La production industrielle de peignes est attestée depuis au moins le XVe siècle : des peignes en buis étaient alors exportés vers les Flandres et la Suisse (et sans doute ailleurs)[1]. L'utilisation de la corne naturelle se généralise par la suite.
Essor industriel
De nombreuses fabriques de peigne s'installent au XIXe siècle dans d'anciens moulins jusqu'alors utilisés pour produire des bijoux en jais, première activité industrielle du pays d'Olmes[2].
Le développement de cette industrie s'appuie grandement sur la force hydraulique assurée par les cours d'eau du pays d'Olmes ; la fabrication ne recourt que modérément aux ressources fossiles[3].
Au début du XXe siècle, des artisans et ouvriers s'associent pour créer de nouvelles entreprises coopératives, au succès aléatoire[4].
Concurrencée par la généralisation du plastique, notamment dans la région d'Oyonnax, la corne perd du terrain, et plusieurs entreprises ferment leurs portes.
Dans les années 2010, une autre entreprise de fabrication lance sa production à Laroque-d'Olmes, avant de déménager en Dordogne[5],[6].
Activité économique contemporaine
En 2025, seule une entreprise poursuit la fabrication des peignes en corne, celle de José Da Fonseca, établie à L'Aiguillon. Produisant de façon artisanale, avec un unique employé, cet atelier vend localement, mais aussi et surtout en alimentant des entreprises comme Barb'art, spécialiste des cosmétiques et accessoires de soin et beauté pour homme[7].
Fabrication
Plusieurs étapes sont nécessaires pour concevoir les peignes[8]. Les principales sont les suivantes :
triage et sciage de la corne ; seule la partie médiane est conservée ;
biscayage : découpage courbe de la corne de forme conique après chauffage
aplatissage, manuel ou dans des presses hydrauliques ;
marquage : façonnage dessiné à l'aide d'un patron, d'un gabarit ;
façonnage (forme dégrossie et découpée), puis dentage (manuel ou avec une estadeuse, machine spécifiquement consacrée à cette tâche)
Le Musée du textile et du peigne en corne de Lavelanet, mis en place par des bénévoles, anciens industriels, passionnés d'histoire et parents d'artisans à partir des années 1980, valorise l'histoire de cette industrie. La valorisation de l'histoire et du patrimoine bâti et immatériel du peigne en corne est également portée par le Pays d'art et d'histoire des Pyrénées cathares[4],[10]. Une opération d'inventaire, conduite par le Pays d'art et d'histoire et lancée en 2017, permet de recenser le bâti lié à l'histoire du peigne[11].
Références
↑Bruno Evans, « Longévité et encastrement des entreprises familiales du Sud-Ouest de la France », communication au séminaire international « Les entreprises familiales : mode de gouvernance et stratégies de développement », Université Abderrahmane Mira-Bejaia, Bejaia (Algérie), 16-17 octobre 2023.
↑Bruno Evans, « Du jais au peigne : culture technique, esprit d’entreprise et industrie en Pays d’Olmes », Archives ariégeoises, no 1, , p. 159-186.
↑Bruno Evans, « L’énergie hydraulique... et le développement d’un territoire industriel », dans François Jarrige, Alexis Vrignon, Face à la puissance. Une histoire des énergies alternatives à l’âge industriel, Paris, La Découverte, (lire en ligne), p. 400.
Hugues Robert, « Une industrie en péril : le peigne en corne », L'Ariégeois, no 8, , p. 5-14
Bruno Evans, « Du jais au peigne : culture technique, esprit d'entreprise et industrie en Pays d'Olmes », Archives ariégeoises, no 1, , p. 159-186
Bruno Evans, « Les connexions matérielles entre l'Amérique latine et le territoire industriel du jais et du peigne en Pays d'Olmes, milieu XIXe siècle-années 1930 », dans Daniel Emilio Rojas, Amérique latine globale. Histoire connectée, globale et internationale, Paris, L'Harmattan, , p. 123-148.
Bruno Evans, « Comment se faire connaître quand son siège social est situé à La-Bastide-sur-l’Hers au pied des Pyrénées ? L’entreprise Bez Père & Fils et la communication au XIXe siècle », in Boulat Régis et Heyberger Laurent, Communication et entreprises (XVIIIe siècle-XXIe siècles), Belfort-Montbéliard, Presses universitaires de l’université de technologie de Belfort-Montbéliard, 2022, p. 111-130.
Bruno Evans,« Comment usait-on du vrai et du faux dans les appellations des articles de Paris ? L'exemple des bijoux en jais et des peignes du Pays d'Olmes », in Cahiers de Framespa, n° 35, « Le vrai et le faux. Élaborations et déconstructions », dossier coordonné par Lebeau Élodie, Machabert Coralie et Toussaint Évelyne, 2020.