Il y commence ses études secondaires qu'il achève à Hanovre. Ses carnets d'esquisses (1907-1908) montrent déjà sa maîtrise du dessin. Il poursuit des études de droit à l'université de Strasbourg puis de sciences politiques à la faculté de droit de Paris (1909-1911). C'est à cette époque qu'il devient l'élève d'Émile Schneider (1873-1947) à Strasbourg aux côtés duquel il expose ses premiers essais. À Paris, dès 1911, il débute en peinture chez Maurice Denis qui le convainc de consacrer sa vie aux beaux-arts. Il se perfectionne en dessin et gravure auprès de Bernard Naudin (1876-1946). Jusqu'en 1914 il étudie à l'Académie Ranson auprès de Maurice Denis et de Paul Sérusier. Il expose dans ces années-là, notamment à la Société des artistes français en , une série de gravures de facture très réaliste.
La guerre de 1914 interrompt brièvement ces débuts : enrôlé sous le drapeau allemand, il est blessé sur le front russe et rapatrié dès . Les peintures exécutées entre 1914 et 1919 sont caractérisées par des traits épais et nerveux aux couleurs vives, ainsi qu'en témoigne la Place Kléber pavoisée pour l'armistice, toile de 1918 conservée au Musée d'Art moderne et contemporain de Strasbourg[2].
En 1919, il forme avec d'autres peintres alsaciens le Groupe de Mai, influencé par les œuvres de Paul Cézanne : Jacques Gachot (1885-1954), Hans Haug (1890-1965) dit Balthasar, Edouard Hirth (1885-1980), Martin Hubrecht (1892-1965), Luc Hueber (1888-1974), Louis-Philippe Kamm (1882-1959) et Lisa Krugell (1893-1977). Le Groupe de Mai, au sein duquel Gilles Pudlowski distingue« Paul Welsch qui peint les bleu azur de la Provence avec une luminosité tranquille et s'affirme comme le Méditerranéen du groupe »[3], exposera à Paris (chez Bernheim-Jeune en ) et Strasbourg (habituellement à la Maison d'Art Alsacienne, 6 rue Brûlée) jusqu'en 1934. Paul Welsch « reconstruit en architecte la nature, soumettant formes, lumière, couleurs à la discipline austère, d'une grande distinction. Lui est resté fidèle à l'un des préceptes du Maître d'Aix : faire du Poussin d'après nature » observe pour sa part Robert Heitz[4]. Après la guerre, l'artiste s'installe à Paris.
Paul Welsch illustre en 1920 son premier livre, Les bourgeois de Witzheim d'André Maurois, dans un esprit proche de Hansi. La même année, il séjourne huit mois en Tunisie qu'il transcrit dans une peinture sobre, grave et lumineuse, loin de tout orientalisme de bazar. Il participe cette année-là avec deux toiles au Salon tunisien[5] puis exposera le fruit de ce travail - « des toiles d'une rare sobriété de couleurs, aux lignes de force
puissantes réduites à l'essentiel » restitue Gérald Schurr[6] - en la galerie Bernheim-Jeune à Paris en ).
Il effectue dès 1921 un premier séjour à Saint-Tropez où il reviendra régulièrement. Sa peinture n'est pas insensible aux courants de l'époque : Albert Marquet, André Derain ou Henri Matisse. « Welsch [dans Le palmier] cherche moins une émotion que l'architecture impeccable du tableau, le contraste des formes […] qui, à cette époque de sa carrière, le rapproche du cubisme » constate Robert Heitz dans La peinture en Alsace. Il explore les paysages du sud : Paysage au bord du Loup (1922), Paysage à Florence (1922), Paysage à la Gaude (1923), Citadelle à Corte (1925). Un voyage en Italie lui permet d'approfondir sa connaissance des peintres de la Renaissance, plus particulièrement Masaccio. Dès 1922, il devient sociétaire du Salon d'automne de Paris, participe au 33eSalon des indépendants et, en 1923, au Salon des Tuileries. Paraît cette même année son deuxième livre illustré : Amis et amiles d'Assenet, sept bois originaux aux traits géométriques, proches du vitrail.
Paul Welsch abandonne progressivement dans ses toiles, à partir de 1924, cette géométrie appuyée. Il se tourne vers un style plus dépouillé : limitation des couleurs (bleus, bruns, verts), formes simplifiées mais souples. Au Salon des Indépendants de 1925, Raymond Régamey repère un Vendanges à Capri« très sobre et noble de lignes […] avec cet art déroutant au premier coup d'œil de rendre par des demi-teintes la forte lumière »[7]. Paul Welsch peint en cette même année 1925 deux panneaux pour le Pavillon de Mulhouse de l'Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes à Paris : L'Eau et La Terre (conservés aujourd'hui au Musée d'Art moderne et contemporain de Strasbourg). L'artiste, à côté des paysages du Midi, se consacre aux teintes sourdes de Paris et d'Alsace, sans négliger la nature morte ou le nu dans lesquels il excelle. L'austérité très attachante de cette peinture culminera dans les toiles du Quercy (Route à Puylaroque, 1927), avec « de lourds paysages au ciel plombé, vides, inquiets, à l'allure lente » (M. K.). Les couleurs vives transpirent à travers la pâte plutôt qu'elles ne s'offrent ostensiblement au regard grâce à une parfaite maîtrise du glacis. Les portraits - des femmes au visage souvent triste - sont transcendés par la souplesse des lignes et l'art de la correspondance des couleurs (Femme au gilet rouge, 1929, Musée d'Art moderne et contemporain de Strasbourg).
Au cours des années 1930, Paul Welsch assied définitivement son style, un réalisme poétique très caractéristique, fait, ainsi que l'observe Maurice Betz dans le catalogue de l'exposition à la galerie Berthe Weill en 1931, d'une « perfection dense, humaine, dédaigneuse de toute éloquence ». Sa formation politique lui permet sans doute de trouver les appuis nécessaires pour participer aux grandes manifestations de son temps : décoration murale pour la Semaine Coloniale de mai-, illustration pour les livres d'Armand Megglé portant sur l'Afrique-Occidentale française, l'Afrique-Équatoriale française et la Syrie (1931), La vie aux champs, panneau accroché dans le vestibule du Pavillon d'Alsace lors de l'Exposition Internationale des Arts et Techniques de 1937. On trouve dans cette dernière œuvre les thèmes de l'homme et de la terre qui sont au centre de toute la carrière de Welsch.
Après un bref séjour aux États-Unis évoqué par David Karel, « sans doute à Chicago »[8], et plusieurs séjours à Obernai en Alsace (1935-1939), il est mobilisé sur le front de Lorraine en tant que capitaine de cavalerie, se distinguant en pour sa conduite au feu. Il est fait prisonnier de 1940 à 1941 aux Oflags XVII d'Edelbach et Va de Weinsberg. Il en rapportera de nombreux dessins et aquarelles qui seront exposés à Paris. Durant cette époque, il signe ses œuvres Velche. Il passe le reste de la guerre principalement en Dordogne, à Génis. Les huiles qu'il y peint déclinent à l'infini la gamme des verts, une de ses couleurs de prédilection.
Après guerre, restitue Jean-Eugène Bersier, « il reprendra avec sa passion contenue, cette sorte d'ardeur réservée qui lui est si personnelle, son métier de peintre et sans doute s'exprimera-t-il en ces dix dernières années mieux encore qu'auparavant, son œuvre calme et profonde va s'enrichir d'une quiétude, d'une sûreté qui ne faibliront pas jusqu'à la fin »[9]. Les dernières œuvres - peintes à Paris, Saint-Tropez ou Malaucène dans le Vaucluse - ne s'écartent guère de celles des années 1930 mais se caractérisent par une gamme plus étendue de couleurs chaudes. Il produit aussi de nombreuses lithographies, majoritairement en noir et blanc mais aussi en couleurs (Le rendez-vous des chasseurs, Salon d'Automne de Paris 1949), et réalise les illustrations de quatre livres : Petits poèmes en prose de Baudelaire (1947) restés semble-t-il inédits ; Le pilier des anges de Claude Odilé (1948) ; Croquis de Provence d'André Suarès (1952), ouvrage pour lequel il se lance dans la technique de la gravure sur bois ; enfin La bonne chanson de Paul Verlaine (1954). En 1953, il réalise encore une vaste peinture murale pour le collège technique hôtelier de Strasbourg (actuellement collège Fustel de Coulanges) qui résume son univers : la vie simple de l'homme dans la nature. Il meurt d'un cancer le à Paris et est enterré au cimetière Saint-Gall de Strasbourg[10]. Il avait épousé Germaine Roth (1895-1974).
1920 : André Maurois, Les Bourgeois de Witzheim, illustrations de Paul Welsch, 90 exemplaires numérotés sur vergé de Hollande, Grasset.
1924 : Adaptation de Fernand Fleuret, Amis et amiles suivi de Asseneth, deux contes médiévaux, 7 bois originaux gravés par Paul Welsch, 450 exemplaires numérotés, collection « Les petites œuvres », éditions Chiberre.
Armand Megglé, Afrique équatoriale française, dessins de Paul Welsch, Société française d'éditions ;
Armand Megglé, Afrique occidentale française, dessins de Paul Welsch, Société française d'éditions ;
Armand Megglé, Terres françaises - La Syrie, dessins de Paul Welsch, Société française d'éditions.
1937 : Paul Fort, Vol d'oiseaux noirs au temps des cerises, frontispice, vignette de la couverture et cul-de-lampe par Paul Welsch, 780 exemplaires numérotés, typographie Armand Jules Klein, Paris.
1939 : Paul Fort, Livre d'espérance - La joie française vaincra les temps sans joie, frontispice d'Imre Perely, cul de lampe La ronde autour du monde de Paul Welsch, 620 exemplaires numérotés, typographie Armand Jules Klein, Paris.
1952 : André Suarès, Croquis de Provence, 35 bois originaux en couleur gravés par Paul Welsch, 160 exemplaires numérotés, Les Francs bibliophiles, Paris.
« Artiste distingué et sincère qui peint comme il sent et ne cherche pas à plaire à priori. » - Germain Bazin[11]
« Paul Welsch a un sentiment très sûr de l'ordonnance générale du tableau. Sa composition est infaillible. Dans l'orchestration colorée, pas une fausse note, que ce soient les harmonies grises de ses tableaux d'il y a dix ans, les verts et bleus sourds de son époque cézannienne, les nuances phosphorescentes de ses toiles récentes où se sent quelque influence de Simon-Lévy et qui rachètent par de grandes qualités picturales ce qu'elles ont pu perdre en solidité. Un métier très sûr, hostile à tout effet de virtuose. » - Robert Heitz[14]
« Paul Welsch exprime spontanément en lithographie toute l'émotion qu'il refoule parfois au cours de l'exécution raisonnée et méthodique de ses peintures à l'huile. Totalement affranchi des servitudes du métier, cet illustrateur éprouvé se livre à la joie d'une interprétation rapide et directe. Son crayon gras glisse sur la pierre, tantôt brutal, tantôt caressant, toujours sûr, sobre et n'exprimant que l'essentiel… Il obtient des tonalités veloutées, délicatement modulées et qui sont une délectation pour l'œil. Quant à l'esprit, il est pleinement satisfait par ces visions personnelles et analytiques des sujets les plus divers… Il s'exprime librement. Si librement, même, que le motif transposé par sa vision n'est qu'un prétexte. Comme Cézanne, Welsch imprime à ses œuvres un rythme qui nécessite des déformations, des simplifications décisives, un mépris absolu du détail anecdotique et de la représentation figurative. » - Marc Lenossos[15]
« Paul Welsch furent de ceux qui dépouillèrent le mieux les sites nord-africains et ceux de la Méditerranée des oripeaux colorés dont, jusqu'en 1900, on aimait à les revêtir abusivement. Sous lers éclats accidentels, il sut percevoir des raffinements plus austères, des beiges, des ocres clairs, des verts éteints qui constituent le véritable visage de ces régions. » - Robert Rey[16]
« Sa rencontre à 22 ans avec Maurice Denis et Bernard Naudin fait balancer du côté de l'expression artistique une carrière qui s'orientait vers le droit. Dix ans plus tard il expose à Paris des paysages d'Italie et d'Orient aux tons très sobres soutenus par des lignes de force réduites à l'essentiel. » - Gérald Schurr[17]
« Dès ses premières œuvres, on décèle un art tendu vers la sobriété, sobriété dans le choix de ses sujets, des citrons posés sur une chaise de paille, un torse de femme endormie, une calme baie méditerranéenne ou les majestueux vallonnements de son Alsace natale, sobriété dans la recherche des lignes, des plans et des volumes essentiels. » - Dictionnaire Bénézit[18]
« Marc Lenossos, comme Robert Heitz, préfère ses dessins, plus vivants, à ses huiles. D'autres appréciaient sa retenue, cette austérité élégante, la sobriété de ses moyens et de ses gestes. Dans le Paysage au Mont national (près d'Obernai), Welsch montre, au contraire, toute la souplesse et l'ampleur de son geste. La composition est légère, la matière fine, le paysage aéré. L'huile ne recouvre pas tout le panneau, les espaces de réserve allègent l'ensemble. Les taches de couleur font palpiter la nature. On observe les traits et les coups de pinceau : le peintre traduit son émotion de manière spontanée. Dans la plupart de ses huiles, il la contient dans un équilibre parfait de formes et de tons. » - Hélène Braeuner[19]
↑ a et b Gérald Schurr, Les petits maîtres de la peinture, valeur de demain, Les Éditions de l'Amateur, tome 4, 1979, p. 165.
↑ Raymond Régamey, « Paul Welsch », revue L'Amour de l'art, n°4, 1er avril 1927.
↑ a et b David Karel, Dictionnaire des artistes de langue française en Amérique du Nord, Musée du Québec / Les Presses de l'Université Laval, 1992, p. 830.
↑ J.-E. Bersier, « Paul Welsch », Revue de la Méditerranée, tome 17, n°3, 1957.
Robert Heitz, « Le Groupe de mai : dixième anniversaire, 1919-1929 », La Vie en Alsace, Strasbourg, 1929.
Robert Heitz, « Physionnomie d'artiste - Paul Welsch », La Vie en Alsace, Strasbourg, 1931.
Robert Heitz, La peinture en Alsace 1050-1950, Dernières Nouvelles d'Alsace, Strasbourg, 1975.
Davis Karel, Dictionnaire des artistes de langue française en Afrique du Nord, Musée du Québec / Les Presses de l'Université Laval, 1992 (consulter en ligne).
Marc Lenossos, « Des œuvres de Paul Cézanne aux paysages alsaciens de Paul Welsch », La Vie en Alsace, Strasbourg, 1937.
François Lotz, Artistes peintres alsaciens de jadis et de naguère 1880-1982, Kaysersberg, Printek, 1987.
Claude Odilé, « Les artistes vivants de l'Alsace », La Vie en Alsace, Strasbourg, 1926.
Claude Odilé, « Le Groupe de mai, exposition de 1928 », La Vie en Alsace, Strasbourg, 1928.
Raymond Régamey, « Paul Welsch, peintre », L'Amour de l'art, n°5, mai 1927, p. 136 (consulter en ligne).
Robert Rey, Atelier Paul Welsch, éditions de la galerie Bellier, Paris, 1968.