Fourvière est la colline qui domine le centre de Lyon à l'ouest en rive droite de la Saône, et le quartier central de cette colline, dans le 5e arrondissement de la ville. Appelée la « colline qui prie » (l'autre colline de Lyon, celle de la Croix-Rousse, étant la « colline qui travaille ») et surnommée la « montagne mystique » par Jules Michelet[1], elle est le lieu de fondation de la colonie romaine de Lugdunum (dite « capitale des Trois Gaules ») sur le site d'un sanctuaire gaulois antérieur dédié au dieu Lug (Lugdunum signifiant « colline de Lug »).
Toponymie
Le nom Fourvière est la francisation du toponyme francoprovençal Forviére qui descend en droite ligne d'un étymon latin foro vetĕre, ablatif de forum vetus, soit littéralement « au vieux forum », ce qui indique la présence d'un forum romain sur la colline[2].
Situation
Du nord au sud de Lyon, la Saône puis le Rhône longent les derniers contreforts du Massif central. Ce qu'on appelle la colline de Fourvière est en réalité un alignement qui domine la Saône depuis Vaise jusqu'au confluent, avec un dénivelé atteignant jusqu'à 120 mètres, son altitude absolue étant de 318 mètres au point culminant, le fort de Sainte-Foy — mais 287 mètres sur le parvis de la basilique[3]. Elle comporte, du nord au sud, les quartiers de Loyasse, la Sarra, Fourvière, Saint-Just[4], Saint-Irénée, et se poursuit plus au sud sur la commune de Sainte-Foy-lès-Lyon.
La Saône la contourne à son pied, enserrant en son centre le quartier médiéval et Renaissance du Vieux Lyon, centre historique de la ville.
Cette position géographique a son revers : l'accès à Fourvière depuis le Vieux-Lyon se fait par des voies très raides et peu nombreuses (montée Saint-Barthélémy, montée du Chemin-Neuf, montée de Choulans, montée des Épies). La plus ancienne est la montée du Gourguillon. On accède aussi à la colline par des escaliers qui offrent des vues sur la ville (montée des Chazeaux avec une vue sur le quartier de Saint-Jean et sa cathédrale Saint-Jean, montée du Garillan, montée du Change).
Fourvière était un important pôle d'activité à la fin de l'âge du fer. Devenue lieu de rassemblement et de culte, elle a certainement vu l'établissement d'une agglomération gauloise, même si on n'y a pas trouvé d'objets témoins d'habitats comme il en existe sur d'autres sites gaulois contemporains de la région : un murus gallicus découvert en 2014 en est une première preuve[7].
En 43 av. J.-C., les Romains fondent Lugdunum sur le sommet de la colline, qui devient la Capitale de la Gaule Romaine en -27. Le parvis de la basilique est l'endroit où se dressait le « Forum », plus tard appelé « Vieux Forum » – Forum vetere en latin, d’où l’évolution du nom en Forviére en parler francoprovençal lyonnais, francisé en Fourvière au fil des siècles et de l’introduction de la langue d’oïl dans la société lyonnaise. La colline est désertée au Moyen-Âge, tandis que les monuments romains sont exploités comme carrières de pierres de taille et de pierre à chaux. Une partie du forum s'écroule au IXe siècle à la suite d'un glissement de terrain.
Le plan scénographique de Lyon datant du milieu du XVIe siècle, et les plans des siècles suivants montrent une colline pratiquement dépourvue de constructions et laissée aux cultures et aux vignes. De nombreux ordres religieux s'implantent sur le plateau et les pentes de Fourvière.
L'actuelle basilique est bâtie de 1872 à 1884 sur l'ancien forum, cœur de la cité romaine.
D'autres glissements de terrain ont lieu plus récemment, dont le plus tragique, l'effondrement de la rue Tramassac fait près de 40 morts en 1930. La cause en est l'eau d'infiltration, due à l'existence d'une hydrographie souterraine importante dans la colline.
Vitraux
Le vœu des échevins a permis de doter l'ancienne chapelle d'un vitrail réalisé par Lucien Bégule en 1882[8], commandé par Bossan. Les vitraux de l'église haute ont été commandés à un autre verrier par Sainte-Marie Perrin successeur de Bossan. Dans la crypte, les cinq vitraux sont de Lucien Bégule[8] en 1885.
Curiosités
La « colline qui prie »[9] possède de nombreux vestiges archéologique et religieux :
La montée du Gourguillon relie Saint-Just à Saint-Jean. C'est une des plus anciennes rues de Lyon avec ses pavés, ses maisons médiévales du XVe siècle dont les fenêtres sont ornées d'animaux. Des maisons à pans de bois, très rares à Lyon, sont visibles dans l'impasse Turquet, une rue perpendiculaire au Gourguillon. La ruelle s'appelle au Moyen Âge « Beauregard » en raison de la vue qu'elle offre sur Lyon
Le murus gallicus, vestige de l'occupation gauloise de Lugdunum et seul tronçon connu du rempart romain (aujourd'hui enfoui sous une résidence universitaire)
Vue sur la colline de Fourvière au début du XXe siècle.
↑ a et bLes vitraux de Bégule peuvent être vus ici.
↑par opposition à la Croix-Rousse, la « colline qui travaille », qui lui fait face. L'origine de cette expression vient de Jules Michelet qui écrit dans Le Banquet en 1878 : « Je vis bien dès ce jour l'opposition des deux montagnes, de la montagne mystique et de celle du travail : mais je ne sentis pas leur guerre ».
↑offrant une vue sur le val de Saône, les quartiers de Vaise et de la Duchère ainsi que les monts d'Or. Cette passerelle est un ancien viaduc qui permettait à un tramway de transporter des voyageurs mais aussi des cercueils entre le terminus de la ficelle de Saint-Paul dite « ficelle des morts » et le cimetière de Loyasse.
Armand Desbat et Matthieu Poux, « De la Lugudunum gauloise à la colonie de Plancus : l'apport des fouilles récentes », dans François Bérard et Matthieu Poux (dir.), Lugdunum et ses campagnes. Actualité de la recherche, Drémil-Lafage, Mergoil, coll. « Archéologie et histoire romaine » (no 38), (ISBN978-2-35518-064-4), p. 13-41.