Mieczysław Weinberg (en russe : Моисей Самуилович Вайнберг, Moïsseï Samouïlovitch Weinberg), né le à Varsovie et mort le à Moscou, est un compositeur d'origine polonaise.
Biographie
Né à Varsovie le , il étudie le piano avec son père, musicien dans divers théâtres juifs de la ville. À l'âge de 10 ans, il est admis dans la classe de piano de Józef Turczyński au conservatoire de Varsovie, puis obtient son diplôme en 1939.
L'invasion de la Pologne par l'Allemagne en fait basculer sa vie. Lui seul parvient à fuir les troupes allemandes pour gagner l'URSS, où il s'établit dès cette période, alors que toute sa famille est arrêtée et exterminée par les nazis. Naturalisé soviétique sous le nom de Moisei Vainberg, Weinberg s'installe à Minsk, capitale de la RSS de Biélorussie, où il commence des études de composition au conservatoire de la ville avec Vassili Zolotarev(en). Après deux ans d'études, il passe son diplôme en avec l'exécution en public d'un poème symphonique pour grand orchestre en .
L'invasion de l'Union soviétique le le force de nouveau à s'enfuir. Il s'installe à Tachkent, capitale de la RSS d'Ouzbékistan, où il trouve un soutien parmi des réfugiés juifs comme Israël Finkelstein[3], qui fait découvrir ses premières partitions à Dmitri Chostakovitch en 1943. Chostakovitch apprécie l'œuvre de son jeune collègue et favorise l'installation de Weinberg et de sa femme Nathalie (fille de l'acteur juif Solomon Mikhoels), à Moscou. Débute une longue amitié entre les deux compositeurs, qui dure jusqu'à la mort de Chostakovitch en 1975[4].
En 1953, Chostakovitch fait signer une pétition qu'il adresse à Beria, le chef du NKVD, pour venir en aide à Weinberg, incarcéré pour ses prétendues « activités sionistes », en réalité pour des motifs antisémites. La mort de Staline, le , marque une certaine rupture politique et Weinberg retrouve la liberté.
L'ampleur de sa production musicale fait de lui l'égal de Sergueï Prokofiev et de Dmitri Chostakovitch, sans toutefois recueillir comme eux la reconnaissance internationale. Il est l'auteur de la musique du film culte Quand passent les cigognes et des opéras La Passagère d'après le roman autobiographique de Zofia Posmysz et l'Idiot d'après le roman éponyme de Dostoïevski[5].
Les dernières années de Weinberg sont assombries par les maladies, dont la maladie de Crohn[6] et la dépression. Il meurt le à Moscou, dans la plus grande précarité, quelques semaines après s'être converti au christianisme russe orthodoxe. Il est enterré au cimetière Domodedovo près de Moscou.
Musique
Weinberg a achevé une œuvre immense comptant plus de 500 compositions dont 154 reçoivent un numéro d'opus : sept opéras (Le Portrait, L'Idiot), un Requiem profane, 22 symphonies (une inachevée), quatre symphonies de chambre, deux sinfoniettas, plusieurs concertos (violon, violoncelle, flûte, trompette, clarinette), 17 quatuors à cordes, sonates pour violon et piano, quatre sonates pour violoncelle et piano, etc.
Son style peut être rapproché de celui de Dmitri Chostakovitch ou de Béla Bartók, comprenant des éléments empruntés au folklore musical juif. Il fait souvent un usage virtuose des instruments à cordes de l'orchestre, tout en ayant également souvent recours à des « cadenzas »[7].
Parmi les nombreuses musiques de films et de dessins animés qu'il a composées (pour au moins 65 films[6]), celle de Quand passent les cigognes (réalisé par Mikhaïl Kalatozov) reçoit une reconnaissance internationale après que ce film a gagné la Palme d'or à Cannes en 1958. Il a aussi composé de la musique pour des spectacles de cirque, ce genre d'œuvres étant alors bien mieux considérées en Russie qu'ailleurs[8].
Très bon pianiste, il crée en , dans la petite salle du conservatoire de Moscou, les Sept Romances sur des poèmes de Blok de Chostakovitch avec la soprano Galina Vichnevskaïa, David Oïstrakh au violon et Mstislav Rostropovitch au violoncelle.
En 1990, l'artiste reçoit le Prix d’État de l'URSS pour la Symphonie de chambre no 1, version révisée de l'opus 3, et la Symphonie de chambre no 2, version révisée de l'opus 14.
La branche allemande de la maison d'édition de musique Peermusic Classical(en) commence en 2003 la publication des œuvres de Weinberg[9], dont un grand nombre ont été éditées et publiées en Russie, mais non distribuées en Occident.
Au début de l'année 2015[10], l'Association internationale Mieczysław Weinberg[11] est créée dans le but de « promouvoir la musique de Mieczysław Weinberg, faire découvrir son œuvre, encourager les musiciens à jouer sa musique et élargir sa notoriété à une plus vaste audience »[12]. Les présidents du conseil d'administration de cette association sont le violoniste Linus Roth et le chef d'orchestre Thomas Sanderling ; Irina Chostakovitch (dernière épouse de Dmitri Chostakovitc]) est présidente honoraire[13],[10].
Symphonie no 2, par l'Orchestre symphonique d'Umeå dirigé par Thord Svedlund, Olympia
Symphonie no 3, par l'Orchestre symphonique de Göteborg dirigé par Thord Svedlund, Chandos
Symphonie no 4, Rhapsodie sur des thèmes moldaves, Sinfonietta nº 2 par l'Orchestre symphonique national de la radio polonaise dirigé par Gabriel Chmura vol. 2, Chandos
Symphonies no 14 et no 16, Sinfonietta no 1 par l'Orchestre symphonique national de la radio polonaise dirigé par Gabriel Chmura vol. 3, Chandos
Symphonies nº 17, nº 18 et nº 19 (trilogie « Aux portes de la guerre ») par l'Orchestre symphonique Tchaïkovski de la Radio de Moscou dirigé par Vladimir Fedosseïev, Olympia
Symphonie no 21 "Kaddish" Op. 152 et Polish Tunes Op. 47 n°2 par l’Orchestre Symphonique de Sibérie dirigé par Dimitry Vasilyev, Toccata Classics, 2014.
Quatuors à cordes, intégrale par le Quatuor Danel, CPO (6 CD)
Sonate pour contrebasse solo, Op. 108 (1971), Joel Quarrington, Analekta
Sonates pour violoncelle et piano no 1 et no 2 + Sonates pour violoncelle seul no 1 et no 3 : Dmitri Yablonski, violoncelle, Hsin-ni Liu, piano, Naxos (2009)
Sonates pour violon et piano no 4 et no 5 + 3 pièces pour violon et piano : Stefan Kirpal, violon, Andreas Kirpal, piano, CPO (2009)[14]
Sonates pour violon, intégrale (en cours )[15],[16]
L'Idiot, opéra, avec Elzbieta ARDAM, Anne-Theresa MØLLER, Lars MØLLER, Steven SCHESCHAREG, Ludmilla SLEPNEVA, Juhan TRALLA, sous la direction de Thomas SANDERLING, enregistré en direct à l’Opéra de Mannheim les 12 et 31 janvier 2014, 3 CD Pan Classics PC10328.
The Passenger, opéra, mise en scène de Thaddeus Strassberger, sous la direction de Oliver von Dohnányi, enregistré en DVD 2016 à Iekaterinbourg avec l'orchestre de l'opéra académique d'Etat d'Iekaterinbourg[18]
↑ a et blivret par David Fanning du CD CHANDOS CHSA5078 "Mieczyslaw WEINBERG, Symphonies no 1 et 7", Orchestre symphonique de Göteborg dirigé par Thord Svedlund.
↑Celui-ci a dirigé avec Chostakovitch une classe de composition à Leningrad quelques années auparavant.
↑Les deux compositeurs étudient les partitions de l'autre et se livrent à une amicale compétition sur le nombre de quatuors à cordes composés.
↑en anglais : International Mieczysław Weinberg Society, traduit par Société internationale Weinberg sur leur site.
↑« Profil » , Association Internationale Mieczysław Weinberg.
↑« Contact », Association Internationale Mieczysław Weinberg.
↑(en) Linus Roth (violon) et José Gallardo (piano), Sonates et pièces pour violon et piano [« Mieczysław Weinberg - Complete sonatas and works »], label Challenge Classics, , 3 CD, numéro catalogue CC 72567, durée : 70:57 (EAN0-608917-256727, présentation en ligne, écouter en ligne).
↑(en) Yuri Kalnits (violon) et Michael Csányi-Wills (piano), Mieczyslaw Weinberg: intégrale des sonates pour violons [« Mieczyslaw Weinberg: Complete Violin Sonatas »], vol. 1 : Sonate pour violon et piano nº 1 Op. 12, Sonate pour violon seul nº 1 Op. 82, Sonate pour violon et piano nº 4 Op. 39, Sonatine pour violon et piano Op. 46, label Toccata Classics, , CD, numéro catalogue TOCC0007, durée : 78:07 (EAN5-060113-440075, présentation en ligne, écouter en ligne)
↑(en) Yuri Kalnits (violon) et Michael Csányi-Wills (piano), Mieczyslaw Weinberg: intégrale des sonates pour violons [« Mieczyslaw Weinberg: Complete Violin Sonatas »], vol. 2 : Rhapsodie sur des thèmes moldaves Op. 47 nº 3 (arr. pour violon et piano), Sonate pour violon et piano nº 2 Op. 15, Sonate pour violon seul nº 2 Op. 95, Sonate pour violon et piano nº 5 Op. 53, label Toccata Classics, , CD, numéro catalogue TOCC0026, durée : 70:57 (EAN5-060113-440266, présentation en ligne, écouter en ligne).
↑(en) Olga Kalugina (soprano), Svetlana Nikolaeva (mezzo soprano) et Dmitry Korostelyov (piano), Mieczyslaw Weinberg: intégrale des chansons [« Mieczyslaw Weinberg: Complete Songs »], vol. 1 : Chants d'enfants Op. 13, Au-delà de la frontière des derniers jours Op. 50, En berçant l'enfant Op. 110, label Toccata Classics, , CD, numéro catalogue TOCC0078, durée : 60:09 (EAN5-060113-440785, présentation en ligne, écouter en ligne).