Jean de TinanJean de Tinan
Portrait par Henry Bataille paru dans la Revue Blanche du 1er décembre 1898.
Jean Le Barbier de Tinan, dit Jean de Tinan, né à Paris (7e) le [1] et mort dans la même ville et le même arrondissement le [2], est un romancier et chroniqueur français. BiographieFils d'Eugène Jean-Marie Théodose Le Barbier de Tinan (dit Maurice, 1842-1919) et de Valentine Derval (1851-1921)[3], il grandit à l’écart de ses parents, élevé par sa grand-mère et sa tante, non loin de l’abbaye de Jumièges, où sa famille possède des biens[4]. Il emménage à Paris en 1895 après avoir obtenu un diplôme de l'école d'agronomie de Montpellier[5], étant au départ partagé entre l'amour des sciences exactes et la littérature : au Quartier latin, il devient l'ami intime de Pierre Louÿs et d'André Lebey, se lie aussi à Paul Valéry et André Gide. Situés non loin du jardin du Luxembourg, leurs cafés préférés sont le D'Harcourt et la Taverne du Panthéon, ainsi que chez Vachette, au 27 boulevard Saint-Michel[4]. Il est le prête-plume de Willy pour deux de ses romans. Il tient entre autres la rubrique des « sciences biologiques » dans le Mercure de France[4], qui est l'un de ses éditeurs. Il écrit aussi pour la Revue blanche et Le Centaure. L'un de ses « cocktails » préférés était le mélange d'éther et de curaçao, qu'il absorbait en réalité pour lutter contre la douleur et se donner du tonus[4]. En effet, malade du cœur depuis l'enfance, à l'automne 1898, il est paralysé après une attaque et meurt quelque temps plus tard d'une crise cardiaque le ; il est enterré au cimetière du Père Lachaise, dans le caveau d’Antoine Merlin de Thionville, un de ses arrière-grands-pères[6]. Il est une figure caractéristique de la Belle Époque[7] et un représentant de l'esthétique du décadentisme. Vie sentimentaleDurant sa courte vie d'adulte, Jean de Tinan a de nombreuses liaisons amoureuses. Il a une liaison avec Irmine Gertrude Louise Boex, surnommée « Minnie », qui est la première fille de J.-H. Rosny aîné : elle a à peine 15 ans[8]. Cette expérience inspire à l'auteur un roman, Aimienne ou le détournement de mineure, publié à titre posthume en 1899 par le Mercure de France. À propos de cette histoire, Edmond de Goncourt note dans son Journal : « Paul Margueritte me parle d'un dîner avec Rosny, qu'il a trouvé bien acerbe et qui continue à lui faire légèrement peur. Et comme on dit qu'il ne doit pas être commode dans son intérieur, Victor Margueritte raconte que sa fille aînée, qui a une quinzaine d'années, s'est enfuie de chez lui et s'est engagée comme fille de brasserie au café Harcourt et là, s'est laissé emmener dans la chambre de Jean de Tinan, un jeune poète, qui, lorsqu'il a appris qu'elle était la fille de Rosny, a été trouver le père, qui lui aurait dit qu'il avait un rendez-vous pour le moment et n'aurait été la rechercher que le lendemain... Mais le surlendemain, elle était pendue à la sonnette du poète[9]. » Toujours à propos de cette liaison, dans les notes du Journal de J.-H. Rosny aîné[10], Jean-Michel Pottier précise : « Dans sa biographie de Jean de Tinan, Jean-Paul Goujon rappelle les faits en publiant un fac-similé d'une lettre écrite par Minnie qui ne laisse pas de doute sur l'authenticité de cette liaison. » Irmine Boex est la mère de Robert Borel-Rosny qui collabore avec sa femme Raymonde sous le nom R. & R. Borel-Rosny. Jean de Tinan fut également, durant sa vie, amoureux éperdu de Marie de Régnier, qui avait été la maîtresse de son meilleur ami, Pierre Louÿs[4]. Commentaires et critiquesStéphane Mallarmé parla du roman de Jean de Tinan, Penses-tu réussir !, comme d'une version moderne de L'Éducation sentimentale de Gustave Flaubert[3]. Paul Léautaud, un des amis de Tinan, le mentionne à trente-huit reprises dans son Journal littéraire, à deux reprises dans son récit autobiographique Le Petit Ami et aussi dans Le Théâtre de Maurice Boissard (XXe chronique, datée du ). Dans son Journal littéraire en date du , Léautaud écrit qu'Alfred Vallette lui a dit : « si on mettait de l’argent sur les écrivains comme on en met sur les chevaux, j’en mettrais sur Tinan ». Publications
Bibliographie
Adaptation cinématographiqueEn 2002, son roman Penses-tu réussir ! a été adapté au cinéma par Jean-Paul Civeyrac sous le titre Le Doux Amour des hommes[11]. Notes et références
Voir aussiLiens externes
|