Le déni de démocratie ou déni démocratique est une notion politique, essentiellement brandie par des figures d'opposition, pour qualifier le non respect d'un vote, d'un compromis, d'une promesse électorale ou d'une décision collective par un pouvoir public ou une autorité administrative, qui comprometterait de fait le bon fonctionnement démocratique.
Concept et limites
Faire appel au concept de « déni de démocratie » met en exergue la question complexe de l'application des principes démocratiques dans des contextes où, paradoxalement, des mesures prises conformément aux processus institutionnels peuvent être perçues comme contraires à ces mêmes principes. Ce déni survient lorsque des décisions, bien qu'adoptées dans un cadre démocratique, comme par un vote majoritaire ou après contrôle de légalité, sont contestées en raison de leur caractère autoritaire ou restrictif. La définition de ces critères permettant d'identifier clairement ce déni devient alors compliquée, car dans un régime démocratique, fixer les limites de ce qui constitue une réelle violation de la démocratie reste une question ouverte et délicate[1]. Dans des régimes autoritaires, comme en Chine ou en Russie, il est possible de voir le déni de démocratie comme un échange contre « une promesse d'enrichissement, de sécurité et de promotion sociale »[2].
Le Français Bruno Latour, en 2017, va jusqu'à établir un lien entre le déni démocratique et le déni du changement climatique. Il soutient que ces deux formes de déni sont étroitement liées, notamment en observant des gouvernements comme ceux de Donald Trump et Jair Bolsonaro, où le rejet du réchauffement climatique coexiste avec une remise en cause des institutions démocratiques. Latour identifie cette corrélation en soulignant que ces phénomènes partagent une même logique d'opposition aux réalités scientifiques et politiques[3].
↑« 10 ans après le référendum sur le traité constitutionnel européen : et si c'était à refaire ? », France Culture, (lire en ligne, consulté le )
↑Deborah E. Lipstadt et Norman Eisen, « Denying the Holocaust threatens democracy. So does denying the election results. » [« Nier l’Holocauste menace la démocratie, tout comme nier les résultats des élections »], The Washington Post, (lire en ligne, consulté le )
↑Christophe Van Veen, « Manuel Bompard, député Insoumis de Marseille : "C'est un gouvernement de perdants" », France Bleu Provence, (lire en ligne, consulté le )
↑« “Extrême droitisation de la Macronie”, “déni de démocratie”… La gauche fustige la composition du nouveau gouvernement », Le Parisien, (lire en ligne, consulté le )