Le Paléolithique supérieur débute en Europe à l'arrivée d'Homo sapiens, par l'Europe du Sud-est, en provenance du Proche-Orient, apportant avec lui la culture de l'Aurignacien, lors d'une amélioration relative du climat vers 45 000 ans avant le présent. Il se répand rapidement dans toute l'Europe et cohabite pendant plusieurs milliers d'années avec l'Homme de Néandertal, jusqu'à l'extinction de ce dernier vers 30 000 ans avant le présent. À ce moment arrive depuis les Balkans une seconde vague d'Homo sapiens caractérisée par une culture distincte : le Gravettien. Selon une étude publiée en 2018, les fossiles d'Homo sapiens de moins de 35 000 ans, correspondant en Europe à la période gravettienne, semblent montrer un développement cérébral comparable aux humains actuels, contrairement aux fossiles plus anciens dont l'évolution cérébrale apparait progressive[2],[3].
L'existence d'un Homme de Cro-Magnon, qui aurait vécu en Europe au paléolithique supérieur, a un temps été envisagée, à la suite de la découverte archéologique de squelettes en 1868 aux Eyzies-de-Tayac, en Dordogne. À cette époque, les scientifiques ont pensé qu'il s'agissait d'une autre espèce humaine que les sapiens. Aujourd'hui, les scientifiques pensent qu'il s'agit de la même.
Homo sapiens apporte dans toute l'Europe des pratiques complètement différentes de celles de l'Homme de Néandertal. Son industrie lithique est basée sur la production de lamelles, qui servent de base à la réalisation d'un outillage diversifié : grattoirs, burins, pointes de projectiles, armatures, etc.
Les causes de l'extinction de l'Homme de Néandertal ne sont pas consensuelles. La majorité des auteurs pensent que les Homo sapiens ont supplanté les Néandertaliens grâce à leur supériorité sociale et technique, notamment dans les armes et les stratégies de subsistance[4]. La domestication du chien[5] entrerait également dans les atouts avancés dans ce sens : celui-ci lui aurait conféré un avantage pour la chasse[6],[7]. Cependant, d'autres auteurs estiment que la revue comparée systématique des données archéologiques Néandertal vs. Sapiens montre qu'elles ne sont pas suffisamment différentes pour expliquer une disparition des premiers pour cause d'infériorité cognitive[4].
Contexte climatique et environnemental
Au cours du Paléolithique supérieur, le climat est froid en Europe avec des épisodes un peu moins rigoureux. Le nord de la France est occupé par la toundra (un terrain dépourvu d'arbres et couvert de lichens et mousses), à laquelle succède, en descendant vers le Sud, la taïga, forêt peu épaisse constituée de pins et de bouleaux nains. Dans les vallées abritées, durant les épisodes climatiques les plus tempérés, on trouve des feuillus.
Au début de cette période, l'homme chasse ces animaux avec des sagaies ou en les piégeant. La date d'apparition de l’arc est discutée en l'absence de preuves directes. De petites pointes de silex compatibles avec des armatures de flèches ont été découvertes dans différentes industries du Paléolithique supérieur, notamment dans des niveaux de la Cueva del Parpalló (Espagne) datant de 19 000 ans avant le présent[9].
Principales subdivisions en Europe
Plusieurs cultures se succèdent durant le Paléolithique supérieur européen (dates indiquées avant le présent) :
l'Uluzzien (47 000 à 43 000, en Italie et en Grèce) est généralement représenté par des pièces à retouche abrupte différenciée de petites dimensions ; troncatures, becs, pointes et lames à dos, géométriques ;
le Gravettien (31 000 à 22 000) est connu pour ses statuettes aux formes féminines particulièrement exagérées, surnommées « Vénus » ;
l'Épigravettien (20 000 à 10 000, en Italie et dans les Balkans), montre des armatures à dos, une quantité variable d'assemblages à pièces à cran, quelques pièces foliacées ;
le Solutréen (22 000 à 17 000, en France et en Espagne) se déroule lors du dernier maximum glaciaire. Le Nord de la France est sans doute abandonné par l'homme. Il est caractérisé par une taille du silex particulièrement sophistiquée (production de feuilles de laurier) et un art pariétal original que l'on trouve dans la grotte Cosquer dont l'entrée était à l'air libre durant cette période de régression marine. L'aiguille à chas et le propulseur sont attestés à cette époque ;
le Protomagdalénien (20 000 à 18 000), qui termine le cycle gravettien, est connu pour son industrie lithique caractérisée par des burins dièdres, souvent multiples, des lamelles à dos et des lames à retouche composite dite protomagdalénienne ;
le Badegoulien (17 000 à 15 000). Il se rencontre sur l'ensemble de la zone franco-cantabrique (sud-ouest de la France et Cantabrie), ainsi que sur la côte méditerranéenne de l'Espagne. Quelques indices sont signalés sporadiquement en Suisse et en Allemagne. Ce faciès correspond à l'ancienne dénomination « Magdalénien ancien » et se caractérise par un débitage d'éclats et un outillage dominé par les grattoirs et les outils archaïques (encoches, denticulés, pièces esquillées et racloirs), au détriment des burins et des lamelles à dos plus rares ;
la culture du Magdalénien se développe de 17 000 à 14 000 et coïncide avec une période de réchauffement entrecoupée de rechutes. Le propulseur se généralise, l'homme découvre le harpon. Cette culture est célèbre pour son art mobilier et son art pariétal, avec des œuvres telles que les figurines des « Vénus » de Monruz (Suisse, Neuchâtel) ou de Gönnersdorf (Allemagne, vallée du Rhin), le bâton percé du "renne broutant" (Suisse, Schaffhouse) ou encore celles de la grotte d'Altamira en Espagne, de Lascaux et Font-de-Gaume en Dordogne, ou de l'abri sous roche du Roc-aux-Sorciers dans la Vienne (France).
Le Paléolithique supérieur s'achève avec la disparition du renne et du rhinocéros laineux due au réchauffement. Le retour de la forêt entraîne des changements au niveau de l'armement (microlithisation des armatures, généralisation de l'arc) qui caractérisent l'Épipaléolithique puis le Mésolithique.
Principales subdivisions en Afrique
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↑(en) Simon Neubauer, Jean-Jacques Hublin, Philipp Gunz, The evolution of modern human brain shape, Science Advances, 24 Janvier 2018, vol. 4, no. 1, eaao5961, DOI: 10.1126/sciadv.aao5961, lire en ligne
↑Hominidés.com, L’évolution du cerveau d’Homo sapiens, 30 janvier 2018, lire en ligne
↑ a et b(en) Paola Villa et Wil Roebroeks, « Neandertal Demise: An Archaeological Analysis of the Modern Human Superiority Complex », PLoS, vol. 9, no 4, (lire en ligne, consulté le )
↑(2013) A.S. Druzhkova, O. Thalmann, V.A. Trifonov, J.A. Leonard, N.V. Vorobieva et al., « Ancient DNA Analysis Affirms the Canid from Altai as a Primitive Dog », PLoS, vol. 8, no 3 : e57754, (DOI10.1371/journal.pone.0057754, lire en ligne, consulté le )
↑« La domestication du chien aurait-elle aidé sapiens à supplanter Néandertal ? », Maxisciences, (lire en ligne, consulté le ).
↑P. Shipman, « Dog domestication may have helped humans thrive while Neandertals declined », American scientist, vol. 100, no 3, , p. 198 (lire en ligne, consulté le )
↑Marc Groenen, Pour une histoire de la préhistoire : le Paléolithique, éditions Jérôme Millon, , p. 158-159.
Boris Valentin, Le Paléolithique, vol. 3924, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », , 128 p. (ISBN978-2-13-058830-6).
Boris Valentin, Jalons pour une Paléohistoire des derniers chasseurs (XIVe-VIe millénaire avant J.-C.), vol. 1, Paris, PUPS, coll. « Cahiers archéologiques de Paris 1 », , 325 p. (ISBN978-2-85944-597-3, lire en ligne).