L'Innocent (roman, 1892)
L'Innocent (L'Innocente) est le second roman de Gabriele D'Annunzio publié d'abord sous le nom de L'Intrus, en 1892. Il fait partie, avec L'Enfant de volupté (1889) et Triomphe de la mort (1894) de la trilogie I Romanzi della Rosa (Les romans de la rose). RésuméLe narrateur, Tullio Hermil, s'adresse aux lecteurs sous la forme d'une confession. Riche propriétaire terrien, il est marié à Juliane avec laquelle il a deux filles, Marie et Nathalie. Infidèle, il décrit l'affection qu'il porte à sa femme comme un amour fraternel et sans désir, la comparant à sa jeune sœur Constance, morte à l'âge de neuf ans. Il a une liaison avec Thérèse Raffo qu'il délaisse cependant quand Juliane, gravement malade, a besoin de lui à son chevet ; la maladie les rapproche et ils semblent s'aimer de nouveau. Toutefois, dès Juliane rétablie, il retourne à Florence auprès de Thérèse avant de mettre un terme à leur relation, n'y discernant pas un amour sincère. Quand Tullio est à nouveau avec Juliane, il s’aperçoit que celle-ci aurait eu une liaison avec Philippe Arborio, un écrivain à la mode, ayant découvert un billet à son nom. Juliane retombe malade, aussi la famille s'installe pour qu'elle recouvre une meilleure santé à Badiola, à la campagne, en compagnie de la mère et du frère de Tullio. Tullio tente de reconquérir le cœur de son épouse en la conviant à Villalilla, une propriété où ils avaient connu des jours heureux dans les premiers temps de leur mariage. Après s'être retrouvés et semblant s'aimer de nouveau, Juliane tombe subitement malade ; de retour à Badiola, la mère de Tullio avoue à son fils que Juliane est enceinte. Or, ce fils ne peut être le sien. Juliane songe à se tuer par honte du fruit de cet adultère mais la grossesse est finalement menée à son terme en dépit des angoisses et de la haine de Tullio vis à vis de l'enfant à naître. Après un accouchement douloureux, Juliane donne naissance à un fils en parfaite santé : Raymond. Le nourrisson est haï par Tullio qui commence à préméditer son meurtre alors qu'il reste au chevet de la jeune mère, encore souffrante. Le soir de Noël, lorsque tout le monde est à la messe, Tullio ouvre la fenêtre et expose Raymond à l'air glacé. L'enfant décède quelques jours plus tard. Il est enterré à côté de la sœur de Tullio. AnalyseLa thématique du livre scandalise la critique par son immoralité, son obscénité, sa perversion sadique[1]. Le roman a fait, dans les années ayant suivi sa publication, l'objet de plusieurs accusations de plagiat. Alors que la confession à la première personne de Tullio rapprocherait trop fortement L'Innocent des romans de Tolstoï et Dostoïevski[2], le meurtre de Raymond serait quant à lui identique au crime commis dans la nouvelle La Confession, écrite par Guy de Maupassant[3]. On parlerait aujourd'hui plus volontiers d'intertextualité que de plagiat[2]. Bien que Tullio Hermill apparaisse comme un surhomme, il incarne en réalité un anti-héros décadent, tributaire des frustrations de la classe aristocratique à la fin du XIXe siècle[4]. Il peut-être vu – à l'instar de ses autres protagonistes masculins – comme un alter ego de Gabriele D'Annunzio[5], qui partage avec son personnage un vécu commun. Alors qu'il y projette la période où il est tiraillé entre sa relation entre son épouse, Maria Hardouin (it), et sa maîtresse, Barbara Leoni[4], il compare cette dernière au personnage de Juliane par son aspect et ses goûts[5]. Publication françaiseTraduit en français par Georges Hérelle, le roman est d'abord publié sous le titre L'Intrus dans Le Temps à partir du 24 septembre 1892, puis paraît en volumes à partir de 1893 chez Calmann-Lévy[3]. Adaptations cinématographiquesLe roman a été pour la première fois adapté au cinéma en 1911 dans un film muet italien, L'innocente (it), réalisé par Edoardo Bencivenga (it). En 1976, le réalisateur italien Luchino Visconti porte lui aussi le roman à l'écran sous le titre L'Innocent, qui sera son dernier film. Les rôles principaux y sont interprétés par Giancarlo Giannini (Tullio), Laura Antonelli (Juliane), et Jennifer O'Neill (Thérèse). Le scénario est bien différent d'une adaptation stricte du texte de d'Annunzio et présente des modifications significatives dans le récit et les interactions entre les personnages[5]. Références
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