Selon sa vita, tardive et légendaire donc, saint Goulven serait le fils d’un couple d’immigrants bretons insulaires débarqués en 540 à Plouider. « À l'époque, tout le rivage est couvert d'une épaisse forêt et tout le pays est désert »[1]. Son père Glaudan, et sa mère Gologuenn débarquaient à peine de Grande-Bretagne dans l'anse de Plounéour-Trez (dite aussi anse de Goulven) à Brengorut quand Goulven vint au monde. Une fontaine miraculeuse, la feunteun sant goulven (située actuellement près de l'église Saint-Goulven) jaillit pour les désaltérer.
Godian (ou Gosian)[2], un riche propriétaire du pays sans héritier, prend les nouveaux arrivants
sous sa protection, devenant le parrain et le père nourricier de l’enfant qu’il prénomma Goulven (prononcé Goulc'hen dans la région)[3]. À dix ans, il le met dans l'école monastique du moine Hervé[4].
Attiré à son tour par la vie monastique, Goulven finit par se retirer dans les bois, face à la mer, où il construit son ermitage sous le nom de penity sant goulven (Pénity vient du breton pened-ti, « maison de pénitence »), et plante trois croix en triangle (situées à Croas-an-traon), pour marquer son parcours quotidien autour du minihi (sur la future paroisse de Goulven)[4]. Il vit en ces lieux avec un disciple nommé Maden, tout en accomplissant selon la tradition hagiographique, des miracles[5].
Devant l'insistance des léonards, le pape Grégoire le Grand le sacre évêque de Léon. Visitant tout son diocèse, il est reconnu pour ses réformes, si bien qu'il est pressenti pour être nommé à la tête de l'évêché de Rennes mais, fatigué, il démissionne de sa charge en 608 et se retire en pays rennais en compagnie de saint Maden[4]. Il se retire en « un lieu propre et commode à la solitude et à la contemplation au lieu-dit La Motte-Mérioul en Saint-Didier à quatre lieues de Rennes[6] ». Il meurt le , probablement à Saint-Didier. Il aurait été enseveli dans l’abbaye Saint-Melaine de Rennes d'où une partie de ses reliques auraient été transférées dans la cathédrale Saint-Pierre de Rennes[4].
Son culte et ses traces en Bretagne
Le Livre des usages publié en 1415 précise que le jour de la saint Goulven (ou Golven comme on l'appelle à Rennes), ses précieux restes étaient portés en procession à la suite des vêpres et exposées solennellement. En 1743, le chapitre de la cathédrale utilisa plusieurs pièces d'argenterie hors d'usage et a somme de 600 livres pour faire une nouvelle châsse aux reliques du saint. En 1503, l'église de Goulven reçoit une relique (un os de l'avant-bras conservé dans un reliquaire porté chaque année en procession le jour du pardon) et en 1668, la cathédrale Saint-Paul-Aurélien de Saint-Pol-de-Léon reçoit aussi une relique du saint[7].
Saint Goulven est fêté le 1er juillet.
Il est invoqué pour guérir des fièvres, « pour protéger les animaux des maladies voire, comme à Taupont, pour améliorer la récolte de cerises[7] ».
La commune de Goulven porte son nom. Une fontaine y est placée sous son patronage.
L'église de Goulien a saint Goulven comme patron. Une de ses cloches est réputée avoir appartenu à saint Goulven[8].
L'église et l'école privée de Saint-Didier porte son nom, ainsi que la paroisse (Saint Goulven près la Peinière).
Une statue représentant saint Goulven se trouve dans la chapelle Saint-Guénolé à Plougastel-Daoulas.
Goulven aurait eu une sœur Pétronille, qui serait honorée (confondue avec la véritable sainte Pétronille) dans la chapelle Sainte-Pétronille de Ploudaniel[10].
↑Gouzien en breton. Le lieu-dit Kerouzien (littéralement « village de Gouzien ») à Goulven explique ici le nom de cette localité. Cf Michel Priziac, Michel Mohrt, Bretagne des saints et des croyances, Kidour, , p. 242
↑Joseph Loth indique que ce personnage correspond probablement au nom gallois de Guollguinn mentionné dans le livre de Llandaff(en). Cf Joseph Loth, Les Noms des saints bretons, Honoré Champion, , p. 46
↑ abc et dMichel Priziac, Michel Mohrt, Bretagne des saints et des croyances, Kidour, , p. 237
↑La légende raconte que le comte Even, seigneur du Léon, aurait remporté à Lesneven (le 31 mars 955) une victoire sur les pirates Normands grâce à l’intercession du saint (ce qui constitue un anachronisme de plus de trois siècles). En récompense, le comte aurait offert à Goulven des terres pour son monastère. Un épisode célèbre est celui des lingots d'or : un riche paysan de Plounéour-Trez, nommé Le Joncour, remet à Maden à l'intention de Goulven trois poignées de terre alors qu'il est en train de charruer ; pendant son retour, Maden sent cette terre s'appesantir : elle se transforme en or dont Goulven fait faire un calice, trois croix et trois belles cloches. « Juste et véridique symbole des bienfaits portés à l'Armorique par les moines et les émigrés bretons ! En détruisant les forêts (…), en défrichant et en cultivant le sol, ils en tiraient des trésors. (…) Sous le soc de leur charrue, la terre devenait or », commente Arthur de La Borderie. Cf Arthur de La Borderie, "Histoire de Bretagne", tome 1, Plihon, Honnay et Vatar, Rennes, 1905-1914 (6 vol.). Réédition Joseph Floch, Imprimeur Éditeur à Mayenne, 1975
↑Bertrand d'Argentré, L'histoire de Bretaigne, des roys, ducs, comtes et princes d'icelle: l'établissement du Royaume, mutation de ce tiltre en Duché, continué jusques au temps de Madame Anne dernière Duchesse, & depuis Royne de France, par le mariage de laquelle passa le Duché en la maison de France, Jacques du Puys, 1588
↑ a et bMichel Priziac, Michel Mohrt, Bretagne des saints et des croyances, Kidour, , p. 238
R.P Dom François Plaine, Vie inédite de Saint Goulven Évêque de Saint-Pol-de-Léon (550?-614?) Bulletin de la Société archéologique du Finistère Tome XVIII pages 24 à 33.
Arthur de La Borderie, Texte de la vie latine ancienne et inédite de Saint Goulven avec notes et commentaire historique Société d'Émulation des Côtes du Nord Mémoires de l'année 1891 pages 214 à 250.
Le Breton H., Un vieux saint breton : saint Goulven ou Golven, évêque de Léon, Rennes, 1933.
Bourges A.-Y., Guillaume Le Breton et l'hagiographie bretonne aux XIIeXIIIe siècles, Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, t. 102, no 1, (1995), p. 35 45.