John Beasley Greene naît en 1832 à Ingouville[1], une ancienne commune rattachée au Havre, de parents américains mariés en 1823 au Havre[2]. Il a deux sœurs, nées en 1824 et 1826[3]. Sa mère, Marie Regina Dejoye, est née à Philadelphie. Son père, un banquier du nom de John Bulkley Greene né à Concord (New Hampshire)[4], dirige la filiale havraise de la banque Welles & Williams.
Grâce à l'aisance financière familiale dont il bénéficie, John B. Greene peut financer un premier voyage en Égypte de novembre 1853 à mai 1854[10], le long du Nil, jusqu’à la seconde cataracte[11]. Il en rapporte de nombreuses photographies et, en hommage à l'Académie des inscriptions et belles-lettres, en fait don de certaines, représentant des inscriptions hiéroglyphiques, à la bibliothèque de l'Institut de France[11]. Il est l'un des membres fondateurs de la Société française de photographie qui voit le jour le 15 novembre 1854[12],[13]. La même année, près d'une centaine de ses tirages sont publiés dans un album imprimé par Blanquart-Evrard, sous le titre Le Nil : monuments, paysages, explorations photographiques[8].
En 1855, il retourne en Égypte muni d'un firman l'autorisant à engager des fouilles au temple de Ramsès III à Thèbes. Il y dégage une petite chapelle et un tombeau datant de la XVIIIe dynastie, ainsi qu'un calendrier dont Champollion avait commencé à recopier les inscriptions hiéroglyphiques[14]. À son retour, il publie Fouilles exécutées à Thèbes dans l'année 1855. Il est récompensé à l'issue de l'Exposition universelle, qui s'est tenue à Paris du 15 mai au 15 novembre 1855 : tout comme Maxime Du Camp, il reçoit au titre de coopérateur une médaille de deuxième classe, dans la section « Photographie », pour ses photographies d’Égypte[15].
Il est en Algérie à la fin de l'année 1855 et au début de l'année 1856, et y photographie les campagnes de fouilles du tombeau de la Chrétienne dirigées par Adrien Berbrugger[16]. À la fin de l'année, il repart une troisième fois en Égypte pour poursuivre ses recherches, mais décède au Caire le [17], peu après son arrivée. Plusieurs sources contemporaines évoquent la tuberculose[Note 2]. La nouvelle de la mort à 24 ans de ce jeune savant prometteur est reprise dans la presse et déplorée[18],[19]. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise, division 45, avec son père[20],[Note 3].
Après sa mort, il tombe rapidement dans l'oubli et son travail n'est redécouvert que dans les années 1970[21].
Photographies
Vue de Louxor, Cleveland Museum of Art
Le Sphinx, Cleveland Museum of Art
Temple d'Horus à Edfou : sculptures et inscriptions sur la face orientale, 1854, National Gallery of Art
Tombeau de la Chrétienne, Algérie, janvier 1856,Getty Center
Constantine, Algérie, 1853-1854, Metropolitan Museum of Art
Fouilles exécutées à Thèbes dans l'année 1855, Firmin-Didot frères, 1855 (avec 8 planches de Théodule Charles Devéria)
Notes et références
Notes
↑Cette abréviation a parfois induit une confusion avec John Bulkley Greene, son père, à qui l'on crédite de manière erronée certaines de ses photographies.
↑Toutefois, dans la notice consacrée à Greene dans Encyclopedia of Nineteenth-Century Photography paru en 2013, Will Stap parle quant à lui « of an unidentified "cruel disease" (probably not tuberculosis) » [d'une "cruelle maladie" non identifiée (probablement pas la tuberculose)].
↑Ainsi qu'un enfant, peut-être un de ses neveux, prénommé Charles Gordon, né à Paris en 1854 et mort à Baden-Baden en 1865.
↑Actes de naissances no 84 du 11 février 1824 de Jeanne Marie Charlotte Zélie Green et no 71 du 4 février 1826 de Rebecca Sophie Charlotte Green, Le Havre, Archives départementales de Seine-Maritime
↑ a et bHélène Bocard, « L’époque des amateurs : 1839-1860 », dans Le Caire dessiné et photographié au XIXe siècle, Publications de l’Institut national d’histoire de l’art, coll. « Collection d'InVisu », (ISBN978-2-917902-80-6, lire en ligne), p. 157–182
↑« Liste des premiers fondateurs », [son nom est orthographié Greenn], sur Gallica, Bulletin de la Société française de photographie, tome premier, (consulté le ), p. 22
↑« Découvertes et nouvelles », sur Gallica, Revue archéologique. Première partie, avril à septembre 1855, (consulté le ), p. 251
↑Société héliographique, « Coopérateurs. Médaille de deuxième classe », sur Gallica, La Lumière : journal non politique... : beaux-arts, héliographie, sciences, (consulté le ), p. 198
↑Monique Dondin-Payre, « Les fouilles du tombeau de la Chrétienne au XIXe siècle » dans Comptes-rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2003, vol. 147
↑« Faits divers », sur Gallica, Journal des débats politiques et littéraires, (consulté le ) : « Nous recevons du Caire une bien triste nouvelle. Un jeune et savant égyptologue américain, dont nous annoncions l'année dernière à cette même place les découvertes et les fouilles dans la Haute-Égypte, M. John B. Greene, vient, presque à son arrivée au Caire, de succomber à une cruelle maladie. », p. 1
↑« Nécrologie », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, Journal des villes et des campagnes, (consulté le )
↑J. Rutgers Leroy, « Inscriptions on the Tombstones of Americans Buried in Père La Chaise Cemetery, Paris, France », The Pennsylvania Magazine of History and Biography, vol. 43, no 3, , p. 254 (ISSN0031-4587, lire en ligne, consulté le )
Signs and Wonders: The Photographs of John Beasley Greene, Munich, Prestel, 2018. Publié à l’occasion d’une exposition itinérante au San Francisco Museum of Modern Art du 31 août 2019 au 5 janvier 2020 et à l’Art Institute of Chicago du 8 février au 31 mai 2020.