Le nouvel ensemble formé est le groupe EBRA, détenu à 51 % par le groupe Est républicain et à 49 % par le Crédit mutuel. C'est alors le premier groupe de presse quotidienne régionale avec 1,1 million d'exemplaires vendus par jour dans une zone s'étendant de l'Alsace aux portes de la Provence[2],[3].
Crédit Mutuel
En , le Crédit mutuel acquiert la société France Est, qui détient 18 % du capital du groupe Est républicain, qui lui-même détient 51 % du groupe EBRA. Le Crédit mutuel devient ainsi actionnaire majoritaire du groupe EBRA. Mais le groupe Hersant Média, actionnaire minoritaire du groupe Est républicain, demande l'annulation de cette prise de contrôle qui réduit sa part de 27 % à 17 %, le dépossédant de sa minorité de blocage. Le tribunal de commerce de Nancy lui donne raison le et la cour d'appel de Nancy confirme le jugement le [4].
En , le Crédit mutuel rachète à Gérard Lignac, actionnaire majoritaire du groupe Est républicain, ses 51 % du groupe EBRA et en devient ainsi l'actionnaire unique[5],[6]. Frantz Durupt, journaliste à Libération, affirme qu'après la prise de contrôle du groupe par le Crédit mutuel, « la règle pour les journalistes est de ne pas parler du Crédit mutuel... sauf évidemment s’il s’agit de promouvoir ses actions caritatives et les événements dont il est partenaire »[7].
En , la Banque fédérative du Crédit mutuel (BFCM) rachète les 29 % que détient le groupe Hersant Média dans le groupe Est républicain[8]. Déjà possesseur d'une part du capital, il détient ainsi 48 % du groupe Est républicain. Le mois suivant, il rachète les 43 % de parts du PDG Gérard Lignac et prend ainsi le contrôle du groupe qui se voit intégré dans le groupe EBRA. Les 10 % restants sont détenus par des petits porteurs. Le groupe EBRA devient ainsi le premier groupe de presse quotidienne régionale, devant le groupe SIPA - Ouest-France[9],[10]. Le , l'Autorité de la concurrence autorise la prise de contrôle du groupe Est républicain par le Crédit mutuel « sous réserve d'engagements » sur « la diversité des contenus, le maintien des rédactions en chef dédiées et la garantie de la diffusion des titres de PQR rachetés dans les zones » où ceux-ci sont en concurrence[11].
En , le groupe installe à Paris un Bureau d'informations générales (BIG) chargé de concevoir les pages nationales et internationales pour tous les quotidiens du groupe. La direction explique que cela permet de publier des articles impossibles à faire auparavant et d'avoir plus de poids pour obtenir des interviews de personnalités. Mais les rédacteurs des quotidiens dénoncent une uniformisation de la ligne éditoriale. De plus, la filiale informatique du Crédit mutuel, Euro Information, récupère toutes les activités informatiques des journaux. Elle met en place une base de données qui centralise les informations entrées par les journalistes et permet la revente d'articles[12].
En , Philippe Carli (ancien président de Siemens France et ex-DG du groupe Amaury) succède à Michel Lucas à la tête du groupe de presse après avoir été chargé de réaliser un audit de ses activités[14].
Le groupe ayant enregistré en 2018 une perte de plus de 113 millions d'euros[réf. nécessaire], annonce début le projet d'ouverture d'un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) qui concernerait 386 postes. En parallèle, le groupe envisage la création d'une seconde structure qui emploierait 284 salariés à Houdemont, sur le site de L'Est républicain[15]. La direction espère voir le projet se mettre en place le [16].
Le , EBRA rachète l'éditeur de presse en ligne Humanoid (qui détient notamment Numerama) pour une somme comprise entre 40 et 60 millions d'euros d'après Le Figaro[17].
Le groupe expérimente le recours à l'intelligence artificielle pour « relire et corriger » les articles avant de faire machine arrière en 2024[18],[19].
Le groupe EBRA est épinglé pour sa proximité avec des partenaires commerciaux[20],[21], comme pour son rôle de relais de la communication présidentielle[22].
Fin janvier 2025, Philippe Carli, le président du groupe EBRA, démissionne[23].
Difficultés liées à la restructuration
Le plan de restructuration lancé en 2018 entraîne, selon l'enquête du média Blast primée aux assises du journalisme, un grand nombre de difficultés[24]. Sur le plan éditorial, la méthode favorise l'obsession pour le fait-divers, les copiés-collés de communiqués de presse et la parution d'informations non vérifiées[25]. Le groupe de presse — le premier du pays en diffusion — est historiquement déficitaire et le plan de redressement fait passer les effectifs du groupe EBRA de 4 000 à 3 200 salariés en trois ans. Le turn-over ainsi que les arrêts de travail augmentent nettement, notamment au Républicain Lorrain, où un rapport du Syndicat national des journalistes évoque un « management par la peur »[26].
Aux Dernières Nouvelles d'Alsace, alors que la médecine du travail alerte sur la « détresse mentale » de salariés entre compression de personnel et violence managériale, trois suicides ont lieu en trois ans[27],[28],[29]. La méthode de Philippe Carli, consistant à numériser les titres, mutualiser des activités non éditoriales, et fermer des imprimeries est déployée dans un contexte de dialogue social empêché et entravé[30],[31],[32],[33].
Depuis , Crédit Mutuel Alliance Fédérale (à l'époque la fédération Crédit Mutuel Centre Est Europe) est l'actionnaire unique du groupe[5],[6].
Données financières
En 2007, le groupe réalise un chiffre d'affaires de 550 millions d'euros avec une dette de 380 millions d'euros[34]. Le chiffre d'affaires de 2022 est de 491 millions[35].
Siège
Le siège du groupe est situé au 4 rue Frédéric-Guillaume Raiffeisen 67000 Strasbourg.
Effectif
En 2019, le groupe projette la suppression de 386 emplois. D'après l'intersyndicale, « l’objectif est d’obtenir une baisse massive de la masse salariale, de faire des économies à grande échelle et de démembrer les titres[15]. » En 2023, l'effectif est de 3 500 personnes[35].
EBRA Éditions est la maison d’édition. Installée à Strasbourg elle regroupe plusieurs marques éditoriales La Nuée bleue, maison d’édition créée au sein des Dernières Nouvelles d'Alsace ; Le Livre chez vous, site d'e-commerce de livres ; les Éditions du Quotidien, maison d’édition créée par Le Républicain lorrain ; Les Éditions Coprur, créée au sein du Crédit Mutuel.
EBRA Events : organisateur d'événements.
EBRA Info : Agence d'informations générales, nationales et internationales des neuf journaux du Groupe EBRA.
EBRA Médias : 4 régies de proximité qui accompagnent les entreprises à travers des solutions de communication 360.
EBRA Studios : réalise des reportages et accompagne dans la réalisation de communication vidéo les entreprises ou institutions.
EBRA Services : une filiale spécialisée dans les activités de support pour les entités du Groupe EBRA.
EBRA Portage ; Distribution des journaux à domicile par des Vendeurs Colporteurs de Presse (VCP)
L'Est républicain détient également 50 % du Journal de la Haute-Marne au côté de la Haute-Marne Libérée Holding. Ce quotidien n'est cependant pas considéré comme faisant partie du groupe EBRA.
Anciens titres
Dans une logique de mutualisation des moyens, certains titres ont disparu :
Maison d'édition appartenant aux Dernières Nouvelles d'Alsace, elle fait partie depuis 2014 des Éditions du Quotidien, filiale du Crédit Mutuel regroupant plusieurs maisons d’édition comme les Éditions Coprur et les Éditions Serpenoise[44],[45].
Propriété du quotidien Le Progrès à 60 % depuis 2001, elle est vendue en 2010 à un groupe d'une dizaine d'entrepreneurs lyonnais emmené par le directeur général de la chaîne Jean-Pierre Vacher[47].
En 2013, le groupe EBRA vend chaque jour 997 046 exemplaires de ses neuf quotidiens régionaux : 222 854 pour Le Dauphiné libéré/Vaucluse matin, 200 474 pour L'Est républicain/Vosges Matin/Le Journal de la Haute-Marne, 161 025 pour Dernières Nouvelles d'Alsace, 118 055 pour Le Républicain lorrain, 109 217 pour Le Progrès, 91 254 pour L'Alsace, 52 950 pour Le Journal de Saône-et-Loire et 41 217 pour Le Bien public. Il comptabilise 4 293 000 lecteurs par jour, dont 1 000 000 pour Le Dauphiné libéré/Vaucluse matin, 828 000 pour Le Progrès, 783 000 pour L'Est républicain/Vosges Matin/Le Journal de la Haute-Marne, 549 000 pour Dernières Nouvelles d'Alsace, 470 000 pour Le Républicain lorrain, 271 000 pour L'Alsace, 225 000 pour Le Journal de Saône-et-Loire et 167 000 pour Le Bien public[49].
En 2015, le groupe vend chaque jour 970 245 exemplaires de ses neuf quotidiens régionaux : 209 307 pour Le Dauphiné libéré/Vaucluse matin, 184 410 pour Le Progrès, 148 813 pour Dernières Nouvelles d'Alsace, 125 319 pour L'Est républicain, 105 726 pour Le Républicain lorrain, 73 773 pour L'Alsace, 48 905 pour Le Journal de Saône-et-Loire, 37 154 pour Le Bien public et 36 838 pour Vosges Matin[50].
En , les neuf titres régionaux sont mis en distribution dans leur version numérique sur le kiosque EPresse[51].