Le Maître du Couronnement de la Vierge désigne par convention un enlumineur actif entre 1399 et 1405 à Paris. Il doit ce nom à une représentation du couronnement de la Vierge au début d'un manuscrit de La Légende dorée (BNF, Fr.242). Des enluminures ainsi que des panneaux peints lui sont attribués.
Éléments biographiques et stylistiques
Le nom de convention a été forgé par Millard Meiss en reprenant les œuvres regroupées par Bella Martens sous le nom de Maître de 1402 et dont il a distingué les miniatures de la main du Maître des Clères Femmes. Son nom de convention vient d'une miniature de frontispice d'un manuscrit de La Légende dorée qu'il a peint en 1402. Il appartient à un groupe d'enlumineurs originaires des Pays-Bas actif à Paris et répondant à des commandes du libraire et marchand italien Jacopo Rapondi, frère de Dino Rapondi, destinées à duc de Berry et du duc de Bourgogne. Il a peint pour ce dernier un manuscrit de BoccaceDes Cleres et Nobles Femmes et plus précisément intitulé dans ce manuscrit Des Femmes nobles et renommées, ce qui lui a valu ses autres noms de convention : « Maître des Femmes nobles et renommées » comme l'a appelé Patrick de Winter ou « Maître du Boccace de Philippe le Hardi » selon Charles Sterling[1].
Le maître met en œuvre un dessin alerte, un chromatisme recherché et des personnages à l'énergie dynamique. Il tente pour la première fois de donner un rendu spatial à ses compositions. Il utilise parfois une technique très différente de grisailles rehaussées de lavis qui a un temps été distingué du reste de l'œuvre de l'enlumineur sous le nom de « Maître du Roman de la Rose de Valencia ». François Avril a reconnu qu'il s'agit d'un seul et même artiste[2]. Philippe Lorentz a proposé de lui attribuer des peintures sur panneau réalisées à Paris au tout début du XVe siècle, sur lesquels on retrouve des visages d'anges identiques à ceux de ses miniatures[3].
Œuvres attribuées
Manuscrits
Légende de saint Voult de Lucques, manuscrit put-être destiné une chapelle de l'église du Saint-Sépulcre de Paris, vers 1400, une miniature d'introduction représentant les commanditaires, les frères Dino et Jacopo Rapondi, Bibliothèque apostolique vaticane, Cod. Pal.1988
Le Roman de la Rose et Le Testament, le codicille et les Sept Articles de la foi de Jean de Meung, miniatures en grisailles et lavis, vers 1405, bibliothèque historique de l'Université de Valence, Ms.387 (1327)
Fleur des histoires de la terre d’Orient d'Hayton de Courcy, acquis par le duc de Bourgogne en 1403 auprès de Jacopo Rapondi, en collaboration avec le Maître des Clères Femmes, BNF, Fr.12201
Livre du chemin de longue étude de Christine de Pisan, donné par l'auteur à Jean de Berry, miniature en grisailles et lavis, vers 1402-1403, BNF, Fr.1188
Trésor amoureux, attribué à un suiveur, vers 1410 (?), Bibliothèque royale de Belgique, Ms.11140
Panneaux
Le Couronnement de la Vierge, tondo sur bois, 20,5 cm, vers 1400, Gemäldegalerie, Berlin, Kat.nr.1648
La Vierge et l'Enfant, saint Jean Baptiste et un ange, peinture sur bois, 19 × 15,2 cm, vers 1400, collection particulière à Paris.
Voir aussi
Bibliographie
(de) Bella Martens, Meister Francke, Hamburg, 1929
(en) Millard Meiss, French Painting in the Time of Jean de Berry: The Limbourgs and their Contemporaries, 2 vols, New York, 1974, p. 98, 104, 287–8, 336, 383–4
Patrick de Winter, La Bibliothèque de Philippe le Hardi, Duc de Bourgogne (1364–1404), Paris, éditions du CNRS, 1985, p. 98–106
Charles Sterling, La Peinture médiévale à Paris, 1300-1500, Paris, Bibliothèque des arts, tome 1, 1987, p. 336-339
Elisabeth Taburet-Delahaye (dir.), Paris 1400 : Les arts sous Charles VI, Paris, Fayard/RMN, , 413 p. (ISBN2-213-62022-9), p. 195, 197 (no 112-113), 264-265 (no 160-161), 263 (notices par Philippe Lorentz, Marie-Thérèse Gousset et François Avril)