Fils de Jean Thirion, artisan tailleur, et de son épouse Catherine Becker, sa famille est originaire de Thionville[2]. Après des études en droit, il est reçu bachelier en . Professeur chez les Oratoriens puis précepteur particulier chez le comte de Tréveneuc, il enseigne trois ans au collège de Béthune puis deux ans à celui de Metz (1791-1793)[3]. Il s'établit comme avocat à Metz en 1790.
En septembre 1792, Didier Thirion, alors officier municipal de Metz, est élu député du département de la Moselle, le septième sur huit, à la Convention nationale[5].
Fin août 1793, Thirion est envoyé en mission dans les départements de l'Eure-et-Loir et de la Sarthe afin d'y révoquer les girondins et d'accélérer la levée en masse[11]. Ses pouvoirs sont étendus au département de la Mayenne en septembre[12]. Au cours de son passage à La Flèche, il fait brûler les cœurs d'Henri IV et de Marie de Médicis « qui se trouvaient encore exposés à l'idolâtrie du peuple dans l'église du collège de cette ville »[13].
Il assiste impuissant au passage des troupes vendéennes à Laval et au Mans lors de la virée de Galerne[14]
Thirion prend part à la chute de Robespierre. Le 8 thermidor, il s'oppose à ce que le discours de Robespierre soit imprimé et envoyé aux départements : « Je ne sais comment Robespierre seul prétend avoir raison contre plusieurs »[19].
Député de la « Crête »
Didier Thirion siège parmi les « derniers Montagnards » selon les historiens Françoise Brunel[20] et Michel Biard[21].
En frimaire an III (novembre 1794), il vote en faveur de la mise en accusation de Jean-Baptiste Carrier, accusé d'avoir provoqué les noyades et les fusillades de Nantes, mais motive son opinion : « si, à mes yeux, les délits révolutionnaires de notre collègue Carrier sont probables, les desseins contre-révolutionnaires de plusieurs de ses dénonciateurs ne le sont pas moins »[22]. Lors de l'insurrection du 12 germinal an III, il signe la demande d'appel nominal alors que les anciens membres du Comité de Salut public, Barère, Jacques-Nicolas Billaud-Varenne et Jean-Marie Collot d'Herbois sont décrétés de déportation sur l'île d'Oléron[20]. En floréal (début mai), il est élu membre de la Commission des Vingt-et-Un chargée d'examiner la conduite de l'ancien représentant en mission Joseph Lebon[23]. Suite à l'insurrection de Prairial où il est accusé d'avoir accepté des insurgés les fonctions de secrétaire[24], il est décrété d'arrestation en même temps que ses collègues Joseph François Laignelot et Étienne-Jean Panis[21]. Il bénéficie de l'amnistie votée lors de la séparation de la Convention en brumaire an IV (octobre 1795).
Sous le Directoire
Thirion n'est pas réélu député sous le Directoire. Il est nommé commissaire du Directoire près l'administration centrale de la Moselle en décembre 1795. Fin vendémiaire an VI (octobre 1797), il est accusateur public près le tribunal criminel du département de la Lys[25].
Il est rappelé aux fonctions de commissaire du Directoire près l'administration de Moselle en l'an VII (juillet 1799)[24],[3]. Avec l'appui de Barras et des députés de la Moselle Giral et Bar, il lutte contre les républicains modérés[26].
Il publie deux brochures pour justifier son action durant son mandat à la Convention. Dans Mon dernier mot à mes anciens collègues, publié en l'an VI (1798), il regrette d'avoir contribué à l’élimination de Robespierre qui ouvrit la voie à une « sanglante, affamante et atroce réaction »[20].
Après la Révolution
Écarté politiquement par le coup d’État du 18brumairean VIII (), il obtient cependant en 1801 la chaire des Belles-Lettres à l'École centrale de Namur (Sambre-et-Meuse) [27]. Il passe ensuite au lycée de Mayence en 1803[28] et, en 1809, il est nommé professeur de littérature latine à la faculté de Douai, poste qu'il conserve jusqu'en 1814, date de son retour en Moselle après la Restauration[3],[29].
Il meurt fin décembre 1815, quelques jours avant la promulgation de la loi du 12 janvier 1816 qui bannit hors de France les députés régicides ayant rallié l'Empire pendant les Cent-Jours.
↑Henri Wallon, Les représentants du peuple en mission et la justice révolutionnaire dans les départements en l'an II (1793-1794): la Vendée, Paris, Hachette, , 486 p. (lire en ligne), p. 336-337
↑Jacques Garnier de Saintes et Georges Auguste Couthon, « Rapport de Couthon, au nom du comité de salut public, relatif à la marche des troupes près l'armée du Nord, lors de la séance du 26 frimaire an II (16 décembre 1793) », Archives Parlementaires de la Révolution Française, vol. 81, no 1, , p. 528–529 (lire en ligne, consulté le )
↑Didier Thirion, « Rapport du représentant Thirion sur ses travaux dans le département d'Eure-et-Loir, lors de la séance du 1er nivôse an II (21 décembre 1793) », Archives Parlementaires de la Révolution Française, vol. 82, no 1, , p. 76–76 (lire en ligne, consulté le )
↑Marc Guillaume Alexis Vadier, Maximilien Robespierre, Pierre-Joseph Cambon et Jean-Marie Collot d'Herbois, « Reprise de la discussion sur le discours de Robespierre, avec les interventions de différents représentants, et réponse de Robespierre, lors de la séance du 8 thermidor an II (26 juillet 1794) », Archives Parlementaires de la Révolution Française, vol. 93, no 1, , p. 532–535 (lire en ligne, consulté le )
↑ ab et cFrançoise Brunel, « Les derniers Montagnards et l'unité révolutionnaire », Annales historiques de la Révolution française, vol. 229, no 1, , p. 385–404 (DOI10.3406/ahrf.1977.1009, lire en ligne, consulté le )
↑ a et bMichel Biard, Les derniers jours de la Montagne 1794-1795. Vie et mort des premiers irréductibles de gauche, Paris, Presses universitaires de France collection « Questions Républicaines », 2023, p. 184.
↑Pierre Marie Delaunay, André Antoine Bernard de Saintes, François Elie Dugenne et Jean Augustin Pénières-Delzors, « Appel nominal sur la question : "y a-t-il lieu à accusation contre le représentant du peuple Carrier ?", lors de la séance du 3 frimaire an III (23 novembre 1794) », Archives Parlementaires de la Révolution Française, vol. 102, no 1, , p. 99–117 (lire en ligne, consulté le )
↑Gazette nationale ou le Moniteur universel, (lire en ligne)
↑ a et bDictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Robert et Cougny)
↑Gazette nationale ou le Moniteur universel, (lire en ligne)
↑Françoise Chevalier, « Elus et administrateurs messins sous le Directoire », Société d'histoire et d'archéologie de Lorraine, , p. 280-281 (lire en ligne)