Ayant presque réussi, il se sépare de l'animal, non sans lui avoir promis de ne plus jamais « manger de veau ». Il se dissimule sous un train pour franchir la frontière germano-française.
Alors qu'il se retrouve à la gare de Lunéville, il prend la fuite devant deux policiers français, et saute dans un train qui, à son insu, est en partance pour l'Allemagne. Ce n'est que deux ans plus tard que cet héroïque anti-héros reviendra de captivité « comme tout le monde ».
Fiche technique
Titre original français : La Vache et le Prisonnier
Le trajet de Charles Bailly part vraisemblablement de Bavière (« on décidait de passer notre première nuit, sous ces beaux arbres, tout près du lac de Tegernsee, ou peut-être Würmsee ou Ammersee, je ne me souviens plus très bien. » (33-34 min)). Le lieu suivant explicitement mentionné est le Danube, sur lequel un pont a été détruit par des bombardements Alliés. Le prisonnier passe ensuite à Esslingen (« Esslingen était la seule ville qui fît partie de mon itinéraire » (90 min)), avant de rejoindre la gare de marchandises de Stuttgart, où il se cache dans un train qui transporte des caisses de munition en destination vers la France.
Une histoire quelque peu comparable se trouve dans le roman La perruche bleue de Jacques Antoine, pp.211-216: Mimile, "type parfait du titi parisien", prisonnier der guerre en Bavière, d'abord dans un stalag, puis chez un gros paysan, s'enfuit avec une vache qu'il baptise "Dorothée" vers la Suisse. Seul obstacle pour traverser la frontière: le manque de papiers vétérinaires pour la vache.
Lors du tournage du film, Fernandel est âgé de 56 ans, alors que les mobilisés en 1940 étaient âgés de 20 à 45 ans légalement. Mais au vu de son interprétation, le public ne portera pas attention à ce détail. Le général de Gaulle dira lui-même qu'en 1940, il avait bien plus que 45 ans, comme tant d'autres personnes qui participèrent au conflit.
Les rapports entre Henri Verneuil et Fernandel furent difficiles, les exigences de l'acteur exaspérant le réalisateur à ce point que ce dernier regretta de ne pas avoir confié le rôle à Bourvil[3].
Il s'agit du premier long métrage français qui a été colorisé et diffusé le sur TF1[4].
Après le tournage, la vache devait être rendue et envoyée à l'abattoir. Henri Verneuil s’y opposa farouchement et lui trouva un pré en Normandie où elle put finir sa vie tranquillement.
Ce film a directement inspiré le roman Le cheval et l'esclave, d'Alastair McBride, publié chez Librinova en 2021. Un roman qui transpose l'histoire de Charles Bailly dans le monde de l'esclavage aux Etats-Unis, une dizaine d'années avant la guerre de Sécession. Lorsqu'un esclave noir (John Coffey) tente de fuir la servitude, accompagné d'un cheval nommé Ulysse [5](clin d'œil à un autre film avec Fernandel : Heureux qui comme Ulysse, d'Henri Colpi, sorti en 1970).
↑Propos recueillis par Jérémie Couston, « Bertrand Tavernier : “Henri Verneuil était capable du meilleur comme du pire” », Télérama, (lire en ligne, consulté le ).