La littérature arménienne proprement dite se développe parallèlement à la poésie de l'Arménie, pays et culture. Les deux sont très liées, et leur histoire connaît plusieurs âges d'or et plusieurs courants littéraires : l'historiographie du Ve siècle, la poésie du Xe au XIVe siècle, et la « révolution littéraire arménienne » du XIXe siècle. Cet article retrace le fil de l'histoire de la littérature arménienne, et de ce qu'elle est actuellement.
La langue arménienne est utilisée par environ 3 000 000 d'Arméniens en Arménie et près de 6 000 000 dans la diaspora. D'autres langues (russe, anglais, français, kurmandji, etc.) peuvent être utilisées dans les deux situations.
Quand l'Arménie devient chrétienne, et quand elle invente son propre alphabet — vers 405 grâce au moine Mesrop Machtots —, la littérature arménienne commence à se développer. Au Ve siècle, cette littérature se présente sous forme d'historiographie : Moïse de Khorène, dont la vie reste méconnue, écrit une magistrale Histoire de l'Arménie, relatant l'histoire de son pays jusqu'à son époque ; son œuvre est un mélange d'histoire et de légendes comme celle d'Haïk. Parallèlement, Agathange écrit lui aussi une Histoire de l'Arménie.
Au cours du haut Moyen Âge en général, la littérature arménienne est peu connue, et on ne dispose de presque aucun livre de cette époque. Mais, à partir de la fin du Xe siècle, les romans, et plus particulièrement la poésie, se développent considérablement. Certains poètes jouissent d'une grande renommée, dont Grégoire de Narek (Krikor Narekatsi en arménien). Tous ces écrits sont religieux ou influencés par la religion. Les haïren (quatrains) de Nahapet Koutchak, par leur philosophie de vie provocatrice et leur thématique charnelle, ouvrent les voies à la modernité de la poésie la plus libre.
La littérature en Arménie est, au cours de la Renaissance et des XVIIe et XVIIIe siècles, peu abondante. Seul Sayat-Nova (1712-1795) semble émerger comme l'unique troubadour de toute la Transcaucasie, véritable pont entre les cultures.
Hovhannès Vanakan (1181-1251), Histoire de l'invasion tatare, Au sujet du début de la nouvelle année, Commentaire des tables des canons, Livre de questions
Thomas de Metsop (1378-1446), historien, Histoire générale de Timour Leng et de ses successeurs, Mémoires, De l'éducation de la jeunesse non scolarisée
Au cours du XIXe siècle se produit une sorte de « révolution littéraire arménienne » dont Raffi (Hakob Mélik Hakobian de son vrai nom) est le principal représentant. Les romans ne ressemblent plus à des apologétiques ou à des panégyriques ; les auteurs utilisent l'arménien courant, et leurs histoires sont plus « libres » (les auteurs sont la plupart du temps des intellectuels libres-penseurs). Surtout, les romans arméniens sont en grand nombre à cette époque. Ils se modernisent considérablement.
Dans l'Arménie indépendante, une nouvelle génération d'écrivains prend actuellement son essor. Par manque de critique littéraire indépendante objective, à la suite des tensions existantes entre Union des écrivains d'Arménie post-soviétique et divers groupes littéraires indépendants, et il est ardu d'en dresser un tableau exhaustif.
Actuellement, la littérature arménienne — ou de la diaspora — est assez abondante et d'un style assez moderne (ainsi que la poésie).
Parmi les écrivains populaires sur des questions de dystopie sociale et la corruption politique, se distinguent Vahram Sahakian, et Vahe Avetian, qui vit en Suède depuis quinze ans en raison de sa persécution par les autorités arméniennes.[réf. nécessaire]
Un autre écrivain inclassable est l'écrivain américain Armen Melikian, brièvement revenu en 2002 en Arménie et à la langue arménienne : son Journey to Virginland, publié aux États-Unis en 2010, a remporté onze prix littéraires, et traite de questions fondamentales dont souffre la société arménienne, comme les relations de genre, l'orientation religieuse et la corruption politique.[réf. nécessaire]
En dépit de ces participations, les écrivains arméniens, tout comme les journalistes de cette époque, n'étaient pas autorisés à utiliser des mots tels que « Arménie », « nation », « patrie », « liberté » ou « progrès » dans la rédaction de leurs articles[réf. nécessaire].
(en) Agop Jack Hacikyan, Gabriel Basmajian, Edward S. Franchuk et Nourhan Ouzounian, The Heritage of Armenian Literature, vol. 1 : From the Oral Tradition to the Golden Age, Wayne State University Press, , 392 p. (ISBN978-0-8143-2815-6, lire en ligne)
(en) Agop Jack Hacikyan, Gabriel Basmajian, Edward S. Franchuk et Nourhan Ouzounian, The Heritage of Armenian Literature, vol. 2 : From the Sixth to the Eighteenth Century, Wayne State University Press, , 1108 p. (ISBN978-0-8143-3023-4, lire en ligne)
(en) Agop Jack Hacikyan, Gabriel Basmajian, Edward S. Franchuk et Nourhan Ouzounian, The Heritage of Armenian Literature, vol. 3 : From The Eighteenth Century To Modern Times, Wayne State University Press, , 1104 p. (ISBN978-0-8143-3221-4, lire en ligne)
Anthologie de la poésie arménienne, sous sa direction de Rouben Mélik, aux Éditeurs Français Réunis, 1973 (traductions)
La Poésie arménienne du Ve siècle à nos jours, trad. Vahé Godel, La Différence, 1990 (adaptations)