Orion (mythologie)
Orion (en grec ancien Ὠρίων / Ōríōn ou Ὠαρίων / Ōaríōn) est un chasseur géant de la mythologie grecque, réputé pour sa beauté et sa violence. Selon cette mythologie, il fut transformé en un amas d'étoiles par Zeus, donnant son nom à la constellation d'Orion. Dans l'Iliade d'Homère, Orion est décrit comme une constellation et l'étoile Sirius est mentionnée comme son chien. Dans l'Odyssée, Orion est essentiellement un chasseur et est aussi mentionné en tant que constellation. Dans Les Travaux et les Jours d'Hésiode, Orion est une constellation dont le lever et le coucher avec le soleil sont utilisés pour compter l'année. ÉtymologieLe nom latin Orion vient du grec ancien Ὠρίων / Ōríōn[1],[2]. Plusieurs hypothèses portent sur l'origine du mot. Il pourrait provenir de l'akkadien 𒌋𒊒𒀭𒈾, Uru-anna (« lumière du ciel »).[réf. nécessaire] Alternativement, pour Jean-Michel Renaud, il serait issu de l'indo-européen via un thème *-ωαρ / -ōar issu de *-ωσαρ / -ōsar désignant l'été. La forme la plus ancienne serait Ὠαρίων / Ōaríōn, dérivé en -ων / -ōn d'une forme à suffixe -ιος / -ios. Le lever héliaque de la constellation coïnciderait avec le solstice d'été[3],[4]. Le poète romain Ovide semble avancer une étymologie reposant sur la ressemblance du nom Orion avec le mot grec ancien οὖρον / oũron, « urine », et explique pourquoi dans son histoire (voir plus bas). Certains pensent que le liquide qui a humecté la peau de bœuf n'est pas de l'urine mais du sperme (grec ancien σπέρμα / spérma, « semence[5] »)[6]. Le plus ancien sens du verbe οὐρέω / ouréō est grec et signifie « uriner ». Le sens « répandre le liquide séminal » n'apparaît qu'à l'époque romaine[7]. SourcesLe mythe d'Orion est particulièrement fragmenté. S'il est évoqué dans l'épopée homérique, on ne trouve guère de récits complets du mythe avant des mythographes tardifs. Ainsi les périodes archaïque, classique et même hellénistique ne présentent que des évocations plus ou moins détaillées de faits isolés du mythe[3]. De plus, certains épisodes ne sont pas intégrés à celui-ci[8]. La constellationLa constellation d'Orion apparaît pour la première fois dans l'Iliade d'Homère (18, 486, etc. ; 22, 29)[9]. Elle est également citée dans l'Odyssée (5, 274)[9]. Hésiode la mentionne dans Les Travaux et les Jours (596, 607, etc.)[9], Aristote dans Des Météores (2, 5, 4) et Problèmes (26, 13)[9]. Le chasseurLe chasseur mythique, amant d'Éos, est cité par Homère dans l'Odyssée (5, 121, etc. ; 11, 310, 572, etc.)[9]. Ulysse aperçoit son ombre dans le monde souterrain[10]. À l'époque romaine impériale, la légende est reprise :
Le mythe d'OrionNaissanceLa légende la plus répandue raconte que le vieil Hyriée ne pouvait avoir d'enfants. Un jour, il accueille de manière très hospitalière Zeus et Poséidon. Pour le remercier, ceux-ci engendrent avec la Terre un fils qu'ils lui accordent[14]. Dans un autre version, Orion est le fils de Poséidon et d'une fille de Minos, Euryalè[8]. L'enfant est doté de qualités exceptionnelles. Il est fort, beau et d'une taille gigantesque[8]. Il a reçu de Poséidon la capacité de se déplacer sur les flots[3]. Le hérosOrion épouse Sidé ( « grenade »), qui est très belle et très fière. Elle est précipitée dans le Tartare par Héra, à qui elle a voulu se comparer. Elle donne à Orion deux filles : les Coronides, Ménippé et Métioché, qui grandissent en Aonie (Béotie), au pied du Mont Hélicon[réf. nécessaire] Comme son père Hyriée, Orion est un héros primordial en Béotie, voyageur et bâtisseur[8]. Version d'Ovide (avant l'an 17/18)Ovide résume le reste de la vie d'Orion en quelques lignes[14] :
Version de Lucien de Samosate (vers 120 à après 180)Accueilli à la cour d'Œnopion qui régnait sur Chios, Orion tomba amoureux de Mérope, la fille du roi. Œnopion voulait se débarrasser de ce prétendant encombrant. Il décida donc de promettre la main de sa fille à Orion, à condition que celui-ci débarrassât Chios de tous les fauves qui s'attaquaient aux hommes et aux troupeaux. Le roi était persuadé qu'il n'y parviendrait pas, mais Orion, excellent chasseur, n'eut aucun mal à remplir ladite condition. Lorsqu'il revint demander la main de Mérope, Œnopion renia sa promesse, l'amoureux se fâcha et saccagea le palais. Il fut ligoté tant bien que mal par l'armée lancée par le roi. Pour le punir, Œnopion l'aveugla et l'abandonna sur le rivage. Orion marcha alors droit devant lui à travers la mer jusqu'à l'île de Lemnos et fut attiré par les forges d'Héphaïstos, qui accepta de lui prêter Cédalion. Le géant rentra dans la mer et marcha le levant[8]. Pendant sa marche, Orion recouvra miraculeusement la vue[15]. Informations du Liber monstrorumLe Liber monstrorum (it), catalogue de peuples et créatures légendaires anonyme du VIIIe siècle, décrit ainsi sa force[16] : « Orion, on pense, était tel qu'il pouvait traverser toutes les mers et surmonter avec ses épaules les vagues même des plus profondes inondations. Il traînait ainsi des sorbiers et des chênes énormes arrachés des montagnes par leurs racines. On dit qu'il traversait les sommets des montagnes et renversait de sa tête les hauts nuages du ciel. » Mort d'Orion et son élévation au cielOrion fut également aimé d'Éos. D'après Homère, la déesse enleva le héros et le conduisit à Ortygie, où il succomba sous les coups d'Artémis[8]. Il existe plusieurs variantes de la mort d'Orion : tantôt Artémis, Héra ou la Terre (Gaia) suscite un scorpion qui pique le héros et le tue, tantôt Éos, voulant se venger d'un outrage que lui a fait Orion, l'abat d'une flèche[8]. Dans tous les cas, Orion est transformé en constellation le plus souvent par Zeus[8]. Par la flèche d'ArtémisIl retourna à l'île de Chios pour se venger d'Œnopion, mais Artémis lui demanda d'oublier sa vengeance et lui proposa de chasser avec elle. Le frère d'Artémis, Apollon, qui avait quelques craintes pour sa sœur, envoya un monstrueux scorpion à sa poursuite. Orion tenta de le combattre mais il n'y parvint pas. Pour échapper au monstre, il s'enfonça dans la mer, qui formait une barricade naturelle. Alors Apollon désigna le géant et dit à Artémis de le tuer, le faisant passer pour un monstre. Comme le géant était trop loin, Artémis ne put le reconnaître et lui lança une flèche. Elle alla à la nage récupérer le cadavre, mais lorsqu'elle s'aperçut que c'était Orion, elle plaça son image parmi les étoiles (par catastérisation) en compagnie de ses chiens, Sirius et Procyon[réf. nécessaire]. C'est pour cela que les constellations de Orion et du Grand Chien (qui compte l'étoile Sirius, l'astre le plus brillant du ciel en dehors des éléments du système solaire) sont proches l'une de l'autre, et que le Scorpion fut placé de l'autre côté sur la voûte céleste, le héros et le monstre se poursuivant sans cesse sans jamais se rattraper[réf. nécessaire]. Par le scorpion d'ArtémisUne première version dit qu'Orion et Artémis avaient l'habitude de chasser ensemble. Un jour, Orion, qui était amoureux de la déesse, essaya de l'embrasser. Artémis, indignée, fit apparaître un scorpion et lui ordonna de piquer le géant. En le voyant mourir, Artémis, émue, transforma Orion en constellation, et réserva le même sort au scorpion qui l'avait fidèlement servie[réf. nécessaire]. Une deuxième version de la mort du chasseur par Artémis, moins populaire, dit qu'Orion était l'ennemi mortel d'Artémis. Chose étrange car Artémis, étant une déesse, est dite immortelle. Pour se débarrasser de lui, et ainsi échapper à la mort, Artémis invoqua un scorpion géant qui tua Orion par son venin. Le scorpion, quant à lui, est ainsi élevé au ciel par Artémis pour l'avoir fidèlement servie[réf. nécessaire]. Une troisième version dit qu'Orion gagna à un lancer de disque contre Artémis et qu'elle envoya un scorpion le piquer. Il devint la constellation d'Orion[réf. nécessaire]. InterprétationsLes études mythologiques ont noté que Orion et Aurore (Éos) de la tradition grecque sont comparables à Rohiṇī (en) et Prajāpati de la tradition indienne ancienne[17]. Éos trouve une correspondance étymologique dans la déesse de l'aurore dans le panthéon védique, Uṣás (cf. aussi le latin Aurōra, l'avestique Ušah, etc., tous issus de l’i.e.[Quoi ?] *H₂áu̯sōs), et Rohiṇī est généralement interprétée comme faisant référence à une « aube rougeoyante ». Les intrigues des mythes grecs et indiens présentent des chevauchements frappants, tels qu'un motif de chasse et une histoire d'amour[17]. Pour Michael Janda, les deux traditions ont des racines communes dans la mythologie et la poésie indo-européennes. Le mythe proto-indo-européen repose sur des observations du mouvement des étoiles dans le ciel nocturne, dans lequel les constellations Orion et Aldébaran (Éos, Rohiṇī) se déplacent à proximité l'une de l'autre, ce qui a formé la base de l'histoire d'Orion poursuivant l'aube. Ainsi, les traditions grecques et indiennes antiques conservent non seulement des traces des mythes proto-indo-européens, mais aussi des traces d’observations astronomiques des Proto-Indo-Européens[17]. ReprésentationsPompéi abrite par ailleurs deux mosaïques attribuées au mythe d’Orion et datées du IIe siècle av. J.-C. Elles se trouvent dans la maison d’Orion. Sur la première mosaïque, sur fond noir, Aion, divinité ailée de la voûte céleste, a le bras dirigé vers le haut, tandis que sa main gauche tient une torche enflammant les cheveux d’Orion, qui est lui doté d’ailes de papillon et est représenté comme anima (c’est-à-dire la psyché qui sort de la dépouille humaine au moment de la mort). La composition représente sa montée au ciel (catastérisation). Un manteau couvre la partie inférieure du bras plié et donne à voir le corps d’un scorpion[18]. Développements ultérieursLongtemps délaissée par la littérature depuis l'Antiquité, la figure d'Orion a longtemps dû sa célébrité relative à l'Hypnerotomachia Poliphili (1467) ainsi qu'à un tableau de Nicolas Poussin. Depuis le début du XXe siècle, elle connaît un regain d'intérêt inattendu auprès des écrivains, des musiciens et des plasticiens. Peinture
SculptureLittérature, théâtre et poésie
Musique
BibliographieSources antiques
Travaux modernes
Sujets d'inspiration artistique sur le thème mythique
Notes et références
AnnexesLiens externes
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