Le jour du dépassement, ou jour du dépassement de la Terre (en anglais : Earth Overshoot Day ou EOD), correspond à la date de l’année, calculée par l'ONG américaine Global Footprint Network, à partir de laquelle l’humanité est supposée avoir consommé l’ensemble des ressources naturelles que la planète est capable de produire en un an pour régénérer ses consommations ou absorber les déchets produits, dont le dioxyde de carbone. Passé cette date, l’humanité puiserait donc dans ses ressources à une vitesse qui n'est pas de l'ordre du « renouvelable à échelle humaine », accumulant les déchets au-delà de leur absorption sur le reste de l'année en cours.
En 2024, l'ONG a estimé cette date au .
Le calcul du jour de dépassement est considéré comme un outil de communication simple à comprendre, mais fait l'objet de diverses critiques. Sa capacité à représenter la consommation des ressources de la planète est mise en cause, et il n'est pas considéré comme un outil suffisant à lui seul pour évaluer les politiques et les pratiques socio-environnementales.[référence?]
Il s'agit donc du rapport de la biocapacité sur l'empreinte écologique globale, ramené à une date de l'année[2], une date étant perçue comme plus marquante qu’un pourcentage.
De manière similaire peut être calculé le nombre de planètes Terre qui serait nécessaire pour subvenir à la consommation en ressources renouvelables de l'humanité en une année. En 2019, ce nombre est de 1,7 et l'extrapolation des données montre que le seuil de deux planètes Terre sera dépassé bien avant la fin de la première moitié du XXIe siècle.
En 2019, dans un article paru dans la revue Le Débat[3], Maxime De Blasi a caractérisé l'état de surpopulation mondiale se basant sur la date du jour du dépassement : à partir des projections de population et de PIB mondial à horizon 2050, il a évalué qu'il faudrait une réduction, soit de la population, soit du niveau de vie, dans un facteur 4 à 5 pour permettre à la planète de se régénérer annuellement. Il a ainsi évalué la population mondiale soutenable à entre 2 et 3 milliards d'habitants (hypothèse d'un doublement du produit intérieur brut mondial d'ici à 2050, ce qui correspond à la poursuite de la croissance de 3 %/an observée avant la pandémie de Covid-19).
Historique
Dates annoncées dans les médias
Chaque année, Global Footprint Network annonce la date du jour du dépassement selon la méthodologie et les données disponibles pour son étude. Cette méthodologie change régulièrement afin de prendre en compte de nouveaux éléments, rendant inadéquate la comparaison entre les années sur la seule base des archives médias.
En 2020, le jour du dépassement est atteint trois semaines plus tard qu'en 2019 ; ce retard est dû aux mesures de confinement adoptées pour contenir et faire reculer la pandémie de Covid-19 dans le monde[24]. En 2021, malgré un monde toujours perturbé par la pandémie de Covid-19, le jour du dépassement retrouve la date de 2019.
Selon la méthode de 2023
Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations contenues dans cette section proviennent du site overshootday.org.
Chaque année, la méthodologie est affinée et les données sont mises à jour. Cela conduit Global Footprint Network à faire une actualisation annuelle des dates pour les années précédentes[25], ce qui lui permet d'établir une comparaison entre les années.
Année
Date du dépassement
1970
1971
1972
1973
1974
1975
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
2024
1 août
Par pays
Cette section doit être actualisée.
Des passages de cette section sont obsolètes ou annoncent des événements désormais passés. Améliorez-la ou discutez-en.
Le jour du dépassement calculé par pays est le jour où le dépassement mondial se produirait si toute la population mondiale consommait comme la population du pays en question.
Pour la France
Selon le WWF (Fonds mondial pour la nature), il s'agissait en 2017 du pour la France (données de 2013)[26].
La branche française du WWF annonce le que le jour du dépassement français calculé par Global Footprint Network (GFN) tombe en 2018 le . Autrement dit, il faudrait 2,9 planètes Terre si toute l'humanité vivait comme les Français[27].
GFN a calculé qu'en 2023, le jour du dépassement était le en France[28].
Pour la Belgique
L'ONG Global Footprint Network a calculé qu'en 2023, le jour du dépassement était le en Belgique[28].
Pour le Canada
L'ONG Global Footprint Network a calculé qu'en 2023, le jour du dépassement était le au Canada[28].
Pour l'Espagne
L'ONG Global Footprint Network a calculé qu'en 2023, le jour du dépassement était le en Espagne[28].
Pour la Suisse
L'ONG Global Footprint Network a calculé qu'en 2023, le jour du dépassement était le en Suisse[28].
Critiques
Globalement l'outil est jugé être un très bon outil de communication, robuste et reproductible[29]. Mais, il reçoit aussi des fortes critiques[30]. Son calcul additionne divers éléments qui seraient sans rapport avec une surface ou une consommation de ressources et il utiliserait des facteurs multiplicatifs arbitraires[30],[31],[32].
Le concept de jour de dépassement a suscité diverses contestations : Fred Pearce(en), sur le New Scientist, estime que l'analyse de l'empreinte écologique sous-estime notre surutilisation des ressources de la planète[32]. Leo Hickman(en), du Guardian, reconnaît que « c’est une manière assez intelligente et succincte d’exprimer les problèmes combinés auxquels nous sommes confrontés », mais lui trouve plusieurs inconvénients, en particulier parce qu'il semble comparer des choux avec des carottes[31]. Pour l'auteur Michael Shellenberger du Breakthrough Institute(en) et ses collègues, la notion n'a aucun fondement scientifique[33] et serait un outil politique utilisé par les tenants de décroissance permettant de s'exonérer de recherches de solutions pour accroître la productivité des terres tout en culpabilisant les citoyens[34]. Cette critique est elle-même contestée, entre autres car, s'appuyant sur une vision mondiale, alors que l'échelle nationale et régionale est considérée par les auteurs et leurs sources, d'importance grandissante[35].
Il est reproché à l'outil de mêler les émissions de CO2, la production de viande sans distinction d'efficience, les surfaces agricoles sans distinction de rendement, de consommation en ressource ou autre, la production d'électricité, etc. ; de sur-évaluer l’énergie nucléaire dans le calcul de l'empreinte écologique ; de ne pas correspondre au concept qu'il prétend présenter ; de mal calculer les ressources consommées par l'homme et les ressources que la planète est capable de régénérer ; de manquer de transparence sur ses méthodes et sur les données choisies[30],[36],[37].
Il y a un accord, y compris de la part de ses concepteurs, pour considérer que l'outil est incomplet, et qu'il ne peut à lui seul refléter tous les enjeux économiques, sociaux et environnementaux[29]. Un des cas mis en avant pour expliquer cette incomplétude est celui des matériaux non renouvelables et des polluants non absorbables tels que le pétrole ou les métaux lourds[38].
L'un des principaux désaccords porte sur la place de l'empreinte CO2 dans le résultat global, pouvant représenter plus de la moitié de « l'addition » et pour plusieurs utilisateurs ou observateurs, un indice réduit à cette empreinte CO2 pourrait être suffisant[29],[33].
↑Albelle Di Napoli, « Mercredi 22 août, l'humanité a déjà épuisé son crédit annuel de ressources naturelles », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
↑ ab et cMichel David, Cécile Dormoy, Emmanuel Haye et Bruno Tregouet, Une expertise de l'empreinte écologique, COMMISSARIAT GÉNÉRAL AU DÉVELOPPEMENT DURABLE - SERVICE DE L'OBSERVATION ET DES STATISTIQUES. Orléans, coll. « Études et documents », (lire en ligne), p. 10.
↑(en) Florian Schaefer, Ute Luksch, Nancy Steinbach, Julio Cabeça et Jörg Hanauer, Ecological Footprint and Biocapacity : The world’s ability to regenerate resources and absorb waste in a limited time period, Office for Official Publications of the European Communities, , 11 p. (ISBN92-79-02943-6, lire en ligne).