Moreno Argentin se signale en 1977 et 1978 en remportant, sur piste, le championnat d'Italie de poursuite par équipes juniors. En 1978, sur route, il devient également champion d'Italie du contre-la-montre par équipes juniors. En 1979, il gagne avec Maurizio Bidinost et Pierangelo Biancoletto le championnat d'Italie de poursuite par équipes amateurs, titre qu'il conserve en 1980. Cette même année, sur route, il s'adjuge le Tour de Lombardie amateurs et prend la deuxième place de la Flèche du Sud.
Carrière professionnelle
En 1980, à 19 ans, Argentin signe son premier contrat professionnel avec l'équipe italienne Mobili San Giacomo au mois d'octobre. L'année suivante, il rejoint l'équipe Sammontana où il obtient ses plus grands succès, en particulier dans les classiques d'un jour. De 1985 à 1987, il collectionne les médailles lors des championnats du monde[3], devenant champion du monde en 1986[4]. Entre 1985 et 1987, il remporte trois années de suite Liège-Bastogne-Liège.
Plutôt considéré comme un puncheur avec une bonne pointe de vitesse, Moreno Argentin a bien moins de succès sur les grands tours. Durant sa carrière, il compte treize victoires étapes sur le Tour d'Italie (Giro). Il participe à neuf reprises à la course entre 1981 et 1994. Il obtient son meilleur résultat en 1984 avec la troisième place du général derrière Francesco Moser et Laurent Fignon. Au Tour d'Italie 1993, il s'adjuge deux étapes. Après avoir remporté la première étape et porté le maillot rose pendant dix jours, il est joue un rôle essentiel auprès de son coéquipier Piotr Ugrumov. Celui-ci, grâce au travail d'Argentin termine deuxième du Giro et met sérieusement en difficulté Miguel Indurain dans l'étape d'Oropa.
En conflit avec la presse italienne, il boycotte la course en 1988, 1990 et 1991. Il participe également à trois Tours de France entre 1990 et 1992 avec deux victoires d'étapes et une 59e place finale en 1991 comme meilleur résultat.
Bien qu'il participe à sept reprises à Milan-San Remo - la principale classique disputée sur le sol italien - il n'a jamais pu remporter la course. Il termine troisième en 1982 et quatrième en 1990. Mais c'est surtout en 1992 qu'il échoue dans sa quête de succès. Favori de la course, il a remporté les deux dernières saisons : deux Flèches wallonne (1990 et 1991), le Tour des Flandres 1990[5] et Liège-Bastogne-Liège 1991 et il sort d'un Tirreno-Adriatico réussi avec trois victoires d'étapes. Il attaque dans le Poggio di San Remo et s'isole en tête, la victoire lui semble promise. Cependant, trop prudent, il est rattrapé dans la descente et battu au sprint par l'Irlandais Sean Kelly[6].
En 1994, il est membre de la controversée équipe Gewiss qui enchaîne les succès prestigieux. Il remporte une troisième fois la Flèche wallonne, le podium est 100 % Gewiss : Argentin devance Giorgio Furlan et Evgueni Berzin. Cette performance est considérée comme le sommet du dopage lors des années EPO[7],[8]. En effet, les trois coureurs sont partis ensemble à 72 kilomètres de l'arrivée, lors de l'ascension du Mur de Huy pour ne plus jamais être rejoints[9]. Parmi ses autres places d'honneur, il prend la deuxième place de Paris-Tours (1985), du Tour de Lombardie (1981) et de la Flèche Wallonne (1985 et 1988). Lors du Tour d'Italie 1994, qu'il termine 14e, il remporte la deuxième étape et porte le maillot rose deux jours. C'est son coéquipier Evgueni Berzin qui s'impose.
L'après carrière
En , après le Giro, Argentin, qui n'a jamais caché sa relation avec le sulfureux médecin du sport Michele Ferrari annonce sa retraite. Depuis la fin des années 1980, il vit dans une résidence à Monaco. Il devient associé d'une grande scierie et d'une entreprise de construction de logements sociaux dans le nord-est de l'Italie.
Dans une interview avec le journal de sport, la Gazzetta dello Sport, à l'occasion de son 50e anniversaire, il critique le cyclisme d'aujourd'hui. Pour lui, les « coureurs sont trop gentils et sans aucun caractère. La politique de l'Union cycliste internationale (UCI) consiste seulement à transformer notre sport en un business ». Il considère que « La piste est morte et enterrée et que la route suit la même voie »[10].
En , il est condamné à 310 000 euros d'amende et à un an de prison avec sursis dans une affaire de fraude immobilière[11].