Il est pensionnaire de l'Académie de France à Rome de 1981 à 1983[5] et reçoit de très nombreuses distinctions dès le début de sa carrière. Malgré sa volonté de ne pas se risquer à l'écriture d'opéras car il redoute cet « art bourgeois inaccessible »[3], son premier ouvrage du genre naît à l'occasion d'une commande que lui confie René Koering[3], alors directeur du Festival Radio France Occitanie Montpellier. Roméo et Juliette, dont l'écriture du livret est confié à son ami le dramaturge français Olivier Cadiot, est créé en 1989 à Montpellier lors du festival[3]. Par la suite, durant les années 1990, il compose plusieurs autres opéras et se charge lui-même de l'écriture du livret : Medeamaterial voit ainsi le jour en 1992 à La Monnaie de Bruxelles, produit plus d'une vingtaine de fois entre sa création et le début des années 2020[3]. Faustus, the Last Night, opéra en anglais créé en 2006 à Berlin, se fait remarquer par la critique étrangère et américaine en particulier, ce qui déclenche une carrière internationale[3].
En 2018, Emmanuel Macron lui passe commande (ainsi qu'au sculpteur allemand Anselm Kiefer) d'une œuvre pérenne devant accompagner le transfert des cendres de l'écrivain Maurice Genevoix au Panthéon de Paris le [réf. nécessaire]. L'œuvre, intitulée In nomine lucis (« Au nom de la lumière », en latin) fait référence au titre d'une pièce pour orgue du compositeur italien Giacinto Scelsi (1974)[6]. Pascal Dusapin, quant à lui, a choisi de mettre en musique des textes issus de trois sources latines : L’Ecclésiaste, Virgile, et des « locutions funéraires de la Rome antique », auxquelles il a associé les noms de 15 000 morts pour la France lus par Florence Darel et Xavier Gallais[7]. L'ambition du compositeur a été de faire « chanter les pierres » et indique avoir voulu transformer le Panthéon « en poumon chantant »[8]. Pour arriver à cela, l'œuvre, chantée et récitée, a été préalablement enregistrée à la Philharmonie de Paris par le Chœur de chambre Accentus, placé pour l'occasion sous la direction de Richard Wilberforce[9]. Lors de la cérémonie, In nomine lucis a été diffusée par soixante-dix haut-parleurs dissimulés dans de faux blocs de pierre placés dans différentes parties de cette « cathédrale laïque » : le chœur et les transepts.
Vie privée
Pascal Dusapin est l'époux de l'actrice Florence Darel avec qui il a eu un enfant en 2009[10].
Pascal Dusapin est aussi un photographe amateur :
« La photo a toujours été essentielle. Bien que la musique ait tout balayé après l'adolescence, cette pratique m'est restée en sous-bois, comme un contrepoint salutaire : un besoin d'apaisement par rapport à la violence de mon écriture musicale[11]. »
Dusapin se dégage des carcans et des contraintes propres à la musique du milieu du XXe siècle, affirmant vouloir bannir la « musique Hiroshima[4] ».
Selon le critique Claude Glayman, la musique de Dusapin est « ludique, joyeuse […] Au total, une clarté nouvelle mais bien dans la tradition de la musique française : univers post-tonal, post-atonal, qui a contribué à débloquer la musique de notre temps[4]. »
Œuvres
Œuvres orchestrales et de chambre
Souvenir du silence, pour treize cordes solistes (1976)
Igitur, pour voix de femme et treize instrumentistes (1977)
Lumen, pour voix de femme et six instrumentistes (1977)
L'Homme aux liens, pour deux sopranos et trois violons (1978/)
Le Bal, musique pour Line (1978)
Timée (1978)
La Rivière, pour orchestre (1979)
Inside, pour alto (1980)
Musique captive, pour huit instruments à vent (1980)
Musique fugitive, pour trio à cordes (1980)
Trois instantanés, musique de scène pour deux clarinettes et trois violoncelles (1980)
L'Aven, pour flûte solo et orchestre (1981)
Shin'gyo, soutrâ japonais pour soprano et piccolo (1981)
Fist, pour huit instruments (1982)
Incisa, pour violoncelle (1982)
Niobé, ou le Rocher de Sypile (1982)
Tre Scalini, pour grand orchestre (1982)
Quatuor à cordes no 1 (1983, révisé en 1996)
Hop' , pour quatre groupes de trois instrumentistes (1984)
If, pour clarinette (1984)
La Conversation, Suite en dix pièces pour huit instrumentistes (1984)
Assai, pour orchestre (1985)
Item, pour violoncelle (1985)
Itou, pour clarinette basse (1985)
Semino, chant à six voix pour Louis sur le 28e fragment du poème de Parménide (1985)
To God, pour soprano et clarinette, sur un texte de William Blake (1985)
Treize Pièces pour Flaubert, musique de scène (1985)
Ici, pour flûte (1986)
Mimi, pour deux voix de femme et ensemble (1986)
Poco a poco, pièce pédagogique pour six instrumentistes (1986)
Aks, pour mezzo-soprano et sept instrumentistes (1987)
Anacoluthe, pour voix de femme, clarinette contrebasse et contrebasse à cordes (1987)
Haro (1987)
Il-Li-Ko, pour soprano, sur un texte d'Olivier Cadiot (1987)
Indeed, pour trombone (1987)
Iti, pour violon (1987)
Red Rock, extrait no 6 de Roméo et Juliette (1987)
Sly, huit pièces pour quatuor de trombones (1987)
For O., pour deux voix de femmes (1988)
Laps, pour clarinette et contrebasse (1988)
I Pesci, pour flûte (1989)
In & Out, pour contrebasse (1989)
Neuf Musiques pour «Le Fusil de chasse», musique de scène pour clarinette, trombone et violoncelle (1989)
Time Zones, Quatuor à cordes no 2 (1989)
So Full of Shapes Is Fancy, pour soprano et clarinette basse (1990)
Aria, pour clarinette et treize instrumentistes (1991)
Attacca, pour 2 trompettes en Ut et timbales (1991)
Invece, pour violoncelle (1991)
Stanze, dyade pour quintette de cuivres (1991)
Coda, pour treize instrumentistes (1992)
Go, solo no 1 pour orchestre (1992)
Ohimé, pour violon et alto (1992)
Comoedia, pour soprano et six instrumentistes (1993)
Khôra, pour orchestre à cordes (1993)
Quatuor à cordes no 3 (1993)
Extenso, solo no 2 pour orchestre (1994)
Canto, pour soprano, clarinette et violoncelle (1995)
Two Walking, cinq pièces pour deux voix de femmes (1995)
Watt, pour trombone et orchestre (1995)
Apex, solo no 3 pour orchestre (créé en 1996)
Celo, concerto pour violoncelle et orchestre (1996)
Immer, pour violoncelle solo (1996)
Loop, pour deux quatuors de violoncelles (1996)
Quad, “In memoriam Gilles Deleuze” , pour violon et quinze musiciens (1996)
↑ a et bValentine Dechambre, « Pascal Dusapin : composer avec la vie » (entretien), La Cause freudienne, vol. 70, no 3, , p. 213-228 (lire en ligne).
↑ abcdefghijklmno et pJacques Amblard, « Pascal Dusapin », dans Hervé Lacombe, Histoire de l'opéra français. De la Belle Epoque au monde globalisé, Fayard, (ISBN9782213709918), p. 877-880.
↑ ab et cClaude Glayman, « Pascal Dusapin », dans Musiciens de notre temps depuis 1945, Paris, éditions Plume et SACEM, , p. 159 et 162.
↑Laurence Equilbey. 1-8 granum sinapsis (20 min 18 s) 9 umbræ mortis (4 min 13 s) 10-15 dona eis (19 min 53 s). Une co-production Naïve-Auvidis/ Région de Lorraine + MFA (Musique Française) + Fondation France Telecom.