Il relate les derniers jours de la vie de Jésus de Nazareth tels que rapportés par le Nouveau Testament, de l'entrée à Jérusalem à la Crucifixion, en mettant en avant les relations interpersonnelles des personnages principaux, en particulier Jésus, Judas et Marie-Madeleine, relations qui ne sont pas décrites en profondeur dans les Évangiles.
Historique
Ne réussissant pas à trouver les financements pour une production scénique, Andrew Lloyd Webber et Tim Rice décident de sortir leur création sous forme de double album 33 tours.
Le parolier Tim Rice a déclaré s'être inspiré également de la chanson de Bob DylanWith God on Our Side[1]. Herod's Song est une réécriture lyrique de Try It and See, écrite initialement par Lloyd Webber et Rice pour le concours Eurovision de la chanson 1969 mais non retenue. Créée par Lulu, elle a été réenregistrée et sortie en single par Rita Pavone. Elle avait également été utilisée, sous le titre These Saladin Days, pour un projet de comédie musicale basée sur Richard Cœur de Lion, Come Back Richard Your Country Needs You initié en 1969 mais abandonné.
I Don't Know How to Love Him résulte également d'une collaboration antérieure entre Andrew Lloyd Webber et Tim Rice intitulée Kansas Morning (1968)[2].
Enregistrement
Pour l'enregistrement, Lloyd Webber et Rice réunissent des artistes venant à la fois du théâtre musical et de la scène rock britannique. Murray Head venait de quitter la production du West End de Hair et Ian Gillan venait juste de rejoindre le groupe rock Deep Purple. Bon nombre des musiciens principaux – les guitaristes Neil Hubbard et Henry McCullough, le bassiste Alan Spenner et le batteur Bruce Rowland – venaient du groupe de Joe Cocker, The Grease Band. Le saxophoniste Chris Mercer avait également joué aux côtés de Hubbard avec le groupe Juicy Lucy.
La chanteuse américaine Yvonne Elliman, qui interprète Marie Madeleine, est la seule à figurer à la fois sur l'album et dans les versions scénique et cinématographique.
Distribution
Source : Jesus Christ Superstar Zone
Jesus Christ Superstar Zone [3]
Trial Before Pilate (Including the Thirty-Nine Lashes) – 5:13
Superstar – 4:16
The Crucifixion – 4:04
John Nineteen: Forty-One – 2:10
Réception
Le premier single, constitué de la chanson-titre (Superstar) et de l'instrumental John 19:41, sort en novembre 1969[4]. Le double album paraît quant à lui le 16 octobre 1970 au Royaume-Uni[5], sous pochette gatefold souple conçue par Robert Stace avec un livret de 12 pages[6], puis le 27 octobre aux États-Unis[7],[8], dans un coffret souple de couleur brune (The Brown Album) conçue par Ernie Cefalu[9] et contenant les deux disques vinyle et un livret de 28 pages[10].
Interdit de diffusion sur la BBC au motif que l’œuvre est « sacrilège »[11], il n'en domine pas moins le palmarès américain Billboard Top LP dès février 1971[12] et se classe numéro un dans le palmarès de fin d'année devant le succès de Carole King, Tapestry[13].
En 1983, l'album s'est vendu à plus de sept millions d'exemplaires dans le monde[14].
Devant l'immense succès remporté par l'album aux États-Unis, la version scénique peut enfin voir le jour. Une version de concert est donnée en juillet 1971 à la Pennsylvania's Civic Arena de Pittsburgh avec Jeff Fenholt (Jésus), Carl Anderson (Judas) et Yvonne Elliman (Marie Madeleine), suivie de nombreuses versions « non-autorisées ».
La première officielle a lieu au Mark Hellinger Theatre de Broadway le avec Jeff Fenholt (Jésus), Ben Vereen (Judas), Bob Bingham (Caïphe), Phil Jethro (Anne), Dennis Buckley (Simon), Michael Jason (Pierre) et Paul Ainsley (Hérode) dans une mise en scène de Tom O'Horgan[1]. Yvonne Elliman (Marie Madeleine) et Barry Dennen (Pilate) retrouvent leur rôles créés au disque. Carl Anderson remplace Ben Verren en alternance. Le spectacle se joue jusqu'au , totalisant 711 représentations.
Rôles principaux
Jésus Christ, baryténor (la1–la3, falsettosol4) : surnommé le « Fils de Dieu » et le « Roi des Juifs »
Judas Iscariote, ténor (si1–la3, falsetto mi4) : un des douze apôtres de Jésus
Marie Madeleine, mezzo-soprano (fa2–mi4) : suivante de Jésus
Ponce Pilate, baryténor (la1–si3) : gouverneur romain de Judée
Caïphe, basse (do1–fa3) : grand-prêtre ennemi de Jésus
Le spectacle reçoit des critiques partagées. Si le choix d'un Afro-américain pour le rôle de Judas est salué, Clive Barnes dans le New York Times estime que « la principale déception ne vient pas de la musique mais de la conception »[18].
L'œuvre est condamnée par différents groupes religieux, certains Chrétiens l'estimant blasphématoire car présentant le personnage de Judas sous un jour trop sympathique et ses critiques de Jésus trop offensantes[19].
Tim Rice assume dans un entretien à Time avoir « essayé de raconter l'histoire d'un Christ humain, ce qui contribue à accroître son image », ne le considérant « pas comme Dieu mais comme le bon homme au bon moment et au bon endroit »[20].
L'impasse faite sur la Résurrection lui vaut aussi les mêmes critiques qu'à la comédie musicale Godspell, créée l'année précédente.
Certains Juifs de leur côté affirment que le livret renforce le mythe d'un peuple déicide en présentant majoritairement des méchants Juifs (Caïphe, Anne, Hérode) et une foule agressive appelant à la Crucifixion de Jésus [21].
Jesus Christ Superstar fait ses débuts au Palace Theatre de Londres en 1972 avec Paul Nicholas (Jésus), Stephen Tate (Judas) et Dana Gillespie (Marie Madeleine) dans une mise en scène de Jim Sharman. Elle se joue durant huit ans, devenant à l'époque le spectacle musical le plus long du Royaume-Uni. Le compositeur Dmitri Chostakovitch assiste à une représentation peu de temps avant sa mort et loue le mélange entre formation rock et orchestre symphonique[24].
Paris, 1972
La version française est créée le 19 avril 1972 au théâtre de Chaillot dans une adaption de Pierre Delanoë et une mise en scène de Victor Spinetti, avec Daniel Beretta (Jésus) et Anne-Marie David (Marie Madeleine). Relativement mal accueillie, le public français n'étant pas encore familiarisé avec le concept d'opéra-rock (La Révolution française, premier opéra-rock français sera créée l'année suivante), la production s'arrête au bout de 30 représentations.
Jesus Christ Superstar est créé en Suède le 18 février 1972, en Australie au Capitol Theatre de Sydney en mai 1972[26], en Yougoslavie à Belgrade en juin 1972 dans une adaptation de Jovan Ćirilov[27] et en Irlande au Gaiety Theatre de Dublin en 1973[28]. La première production en espagnol a lieu en 1974 au Mexique sous le titre Jesucristo Super Estrella, puis l'année suivante en Espagne sous le titre Jesucristo Superstar[29].
Une deuxième adaptation réalisée par Gale Edwards et Nick Morris sort en vidéo en octobre 2000 au Royaume-Uni avec Glenn Carter (Jésus), Jérôme Pradon (Judas), Renée Castle (Marie Madeleine) et Rik Mayall (Hérode), avant d'être diffusé sur le chaîne américaine PBS en avril 2001[30].
Le 1er avril 2018, NBC diffuse une version de concert live avec John Legend (Jésus), Brandon Victor Dixon (Judas), Sara Bareilles (Marie Madeleine), Alice Cooper (Hérode), Norm Lewis (Caïphe), Ben Daniels (Pilate), Jin Ha (Annas), Erik Grönwall (Simon) et Jason Tam (Pierre)[31].
↑(en) Michael Walsh, Andrew Lloyd Webber: His Life and Works, New York, Harry N. Abrams Inc., (ISBN0810912759), p. 14 :
« The hit love song from Superstar was a pop number Lloyd Webber and Rice had written earlier and sold to a publisher; its rights were bought back by David Land, then Lloyd Webber and Rice’s manager, and it got a new set of lyrics. Thus the pedestrian Kansas Morning became the soaring I Don’t Know How to Love Him. »
↑(en) Michael Walsh, Andrew Lloyd Webber: His Life and Works, op. cit., p. 71.
↑(en) Ellis Nassour, Richard Broderick, Rock Opera: The Creation of Jesus Christ Superstar from Record Album to Broadway Show and Motion Picture, Hawthorn Books, , p. 100 :
« The Broadway opening was set for October 27, to coincide with the initial release of the album in the United States on that date a year before. »
↑(en) « 1971 Year-end Albums—The Billboard Pop Albums », Billboard, (lire en ligne).
↑(en) Ed Ochs, « Geffen Sizzles While Biz Drizzles: Broadway is Next Stage for Pop's Top Composers », Billboard, vol. 95, no 4, , B-4 (ISSN0006-2510, lire en ligne).
↑« We are basically trying to tell the story of Christ as a man. I think he increases in stature by looking at him as a man. […] It happens that we don't see Christ as God but simply the right man at the right time at the right place. »Time Magazine, 9 novembre 1970.