Effectuant ses études secondaires à Lyon, le jeune Georges Romathier y travaille la peinture en solitaire jusqu'en 1952 où, gagnant Paris, il y fréquente l'Atelier du Vertbois qui s'est constitué autour du peintre Jean Lombard[3] dans l'école communale de la rue du Vertbois où ce dernier a commencé quelques années plus tôt à donner des cours de peinture chaque week-end. C'est d'ailleurs là qu'il rencontrera Micheline Collette, qui deviendra sa femme. Bien qu'autodidacte, Georges Romathier se souviendra avec considération des conseils reçus alors de Jean Lombard.
Georges Romathier s'installe à Magny-en-Vexin en 1953 et, si sa première exposition se produit dans sa ville natale de Lyon en 1954, sa grande rencontre sera celle de Pierre Loeb (à qui il est présenté vers 1957 par Bernard Dufour et Paul Kallos) qui l'accueille dans "l'écurie" de sa galerie, au no 2 de la Rue des Beaux-Arts à Paris. De cette époque, où Georges Romathier se rapproche à nouveau de Paris en venant habiter Thiais, ses traits nous restent fixés par les portraits que la photographe Denise Colomb, sœur de Pierre Loeb, réalise dans l'atelier de l'artiste à Magny-en-Vexin[4], puis au cours d'une villégiature aux Baux-de-Provence[5]: Georges Romathier travaille alors également chaque été en Provence, s'attachant à Eygalières, jusqu'à ce que, dans les années 1990, il se fixe en Charente-Maritime[2]. « De la Provence à la Charente-Maritime, constate ainsi Lydia Harambourg, la lumière est au centre de ses préoccupations picturales. La lumière de l'Atlantique a modifié son regard du "dehors" et trouve avec l'encre de Chine et le brou de noix une densité particulière. L'impatience du geste retrouve la maîtrise naturelle inhérente à la pensée »[6].
« Ce qui m'intéresse, dit Georges Romathier, n'est pas tant ce qu'il y a devant moi, mais plutôt mes réactions. On me fournit l'occasion d'être quelqu'un devant le motif et ce qui m'intéresse c'est ce que je suis, ou plutôt ce que je vais découvrir de moi à travers le paysage »[7].
En 1953, Pierre Loeb déclarait « J'aime beaucoup Romathier. Il est noble et délicat et il a, malgré sa timidité, beaucoup de caractère. Je le crois grand peintre. Il n'est pas " brillant " mais il trace son sillon et y reste longtemps. Ce qui, chez d'autres apparemment de sa tendance, est superficiel, joli, élégant, est chez lui musclé, charnu. Et il réussit en travaillant ses petites études directement " sur nature " à trouver, à réaliser une synthèse. Le petit morceau de nature qu'il décrit devient vision du monde, en tout cas du pays, des terres, des arbres qu'il a sous les yeux. Art sans tricherie, sain, honnête. Et ce n'est pas si fréquent. En ce qui me concerne, il est un des seuls que je ne n'ai pas envie de décrocher du mur au bout de quelques jours. Sans doute pour son poids de vérité et de signification »[8].
Brins - Brou - Chine, expositions simultanées à la Galerie Bellint, Paris, à la Galerie Meurisse, Toulouse et à la Galerie Alice Chartier, Lyon, janvier-février 1986.
Galerie Claude Aubry, Paris, 1986, 1995.
Galerie Alice Chartier, Lyon, 1987, 1989, 1991, 1994, 1998.
Labyrinthe, Château de Tremblay et Maison des arts et loisirs, Laon, 1971.
Aspects de l'art actuel, Halle aux blés, Alençon, 1972.
L'homme, la terre, l'eau, le ciel - Aspects de la peinture française au XIXe siècle et peintres contemporains, Galerie Étienne de Causans, Paris, 1973.
Regards sur l'avenir de la peinture figurative française, Tokyo, 1973.
Cinquantième anniversaire de l'École de Paris - Cent peintres vivants de l'École de Paris, Maison de l'UNESCO, Paris, 1994.
Un critique et ses amis - Carte blanche à Jean-Jacques Lerrant, Polaris, Corbas, 1996.
Réception critique
« Appuyé sur un vif sentiment charnel de la nature, de la terre, de sa violence organique, son œuvre est celui d'un paysagiste abstrait. Ces dernières années, son expressionnisme gestuel a trouvé encore plus de souplesse au moyen de la tempera, de l'encre de Chine et de l'aquarelle. » - Claudine Martin et Patrice Cotensin[12]
« La violence du geste de Romathier est mise en ordonnance formelle avec certaines plages presque liquides, de telle sorte qu'en surgissent d'autres strates ou d'autres lumières: l'épaisseur torturée jouxte le lissé des transparences, l'effusion et la révolte, la pulsion et la dépression. » - L. Malle[12]
« Il évolue du végétal au cosmique, du matiérisme au gestuel. Il s'inspire du paysage réalisant des aquarelles sur le motif, puis s'en détache ou plutôt n'en retient que le souffle. » - Dictionnaire Bénézit[13]
« Le geste de Georges Romathier est ample, à la mesure de la préhension de l'espace qui l'entoure. Une gestuelle libre qui lève sur la feuille les signes du réel... Entre vitesse et maîtrise, mouvement et immobilité, chaque trait, chaque zébrure, chaque ligne virevoltante reverbère une sensation organique, une pulsion qui délivre une dramaturgie plastique de l'ombre et de la lumière. La dynamique du geste reconduite dans un travail sériel reprend à son compte toutes les interrogations du peintre et son dialogue avec la nature. » - Lydia Harambourg[14]
Prix et distinctions
Prix de la Critique de l'Association des critiques d'art lyonnais, 1981.
Michel Seuphor, La peinture abstraite, Flammarion, 1962.
Catalogue du 1er Salon international des Galeries Pilotes du Monde, Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne, 1963.
Georges Romathier, édition Galerie Kriegel, , Paris, 1965.
Michel Seuphor, Art abstrait, Éditions Maeght, 1974.
René Huyghe et Jean Rudel, L'art et le monde moderne, Larousse, 1970.
Romathier, Édition Galerie Étienne de Causans, Paris, 1973.
L'aventure de Pierre Loeb, la Galerie Pierre, Paris, 1924-1964, Éditions du Musée d'art moderne de la ville de Paris, 1979.
Jean-Paul Chartier, Et si les mots devenaient couleurs, Éditions Aléas, Lyon, 1989.
Jean Leymarie, Aquarelles d'aujourd'hui, Fondation Crédit Lyonnais, 1992.
Françoise Woimant, Marie-Cécile Miessner et Anne Mœglin-Delcroix, De Bonnard à Baselitz, estampes et livres d'artistes, B.N.F., 1992.
Opéra de Lyon, six catalogues de récitals enrichis de lavis par Georges Romathier, 1994.
Daniel Lacomme, Le mouvement dans le dessin et la peinture, collection L'atelier vivant, Bordas, 1995.
Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999.
Laurent Brunet (préface suivie d'entretien avec l'artiste), Georges Romathier, numéro spécial de la revue Lisières (revue des arts contemporains), no 9, .
Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, Gründ, 2001.
Lydia Harambourg, L'École de Paris, 1945-1965 - Dictionnaire des peintres, Éditions Ides et Calendes, 2010.
Filmographie
La nature comme atelier, court-métrage de Laurent Brunet, durée 21 min, 1999.
Le journal sensoriel, court-métrage de Laurent Brunet, durée 10 min, 1999.