Joe Sacco, né le sur l'île de Malte, est un auteur de bande dessinée et journaliste américano-maltais, travaillant aux États-Unis. Il est considéré comme un précurseur de la bande dessinée documentaire.
Peu après sa naissance () à Malte, sa famille émigre en Australie, puis part s'installer à Los Angeles alors qu'il a douze ans. Il fait une licence de journalisme à l'université de l'Oregon. N'ayant étudié ni l'art ni la bande dessinée[1], il s'y intéresse pourtant et envoie quelques pages au magazine Raw. Pendant plusieurs années, il porte un travail consacré à la guerre du Viêt Nam, qui n'aboutira jamais. Dans How I Loved the War, il analyse ses sentiments de téléspectateur face à la guerre du Golfe.
En 1992, il fait un voyage de plusieurs mois en Palestine et en Israël afin de mieux se rendre compte d'un conflit qu'il juge « atroce » et « injuste » et traité de façon trop partisane par ses collègues journalistes aux États-Unis. Il en tire une série de bandes dessinées, éditées en français en deux albums : Palestine : Une nation occupée (1993) et Palestine : Dans la bande de Gaza, regroupés ultérieurement, en deux tomes, sous le titre de Palestine. Cette œuvre étonnante l'a fait reconnaître comme le père de la BD-reportage consistant à réaliser un reportage journalistique sous forme de bandes dessinées. Sa rigueur professionnelle lui vaudra la reconnaissance et l'admiration des journalistes, plus encore que celle des bédéphiles. Pour Palestine, il reçoit notamment le American Book Award en 1996. En 1995, Sacco part pour l'ex-Yougoslavie, notamment en Bosnie-Herzégovine à Sarajevo. De cette expérience, il tirera Soba, The Fixer : une histoire de Sarajevo et Gorazde (deux tomes).
En 2010, la revue américaine Virginia Quarterly Review, le magazine français Courrier international et le journal britannique The Guardian publient une bande dessinée inédite de Joe Sacco, Les Indésirables (The Unwanted, titre anglais)[2]. Joe Sacco est retourné à Malte, son île d'origine, et a enquêté sur l'arrivée massive de migrants africains : il rencontre ces migrants mais aussi des habitants de l'île, assez hostiles aux migrants, des humanitaires et des hommes politiques locaux.
En 2020 paraît Payer la terre, des reportages sur le Nord-Ouest canadien le long du fleuve Mackenzie sur l'histoire des Dénés, de leur spoliation à l'exploitation du pétrole et du gaz de schiste brut, sur fond de « crise identitaire »[3].
L'œuvre de Joe Sacco évoque le parcours des « journalistes-aventuriers du début du XXe siècle »[4].
Son œuvre Palestine connaît un regain d'intérêt dans le contexte de la guerre Israël-Hamas[5].
En 2024 parait Guerre à Gaza, pour la première fois une réaction à chaud de Joe Sacco sur un conflit[6], plus qu'une BD-reportage.
Joe Sacco est vu comme une référence dans le genre de la bande dessinée documentaire, appelée aussi bande dessinée de reportage[7],[8],[9]. D'après Jean-Christophe Ogier, Joe Sacco est « le pape du genre » de la bande dessinée du réel au sens de « bande dessinée d'actualité et de reportage[10] ». Dans Le Monde des Livres[11], le critique Philippe Périn décrit Sacco comme « précurseur et figure emblématique [du BD-journalisme] ». Dans Le Figaro en 2014, l'artiste est décrit comme « l'une des plus grandes plumes mondiale du reportage graphique. Précurseur et plus grand représentant de ce nouveau genre qu'est le reportage graphique, il allie avec brio ses deux passions: le journalisme et le dessin »[12].
Expositions
En été 2014, à la suite de la publication de La Grande Guerre, Joe Sacco élabore une fresque de 130 mètres sur la Première Guerre mondiale à la station Montparnasse[12],[13]. En 2016, le mémorial de la bataille de la Somme à Thiepval inaugure un nouvel espace pour le musée et y expose une fresque de 60 mètres, dessinée par Joe Sacco et tirée de son livre Le premier jour de la bataille de la Somme[14],[15],[16].
But I like it - Le rock et moi, version augmentée de Le Rock et moi, Futuropolis, 2018 (ISBN978-2-7548-2521-4).
Payer la terre, sous-titré À la rencontre des premières nations des Territoires du Nord-Ouest canadien, XXI / Futuropolis, 2020 (ISBN978-2-7548-1855-1).
↑Clara Dupont-Monod, « Ils traitent de l'actualité, ils s'engagent, ils vont où les autres ne vont pas...Et si les auteurs de BD étaient les nouveaux journalistes ? », Marianne,
↑Daniel Muraz, « Joe Sacco à Thiepval (Somme) : « Je fais un pas en arrière et je regarde l’humanité entière » », Le Courrier Picard,
↑AFP & Denis Charlet, « L'horreur de la bataille de la Somme dans un nouveau musée », Le Parisien, (lire en ligne)
↑Olivier Maltret, « Lignes de front », BoDoï, no 37, , p. 15.
↑Rédaction de Tout en BD, « GORAZDE », sur toutenbd.com,
↑Fabien Tillon, « Tes rock, sacocco ! », BoDoï, no 53, , p. 16.
Voir aussi
Bibliographie
(en) Corey K. Creekmur, « Sacco, Joe », dans M. Keith Booker (dir.), Encyclopedia of Comic Books and Graphic Novels, Santa Barbara, Grenwood, , xxii-xix-763 (ISBN9780313357466), p. 538-539.
(en) Kent Worcester, « Footnotes in Gaza », The Comics Journal, Seattle, Fantagraphics, no 301, , p. 451-455 (ISBN9781606992913).
(en) Daniel Worden, The Comics of Joe Sacco : Journalism in a Visual World, Jackson, University Press of Mississippi, , 272 p. (ISBN978-1-4968-0221-7).
Laurent Beauvallet, « Joe Sacco, emblème du dessin de reportage », Ouest-France, .
Jean-Christophe Ogier, « Le coup de chapeau Le Figaro-France-Info : Joe Sacco, le "BD-reporter" », Le Figaro, .
Joe Sacco (int.) et Thierry Wagner, « Le jour le plus long », Casemate, no 69, , p. 14.
Jean-Pierre Mercier et Joe Sacco, « Entretien avec Joe Sacco », Neuvième Art, no 7, , p. 56-60.
Paul Gravett (dir.), « Les années 2000 : Gorazde, de Joe Sacco », dans Les 1001 BD qu'il faut avoir lues dans sa vie, Flammarion, (ISBN2081277735), p. 726.