Grand Prix automobile de Monaco 1950Grand Prix de Monaco 1950
Le Grand Prix automobile de Monaco 1950 (XIe Grand Prix automobile de Monaco), disputé le sur le circuit de Monaco, est la deuxième épreuve du championnat 1950. Il s'agit de la première édition du Grand Prix de Monaco comptant pour le championnat du monde de Formule 1. Contexte avant le Grand PrixLe championnat du mondeDeuxième manche du championnat du monde, Monaco se dispute seulement huit jours après la course inaugurale de Silverstone dominée par les Alfa Romeo. Avec neuf points, Giuseppe Farina est en tête du classement provisoire devant Luigi Fagioli (six points). Moins chanceux en Grande Bretagne (abandon en fin de course), leur coéquipier Juan Manuel Fangio se présente ici avec un score vierge. Le circuitUtilisé depuis 1929, ce circuit est tracé dans les rues de Monte-Carlo. Il se révèle très sinueux, difficile et "piégeux", bordé de trottoirs ou de murs sur toute sa longueur. Il se caractérise également par un passage sous tunnel, avant de longer le port. Inchangé depuis la guerre, il développe 3,18 km. Le record du tour en course est toujours la propriété de Rudolf Caracciola et de sa Mercedes (1 min 46 s 5 soit 107,493 km/h de moyenne lors de l'édition de 1937)[1]. Monoplaces en lice
Trois "Alfetta" identiques à celles de Silverstone (350 chevaux pour 700 kg à vide) sont engagées pour les trois pilotes officiels (Farina, Fagioli et Fangio). Ce sont les favorites, bien que ce circuit très sinueux les avantage moins que les tracés rapides. Le très gourmand "8 cylindres" suralimenté les obligera à ravitailler une fois en course.
Les Ferrari font ici leur début en championnat. La nouvelle F1 à moteur atmosphérique n'est pas encore prête, l'usine engage deux 125 F1 à moteur V12 suralimenté (environ 315 chevaux[2]) pour Villoresi et Ascari. Un peu moins puissantes que les Alfa, elles ont néanmoins leur chance sur ce tracé particulier. Les voitures officielles seront appuyées par les deux 125 privées de Whitehead et Sommer.
L'usine engage deux 4CLT/48 (environ 260 chevaux), une pour le pilote local Louis Chiron, la deuxième pour l'Italien Franco Rol. De conception dépassée, elles ne peuvent rivaliser en vitesse pure avec les Alfa Romeo et Ferrari. Avec le renfort des écuries privées, elles ont toutefois l’avantage du nombre, on compte au total sept Maserati inscrites (six seulement seront présentes aux essais, la Scuderia Milano ayant déclaré forfait).
Amédée Gordini a amené trois monoplaces pour Robert Manzon, Maurice Trintignant et André Simon. Toutefois, ce dernier n'est pas inscrit, et malgré l'insistance du "sorcier", désireux de toucher une prime de départ supplémentaire, il ne pourra participer[3]. L'équipe débute en championnat mondial avec deux T15 à simple compresseur (environ 130 chevaux). Malgré leur faible puissance, elles peuvent espérer une place d'honneur sur ce circuit, car très légères (à peine plus de 500 kg[4]) et relativement sobres.
Une nouvelle fois, les Talbot sont les seules monoplaces à moteur atmosphérique. L'usine a engagé une seule voiture pour Yves Giraud-Cabantous, finalement forfait. La marque est tout de même présente avec Louis Rosier (version à double allumage de 275 chevaux), Philippe Étancelin et Johnny Claes (versions à simple allumage d'environ 240 chevaux)[5]. Également inscrites, les T26C privées de Charles Pozzi et Pierre Levegh ne participeront pas.
Bob Gerard et Cuth Harrison ont engagé leurs antiques ERA, très fiables, qui avaient terminé sixième et septième le week-end précédent à Silverstone.
Harry Schell a équipé sa Cooper de Formule 3 d'un bi-cylindre 1100 cm3. Second de la course de F3 sur cette même voiture (avec un moteur 500 cm3), il ne peut espérer un résultat tangible pour le Grand Prix. C'est cependant la première apparition en championnat du monde d’une monoplace à moteur central arrière. Coureurs inscritsQualificationsLes qualifications débutent le jeudi . La particularité est que la grille de départ sera formée à l'américaine : les positions des deux premières lignes seront déterminées lors de la première séance[9]. En l'absence des Ferrari d'usine, la première journée d'essais tourne à l'avantage des Alfa Romeo, Juan Manuel Fangio dominant outrageusement cette session : avec un meilleur tour en 1 min 50 s 2, il bat son coéquipier Giuseppe Farina de plus de deux secondes et demie et s'assure la pole position. La première ligne est complétée par la Maserati de José Froilán González, auteur d'un tour en 1 min 53 s 7, devant Philippe Étancelin sur Talbot et Luigi Fagioli sur la troisième Alfetta. La seconde session est moins disputée, les cinq premières positions au départ étant figées. L'intérêt est assuré par l'arrivée des Ferrari d'usine, pilotées par Luigi Villoresi et Alberto Ascari, qui s'assurent une place en troisième ligne. Les Simca-Gordini de Robert Manzon et Maurice Trintignant, également absentes la première journée, se qualifient honorablement en milieu de grille. Fagioli améliore nettement son temps du jeudi, avec 1 min 51 s 7 il réalise le deuxième temps absolu, pour l'honneur uniquement. À la fin de la séance, Alfredo Piàn heurte les bottes de paille devant l'Hôtel de Paris; éjecté de sa Maserati, il est relevé avec une jambe cassée[3].
Grille de départ du Grand Prix
Déroulement de la courseSur la durée de l'épreuve, les Alfa Romeo, les Ferrari et les Maserati devront ravitailler une fois. Le départ est donné à 14 h 30, par un temps ensoleillé mais relativement frais et avec un vent assez fort[11]. Juan Manuel Fangio prend rapidement la tête devant Luigi Villoresi, José Froilán González et Giuseppe Farina. Ce dernier prend la troisième place à l'entrée du tunnel et, pressé de rattraper les deux hommes de tête, aborde rapidement le virage du Bureau de Tabac. À cet endroit du port, le vent a projeté de l'écume sur la route. Si Fangio et Villoresi passent sans encombre, Farina, surpris, dérape, tape le mur et s'immobilise en obstruant une partie de la piste. González ne peut l'éviter mais continue tout de même malgré un réservoir fuyant. Arrive Luigi Fagioli qui parvient à s'arrêter mais, derrière, le reste du peloton s'encastre dans les deux Alfa qui bloquent le passage. Si quelques pilotes parviennent à s'extirper du chaos, neuf voitures sont éliminées avant même la fin du premier tour, dont Fagioli parvenu à regagner son stand mais avec une direction irréparable. Seul Franco Rol est blessé, bras cassé. En tête, ignorant tout de l'incident, Fangio et Villoresi sont séparés de quelques secondes. Lorsqu'ils abordent le Bureau de Tabac pour la seconde fois, la piste n'est pas encore totalement dégagée et des centaines de litres de carburant s'y sont répandus. Fangio fait alors preuve d'une extraordinaire science de la course : étonné que les visages des spectateurs ne soient pas tournés vers les voitures de tête, il ralentit suffisamment pour éviter le drame et se fraye lentement un passage[11]. Villoresi est moins heureux, contraint de s'arrêter il cale son moteur, perdant plus d'une minute[3] et repart à l'arrière du peloton qui, alerté par les commissaires, est passé tant bien que mal. Gonzalez, quant à lui, a abandonné au tout début du deuxième tour, sa Maserati ayant pris feu peu après la collision avec l'Alfa de Farina. Décapitée après seulement deux tours, la course n'est plus qu'une formalité pour Fangio qui, sur l'Alfa rescapée, remporte une écrasante victoire, avec un tour d'avance sur la Ferrari d'Ascari. Villoresi, après une très belle remontée l'ayant amené de la dernière à la seconde place, n'est pas récompensé de ses efforts car la transmission de sa Ferrari casse peu après la mi-course. Sur sa Maserati d'usine, le pilote local Louis Chiron termine troisième, à deux tours du vainqueur. Classements intermédiairesClassements intermédiaires des monoplaces aux premier, deuxième, dixième, vingtième-cinquième et cinquantième tours[12].
Classement de la course
Pole position et record du tourJuan Manuel Fangio signe à Monaco la première pole position de sa carrière, et la seconde d'Alfa Romeo, que ce soit en tant que constructeur ou en tant que motoriste[13]. Il signe par ailleurs le premier meilleur tour en course de sa carrière et le deuxième pour Alfa Romeo, en tant que constructeur et motoriste. Grâce à sa pole position, sa victoire, le meilleur tour en course, et ayant mené le Grand Prix de bout en bout il signe le premier hat trick et le premier grand chelem de sa carrière[13],[14],[15],[16],[17],[18].
Luigi Villoresi a également réalisé un temps de 1 min 51 s 0 en course, au trente-et-unième tour[12], mais n'ayant pas terminé l'épreuve il n'en est pas crédité (c'est une particularité du règlement de ce Grand Prix), et seul Fangio bénéficie du point du meilleur tour[4]. Tours en têteJuan Manuel Fangio, parti depuis la pole position, conserve la tête de la course jusqu'au drapeau à damier[19].
Classement général à l'issue de la course
StatistiquesLe Grand Prix de Monaco 1950 représente :
Lors de ce Grand Prix :
Notes et références
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