L’opération Opéra (appelée également parfois opération Babylone ou opération Ofra, en hébreu : אופרה) est une intervention militaire israélienne qui se déroula le .
En 1976, l'Irak avait acheté Osirak, un réacteur nucléaire de classe Osiris à la France[1]. Celui-ci devait officiellement servir à des fins de recherches scientifiques et non militaires mais les Israéliens virent ce projet d'un mauvais œil, suspectant l'Irak de vouloir utiliser la centrale nucléaire dans le cadre de son programme clandestin d'armes de destruction massive décidé dans les années 1970[2].
Pour empêcher l'Irak de devenir le cas échéant une puissance nucléaire, Israël lança l'opération Opéra dans le but de détruire la centrale avant qu'elle ne contienne des éléments radioactifs. L'intervention consista en une attaque aérienne qui détruisit le site et fit onze morts, dont un ingénieur français.
Le , au début de la guerre Iran-Irak, deux chasseurs-bombardiers F-4 Phantom de la Force aérienne de la république islamique d'Iran attaquent avec douze bombes Mk 82 (fournies par le Mossad et importées en Iran au moyen d'un Boeing 707 non immatriculé[4]) le centre de recherches de Tuwaitha à Bagdad mais sans toucher directement les deux réacteurs Osirak et Isis. Il s'agit de la première attaque militaire visant un site nucléaire[5].
Déroulement du raid
Selon le renseignement israélien, l'été 1981 serait la dernière chance d'opérer contre le réacteur sans provoquer de pollution radioactive, car à ce stade, le réacteur n'était pas opérationnel et n'était pas encore chargé avec son combustible nucléaire.
À cette date, l'installation était défendue par un site de SA-6 Gainful (2 km au sud), des missiles Roland 2 placés à 500 mètres du réacteur et de 30 à 40 canons de 23 et 57 mm contrôlés par radar.
L'attaque aérienne eut lieu le contre le réacteur nucléaire d'Osirak sur le territoire irakien (situé à 17 kilomètres au sud-est de Bagdad) menée par huit F-16 des 110e et 117e escadrons armés de deux bombesMk 84 d'une tonne (soit seize au total destinées à détruire la cible), de deux AIM-9L Sidewinder et de trois bidons de carburants supplémentaires, escortés par six F-15C qui décollent de la base aérienne d'Etzion (depuis 1982, aéroport international de Taba) à 16 h 40/16 h 55 (heure locale) - 12 h 40/12 h 55 (GMT). Ils effectuèrent un vol de 1 600 km passant par le sud de la Jordanie puis le long de la frontière de l'Arabie saoudite à une altitude de 800 (244 m) puis de 150 pieds (46 m) à l'intérieur de l’espace aérien irakien. Des problèmes survinrent avec des réservoirs de carburant externes de F-16A, ils furent largués au-dessus du désert saoudien.
Environ 20 km à l'est du réacteur à 14 h 35 (GMT), les F-16 déclenchèrent la postcombustion à la pleine puissance et commencèrent une ascension. Au sommet de la boucle, ils identifièrent la cible, plongèrent à la vitesse de 600 nœuds (1 100 km/h) à 35 degrés et larguèrent les bombes à une altitude de 3 500 pieds (1 km), visant la base de la structure et libérant des leurres afin d'éviter la lutte antiaérienne. Tous les pilotes larguèrent leurs bombes dans des intervalles de 5 secondes. Le retour se fit à haute altitude, à la limite des réserves de carburant. L'escorte de F-15 dont 4 avaient quitté le groupe pour faire diversion n'eut pas à intervenir[6],[7].
Un civil français, Damien Chaussepied, un ingénieur INSA de 25 ans, qui travaillait pour Air liquide et le CEA, fut tué dans ce raid ainsi que dix soldats irakiens[8].
Deux semaines après l'attaque d'Osirak, Israël admet qu'elle a déjà la capacité de développer ses propres armes nucléaires[8].
La livraison des quatre derniers F-16 d'une première commande de 75 exemplaires à Israël par les États-Unis, dont les premiers exemplaires arrivèrent en juin 1980, fut stoppée après ce raid pour plusieurs mois par le gouvernement des États-Unis[10].
Notes et références
↑(en) Bennett Ramberg, Nuclear Power Plants as Weapons for the Enemy: An Unrecognized Military Peril, University of California Press, 1985.
Shirley V. Scott, Anthony Billingsley, Christopher Michaelsen, International Law and the Use of Force: A Documentary and Reference Guide, (ISBN978-0-313-36259-0)