Parabole des talentsLa parabole des Talents et la parabole des Dix mines comptent parmi les paraboles évangéliques les plus connues du monde chrétien. La première est racontée dans l'Évangile selon Matthieu 25,14-30. La deuxième, comparable, bien que légèrement différente, se trouve dans l'Évangile selon Luc 19,12-27. Elles dépeignent un maître qui gratifie des serviteurs méritants, et qui en punit un autre pour sa paresse. Cette métaphore se rapporte à celle du vrai cep (Jn 15,1-12), et au fait que le Seigneur cherche à ce que ses enfants donnent du fruit, à ce qu'ils suivent les vertus théologales et cardinales afin de partager, aider, et de faire vivre la compassion. Les deux récits évoquent également le sort des élus et le sort des damnés lors du Jugement de la fin des temps. Texte de la parabole des talentsÉvangile selon Matthieu, chapitre 25, versets 14 à 30 : D'après la traduction officielle liturgique de la Bible.
Texte de la parabole des minesLe récit est proche de celui de la parabole des talents. La conclusion de la parabole des mines, toutefois, est sensiblement différente : « Quant à mes ennemis, amenez-les ici et égorgez-les en ma présence » (Luc 19, 27)[1]. De plus, le maître a un rang royal ; son règne n'est pas sans évoquer le Règne de Dieu. Evangile selon Luc, chapitre 19, versets 11 à 27, texte traduit par Louis Segond :
Interprétations de la parabole des talentsInterprétations chrétiennes qui font du maître un substitut de DieuLa parabole illustre l'obligation pour les chrétiens de ne pas gâcher leurs dons reçus de Dieu et de s'engager, malgré les risques, à faire grandir le royaume de Dieu. Le mot de talent a pris son sens depuis cette parabole. Un prêtre, le Frère Élie, décrit ce que cette parabole ne cache qu'à demi-mot : « un jugement sera... prononcé, un jugement de salut sur ceux à qui le Seigneur a confié dons et talents à faire fructifier durant son absence. Cette parabole de Jésus oriente donc l'attention sur le temps qui s’étend entre son ascension au ciel et son retour dans la gloire, temps où l’homme a à s’investir pour recevoir au jour du jugement la couronne du salut[2].» C'est donc à chacun de donner selon ses aptitudes afin d'aider son prochain. Cependant, Frère Élie va plus loin : pour lui l'homme de haute naissance est bel et bien le Christ lui-même, son retour sera alors le temps du jugement dernier, le temps du salut des âmes. Selon saint Jean Chrysostome, il faut par ce mot de talent « entendre tout ce par quoi chacun peut contribuer à l'avantage de son frère, soit en le soutenant de son autorité, soit en l'aidant de son argent, soit en l'assistant de ses conseils par un échange fructueux de parole, soit en lui rendant tous les autres services qu'on est capable de lui rendre. » Il ajoute : « Rien n'est si agréable à Dieu que de sacrifier sa vie à l'utilité publique de tous ses frères. C'est pour cela que Dieu nous a honorés de la raison… » Cette parabole sera reprise par Jean Calvin, au XVIe siècle, pour revaloriser l'usure dans la croyance protestante. Le troisième serviteur, devant son raté, aurait pu se présenter au maître, au lieu de l'insulter, en demandant pardon, ou même en disant que personne n'est digne d'entrer dans la joie du maître par ses propres œuvres. La seule solution est de consentir à ce que Dieu donne. « Seigneur, je ne suis pas digne, mais dis seulement une parole et je serai guéri. » Qu'aurait fait le maître ? Il aurait aussi accueilli ce serviteur. D'autre part, ce qui est en jeu dans cette parabole, c'est la morale de la rétribution ou de la justice (à chacun selon ses mérites). Jésus la conteste parce que la grâce est réservée aux élus de Dieu ; ainsi les hommes n'accèdent pas au salut (ne gagnent pas le paradis) parce qu'ils auront œuvré en ce sens durant leur vie terrestre. Le pape Benoît XVI a rappelé que « l'évangile a pesé sur le plan historico-social, promouvant dans les populations chrétiennes une mentalité active et entreprenante ». En citant en particulier la parabole des talents, il a souligné que le talent se réfère à un « esprit de responsabilité avec lequel nous devons accueillir le Royaume de Dieu : responsabilité envers Dieu et envers l'humanité. La mauvaise attitude est celle de la peur (...). Ceci arrive, par exemple, à celui qui, ayant reçu le baptême, la communion, la confirmation, enterre ensuite ces dons sous une couverture de préjugés, sous une fausse image de Dieu qui paralyse la foi et les œuvres, de façon à trahir les attentes du Seigneur »[3]. Interprétation de la parabole des minesDans leur commentaire de la parabole des mines, l'exégète Daniel Marguerat et Emmanuelle Steffelk indiquent que le prince en attente de royauté représente Jésus, et que le moment où les serviteurs doivent rendre des comptes correspond au Jugement dernier. Le personnage du prince-roi assume "dans son cruel réalisme" le dicton selon lequel les riches deviennent toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres ; "sa cruauté n'en reste pas là, puisqu'il fait exécuter en sa présence ses adversaires politiques (v. 27). Là encore, les mœurs politiques de l'époque se font jour[4]". Dans son commentaire[2], Paul Jorion relève: "une simple lecture du texte de la parabole dans ses deux versions, chez Mathieu et chez Luc, révèle toute l’étendue du malentendu : le maître qui admoneste son serviteur de ne pas avoir investi est un tyran méprisable." L'enfouissementDans l’Antiquité, le talent est avant tout une unité de mesure, entre autres équivalent à une masse d'argent métal ou d'or. Matthieu (25,14-26) rapporte la parabole des intendants dont l'un se borne à enfouir dans la terre le lingot confié par son maître alors que les deux autres ont fait fructifier le dépôt. Cette parabole est expliquée de plusieurs façons mais qui tournent toutes autour de la mauvaise utilisation par un homme de ses connaissances, de sa richesse, de sa foi, etc. L'enfouissement d'un trésor spécialement spirituel est condamné par le christianisme. Ainsi la parabole illustre l'obligation pour les chrétiens de ne pas gâcher leurs dons reçus de Dieu et de s'engager, même s'il y a risque, à faire grandir le royaume de Dieu. Le mot de talent a pris son sens figuré depuis cette parabole. Notes et références
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