Un pèlerinage (/pεlrinaʒ/[1]; du latin peregrinus, « étranger »[2]) est un voyage effectué par un croyant, le pèlerin, vers un lieu de dévotion, vers un endroit circonscrit tenu pour sacré selon sa religion car supposé contenir une communication directe avec une divinité grâce à une relique, un légendaire (récit d'apparitions, de miracles), une source, un arbre.
Le déplacement des hommes et des femmes — souvent à pied mais aussi en bateau ou encore train et avion depuis la révolution industrielle — vers des lieux où ils entrent en contact avec le sacré est une pratique qui apparaît dans de très nombreuses cultures jusqu'à nos jours, et on en trouve des indices[3] à Çatal Hüyük, au début du néolithique, ou encore Stonehenge vers 1700 av. J.-C. Le pèlerinage est un phénomène quasi universel de l'anthropologie religieuse. Le pèlerin rencontre le surnaturel en un lieu précis où il participe à une réalité autre que la réalitéprofane.
Le pèlerinage constitue souvent une importante source de revenus, et ce dès ses débuts, une tendance qui s'est accentuée avec l'industrialisation du tourisme et qui participe au développement de la religion concernée : c'est par exemple la présence de Lourdes qui fait de Pau-Pyrénées un aéroport international. On peut aussi mentionner des villes comme La Mecque, Mexico, Bodhgaya ou Bénarès qui bénéficient des revenus de leur pèlerinage respectif, pèlerinages qui peuvent drainer des millions de personnes chaque année.
Si l'on prend l'entité géopolitique du bassin méditerranéen, ce sont quatre « cultures-monde » liées aux identités religieuses chrétienne (catholique et orthodoxe), judaïque et musulmane[4] qui constituent la base d'un fort flux touristique dans cette région du monde. Mais au-delà du seul aspect économique, la circulation de personnes désintéressées, curieuses et animées d'un idéal crée des interactions propres à ouvrir et à renforcer en même temps l'identité des cultures concernées (sur les lieux d'origine, d'arrivée et de passage). Ces voyages hésitent ainsi souvent entre le pèlerinage stricto sensu et le tourisme religieux.
En 2016, le nombre annuel de pèlerins est estimé à 500 millions, dont 80 % concernent l'islam, le bouddhisme et surtout l'hindouisme : le Khumba Melahindou avait ainsi réuni plus de 100 millions de personnes[5], les pèlerinages chrétiens représentant 90 à 100 millions de pèlerins, soit 20 % des pèlerins.
Religions disparues
Les premiers pèlerinages remontent à la préhistoire. On hésite sur des dates car le phénomène est difficile à attester, mais on est certain qu'au Néolithique des hommes et des femmes se sont déplacés pour des motifs religieux[3].
En un certain sens, l'Égypte antique et la Mésopotamie connaissaient également cette pratique, même si la notion est plus floue : ce sont en effet les dieux plutôt que les hommes que l'on voit se déplacer[6].
Dans le bassin méditerranéen, on pratique souvent aussi l'incubation, rite divinatoire consistant généralement à dormir près de lieux « sacrés » pour obtenir, sous la forme d'un songe, les réponses d'un dieu guérisseur aux questions que l'on se posait[7].
Des tombes de rabbins remarquables par leur sagesse donnent lieu à des pèlerinages en Israël et aussi en diaspora. On peut mentionner, en Israël, la tombe de rabbi Meïr (Galilée), et en diaspora celles du Baal Shem Tov (Ukraine), du rabbin Ephraim Al-Naqawa (Tlemcen, Algérie), de Amram ben Diwan (près de Ouazzane, Maroc). On a encore la tombe de Youssouf al-Ma'arâby ((ar) يوسف المعرابي) que les Juifs considèrent comme un de leurs ancêtres[9] , visitée généralement après le pèlerinage à la synagogue de la Ghriba (Djerba). Cette dernière tombe est aussi l'objet d'un pèlerinage, à la fin décembre, entrepris par les Juifs de el-Hamma, qui tiennent ce personnage pour un saint[10].
La plus ancienne description écrite de pèlerins chrétiens et de pèlerinages en Terre sainte est celle de l’Anonyme de Bordeaux, récit qui raconte comment un habitant de Bordeaux s'est rendu en pèlerinage à Jérusalem en l'an 333. Cependant, les Pères de l'Église se méfient de ces premiers pèlerinages, sources de dissipation et d'abus tels que le péché de gourmandise, de la luxure[Note 1] ou du commerce des reliques[Note 2] (la maxime du moine Thomas a Kempisqui multum peregrinantur, raro sanctificantur[Note 3] viendra confirmer ces craintes) et considèrent qu'ils ne sont pas nécessaires car le croyant peut honorer Dieu partout[14].
Les pèlerinages chrétiens au Moyen Âge, contrairement à une idée reçue développée au XIXe siècle[15], sont rarement entrepris par des personnes se déplaçant en foules et ne voyageant que par piété (pèlerinage pénitentiel ou à l'occasion de jubilés comme l'attestent les archives de pénitencerie) sur des routes bien balisées; il s'agit le plus souvent de voyages solitaires ou en petits groupes (essentiellement d'hommes) auxquels se mêlent de nombreux commerçants, sur des routes muletières (le pavage se développe seulement au XIIIe siècle[16]). Ces petits groupes sont animés par des raisons pieuses ou moins pieuses : d'un côté la foi, la repentance, mais aussi de l'autre, le défi, les affaires, le besoin de rompre avec sa famille, son milieu professionnel, parfois une démarche à dominante touristique (découverte de nouveaux monuments, cuisines, personnes)[17]. C'est aussi à cette époque que se généralise la pratique du « pèlerinage par procuration ». Il peut s'agir alors soit d'un pèlerinage posthume, prescrit par testament, le vœu de pèlerinage étant transférable à ses héritiers, soit d'un pèlerinage vicaire[Note 4], accompli par autrui de son vivant [18]. Le pèlerinage par procuration est une pratique toujours vivante et encadrée chez les musulmans (hajj badal).
Les sanctuaires lointains sont des destinations pour ceux qui en ont les moyens (« pèlerinage au long cours »). C'est ainsi que le Moyen Âge n'est pas l'âge d'or mais plutôt l'âge mythique du pèlerinage, les foules pèlerines de cette époque appartenant à l'imaginaire populaire[19]. C'est par contre déjà à l'époque carolingienne que se développe la protection juridique du pèlerin et que naît ainsi progressivement un ordre des pèlerins (ordo peregrinorum) et une loi des pèlerins (lex peregrinorum), constituant un statut du pèlerin[20]. C'est encore au cours du Moyen Âge que s'organisent les grands sanctuaires de pèlerinage de la chrétienté qui jouent un rôle religieux et culturel, tout en répondant également à une nécessité économique (production et vente d'objets souvenirs, offrandes, structures d'accueil qui assurent d'importants revenus au sanctuaire)[21]. C'est aussi le moment où les pèlerins sont progressivement encadrés (gîte et couvert) en raison des dangers qui guettent les voyageurs mais aussi pour éviter que certains ne se servent de ce déplacement comme alibi pour rompre avec leur milieu d'origine[22].
Le premier jubilé formellement organisé par la papauté fut décrété en 1300 par le pape Boniface VIII, qui invitait les chrétiens à se rendre à Rome pour bénéficier de l'indulgence plénière accordée auparavant aux Croisés. Cette décision s'explique par la perte du royaume de Jérusalem qui rendait difficile le pèlerinage à Jérusalem et développait, par contre-coup, fortement celui de Rome[23]. Le but premier du pèlerin médiéval est la possibilité de « toucher » les reliques qui lui assure, outre le sacrifice financier ou temporel qu'il suppose, une plus grande efficacité que la prière à distance du saint[24].
À partir du XIVe siècle, les lieux traditionnels de pèlerinage déclinent en raison du mouvement de la devotio moderna qui privilégie le pèlerinage spirituel, intérieur[25], de l'insécurité des routes pendant la guerre de Cent Ans, et des guerres de religion[26]. À partir du XVIe siècle, les conditions changent: le protestantisme condamne les pèlerinages, prétexte au vagabondage, au loisir ou à l'idolâtrie, et les États qui se centralisent veulent contrôler le déplacement de personnes[Note 5]). Dès lors, le pèlerinage régional ou local, contrôlé par les clercs, est privilégié (« pèlerinage de recours » favorisé par les récits de miracles liés à des sanctuaires locaux, pèlerinage expiatoire et judiciaire[27]). Lorette et sa sainte Maison deviennent alors le lieu du pèlerinage le plus important de l’Occident chrétien, accueillant en son enceinte plusieurs centaines de milliers de pèlerins lors des jours saints, tandis que fleurissent également dans toute l’Europe des lieux de culte en l’honneur de Notre-Dame de Lorette le plus souvent financés par les populations locales.
Au XVIIIe siècle, la philosophie des Lumières qui critique le commerce des reliques et le trafic d'indulgences dont le pèlerin peut bénéficier (notamment des prières ou mortifications réalisées dans son diocèse plutôt qu'effectuer un long pèlerinage) est en partie à l'origine du fléchissement du « pèlerinage au long cours », mais celui de proximité se maintenant[28]. Toutefois, celui-ci se soldera par la mise sous scellé du sanctuaire de Lorette par Napoléon, avec la saisie des reliques et de la statue de la Madone, ainsi que le pillage et la destruction d’œuvres d’art par ses troupes. Lorette redevient alors objet de pèlerinage local, oublié du reste de l’Occident.
Aujourd'hui, beaucoup de pèlerinages ne sont plus le fait de fervents pratiquants menant une démarche religieuse rigoureuse, mais sont utilisés pour obtenir une faveur divine (pèlerinage propitiatoire, notamment par la pratique de « déposer un ex-voto », pèlerinage de guérison), remercier d’une grâce obtenue (pèlerinage gratulatoire), ou faire du tourisme religieux au cours de vacances thématiques, de retraite spirituelle ou de visites de destinations culturelles. Il n'en reste pas moins qu'il y a un renouveau du pèlerinage au long cours depuis les années 1980, en lien avec la mode de la randonnée pédestre en liberté ou accompagnée[16].
Les pèlerinages actuels
Parmi les pèlerinages catholiques actuels, on peut retenir :
- Les pèlerinages mariaux dédiés à la Vierge Marie, par exemple à Lourdes et à Fatima. Ces pèlerinages peuvent se faire individuellement ou en groupe, de préférence en consultant le calendrier proposé pour s'inscrire dans une occasion particulière, comme le pèlerinage national de Lourdes tous les 15 août.
- Les pèlerinages des pères de famille qui se sont développés au début des années 2000 sous le patronage de Saint-Joseph[30] pour que chaque pèlerin réfléchisse à son rôle de père dans la famille. Les chapitres non mixtes d'une trentaine de pèlerins sont organisés par les paroisses. Chaque chapitre choisit un itinéraire pour se rendre à Vézelay, Cotignac ou au Mont-Saint-Michel lors d'un long week-end de la fin de mois de juin. Une vingtaine de chapitres convergent ensuite pour se retrouver dans une célébration religieuse commune dans l'abbaye choisie. Il existe aussi les pèlerinages de mères de famille.
- Le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle sous le patronage de l'apôtre Saint Jacques le majeur qui est une longue marche d'environ 1.500 km de France à l'Espagne. 300.000 pèlerins par an choisissent une ville de départ telle Vézelay, Le Puy en Velay et l'itinéraire balisé associé pour progresser ensuite chacun à son rythme, de manière individuelle ou collective [31].
- Le pèlerinage de Chartres qui est populaire chez les étudiants. Les pèlerins marchent en chapitres et parcourent la distance complète d'environ 100 km de Notre-Dame de Paris à Notre-Dame de Chartres ou un trajet allégé. Une version a lieu pendant le week-end de la Pentecôte[32].
Le pèlerinage (hajj) à La Mecque et ses proches environs, rassemble deux millions de pèlerins par an[34]. Il se subdivise en deux types : d'une part, le hajj ou « grand pèlerinage », qui s'effectue entre les 8 et 13 du mois lunaire de Dhû al-hijja. L'accomplir est un des cinq piliers de l'islam. Tous les musulmans qui en ont la capacité doivent en principe le faire au moins une fois dans leur vie. D'autre part, la 'umrah ou « petit pèlerinage » peut se faire à n'importe quel moment de l'année, contrairement au « grand pèlerinage » qui se déroule invariablement aux mêmes dates; mais il ne suffit pas à satisfaire à l'obligation canonique du hajj. Cependant, la 'umrah est souvent pratiquée par les pèlerins avant d'entamer le hajj proprement dit, ce qui permet se satisfaire à l'appel du Coran (sourate 2, v. 192)[33] : « Faites entièrement le Grand et le Petit Pèlerinages pour Dieu! »
Il existe aussi de nombreux pèlerinages extra-canoniques (ainsi nommés car ils sont d'abord la manifestation d'une piété populaire[33]) vers les tombes ou mausolées de prophètes ou de saints soufis, appelés Ziyarat (« visites (pieuses) »), que l'on retrouve dans l'ensemble du monde musulman, tant chez les sunnites que chez les chiites[33]. Parmi ces visites pieuses, on mentionnera aussi les pèlerinages de l'urs, effectués sur la tombe d'un saint soufi à l'occasion de l'anniversaire de sa mort. Cette pratique est répandue en Asie du Sud[35], et elle est particulièrement populaire en Inde.
Pèlerinages baha’is
Dans le bahaïsme, Bahá’u’lláh a prescrit, dans le Kitáb-i-Aqdas, le pèlerinage vers deux endroits : la maison de Bahá’u’lláh à Bagdad en Irak, et la maison du Báb à Chiraz en Iran. Dans deux tablettes séparées, connues sous le nom de Suriy-i-Hajj, Bahá’u’lláh a prescrit des rites spécifiques pour chacun de ces pèlerinages. Le pèlerinage est recommandé pour les hommes et les femmes qui en sont capables, mais les croyants sont libres de choisir entre les deux destinations, chacune étant considérée comme suffisante. Actuellement, ces deux lieux de pèlerinage sont inaccessibles aux baha’is. Ce pèlerinage n’est pas considéré comme un pilier de la foi.
Plus tard, ‘Abdu’l-Bahá désigna le tombeau de Bahá’u’lláh à Bahji (la qiblah) comme lieu de pèlerinage (ziyarat) additionnel. Aucun rite spécifique n’a été prescrit pour ce lieu. À nouveau, ce pèlerinage n’est pas un pilier ni une obligation, mais une recommandation afin de rendre hommage aux personnes centrales : Bahá’u’lláh et le Báb. Beaucoup de baha’is le font[36].
L'hindouisme est une religion qui donne beaucoup d'importance aux pèlerinages. Le plus vieux pèlerinage du monde encore pratiqué est le pèlerinage hindou de Kurukshetra dans l'état indien de l'Haryana. Il y a plusieurs lieux saints d'une grande importance pour les hindous.
On a ensuite le Chota Char Dham Yatra / छोटा चार धाम, pèlerinage des sources du Gange et de ses affluents, à faire dans l'ordre d'importance des lieux : Gangotrî-गंगोत्री, la source du Gange, Yamunotri-यमुनोत्री, la source de la Yamunâ; Kedarnath-केदारनाथ, la source de la Mandakini; Badrinath-बद्रीनाथ, la source de l'Alaknanda.
Le Jyotirlinga / ज्योतिर्लिङ्ग, le pèlerinage des douze linga de Shiva. On a aussi le Kailash Mansarovar Yatra / कैलाश मानसरोवर यात्रा, pèlerinage de la demeure de Shiva situé au Tibet en trois lieux: le Mont Kailash, le Lac Manasarovar et le Lac Rakshastal
Les Sapta Sindhu / सप्त सिंधू, sont les sept rivières sacrées de l'Inde. Elles font l'objet d'un pèlerinage visant à la purification et la salvation. On a ainsi l'Indus, fleuve le plus septentrional du pays, qui a longtemps été un cours d'eau très symbolique et spirituel dans la culture indienne. Ce cours d'eau est aujourd'hui principalement vénéré par les Sindis. 2) Le Gange, fleuve le plus saint de l'Inde dont le pèlerinage est le plus important aux yeux des fidèles. 3) La Yamuna affluant du Gange qui a une importance particulière pour les Krishnaïtes(en), les Vishnouïtes Gaudiya et les dévots de Krishna, du fait de l'enfance passée par cet avatar sur les rives de cette rivière. 4) La Narmada, (Inde centrale), est traditionnellement considérée plus pure que le Gange lorsque celui-ci est pollué par l’indifférence humaine. 5) Le Godavari , fleuve du Deccan prenant sa source non loin de Nashik, devient un centre de pèlerinage important en temps de Pushkaram(en). 6) La Kaveri, (Inde du Sud), est essentiellement vénérée par ses riverains, par les Vishnouïtes et les dévots de Ranganath (Vishnou). 7) Enfin, la Sarasvati, septième fleuve sacré de l'Inde, mais dont le culte n'est que très peu voire pas développé du fait que cette rivière a disparu entre 3000 et 2000 av. J.-C. Sa localisation géographique va de l'Himalaya (Himachal Pradesh) jusqu'au Kutch (Gujarat) en passant par le Penjab et le Rajasthan. Ce fleuve mentionné dans les Védas disparaît à la suite d'une catastrophe d'origine sismique ayant pour conséquence l'assèchement de son bassin fluvial et la création du désert du Thar. Cependant, plusieurs de ses anciens affluents (non himalayens) sont toujours objet de culte.
Les hindous croient que se rendre dans ces endroits mène au moksha, la libération du cycle des renaissances, le saṃsāra. On ajoutera encore à cette série de lieux le Bromo, un volcan sacré des hindouistes indonésiens sur l'île de Java dédié à Brahmâ.
Au cœur du jaïnisme, se trouve vingt-quatre personnages appelés en sanskrit les Tirthankara, c'est-à-dire les « faiseurs de passages » — vers la Délivrance (moksha) du cycle des existences (samsara). Ils sont aussi porteurs du titre de Jina (« vainqueur »). Les fidèles entreprennent donc des pèlerinages (tîrtha-yâtrâ, littéralement « voyages vers les lieux saints ») vers différents lieux associés à la biographie de chacun de ces personnages, dans le but de manifester leur dévotion et de pratiquer des rites qui les rapprochent des moines. Ceux-ci (surtout des membres du courant shvetambara) font d'ailleurs souvent, eux aussi, des pèlerinages, aux côtés des fidèles laïcs, afin de manifester leur piété[37].
Les lieux de pèlerinage sont essentiellement les endroits où les Jina ont atteint la délivrance. Seul cet événement importe, si bien qu'il n'y a aucun lien entre les lieux de pèlerinage et d'éventuelles reliques[38]
Les pèlerins cheminent pieds nus et doivent souvent gravir de (très) longs escaliers pour atteindre les sanctuaires, dont plusieurs se trouvent sur des éminences[39].
Parmi les lieux sacrés les plus fréquentés, on peut citer Ayodhyâ (Uttar Pradesh), qui, selon la tradition jaïne, a vu naître plusieurs Tirthankara, et a reçu la visite du dernier d'entre eux, Mahâvîra. On a aussi Sammet Shikar (Bihar), où vingt Tirthankara sont parvenus à la libération du cycle des réincarnations, ainsi que Shatrunjaya-Palitana (Gujarat), avec ses 863 temples répartis en onze enceintes (basti) renfermant chacune plusieurs édifices. Ranakpur (Rajasthan), où se trouve le plus grand temple jaïn[réf. nécessaire]. Il s'agit le plus souvent de sites avec des lieux d'accueil sacrés, appelés dharmashâlâ[40], sur place ou à proximité, réservés à l'hébergement des pèlerins et des visiteurs.
Tout jaïn doit faire au moins un pèlerinage, dans sa vie, à l'un de ces lieux saints[39]. Néanmoins, on peut trouver des temples jaïns hors d'Inde, aux États-Unis, en Afrique et en Europe (en Grande-Bretagne tout particulièrement) ; le plus grand site de pèlerinage du jaïnisme en Europe, à l'heure actuelle, est le temple jaïn d'Anvers[41],[42],[43], en Belgique, et il est par ailleurs le plus grand temple jaïn hors d'Inde.
Le pèlerinage est une pratique assez répandue dans le bouddhisme[44]. Les raisons pour l'accomplir sont diverses: revivre des événements de la vie des personnages saints, en particulier le Bouddha Gautama, acquérir des mérites, bénéficier de l'influence positive des lieux saints et de l'arbre de la boddhi ou encore réaliser un vœu de pèlerinage[44]. On a en fait une liste de huit lieux (les mahâsthâna ou« grands sites ») où se sont déroulés des événements importants de la vie du Bouddha[45].
Les quatre premiers et les plus anciens de ces sites — on en trouve la mention dans le Mahaparinibbana Sutta[45] —sont ceux liés à la vie du Bouddha : 1) Lumbinî, lieu de sa naissance ; 2) Bodh-Gaya, le lieu de l'illumination ; 3) Sârnâth , lieu de son premier sermon ; 4) Kusinara (maintenant Kusinâgar, Inde), lieu de son entrée dans le paranirvana et de sa mort. C'est le Bouddha lui-même qui a recommandé d'accomplir ses visites avec une grande vénération. Pour les bouddhistes, le lieu le plus important est Bodh-Gaya, là où se trouve un très vieil arbre de la boddhi, qui est le rejeton de l'arbre sous lequel le Bouddha s'est éveillé[44].
À ces quatre endroits viennent d'ajouter, entre le troisième et le cinquième[45], 5) ce qui est connu comme le double miracle du Bouddha accompli à Srâvasti, 6) la descente du ciel de Tusita (à Sâmkâsya près de Srâvasti), 7) la soumission de Nâlâgiri, un éléphant ivre et furieux que Devadatta a fait lâcher contre son cousin Gautama à Râjagriha[46], et 4) l'acception de l'offrande d'un singe à Vaisâli[45].
D'autres lieux saints sont souvent inclus dans des circuits de pèlerinage bouddhiste en Inde et au Népal, liés peu ou prou à la vie du Bouddha. Par exemple, le sanctuaire Maha Kassapa, sur la colline Hành Kukkutapa Tapada, dans l'état de Bihar (Inde) ; la grotte de Dungeshwari (où Bouddha aurait médité quelque temps avant d'arriver à Bodh-Gaya) ; le stupa de Sujata(en) (marquant le lieu à proximité de Bodhgaya où Sujata, une paysanne, offrit au Bouddha un bol de lait que Gautama accepta, renonçant ainsi à sa longue période d’ascétisme extrême. On trouve aussi Nâlandâ où se trouvait la première université bouddhiste ; Rajgir, avec la cabane Gandhakuti dans le parc de Jetavana(en), où le Bouddha séjournait pendant les saisons de pluie) ; Kapivalastu-Piprâwâ, dans l'état d'Uttar Pradesh, ancien Sankissa, où le Bouddha séjourna.
Le mont Kailash et le lac Manasarovar, tous deux situés au Tibet occidental, lieux de pèlerinage hindou, sont également visités par des pèlerins bouddhistes tibétains et bön.
Japon
Au Japon, la tradition des pèlerinages bouddhistes (japonais: junrei) devint populaire à l'époque de Heian, après qu'un religieux du nom de Shinnyo (799-865) eut fait le pèlerinage en Inde. Parallèlement à la dévotion à Kannon se développèrent des circuits de pèlerinage aux trente-trois « sanctuaires de l'ouest » et aux trente-trois « sanctuaires de l'est » autour de Kyoto (dans le Kansai), car à chaque de ces endroits Kannon se serait manifestée sous une de ses trente-trois apparences (sanjûsan-ôgeshin)[47],[44]. On assiste aussi au développement du pèlerinage des 88 temples à Shikoku, sur les traces du moine Kûkai, le fondateur du bouddhisme shingon — ses pèlerins sont nommés henro. Tant à Shikoku qu'à Kyoto, le pèlerin fait tamponner un carnet de pèlerinage à chaque étape, afin d'attester sa présence, et aussi de garder un souvenir de son pèlerinage[44]. La tradition de ces pèlerinages se répandit surtout à l'époque d'Edo, pour des raisons religieuses, mais aussi fréquemment pour se distraire[47]. Il arrive aussi fréquemment que les fidèles bouddhistes se contentent de visiter l'un ou l'autre de ces temples, ne disposant pas du temps nécessaire pour parcourir l'ensemble de l'un de ces circuits[47].
Le pèlerinage à Grand-Pré, au Canada, a lieu pour commémorer la déportation des Acadiens, ayant eu lieu à cet endroit en 1755. Ce pèlerinage n'est donc pas religieux, bien qu'il soit relié à la religion catholique car finissant à l'église-souvenir.
Le concept du pèlerinage a été également trouvé dans l'Amérique centrale précolombienne. Les lieux importants de pèlerinage étaient : Teotihuacán (toujours visité des siècles après que ses bâtiments furent tombés en ruine), dit pour être le lieu où les dieux se sont réunis pour projeter la création de l'humanité ; Chichén Itzá, particulièrement le Cenote sacré, un puits naturel consacré au dieu Chac de pluie, lieu de sacrifices ; Izamal, consacré au dieu créateur Itzamna ; Cozumel, consacré à Ix Chel, déesse de la lune et de l'accouchement.
Bien culturel
Depuis mars 2020, « les pratiques d'itinérance et de pérégrination au Mont-Saint-Michel » en Normandie sont inscrites à l'inventaire national du patrimoine culturel immatériel de la France[48] en vue d'une candidature d'inscription sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité[49].
Notes et références
Notes
↑En effet, le pèlerinage est alors un prétexte pour des maris ou des jeunes hommes de rompre avec leurs familles et « partir à l'aventure ».
↑Leur culte, aussi ancien que celui des saints, permet de multiplier les lieux de pèlerinages, le nombre de tombeaux de martyres et de saints étant limité.
↑« Ceux qui voyagent beaucoup se sanctifient rarement ».
↑C'est-à-dire effectué par un pèlerin « professionnel » qui monnaye ses services auprès de ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas faire le voyage, et qui chargent donc, contre rétribution, quelqu'un d'autre de l'effectuer à leur place.
↑C'est ainsi qu'on voit se développer les passeports, certificats et patentes permettant de distinguer vrais et faux pèlerins, notamment les mendiants ou les vagabonds. Source : René de La Coste Messelière, « Édits et autres actes royaux contre les abus du pèlerinage aux XVIIe et XVIIIe siècles et la pérennité du pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle », Actes du 94e Congrès national des sociétés savantes, Paris, Bibliothèque nationale, 1971, p. 115-128
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Michael McCormick, « Les pèlerins occidentaux à Jérusalem, VIIIe – IXe siècles », dans Jean-Marie Sansterre, Alain Dierkens, Jean-Louis Kupper (dir.), Voyages et voyageurs à Byzance et en Occident du VIe au XIe siècle, Liége, Presses universitaires de Liège, , xvi, 420 (ISBN978-2-870-19278-8, DOIdoi.org/10.4000/books.pulg.4751), p. 289-306
(en) Laurel Zwissler, « Pagan Pilgrimage: New Religious Movements Research on Sacred Travel within Pagan and New Age Communities », Religion Compass, vol. 5, no 7, , Religion Compass (lire en ligne)
Arab Masyriqالمشرق العربيDemonimMasyriqiNegaraArab Saudi, Bahrain, Iraq, Kuwait, Libanon, Mesir, Oman, Palestina, Qatar, Somalia, Sudan, Suriah, UEA, Yaman, YordaniaBahasaBahasa Arab Arab Masyriq (Arab: المشرق العربي, Al-Masyriq al-'Arabi) merupakan suatu kawasan bagian dari Dunia Arab yang terdiri dari negara-negara seperti Arab Saudi, Iraq, Kuwait, Libanon, Mesir, Oman, Palestina, Somalia, Sudan, Suriah, Uni Emirat Arab, Yaman, dan Yordania.[1] Secara kiasan…
B. Saroja DeviDevi di upacara Penghargaan Film Nasional ke-54, di New Delhi pada 2 September 2008.LahirSaroja Devi07 Januari 1938 (umur 86)Bengaluru, Kingdom of Mysore, IndiaKebangsaanIndiaNama lainTemplat:UnbulletedlistPekerjaanPemeranTahun aktif1955–sekarangSuami/istriSri Harsha (m. 1967; meninggal 1986)Anak3PenghargaanPadmashriPadmabhushan B. Saroja Devi (kelahiran 7 Januari 1938) adalah seorang aktris India yang telah berak…
Anna MathovaniLahir7 November 1955 (umur 68)Bandung, Jawa Barat, IndonesiaPekerjaanpenyanyiKarier musikGenrepop, baladaInstrumenvokalTahun aktif1960 – 1980anLabelRemaco Anna Mathovani (lahir 7 November 1955) adalah penyanyi terkenal dari Bandung dan sangat berbakat seangkatan dengan Tetty Kadi, Erni Djohan, Vivi Sumanti dan lainnya. Lagu-lagunya banyak dikenal sampai kini seperti: Pertemuan, Angsa putih, Gita malam, Di Keheningan Malam dan masih banyak lagi. Lagunya Di Keheningan Malam ci…
ستيوارت مانور الإحداثيات 40°43′14″N 73°41′07″W / 40.7206°N 73.6853°W / 40.7206; -73.6853 [1] تقسيم إداري البلد الولايات المتحدة[2] التقسيم الأعلى مقاطعة ناسو خصائص جغرافية المساحة 0.543101 كيلومتر مربع0.543099 كيلومتر مربع (1 أبريل 2010) ارتفاع 26 متر عدد ا…
Джек и Боббиангл. Jack & Bobby Жанр Подростковая драма Создатели Грег БерлантиСтивен А. КоэнВанесса ТейлорБред Мельтцер Режиссёры Дэвид ПетраркаПитер МарлиДэвид НаттерМайкл ШульцПерри Лонг В главных ролях Мэтт ЛонгЛоган ЛерманКристин ЛахтиДжессика ПареЭдвин ХоджДжон …
British diesel multiple-unit (DMU) passenger train built by Bombardier Transportation British Rail Class 172TurbostarWest Midlands Railway Class 172/3s at Birmingham Moor StreetWest Midlands Railway Class 172 saloonIn service10 July 2010 – presentManufacturerBombardier TransportationBuilt atDerby Litchurch Lane WorksFamily nameTurbostarReplacedClass 150Class 153Constructed2010–2011Number built39SuccessorClass 196 (West Midlands Railway)Class 710 (London Overground)Formation2 car…
Airline of the United States Royal Air Freight IATA ICAO Callsign - RAX AIR ROYAL Founded1961 (1961)HubsOakland County International AirportFleet size22HeadquartersWaterford, Michigan, USAKey peopleKirt KostichWebsitewww.royalair.com Royal Air Freight (also known as Royal Air Charter) is an American passenger and cargo airline based in Waterford, Michigan, adjacent to the Oakland County International Airport. The airline is licensed and certified to serve the US, Canada and Mexico with char…
Эта статья или раздел нуждается в переработке.Пожалуйста, улучшите статью в соответствии с правилами написания статей. Мой шумный домангл. The Loud House Жанры комедийныйМультсериал Техники анимации компьютерная рисованная анимация (1—3 сезоны)flash-анимация (с 4 сезона) Создат…
Australian Championships 1960 Sport Tennis Data 22 gennaio - 1º febbraio Edizione 48a Categoria Grande Slam (ITF) Località Brisbane, Australia Campioni Singolare maschile Rod Laver Singolare femminile Margaret Court Doppio maschile Rod Laver / Bob Mark Doppio femminile Maria Bueno / Christine Truman Doppio misto Jan Lehane O'Neill / Trevor Fancutt 1959 1961 Gli Australian Championships 1960 (conosciuto oggi come Australian Open) sono stati la 48ª edizione degli Australian Championships e prim…
Komando Distrik Militer 1425/JenepontoLambang Kodim 1425/JenepontoNegara IndonesiaAliansi Korem 141/ToddopuliCabang TNI Angkatan DaratTipe unitKodim Tipe BPeranSatuan TeritorialBagian dari Kodam XIV/HasanuddinMakodimJl. Lanto Daeng Pasewang Lingkungan Pacceko, Kelurahan Balang, Kecamatan Binamu, Kabupaten Jeneponto, Sulawesi SelatanJulukanKodim TurateaPelindungTentara Nasional IndonesiaMotoMakassar: ᨔᨗᨑᨗ ᨊ ᨄᨌᨙSiri' Na PacceHarga diri dan empatiBaret H I J A U M…
районБершадский районукр. Бершадський район Флаг[d] Герб[d] 48°22′22″ с. ш. 29°31′57″ в. д.HGЯO Страна Украина Входит в Винницкую область Адм. центр Бершадь Глава администрации Стефанцов, Иван Васильевич[d][1] История и география Дата образования 1923 Дата упра…
American physicist, inventor, and eugenicist (1910–1989) For other uses, see William Shockley (disambiguation). It has been suggested that Foundation for Research and Education on Eugenics and Dysgenics be merged into this article. (Discuss) Proposed since May 2024. William ShockleyShockley in 1975BornWilliam Bradford Shockley Jr.(1910-02-13)February 13, 1910London, EnglandDiedAugust 12, 1989(1989-08-12) (aged 79)Stanford, California, U.S.NationalityAmericanAlma mater California Inst…
Swedish motorcycle speedway team Hammarby SpeedwayThe speedway track in 2016 in the process of being replacedClub informationTrack addressHammarby IP and Gubbängens IPStockholm, SwedenCountrySwedenFounded2004Closed2016Club factsTrack size376 metresTrack record time65.2 secondsTrack record date6 September 2011Track record holderMagnus ZetterstromMajor team honours Elitserien Bronze2007 Allsvenskan Gold2010 Hammarby IF Speedway was a Swedish motorcycle speedway team based in Stockholm, Sweden. Th…
Artikel ini bukan mengenai Stasiun Garum. Stasiun Garut C32 Tampak depan bangunan lama Stasiun Garut pada 2022.LokasiJalan BankPakuwon, Garut Kota, Garut, Jawa BaratIndonesiaKoordinat7°12′55″S 107°54′5″E / 7.21528°S 107.90139°E / -7.21528; 107.90139Koordinat: 7°12′55″S 107°54′5″E / 7.21528°S 107.90139°E / -7.21528; 107.90139Ketinggian+717 mOperator Kereta Api IndonesiaDaerah Operasi II Bandung KAI Commuter Letakkm 19+293 lin…
Middelfart Entidad subnacional La iglesia de San Nicolás, en Middelfart. Escudo MiddelfartCoordenadas 55°30′21″N 9°43′50″E / 55.505833333333, 9.7305555555556Entidad Ciudad • País Dinamarca DinamarcaAltitud • Media 4 m s. n. m.Población (2013) • Total 14,755 hab.Huso horario UTC+01:00 y UTC+02:00Código postal 5500[1] Sitio web oficial [editar datos en Wikidata] Middelfart es una ciudad en la isla de F…
Risotto alla Milanese Masakan Lombardia (cucina lombarda) adalah masakan yang berasal dari regione Lombardia di Italia Utara.[1] Walau dikenal sebagai pusat industri dan perdagangan, kawasan ini juga dikenal menghasilkan produk pertanian yang paling besar kedua di Italia. Produk-produk pangan yang dihasilkan di Lombardia antara lain beras, pasta, dan produk-produk susu. Selain itu, daerah ini juga menghasilkan berbagai produk peternakan seperti domba dan babi. Masakan khas Ossobuco Cason…
Jeremy RosadoLahir24 Maret 1992 (umur 32)Valrico, Florida, Amerika SerikatGenrePopPekerjaanPenyanyiInstrumenVokalTahun aktif2012–sekarang Jeremy Rosado (lahir 24 Maret 1992) adalah penyanyi Amerika Serikat asal Valrico, Florida. Ia berhasil duduk berhasil menduduki posisi ketiga belas pada acara American Idol musim kesebelas.[1] Referensi ^ American Idol - Access Hollywood. Diakses tanggal 2 March 2012. Pranala luar Jeremy Rosado Diarsipkan 2012-03-06 di Wayback Machine. on …
This is the complete list of African Games medalists in women's athletics from 1965 to 2015. Current Program 100 metres Games Gold Silver Bronze 1965 Brazzavilledetails Jumoke Bodunrin Nigeria 12.4 Regina Okafor Nigeria 12.5 Rose Hart Ghana 12.5 1973 Lagosdetails Alice Annum Ghana 11.77 Rose Asiedua Ghana 11.93 Utifon Ufon Oko Nigeria 12.06 1978 Algiersdetails Hannah Afriyie Ghana 11.50 Utifon Ufon Oko Nigeria 11.55 Kemi Sandgodeyi Nigeria 11.92 1987 …