Comme tous les ans, à chaque rentrée des classes, les enfants de Longeverne se querellent avec ceux de Velrans. Cette année sera différente puisque Lebrac (André Treton) et ses camarades envisagent d'arracher les boutons et les bretelles de leurs ennemis afin de les faire rosser par leurs parents. Eux-mêmes vont combattre entièrement nus et garder les boutons arrachés à leurs ennemis comme trésor de guerre, dans une cabane.
À la fin du film, le père de l'Aztec des Gués (Jacques Dufilho) retrouve son tracteur démoli après qu’il a servi à détruire la cabane. Il envoie son fils en pensionnat. Le père de Lebrac (Jean Richard) prend lui aussi une décision similaire à la suite de la fugue de son fils : les deux meneurs sont envoyés dans la même pension.
Fiche technique
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Même si le roman La Guerre des boutons, déjà porté à l'écran par Jacques Daroy et Eugène Deslaw sous le titre La Guerre des gosses le [9], avait connu un certain succès[10], Yves Robert étant toujours amoureux de ce roman veut absolument le traiter avec la plus grande liberté possible envers l'auteur Louis Pergaud en aérant le texte[11] et signe alors en 1961 l’adaptation. Avec François Boyer, le réalisateur actualise l’histoire, alors que, dans l'œuvre littéraire, elle se déroule à la fin du XIXe siècle.
« Je crois que toute adaptation littéraire doit se libérer le plus possible de la lettre. Le roman est d'ailleurs différent du film. Dans celui-ci, nous avons établi une construction dramatique absente dans le livre. »
Le réalisateur présente son projet aux producteurs qui demeurent embarrassés devant son synopsis parce qu'il ne contient aucune vedette. Alors, avec sa femme Danièle Delorme qui sera productrice de ce film, il fonde en 1960 une maison de production, La Guéville, du nom d'une petite rivière, la Guéville, prenant sa source dans le parc du château de Rambouillet, à Saint-Hilarion où vit le couple.
Pour l'écriture du scénario, Yves Robert n'hésite pas à s'inspirer de son enfance à Pouancé et des rapports conflictuels que lui et ses camarades de l'école privée entretenaient alors avec les enfants de l'école communale[12],[13].
Attribution des rôles
Pour trouver les jeunes comédiens amateurs, le réalisateur photographie alors près d'un millier d'enfants d'une douzaine d'années dans différentes colonies de vacances et en prend une centaine[11], particulièrement les Saint-Hilarionais et les Gazeranais[14]. Parmi eux se trouvent les deux petits-enfants du célèbre photographe et peintreJacques-Henri Lartigue, François et le petit Martin n'ayant que neuf ans à cette époque.
Tournage
Tourné[Quoi ?] à la sablière de Saint-Arnoult-en-Yvelines, dans les carrières de Poyers (Orphin) et dans la campagne de Bailleau-Armenonville. Les scènes à Longeverne sont tournées à Armenonville-les-Gâtineaux (Eure-et-Loir) et celles de Velrans à Orphin (Yvelines). La scène finale est tournée au collège Adolphe-Chérioux de la rue Édouard Tremblay à Vitry-sur-Seine. La partie de pêche se déroule à l'étang de Guiperreux à Poigny-la-Forêt. Yves Robert profite également des abords de sa propriété le Moulin de la Gueville à Saint-Hilarion, aux Buttes Noires, pour filmer les scènes de sous-bois.
Orchestre sous la direction de René-Pierre Chouteau[16]
Accueil
Sorties
Une fois le film terminé, aucun distributeur français ne veut le prendre en charge. Le réalisateur se tourne alors vers les États-Unis : c'est la Warner qui accepte de financer la distribution — investissement que le succès commercial du film ne lui donne pas lieu de regretter[17]. Ce distributeur n'a pas de réseau en France. Le film entame sa carrière dans quatre salles parisiennes, Le Balzac, Le Helder, Le Vivienne et Le Scala[18]. Yves Robert se démène pour rester en deuxième semaine et le film décolle enfin. Vendredi [19], les affiches du film créées par Raymond Savignac sont dévoilées et de nombreuses salles de cinéma en France le projettent enfin. Les Français tombent sous le charme du Petit Gibus joué par Martin Lartigue. Le résultat se révèle un grand succès auprès du public avec près de neuf millions d'entrées dans les premières semaines. Il est très vite récompensé par le prix Jean-Vigo et aux Victoires du cinéma français dans la même année.
« J'ai gardé en mémoire le bruit des galoches cloutées qui résonnaient sur le chemin gelé d'école. J'ai fait mes humanités à la communale. Les bandes et les bagarres, je connais. La lutte des classes, la lutte pour la différence, la lutte pour une vieille et sombre histoire du passé. Il y a toujours eu ça, et il y a encore ça, pas seulement de village en village, mais de trottoir à trottoir… J'ai bien peur qu'aujourd'hui, dans certaines banlieues, la guerre des boutons soit plus violente. C'est peut-être là la vraie différence. Avec l'auteur de ce chef-d'œuvre sur l'enfance, Louis Pergaud, je me sens chez moi, je suis un des enfants de cette guerre et je crois bien que tout le monde s'y retrouve en voyant le film. Pour moi, La Guerre des boutons, c'est la République des enfants… »
Le film ne fait pas de carrière aux États-Unis à cause des scènes de nus qui choquent le puritanisme des Ligues de Vertu, mais il reste deux années à l'affiche d'un grand cinéma de Tokyo. Petit Gibus devient si célèbre au Japon qu'il a sa marque de chocolat et de sous-vêtements[21].
France-Soir (Robert Chazal) : fait avec tendresse, ce film fera plus qu'amuser, il touchera (…) à un monde dont nous avons tous la nostalgie (20/04/1962).
Le Monde (Jean de Baroncelli) : si vous êtes las de la noirceur et de la tristesse (…) allez faire un tour du côté de la Guerre des boutons. Je crois que vous ne le regretterez pas (26/04/1962).
Libération (Jeander) : un petit chef-d'œuvre et un grand film comique (25/04/1962).
Télérama (Paule Sengissen) : la Guerre des boutons est un film vif, gaillard, jamais vulgaire, d’une santé qui tranche totalement sur la plupart des films actuels (06/05/1962).
Aujourd'hui encore, sur les sites Internet consacrés au cinéma, l'engouement ne tarit pas :
Sur Allociné, il obtient une moyenne de 4,2⁄5 sur la base 5 critiques de la part de la presse[23] et il obtient une moyenne de 3,8⁄5 sur la base 154 critiques de la part des spectateurs[24].
Sur le site américain Internet Movie Database, il obtient un score de 7,4⁄10 sur la base de 2 334 critiques[25].
Et sur l'agrégateur américain Rotten Tomatoes le score d'audience est de 88 % de satisfaction[26].
Lors de sa première année d'exploitation en salles, La Guerre des boutons totalise 4 146 380 entrées, se hissant en tête du box-office annuel en 1962[28],[29], devant Ben Hur[Note 2] et Les Canons de Navarone[Note 3]. Le film engrange ainsi 11 777 142 francs en 1962[30]. L'année suivante, le long-métrage enregistre 1 825 515 entrées, pour un cumul de 5 971 895 entrées, se positionnant à la septième place du box-office annuel[31]. Lors de sa reprise en 1980, le film affiche 918 993 entrées, portant le cumul à 9 360 801 entrées depuis sa sortie initiale en 1962[32], ce qui le place parmi les plus grands succès français.
Distinctions
Entre 1962 et 2011, La Guerre des boutons (film, 1962) a été sélectionné 5 fois dans diverses catégories et a remporté 2 récompenses[33],[34].
De la page à l'image - Festival du film du Croisic 2011 : hors compétition pour Yves Robert[34].
Autour du film
La célèbre phrase du petit Gibus « Ah ben mon vieux, si j'aurais su, j'aurais pô v'nu ! » n'appartient pas au roman original. C’est en fait une reprise de la phrase « Si j’aurais su, j’aurais pas venu », figurant dans la rubrique « Une heure dix avec... » de L'Os à moelle (no 61, du vendredi ). Elle y fut prononcée par Jean-Baptiste Carpeaux, natif de Valenciennes et inventeur du buste équestre (du moins selon l’auteur, à savoir Pierre Dac ou un chansonnier de ses amis). Pour des raisons de droits d'auteur, elle n'est pas prononcée dans les remakes sortis en 2011. Cette même phrase était prononcée depuis 1953 par « Philibert », personnage de cancre inventé par Jacques Bodoin, qui en annonce son intention de faire un procès aux producteurs du film, arguant d'un préjudice[36].
Le co-scénariste François Boyer apparaît à l'écran dans le rôle du curé.
Devant la difficulté à financer le film, Yves Robert et son épouse Danièle Delorme fondent leur propre société de production : La Guéville. Dans une interview radiophonique à France Inter au cours des années 2000, Danièle Delorme dit que les seuls droits sur le film ont assuré les frais de fonctionnement de La Guéville depuis sa création.
Le , David Ramolet et l'association « Si J'Aurais Su » organisent le cinquantième anniversaire du tournage du film. Danièle Delorme ainsi que plus de trente acteurs du film, parmi lesquels André Treton/Lebrac, Martin Lartigue/Tigibus, François Lartigue/ Grand Gibus, Michel Isella-Ladoux/ L'Aztec, Marie Tintin/ Marie-Catherine Michonska-Faburel et Jean-Denis Robert, sont présents lors de cette manifestation qui déplace plus de quatre cents inconditionnels de La Guerre des boutons. La journée s'articule autour de promenades sur les lieux du tournage, d'un passage à Orphin/Velrans et d'animations et projection à Armenonville-les-Gatineaux/Longeverne. C'est dans ce village qu'est inauguré, ce jour-là, le jardin Yves-Robert.
Annexes
Bibliographie
Madeleine Garrigou-Lagrange, « La Guerre des boutons », Téléciné no 105, Paris, Fédération des Loisirs et Culture Cinématographique (FLECC), juin-, (ISSN0049-3287)