Rome pendant la semaine sainte L' Affaire Dreyfus L'Opéra Jubilé de la Reine Victoria Première Guerre mondiale L'affaire Thérèse Humbert Washington pendant le Congrès L'affaire Marguerite Steinheil La vie londonienne L'Irlande Mouvements gestes et expressions Exposition universelle de 1900
Né à Cour-Cheverny le , sixième enfant d'un modeste sabotier, Paul Renouard quitte en 1859 sa région natale pour aller gagner sa vie à Paris. Il devient peintre en bâtiments et a l'occasion de venir travailler dans les locaux de l'École des beaux-arts. Il y montre occasionnellement un talent de dessinateur qu'il possède depuis son enfance. Il est remarqué et en 1868, il est admis aux Beaux-Arts où il entre dans l'atelier d'Isidore Pils. Élève aimé de ce dernier, il l’aide dans l'exécution des décorations intérieures de l'opéra Garnier et, en 1875, Pils étant tombé malade, Paul Renouard peint les plafonds du grand escalier d'après les cartons de son maître.
À Londres, où il a vécu presque autant qu’à Paris et qu’ailleurs, il illustre le Parlement, Drury Lane, la Salvation Army, les prisons, le quartier des docks, les fumeries d’opium de l’East End, le Lyceum Theatre, les Cours de justice, les casernes de horse-guards, le monde des sports, les music-halls, la Royal Academy pour The Graphic. Dans ses Croquis de poche à Londres, il dépeint avec humour les types de la vie journalière anglaise, clubmen enfouis dans les vastes fauteuils de cuir, visiteurs dans les musées, policeman et copistes de la National Gallery, le personnel des gares ferroviaires, les promeneurs de Hyde Park, les dormeurs de Kensington Gardens, les cochers, les conducteurs d’omnibus, le petit monde des écoles de l’Est, la classe des bébés… Il assiste au Jubilé de la reine, à des distributions de prix par le doyen de l’abbaye de Westminster, au remontage de Big Ben, aux Royal Tournaments, aux classes de danse de Katie Lanner(en), aux séances du Cercle anarchiste de Berners street. Puis, c’est l’Irlande, une suite de pages aux accents sombres : enfants portant la tourbe pour payer l’école, un meeting, une éviction, les approches de la police…
À Rome pendant la Semaine sainte, à Washington pendant le Congrès, il saisit la vie politique d’outre-mer sur le vif dans une collection de portraits et de scènes aussi expressifs que spirituels : le Comité des appropriations, le Comité des voies et moyens, la gauche, la droite, les représentants de la presse au Parlement, le sténographe, les portraits de Mark Carlisle, président de la Chambre des députés, de John James Ingalls(en), président du Sénat…
« Plus qu'un peintre de la vie moderne, il en a été le journaliste supérieurement informé, le reporter intelligent et clairvoyant, qui d'un regard vif et rapide auquel rien ne semble devoir échapper perçoit immédiatement ce qui doit être vu et retenu de pittoresque et de tragique ; car Paul Renouard savait à l'occasion s'élever jusqu'à l'histoire et notait fidèlement d'un crayon ferme, prompt et hardi, avec puissance de vérité qui localise sûrement la scène et le milieu, silhouettait énergiquement les personnages, accusant avec décision et précision les caractères et les types dans les individus[2]. »
Il a marqué son époque et touché ses contemporains tel Vincent van Gogh qui, à travers sa correspondance avec son frère Théo, a témoigné d'une grande admiration pour son travail et son talent.
Hayashi Tadamasa fut un des mécènes de Paul Renouard, et sa collection de près de 200 gravures et dessins fit, à la mort du collectionneur, l’objet d’une donation par ses héritiers au musée de la Maison impériale de Tokyo (actuel musée national de Tokyo).
Lors de ses voyages à Londres il réalisa les séries :
Scènes de la vie Londonienne ;
L’Armée du salut ;
Jubilé de la reine d’Angleterre ;
Séances de la Chambre des députés ;
L’Académie Royale, une série de portraits d’académiciens britanniques.
Parmi ses sujets de société :
les pensionnaires du Louvre (Croquis des dames copistes du Musée, édité part l’Art, 1878) ;
la Semaine sainte à Rome (série de dessins, 1890) intitulée Rome pendant la semaine sainte, dessins (Paris, Boussod et Valadon, 1891, 149 p.) à la suite d'un reportage pour Le Figaro Illustré ;
Mouvements, gestes et expressions, collection de 200 planches dessinées et gravées à la pointe sèche, à l’eau-forte et au burin.
Paul Renouard a également suivi et composé 80 compositions différentes :
la commémoration des fêtes du 75e anniversaire de l’Indépendance de la Belgique et de l’Exposition universelle de Liège (1905), etc. dans 1830-1905 ;
des dessins relatifs au scènes de la vie parisienne à l’Exposition universelle de Liège (1905).
la même année, il a produit des dessins sur le Tournoi de chevalerie de Bruxelles joué en souvenir de celui de 1452 où Charolais s'était illustré devant son père Philippe le Bon, duc de Bourgogne ;
Aux États-Unis où il résida à Washington et étudia la vie des parlementaires :
1926 : à l’initiative de l’École de la Loire dont il fut le président, un Monument à Paul Renouard, buste en bronze réalisé par Albert Chartier[4], est inauguré dans le jardin de l'évêché à Blois.
Notes et références
↑ a et b(en + de + fr) Alexander Roob, The history of press graphics : 1819-1921, Cologne, Taschen, , 603 p. (ISBN978-3-8365-0786-8), p. 434
↑Léonce Bénédite, Rapport général des Beaux-Arts à l'Exposition de 1900, Paris.
Philippe Farcy, Une gravure de Renouard à Düsseldorf, La Libre Belgique, Arts libres du 2 mars 2022, p. 19
Janine Bailly-Herzberg, « L'œuvre gravé de Renouard… autant de témoignages sur les années 1880-1920 », in: Dictionnaire de l'estampe en France 1830-1950, Arts et Métiers Graphiques, 1985, p. 279.
Gabriel Mourey, « Hommes devant la nature et la vie : Rodin, Helleu, Le Sidaner, Steinlen, E. Claus, P. Renouard, Ch. Cottet, J. W. Alexander, J.-F. Raffaelli, F. Thaulow, G. La Touche, A. Baertsoen, Aman-Jean, A. Lepère », Éd. P. Ollendorff, 1902.
Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, vol. 11, Gründ, 1999, p. 588 (ISBN9782700030211).
Henri Beraldi, Les graveurs du XIXe siècle : guide de l'amateur d'estampes modernes, vol. 11, 1891, pp. 186-189.
Jules Claretie, « M. Paul Renouard et l'Opéra », la Gazette des Beaux-Arts, , pp. 435-455).
Louis Dumont-Wilden, « Paul Renouard », Revue de l'art ancien et moderne, no 116, , pp. 361-378.
(en) Gabriel Mourey, « A Master Draughtsman: Paul Renouard », The International Studio, X, 1900, p. 166.
(en) Linda Nochlin, « Van Gogh, Renouard, and the Weavers’ Crisis in Lyons », in: The Politics of Vision, New York, Harper and Row, 1989, pp. 97-98.
Louis Vaunois, « Paul Renouard », Blois, Éd. Jardin de la France, 1922.
(en) Jon Whiteley (dir.), « Charles-Paul Renouard », in: Catalogue of the collection of drawings in the Ashmolean Museum, vol. 7, Oxford University Press, 2000, p. 412 (ISBN9780199244324).
(en) Leipnick, History of French etching, Londres, 1924, p. 157.