Orlando Garcia da Silva naît le , à sept heures du matin, dans la Rua Augusta, aujourd'hui General Clarindo, dans le quartier Engenho de Dentro de Rio de Janeiro[1]. Son père, José Celestino da Silva, guitariste et nettoyeur de l'Estrada de Ferro Central do Brasil, meurt quand Orlando a trois ans, victime de la grippe espagnole qui ravage alors le pays[2].
Il doit quitter l'école très tôt, alors qu'il sait à peine lire, écrire et effectuer les quatre opérations de calcul, pour aider sa mère, Dona Balbina, qui est blanchisseuse. Il travaille comme livreur de boîtes à lunch, cordonnier, coursier pour Western (avec un salaire de 3,50 cruzeiro par jour), vendeur de tissus et de vêtements, changeur d'autobus, ouvrier dans une usine de céramique et livreur de colis pour Casa Reunier. Dans tous ces emplois, il profite de ses pauses pour chanter à ses camarades (principalement des chansons de Francisco Alves et Carlos Galhardo, ses idoles)[2].
Un matin d'août 1932, alors qu'il saute dans un tramway en marche sur la Place de la République, il glisse et tombe sur les voies, son pied heurtant le véhicule. À l'hôpital, où il est longuement soigné, ses orteils sont amputés, mais les médecins laissent les coupures ouvertes, pensant que le saignement empêcherait l'infection. Il reste à l'hôpital pendant près de six mois, prenant de la morphine pour supporter la douleur[3] - il développera plus tard une dépendance à cette drogue, qui absorbera une part considérable de ses revenus de chanteur[4].
Carrière musicale
Premières œuvres et célébrité
Un jour, Orlando est emmené par son frère aîné Edmundo pour passer un essai sur Radio Cajuti, mais il échoue. Il se présente également à l'émission de Renato Murce sur Radio Philips, mais ne réussit pas non plus. Ces échecs successifs l'amènent à envisager d'abandonner la chanson[5].
Lors de son essai à Cajuti, Orlando est cependant auditionné par Bororó, qui souhaite donner une chance au nouveau venu. Il l'emmène alors au Café Nice et le présente à Francisco Alves, qui entend Orlando chanter dans sa voiture et décide immédiatement de le lancer dans son propre programme de Radio Cajuti, qui l'avait rejeté auparavant. C'est ainsi que le , Orlando fait sa première apparition[6].
Orlando reste à la station de radio pendant six mois jusqu'à ce qu'il soit invité par RCA Victor à rejoindre le chœur du label. Après le carnaval de 1935, il enregistre pour le label un disque contenant Lágrimas et Última Estrofe, tous deux de Cândido das Neves(pt)[7].
En 1936, il participe à l'inauguration de la Rádio Nacional et est le premier chanteur à s'y produire, interprétant Caprichos do Destino, de Pedro Caetano et Claudionor Cruz[8]. C'est également le premier à proposer une émission exclusive, diffusée le dimanche en fin d'après-midi[9].
Son succès à l'époque est tel que ses fans prennent l'habitude de collectionner des pièces de ses vêtements, avant que le chanteur Cauby Peixoto ne devienne célèbre pour cela. Ses disques battent des records de vente[9]. Son premier succès au carnaval est Abre a Janela, de Roberto Roberti(pt) et Arlindo Marques Júnior[10].
Selon le journaliste Walter Silva, le présentateur Oduvaldo Cozzi commence à le présenter comme « le chanteur des foules » car Orlando attire les foules non seulement lors de ses représentations publiques, mais aussi le long des rues et des avenues, où les gens se rassemblent pour écouter sa voix diffusée par des haut-parleurs installés le long de la route[11]. Lors d'une représentation sur le balcon du Rádio Cruzeiro do Sul à São Paulo, par exemple, Orlando chante devant un public estimé à 100 000-150 000 personnes, ce qui correspond à environ 15 % de la population de la ville à l'époque[12].
Déclin et dernières décennies de vie
Au début des années 1940, Orlando intensifie sa consommation de drogues en même temps que sa carrière décline, ce qui l'amène à prendre davantage de stupéfiants. En 1946, il perd son contrat avec la Rádio Nacional, qui tente de le réembaucher quelques années plus tard, mais finit par le renvoyer à nouveau. En 1947 et 1948, il réussit à enregistrer respectivement sept et trois disques, mais en 1949, Odeon rompt également avec lui[13].
En 1961, Orlando tente un dernier coup avec RCA Victor : un projet de réenregistrement de 32 de ses succès. Le biographe Ronaldo Conde Aguiar estime que le résultat est « embarrassant » et qu'Orlando n'est alors qu'un chanteur ordinaire[14]. Après cela, ses derniers emplois sont quelques apparitions à la télévision[15].
Vie privée
En 1940, Orlando entame une relation avec l'actrice Zezé Fonseca. Cette relation suscite la controverse parmi ceux qui suivent la vie du musicien ; certains disent qu'Orlando se tourne vers la drogue pour tenter de surmonter son amour non partagé pour elle, tandis que d'autres disent que c'est elle, qui n'est pas aimée de lui, qui a plus d'affection pour la drogue[16]. Elle le quitte en 1943[13].
En 1947, Orlando rencontre Maria de Lourdes Souza Franco, avec qui il passe les dernières décennies de sa vie. Elle l'aide à renoncer à l'alcool et à réduire sa consommation de morphine[14].
Depuis l'amputation de ses orteils, Orlando se drogue, mais modérément. Au fur et à mesure que sa célébrité grandit, sa consommation de drogues s'intensifie et s'accompagne d'épisodes de dépression, qu'il tente d'atténuer en consommant davantage de drogues (principalement de la morphine et de l'alcool). Certains épisodes spécifiques sont attribués à l'intensification de sa dépendance : un traitement dentaire désastreux qui lui cause de fortes douleurs [17] ; la décision d'extraire toutes ses dents naturelles et de les remplacer par des dentiers affectent son émission vocale[13] ; et même la nuit suivant un grand concert à São Paulo où le chanteur, agité, demande la visite d'une infirmière qui lui administre une dose de morphine dont l'effet apaisant plaît beaucoup au patient[18].
Parmi les personnes qui essayent d'aider Orlando, il y a Francisco Alves, qu'Orlando appelle son « père » et « la bénédiction de Dieu dans ma vie ». Francisco demande à des compositeurs d'offrir des chansons à Orlando, a emmène son ami à ses concerts et essaye de lui trouver une place dans les maisons de disques[14].
Mort
Orlando Silva meurt le à Rio de Janeiro[19], d'une ischémie cérébrale[15].
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
[Aguiar 2013] (pt) Ronaldo Conde Aguiar, « Orlando Silva - O Cantor das Multidões », dans Os Reis da Voz, Rio de Janeiro, Casa da Palavra, (ISBN978-85-773-4398-0).
(pt) Jonas Vieira, Orlando Silva 100 anos - O Cantos da multidões, Rio de Janeiro, Funarte, , 3e éd. (ISBN978-8585781507)