Femmes à l'Académie française![]() La présence de femmes à l'Académie française est récente. L'Académie, fondée en 1635 par le cardinal de Richelieu ne voit entrer une femme dans ses murs qu'en 1980, avec l'écrivaine Marguerite Yourcenar[1]. Si pendant ces 345 années, divers motifs politiques, moraux, religieux et sociétaux ont été invoqués pour en interdire l'accès aux femmes, plusieurs candidatures ont néanmoins été proposées au cours des décennies précédentes. Onze femmes ont, depuis 1980, été élues académiciennes ; six y siègent actuellement. Une conquête tardive![]() Sous l'Ancien régime, les femmes ne peuvent entrer dans des assemblées élues que si le règlement les y autorise (certaines assemblées permettent leur présence). Jean le Rond d'Alembert, académicien depuis 1754, propose en 1760, afin de promouvoir la candidature de Julie de Lespinasse, de réserver 4 des 40 sièges aux femmes[2]. La tentative échoue. Des années plus tard, l'Académie propose à Félicité de Genlis de l'accueillir, mais elle doit pour cela arrêter l'écriture d'un manifeste hostile aux Encyclopédistes ; elle refuse[2]. Le , Jules Barbey d'Aurevilly publie un article dans le journal Le Gaulois, un brocard à charge contre l'Académie française intitulé « L’Académie sans candidats », dans lequel il écrit : « Il est vrai que les gens d’esprit lui manquant, il lui restera les imbécilles pour candidats, à l’Académie, et si les imbécilles eux-mêmes vieilcastelisés ne voulaient plus mordre à la grappe de l’Académie, elle aurait, en dernier désespoir, les femmes, qui déjà la guignent avec convoitise »… Combien de bas-bleus pour faire la monnaie du moindre des candidats ?... Et de terminer par une attaque politique directe : « Pauvre Académie ! Tombée en quenouille, enjupponnée, finie, morte sur pied, faute de candidats ! C’est triste, mais ce serait gai, n’est-ce pas ? si l’autre république, comme celle-ci, discréditée, dépopularisée, sous l’use du mépris public, allait périr aussi, faute de candidats ! »[3],[4]. La candidature de la féministe Pauline Savari est refusée par l'Académie, le . Et le duc d'Aumale de déclarer : « Les femmes ne sont pas éligibles, puisqu’on n’est citoyen français que lorsqu’on a satisfait à la conscription »[2]. Ce n'est qu'en 1980, sous la pression de l'opinion et à la suite du militantisme de Jean d'Ormesson qu'une femme est élue en la personne de Marguerite Yourcenar[5]. Jusque là, de nombreux académiciens s'opposaient à l'entrée de femmes, comme Claude Lévi-Strauss ou Georges Dumézil. L'historien Pierre Gaxotte déclara même : « Si on élisait une femme, on finirait par élire un nègre… »[6]. Hélène Carrère d'Encausse est secrétaire perpétuel de l'Académie de 1999 à 2023. Les femmes membres de l’Académie
Les candidatures malheureusesLes femmes et l'habit d'académicienL'habit vert que les académiciens revêtent, avec le bicorne, la cape et l’épée, lors des séances solennelles sous la Coupole, a été dessiné sous le Consulat, dessin attribué au peintre Jean-Baptiste Isabey. Il est commun à tous les membres de l’Institut de France, mais n'a pas été prévu pour les femmes. Marguerite Yourcenar refuse de l'endosser, mais toutes les autres académiciennes le portent lors de leur cérémonie de réception, à l'exception d'Assia Djebar, reçue en 2006. Les « immortelles » et les ecclésiastiques sont dispensés du port de l'épée. Hélène Carrère d'Encausse, Florence Delay, Assia Djebar, Simone Veil, Danièle Sallenave, Dominique Bona et Barbara Cassin ont cependant choisi d'en porter une lors de leur réception. L'épée de Barbara Cassin est « connectée »[22]. Hélène Carrère d'Encausse, la première femme à porter l'épée, a choisi une arme créée pour l'occasion par l'orfèvre géorgien Goudji. Jacqueline de Romilly a reçu une broche symbolique après son élection à l'Académie des inscriptions et Belles-Lettres en 1975, et a préféré remplacer l'épée par un sac à main[23]. Citations
Notes et références
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