Maurice Cusson possède une formation universitaire en criminologie, professeur et écrivain. Il est né à Montréal en 1942 et il a fait carrière à l'École de criminologie de l'Université de Montréal[1] tout en étant chercheur au Centre international de criminologie comparée[2]. Il a été le directeur de l'École de criminologie de 1991 à 1995 et de 2001 à 2003. Ses livres et articles couvrent la plupart des grandes questions qui se posent à propos du crime, de sa prévention[3], de sa répression[4],[5]. Il s'est cependant attardé plus spécialement sur cinq sujets : la délinquance au sens large[6],[7], les contrôles sociaux et la criminalité, les évolutions à moyen terme et à long terme de la criminalité[8], la police et la sécurité privée[9] et l'homicide.
Méthode
Maurice Cusson puise ses informations et son inspiration, d'abord, dans la criminologie empirique, mais aussi dans les travaux des historiens, anthropologues, psychologues, sociologues, sans oublier les biographies et autobiographies de délinquants. Pour répondre aux questions qu'il se pose sur l'efficacité de la panoplie des contrôles sociaux, il réalise des bilans des recherches mesurant l'impact des interventions préventives ou répressives sur la criminalité. À l'échelle macroscopique, il a recours à la méthode des variations concomitantes, étudiant les rapports entre une évolution de la criminalité et des modifications des politiques criminelles.
Maurice Cusson qualifie son approche de « stratégique ». Voici ce qu'il en disait, en 2010, dans son discours de réception du prix Beaumont-Tocqueville :
« Il m’apparaît fécond d'aborder le phénomène criminel avec une pensée stratégique parce que le crime est essentiellement conflictuel. En effet, le délinquant part en guerre contre ses victimes et contre les agents du contrôle social qui veulent le faire rentrer dans le rang de gré ou de force. Comme le chef de guerre sur le champ de bataille, le délinquant en action est plongé dans une situation où il lui est difficile de calculer, de prévoir, de raisonner. Il doit composer avec l'incertitude et l'imprévu. Il fait de son mieux pour s'adapter aux situations et pour arriver à ses fins, mais il ne le fait jamais de manière tout à fait rationnelle. Qui dit stratégie dit dialectique : action réciproque des adversaires l’un sur l’autre, adaptation mutuelle. Mais, à la différence de l'action de guerre qui est binaire, le crime et l'action de sécurité sont structurés par une relation triangulaire entre le délinquant, la victime et ce que j'aime appeler le « gendarme » pour désigner l'ensemble des agents du contrôle social. Le délinquant, la victime et le gendarme s'adaptent les uns aux autres dans un jeu imprévisible d'actions et de réactions, d’attaque et de défense, de mesures et de contre-mesures, de dissuasion et de contre dissuasion. Chacun essaie d'anticiper le prochain mouvement de l'autre, de le déjouer, de s'y adapter, de le contrer. Les délinquants cherchent les points faibles des dispositifs de sécurité ; ils les déjouent ; ils les neutralisent ; ils inventent de nouvelles tactiques criminelles que les acteurs de la sécurité devront apprendre à prévenir et à déjouer. »
Œuvres
Ouvrages individuels
La Resocialisation du jeune délinquant, Presses de l'Universite de Montreal, 1974 (ISBN978-0-8405-0267-4).
CUSSON, M.; TREMBLAY, P.; BIRON, L.-L.; OUIMET, M.; GRANDMAISON, R. (1994). La prévention du crime. Guide de planification et d'évaluation. Québec : Ministère de la Sécurité publique, 106 p.
PROULX, J., CUSSON, M., OUIMET, M., (dirs), (1999) Les violences criminelles, Québec : Presses de l’Université Laval.
PROULX, J., CUSSON, M., BEAUREGARD, E., NICOLE, A. (dirs.), (2005), Les meurtriers sexuels, Montréal, Les presses de l’Université de Montréal.
CUSSON, M., DUPONT, B., LEMIEUX, F. (dirs). (2007), Traité de sécurité intérieure. Montréal : Hurtubise HMH (réédition aux Presses de polytechniques et universitaires romandes, 2008) a.
PROULX, J.; BEAUREGARD E., CUSSON, M. ET NICOLE, A. (2007). Sexual Murderers : A Comparative Analysis and New Perspectives. Chichester, Angleterre : Wiley, 274 p.
LE BLANC, M. ; CUSSON, M. (2010) (dirs). Traité de criminologie empirique (4e édition). Montréal : Les Presses de l'université de Montréal.
OUIMET, M. ET CUSSON, M. (2012). L'homicide. Numéro thématique, Revue internationale de criminologie et de police technique et scientifique, LXV (2).
CUSSON, M., GUAY, S., PROULX, J. ET CORTONI, F. (2013) (dirs). Traité des violences criminelles. Les questions posées par la violence, les réponses de la science. Montréal : Hurtubise (936 pages).