Les familles de la noblesse roumaine (en roumain: nobilimea română) sont celles jadis détentrices de la terre et de franchises spécifiques appelées jus valachicum, essentiellement issues des trois principautés où vivaient les populationsroumanophones : la principauté de Transylvanie (1111-1867), la principauté de Valachie (1330-1859) et la principauté de Moldavie (1359-1859). La noblesse roumaine ne ressemble pas aux aristocraties occidentales : il ne s'agissait initialement pas d'une noblesse titrée (exception faites pour les familles qui ont reçu, au fil de l’histoire, des titres de l’empereur du Saint-Empire, le roi de Pologne, le tsar de Russie). Les nobles roumains (en roumain nobilii români) étaient globalement désignés comme « boyards » (en roumain : boieri) et les plus anciens étaient, pour certains, issus des boilasbulgares, ou bien d'origine coumane comme la dynastie des Basarab ; à partir du XVIIe siècle s'y adjoignirent de nombreuses familles d'origine grecque, albanaise ou autre, indistinctement qualifiées de « phanariotes » parce que la plupart venaient du Phanar, quartier chrétien de Constantinople ; inversement, en Transylvanie la noblesse roumaine est progressivement devenue hongroise à l'exemple des Corvinides ou de la famille Nopcea, et en Moldavie elle est devenue russe comme une partie de la famille Movilă[1].
Histoire
Bien qu'il n'y ait pas eu de titres à proprement parler, la noblesse était très puissante les trois principautés : elle élisait les souverains, le plus souvent en son sein (voir liste des souverains de Moldavie, liste des souverains de Transylvanie et liste des souverains de Valachie). Les nobles possédaient d'énormes domaines et jouaient un rôle majeur dans le choix des alliances formées par les principautés. Les familles moins aisées et moins prestigieuses servaient dans les armées ou à la cour ; ils avaient de plus petites domaines. Au cours des siècles, plusieurs rangs de boyards se sont progressivement différenciés : seules les familles ayant obtenu des fonctions à la cour étaient considérées comme des « grands boyards » (roumain : boieri mari). Les autres étaient des petits boyards (boieri mici) voire des boyards pauvres (boieri legați cu tei, littéralement « boyards aux ceintures en écorce de tilleul »). Cette différenciation avait des causes généalogiques (accumulation ou au contraire morcellement des domaines au fil des générations), politiques (les perdants de tel ou tel groupe ou complot se voyaient confisquer leurs biens) ou religieuses (des boyards sans descendance léguaient leurs terres aux monastères, qui finirent au début du XIXe siècle par détenir autant de surface que la noblesse)[2].
D'origine Magyar, la famille Apafi descend de Bethlen, fils de Lőrinc et vivant au XIIe siècle, il eut deux fils : Péter, qui prit le nom de son père et fonda la famille Bethlen, et Olivér, dont les descendants (fils et petit-fils) donneront la famille Apafi[B 1].
D'origine Valaque, la famille Brâncoveanu était une famille de boyards de Valachie, descendant de Basarabești. Au XVIIe siècle, le représentant le plus important de la famille était Preda Brâncoveanu, un personnage proche et lié au voïvode Matei Basarab[A 2].
D'origine Valaque, la famille Cuza appartient à la classe noble traditionnelle des boyards, majoritaire dans les gouvernements locaux de Valachie et de Moldavie, gardant le contrôle de la terre. De mouvance libérale, fondée par Alexandre Cuza, et francophile[A 3].
D'origine Phanariote, la famille Soutzoest originaire d'Epire, le nom primitif de la famille parait avoir été celui de «Draco», et c'est par ce nom que les princes Soutzo ont toujours été désignés dans les Décrets Impériaux turcs. Ils régnèrent sur la Valachie[C 10].
D'origine Valaque, la famille Știrbei remonte au XVIe siècle, il existe certaines traces de l'existence de cette famille, déjà florissante à cette époque, et qui était étroitement liée à Buzeştii. Certains princes de cette famille ont régné sur la Valachie[A 6].
La famille Sturdza est une vieille famille valaque, descendant de Jon Vlad Tourzo, Hospodar de Transylvanie en 1432, duc d'Almassu et de Fagarassu. La famille est rentrée également au service de la famille impériale de Russie[C 11].
Famille installée en Moldavie, depuis l'époque de Basile le Loup au XVIIe siècle. En effet, comme la famille Cerchez, elle était originaire du Caucase, dont une partie est une région habitée par le peuple « Abazine ». En 1700, Vornicul Ilie Abază accompagna Dimitrie Cantemir en Russie, il entra dans l'armée de Pierre le Grand, comme beaucoup de Roumains à cette époque et accéda au grade de colonel. En 1710, Ion Abază, l'abbé de Tchernivtsi, accompagnait deux agents turcs qui enquêtaient sur le cas d'une violation du territoire moldave par les Russes, près du fleuve Prut; ce boyard est probablement un frère du précédent. La famille Abază étaient apparentés aux familles Sturdza, Moţoc et autres. On ne sait pas si Abază Siyavuş Pacha Ier, n'était pas de cette famille[A 7].
Ancienne famille datant du XIVe siècle, Luca Arbore, gouverneur du Neamtzu, est le fondateur de la famille. Son fils, Hatman Luca Arbore, le célèbre gardien de Suceava, célèbre boyard à la fin du XVe siècle et au début du XVIe siècle. Conseiller de confiance d'Étienne le Grand, il reste sous Bogdan et, à sa mort, il reste chef du pays pendant la minorité de Stefanita. Sous Petru Vodă Rareş on rencontre aussi, comme Hatman, Mihu Arbore, qui quitte ce prince en 1538, pour passer à son adversaire Ştefan V. Lăcustă, qu'il quitte également. En 1545, les boyards Gliga et Ion Arbore ont fui la Moldavie vers la Pologne avec deux religieuses. Ce boyard Gliga était le fils de Mihu Hatman. En 1628, il était mentionné comme tradition les anciennes fortunes de cette famille, qui s'étaient transmises de génération en génération[A 8].
Vieille famille dont les origines remontent à Ivan Asen Ier, Tsar des Valaques-Bulgares dans les Balkans, vers 1190. Cet Asan qui avec son frère Petre a rejeté la domination byzantine, était roumain même dans les montagnes des Carpates. Son fils Ion s'appelait Asan, du nom de son père et donc de toute la postérité régnant sur l'empire valaque-bulgare. connue sous le nom de dynastie Asan. Asan est tué en 1196, Pierre en 1197. Vient ensuite Ioniţă Asan (1197 - 1207) le célèbre conquérant de Baudoin de Flandre, et celui qui reçut le titre d'empereur, 1204. Viennent ensuite tour à tour : Ion Asan, Caliman et Mihail Asan ( - 1257), après quoi on n'entend plus parler de leurs descendants. Ils étaient alliés à la famille impériale des Comnènes. Les derniers descendants de la famille moldave Asan, qui ont ensuite déménagé en Valachie[A 10].
Famille originaire du village de Băbeni à Velcea, où elle apparaît à partir du XVIIe siècle. À travers des documents, on retrouve en 1635 l'un d'entre eux, à savoir Cernat de Băbeni ; et un peu plus tard en 1642 Iane, Seigneur de Băbeni. Un Velcul de Babeni vivait vers 1694, date à laquelle il est cité par une note. Au début du siècle dernier (1700) nous trouvons Tom vivant à Băbean; et en 1742 (id. Arh.) sur « Mihai logofetul, feciorul Tomei Băbean ». Cette année, que Michael a écrit les actes princiers de Michael Vv. Racoviţă. En même temps que lui se trouvait Stroe Băbeanul (1732), cité dans le testament du vornique Ilie Otetelişanu de 1732. On ne peut rien savoir de la parenté entre eux, comme de leur personne, aucun d'entre eux ne jouant un quelconque rôle, mais étant plutôt un country boer, ou un logo sur le canapé[A 11].
La famille Vĕrzaru est une famille de boyards originaire de la région de Teleorman, dont faisait partie Constantin Verzaru, grand échanson du prince souverain de Valachie qui a péri dans la lutte entre les Turcs et les Germains[A 97].
La famille Vlădescu(ro) originaire de Târgoviște, son ancienneté prouvée remonte à la seconde moitié du XVIe siècle. Ils possédèrent les domaines Ylădeniisi d'Argeş, dirigés par d'anciens seigneurs. La famille se divisa en deux branches au XVIIe siècle[A 98].
La famille Vlădoianu(ro) est une ancienne famille d'Olténie, où ils sont parmi les boyards du XVIIe siècle. Constantin Vlădoianu est inscrit en 1718 et 1720, dans la liste des principaux boyard de Dolj, avec des contributions à l'administration autrichienne[A 99].
La famille Zătreanu est une famille de boyards originaire d'Olténie, des documents prouvent leur existence depuis le début du XVIIe siècle. Le nom de famille est un dérivé du domaine longtemps détenu par ses ancêtres: Zătreniî de Dolj[A 100].
La famille Bánffy est l'une des plus importantes familles nobles de Transylvanie. Ses membres ont joué d'importants rôles politiques et culturels. Ils dominèrent la région de Cluj-Napoca pendant plusieurs siècles. La branche comtale s'éteint en 1950[4].
La famille Bornemisza est une famille sicule de Transylvanie où ils eurent un rôle important. D'origine obscure, elle portait autrefois le nom de «Csutak de Kászon-impérfalva». Elle reçoit un blason du prince Georges Ier Rákóczi en 1633[4].
La famille Brukenthal portait, à l’origine, le nom de Brekner. En 1724, le père de Brukenthal, Michael, d’origine modeste, fut en 1712 anobli par l’empereur Charles VI, en récompense de sa conduite loyale durant la guerre dite des Kuruc[5].
La famille Flondor(ro) est originaire de Bucovine, et se nommait initialement Albotă : Toader, aprod (page) sous Basile le Loup portait une cuirasse en raison de laquelle il fut surnommé Fliondor, qui devînt son patronyme[6]. On a supposé que cette cuirasse pouvait avoir été fabriquée par un armurier francophone surnommé « Front d'or ».
La famille Stârcea est une famille moldave, qui reçut en Bucovine le titre de «baron», accordé par l'empereur d'Autriche. La famille est restée en Bucovine, après sa séparation de la Moldavie, ainsi que d'autres vieilles familles de boyards[12].
La famille Wass est l'une plus anciennes familles transylvaines. Ses archives remontent à l'an 1230, date à laquelle Béla IV de Hongrie confirme un don de terres aux frères Lób et Tamás: neuf villages dans le comté de Doboka.
↑Matei Cazacu, Familles de la noblesse roumaine au service de la Russie, XVe – XIXe siècles, in : Cahiers du Monde Russe, Année 1993, n° thématique Noblesse, État et société en Russie XVIe - début du XIXe siècle 34-1-2, p. 211-226 sur [1]
↑V. Costăchel, P. P. Panaitescu, A. Cazacu, (ro) Viața feudală în Țara Românească și Moldova (secolele XIV–XVI) (« La vie féodale en Valachie et Moldavie (XIVe / XVIe siècles »), Editura Științifică, Bucarest 1957.
Steven Tötösy, List of Historical Surnames of the Hungarian Nobility, West Lafayette, Purdue University Press, (ISBN978-0-521-78156-5)
Octav-George Lecca, Familiile Boierești Române: istoric și genealogie, București, Institutul de Arte Grafice și Editura „Minerva, (ISBN978-9-739-99144-5) - (online)
Béla Kempelen, Magyar Nemesi Almanach, Budapest, Pátria Irodalmi Vállalat És Nyomdai Részvénytársaság Nyomása, (ISBN978-6-156-18916-5)
Eugène Rizo, Livre d'or de la noblesse phanariote en Grèce, en Roumanie, en Russie et en Turquie, Athènes, S. G. Vlastos, (ISBN978-2-012-89991-9) - (online)
Lisa Fischer, Eden hinter den Wäldern. Samuel von Brukenthal: Politiker, Sammler, Freimaurer in Hermannstadt/Sibiu, Wien, Böhlau Verlag, (ISBN978-3-205-77634-5)