorsque, par exemple, il omet de tenir compte du contexte historique, traite des documents historiques et religieux au même titre que des données scientifiques, ou attribue abusivement à la maladie des comportements en fait non pathologiques[5].
La science moderne peut améliorer la compréhension de l'histoire des maladies. Par exemple, la biologie des insectes vecteurs du paludisme et de la fièvre jaune permet d'expliquer les changements observés dans la propagation et l'étendue de ces maladies, à la suite de travaux de drainage ou d'urbanisation durant certaines périodes historiques[3].
Usage en recherche médicale
La recherche de l'origine du VIH a fait appel au diagnostic posthume du SIDA chez des patients décédés des années avant la découverte de cette maladie[6].
↑ a et b(en) Elmer, Peter, The healing arts : health, disease and society in Europe, 1500-1800, Manchester, Manchester University Press, , 408 p. (ISBN978-0-7190-6734-1, lire en ligne), xv
↑(en) Kevin P. Siena, Sins of the Flesh : Responding to Sexual Disease in Early Modern Europe, Toronto, Centre for Reformation and Renaissance Studies, , 292 p., poche (ISBN978-0-7727-2029-0, LCCN2007617661, lire en ligne), p. 12
↑ ab et cGetz, Faye M. Western Medieval Medicine in (en) Greene, Rebecca, History of medicine, New York, NY, Institute for Research in History, (ISBN978-0-86656-309-3, LCCN88002793)
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↑(en) Larner A, « Three Historical Accounts of Gilles de La Tourette Syndrome », ACNR Advances in Clinical Neurosciences and Neurorehabilitation, vol. 3, no 5, , p. 26-27 (lire en ligne)
↑(en) Lewis DW, « What was wrong with Tiny Tim? », Am. J. Dis. Child., vol. 146, no 12, , p. 1403–7 (PMID1340779)
↑(en) Boyer RS, Rodin EA, Grey TC, Connolly RC, « The skull and cervical spine radiographs of Tutankhamen: a critical appraisal », AJNR Am J Neuroradiol, vol. 24, no 6, , p. 1142–7 (PMID12812942, lire en ligne)
↑(en) Katherine Hall, « Did Alexander the Great Die from Guillain-Barré Syndrome? », The Ancient History Bulletin, vol. 32, , p. 106-128 (lire en ligne [PDF])
↑(en) JS Stern, S Burza et MM Robertson, « Gilles de la Tourette's syndrome and its impact in the UK », Postgrad Med J, vol. 81, no 951, , p. 12-19 (DOI10.1136/pgmj.2004.023614)
↑(en) Earl JW, McCleary BV, « Mystery of the poisoned expedition », Nature, vol. 368, no 6473, , p. 683–4 (PMID8152477, DOI10.1038/368683a0)
↑(en) Goldman AS, Schmalstieg EJ, Freeman DH, Goldman DA, Schmalstieg FC, « What was the cause of Franklin Delano Roosevelt's paralytic illness? », J Med Biogr, vol. 11, no 4, , p. 232-40 (PMID14562158, lire en ligne [PDF], consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
(en) Mackowiak, Philip A., Post-Mortem : Solving History's Great Medical Mysteries, Philadelphie, The American College of Physicians, , 350 p. (ISBN978-1-930513-89-1, LCCN2006051818)