Mosaïque des cyclopes forgeant les foudres de Jupiter
La mosaïque des cyclopes forgeant les foudres de Jupiter est une mosaïque romaine datée du IIIe ou IVe siècle et découverte sur le site archéologique de Dougga. Elle est transportée au musée national du Bardo très peu de temps après sa découverte. C'est une œuvre remarquable conservée par cette institution culturelle, « par sa dimension, son sujet, son état de conservation » selon son inventeur, Alfred Merlin. Histoire et localisationHistoire antiqueLa cité de Dougga comportait plusieurs établissements thermaux[E 1]. La mosaïque provient du « frigidarium », bains froids[C 1], des thermes des Cyclopes à Dougga, édifice qui conserve également des latrines[E 1]. Cet établissement thermal était privé selon certains auteurs, dont Yacoub[F 1], mais pas selon d'autres comme Thébert[A 1]. La mosaïque est datée de la fin du IIIe siècle[C 1] ou du IIIe siècle-IVe siècle selon Ben Abed-Ben Khedher[B 1]. Poinssot évoque le premier quart du IIIe siècle mais une spécialiste anglo-saxonne, Dunbabin, évoque la fin du siècle[A 1]. La datation du complexe thermal a été réalisée à partir de cette mosaïque, et uniquement selon des « critères stylistiques ». L'appartenance a un édifice privé, le rattachement à une maison, est également problématique : à proximité, on trouve la maison voisine du trifolium mais les thermes pourraient être rattachés à une autre maison moins bien conservée mais pour laquelle les liaisons sont difficiles à envisager. De ce fait, Thébert envisage l'édifice comme un équipement de quartier donc public[A 1]. Le frigidarium, pièce qui abritait l'oeuvre, occupait une surface d'environ 30 m2[A 1]. L'oeuvre a fait l'objet d'une restauration partielle depuis la période antique, mais « d'une manière tout à fait maladroite »[F 2]. La jambe gauche d'un des cyclopes, Pyracmon, est reprise jusqu'à mi-hauteur[D 1]. RedécouverteLa mosaïque est retrouvée durant l'automne 1902 dans les thermes dits des Cyclopes, par Alfred Merlin sur instruction de Paul Gauckler. La découverte a été faite dans la même session de fouilles ayant mené à la découverte de la mosaïque d'aurige vainqueur[G 1]. Elle intègre aussitôt les collections du musée du Bardo. Composition et descriptionla mosaïque fait partie des œuvres importantes du musée du Bardo, par sa taille importante[F 1]. La bordure de l'œuvre est constituée d'« une corniche à chevrons apparents »[D 1], avec des motifs complexes et riches tant du point de vue des couleurs de marbres utilisés que pour les formes géométriques présentes. La scène figure, dans un environnement rocheux[C 1] trois cyclopes, Brontès, Stéropès et Pyracmon. Nus, musclés[F 3] et couverts de sueur[C 1], ils sont en train de forger avec leurs marteaux[D 1] les foudres de Jupiter à l'attention d'Enée[G 2]. L'artiste figure l'effort fourni par les trois forgerons[F 3]. Le reste de la composition, perdu depuis l'antiquité, figurait, assis face à eux, Vulcain en train de maintenir les foudres sur l'enclume[F 1]. La divinité a conservé en partie sa jambe droite. Les fragments conservés permettent de voir au fond de la grotte le foyer[D 1]. InterprétationInspiration littéraireLa scène figurée provient de l'épopée de Virgile, l'Énéide, en particulier le chant VIII, vers 424-428[C 1] : « Dans un antre immense, les Cyclopes, Brontès, Stéropès et Pyracmon, tous nus, travaillaient le fer. Ils avaient façonné et poli en partie une de ces foudres que le Père des dieux lance si souvent de tous les points du ciel sur la terre ; l'autre partie restait inachevée »[F 1]. Gauckler et les autres auteurs du Catalogue du musée Alaoui évoquent le vers 146[D 1]. La scène du poème épique est représentée sur des œuvres connues selon des techniques diverses, sculpture et fresque en particulier sur le site archéologique de Pompéi[F 3]. Liberté par rapport aux représentations traditionnellesLes cyclopes ne sont pas figurés selon les canons traditionnels : en effet, ils ont deux yeux au lieu d'un seul figé au milieu du front[C 1], comme les auteurs classiques les décrivent[F 3]. De même, la mosaïque de Dougga, contrairement aux autres adaptations connues, figure la grotte présente dans le récit virgilien[F 3]. Au XXIe siècle, la mosaïque est la seule représentation connue de ce récit dans l'espace de la Tunisie actuelle, on peut donc en déduire un faible succès de ce thème dans l'école africaine de mosaïstes[F 3]. Notes et références
Voir aussi: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article. Liens externesArticles connexesBibliographieOuvrages généraux
Travaux sur la mosaïque
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