Naufrage du Duc de Normandie
Le Naufrage du Duc de Normandie est une catastrophe maritime survenue le lorsque, pris dans une tempête, le chalutier français Duc de Normandie, en route pour avitailler en carburant à Flessingue, sombre au large des côtes belges. 23 marins-pêcheurs périssent lors du naufrage, seuls le capitaine et son frère peuvent être secourus par le victory ship américain, l' American counselor. Le capitaine, congestionné par le froid, meurt quelques heures après être monté à son bord. HistoriqueLes infrastructures portuaires et la flotte de chalutiers de Fécamp ont particulièrement souffert lors de la Seconde Guerre mondiale. C'est ainsi que deux chalutiers sont attribués à la société d'André Ledun & fils en réparation des dommages de guerre. Il s'agit du Duc Richard[Notes 1] et du Duc de Normandie. Commande est passée au chantier naval Beliard, Crighton & Co d'Ostende en Belgique[1]. La mise à l'eau se déroule le et le chalutier de 42 mètres, 365 tonneaux, immatriculé F1040, est livré le . Le navire est baptisé par le chanoine Decaux en présence de ses parrain et marraine, les jeunes Claude et Xavier Ledun, petits-enfants et enfants des armateurs[2]. Le chalutier part pour sa première campagne de pêche le . Il en effectue une par mois, en février, il ramène dans ses cales 70 tonnes de poisson de Norvège, le mois suivant, 85 tonnes de Mauritanie, en mai, 117 tonnes de Terre-Neuve. En , le Duc de Normandie est armé pour la pêche au hareng[3]. Le , au large des côtes norvégiennes, le chalutier est frappé par un premier drame lorsqu'une lame de fond emporte Albert Daussy, un marin de 49 ans, père de six enfants[Notes 2],[4]. Son corps est rapatrié à Fécamp, le . Un dernier hommage lui est rendu à Yport, sa ville natale[5]. Le NaufrageLe vers 22 heures, le Duc de Normandie appareille depuis Fécamp pour une nouvelle campagne de pêche qui doit se dérouler en Mer du Nord. 24 hommes d'équipage sont à bord. Le chalutier fait route vers Flessingue en Hollande où il doit faire le plein de gas-oil[6]. La mer est grosse, le vent de 7 Beauforts. Le lendemain, à 9 heures 7, le chalutier contacte l'armement : tout va bien malgré le gros temps. Vers 11 heures, au large de Nieuport, trois lames déferlantes s'abattent sur le pont par le babord emportant avec elles la dizaine d'hommes qui s'y trouvait. Déséquilibré, le navire chavire et dérive désormais quille en l'air, piégeant en son sein les autres marins restés à son bord. Seuls le capitaine, Pierre Rique, et son frère, François, parviennent à s'extraire de la carène[7]. À 11h15, le victory ship American Counselor[Notes 3] arrive sur les lieux à la recherche des naufragés. À 11h42, le capitaine Rique, épuisé et inconscient est secouru. Vient ensuite le tour de son frère qui travaillait sur les haubans au moment du naufrage et qui est parvenu ensuite à se hisser sur la coque et à se cramponner à la quille. La chaloupe de sauvetage ne pouvant s'approcher assez près, François Rique est contraint de se jeter une fois encore à la mer. Les deux hommes sont montés à bord de l'American Counselor mais, congestionné par le froid, le capitaine meurt vers 16 heures tandis que le navire approche du port d'Anvers[8],[9]. Des remorqueurs et des bateaux de sauvetage sont dépêchés sur les lieux mais le chalutier chaviré ne peut être approché en raison des mauvaises conditions[8],[10]. À 18h45, le Duc de Normandie sombre à 8 milles nautiques du bateau-feu de Zeebruges, le West-Hinder[11],[12]. Seul un corps fut repêché par la suite par un chalut ostandais, Marie-Roger Ebran, âgé de 37 ans[13]. Seul François Rique survit à la catastrophe qui fait la une des journaux dès le lendemain[14]. Il déclare à la presse : « Nous étions partis de Fécamp mardi soir, à minuit, pour aller pêcher en Mer du Nord quand mercredi, vers 11 heures, à la hauteur de Dunkerque (sic), le navire a été renversé par de fortes vagues. Tous les hommes qui se trouvaient sur le pont ont été précipités à la mer. Le reste de l'équipage n'eut pas le temps de remonter sur le pont. J'ai réussi à m'accrocher à une planche de l'épave et à saisir mon frère qui avait été frappé de congestions. Nous avons dérivé ainsi pendant plusieurs heures, jusqu'à l'arrivée du navire américain qui nous prit à son bord[15]. » Une collecte à l'échelle nationale est lancée pour venir en aide aux familles éprouvées. Elle rassemble plus de 5 millions d'anciens francs. Une cérémonie d'hommage est rendue en l'église Saint-Étienne de Fécamp, le [16].
Presse d'époque
Documentaires
Bibliographie
Notes et référencesNotes
Références
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